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31.10.2010

Je connais des halliers

PA180003.JPGCe sont d’inextricables taillis aux épines longues comme des dédales, orphelins, tout tremblants d’abandon aux portes des villages, engloutis par le lierre, inondés de verdure enchevêtrée.
Des oiseaux y nichent, des serpents y réchauffent la froideur de leur sang sur des herbes séchées, des rongeurs y grignotent et le souffle du vent dans des branches qui se croisent et s’entrecroisent, y fredonne des murmures.
Sous les frondaisons bourdonnantes ou sous le tapis rouge de listopad*, le mois des feuilles qui tombent, ou encore sous l’épaisseur d’un suaire de glace, dorment des hommes, dorment des femmes et parfois des enfants.
Les croix sur les tombes ont deux branches par l’oubli vermoulues.

Ce sont là nécropoles que le seul printemps vient fleurir.
Ce sont là sanctuaires où l’homme n’hasarde plus sa mémoire.
Presque des sanctuaires maudits, plus resplendissants pourtant que le marbre tellement glacé d’en face, celui des vrais cimetières où crisse le gravier sous la chaussure, où les floraisons n’ont pas de saison et où reposent de vrais morts, avec les vrais sacrements d’une vraie religion et de vrais visiteurs à petits pas menus, courbés sous un vrai chagrin, courbés sous le regard des lourdes croix à branche unique, courbés sous de vraies gerbes de fleurs, de vrais souvenirs, de vrais présents en pleurs...

 Pas comme ceux de ces fourrés sauvages, là où nichent des oiseaux, se réchauffent des serpents, grignotent des rongeurs et fredonne du vent.
Ici sont des anciens, des qui ont éteint la lumière avant qu’elle ne revienne sur le pays ressuscité par les armes et le sang.
Pour s’endormir en paix, ceux-là avaient dû faire allégeance aux dogmes du conquérant, baisé les deux branches du tsar de toutes les Russies.
Ce sont des dormeurs sans val, qu’aucun poète ne songe à  venir immortaliser.
Brutalisés par  le sabre, agenouillés par le goupillon, répudiés par le néant.
Preuves de son inexistence, dieu qui ne pardonne pas qu’on se trompe de dieu,  fait que le châtiment est plus beau encore que ne l’eût été la récompense.
Oecuménisme. Pourquoi un si beau mot pour dire la fusion du mensonge ?

Viens.
Viens dans ces halliers que des sommeils inondent, au milieu de ces tombes écroulées, qui se cachent, qu’il faut chercher, qui ne sont plus que débauche grandissante d’une végétation qui s’empile à chaque printemps, tels les sédiments de l’irrévérence.

Dans ce jardin-là, tu es en équilibre.  Sur l’intangible frontière, entre l’indécence de la profanation et la sagesse de l’archéologie.
Tu peux fermer les yeux. Ici, on peut marcher partout…
Ces broussailles sont en même temps un paradis accusateur des falsifications d’en face, avec toutes ces choses vraies sous la froidure de ses faux marbres et le souffle dans les branches, là-haut qui croisent et s’entrecroisent, chante et chante….
Le mépris des hommes rend libre et beau.
Ecoute…Ecoute encore. Tu peux t’asseoir et te reposer là. Te faire ronces débridées, lierre englobant, liane, branche, tout esprit de Dionysos, souffle, fauvette, esprit errant au secours d’un néant.
On dirait qu’il entonne, le vent au-dessus de ta tête, l’anecdote sanglante des choses de l’esprit à l’esprit imposées et le ressentiment revanchard,  inextinguible, des hommes de la bonne foi.

Là, sans morale, jamais ne seras seul.

* Novembre en Polonais.
Texte mis en ligne en septembre 2007

16:00 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

29.10.2010

Poésie et mémoire usurpées

PA200017.JPGJ’aime beaucoup cette saison de la toussaint.
Non pas que les saints, connus au calendrier ou inconnus au bataillon, m’inclinent à quelque abstraction métaphysique - les saints qui m’inspirent ne s’orthographient pas du tout comme ça et sont resplendissants de vie - mais parce qu’elle est, dans ma tête, dans mon archéologie,  comme un  grand portail qui s’ouvre et sous lequel on s’engage pour rentrer sur le long  territoire des mortes saisons.

Après la toussaint, on marche résolument dans l’allongement des ombres. Le monde se dépouille : on n'en voit bientôt plus que l’architecture primaire, presque l’essentiel. Un reste de soleil maladif  traîne encore sur le blanc des gelées, les forêts  s’inclinent et déposent leurs  habits au pied du grand vainqueur, le ciel est pâle, les chemins boueux ou gelés, le peuple ailé clairsemé et sans voix.
Il fait frisquet. Parfois des brouillards rampent au ras des eaux. J’ai l’impression qu’on est, à chaque heure du jour,  au crépuscule d’un soir. La nuit viendra, certes, mais elle n’est pas encore là. Il est temps d’écrire. Je n’ai jamais su dire pourquoi, peu importe, c’est même d’une naïveté déconcertante, mais : il est temps d’écrire, de semer dans cette ombre où se mêle une rumeur.

 Voilà donc ma toussaint : Le point de départ de la fuite. Rien à voir, sinon comme strict point de repère, avec la célébration de tous les morts. De stricte intimité, d’ailleurs, on ne célèbre en son cœur que ceux qu’on a croisés vivants, c’est-à-dire bien peu au final, et dont on a encore mal qu’ils soient passés sur l’autre rive.
Encore et toujours une supercherie du catholicisme triomphant, cette toussaint ! Cette fête était, aux premiers siècles de l'église, célébrée le 13 mai.
En plein renouveau des choses, donc.
Mais les Celtes de l’Europe du nord s’obstinaient, en dépit de l’hégémonie de plus en plus gourmande  et autoritaire des chrétiens, à rendre honneur à leurs morts le 1er novembre,  qui correspondait aussi à la fin de leur année, celle-ci ne comptant que deux saisons : L'été et l'hiver. Ils croyaient que, pour enterrer cette  année, les morts revenaient taquiner les vivants. Ils ouvraient les tombes, allumaient de petites torches dans des navets et se livraient, en sus, à de copieuses ivresses.
Comment tordre le cou aux coutumes de ces barbares ignorants ? Comment leur enlever la mémoire ? Comment frapper les cieux d’alignement et obliger tout le monde à regarder vers un seul nuage ?
En leur volant leur fête. Tout simplement.
 En 835, donc,  foin de ces comédies ! Le pape Grégoire IV instaure la date du premier novembre pour la célébration des martyrs de l’église et, pour arrondir les angles dirais-je, pour faire passer la pilule avec une sorte de concession aux anciens rites païens, ordonne qu’une messe sera dite le 2 novembre, institué dès lors jour des morts.
Un truc qui n'a donc aucun sens. Au mieux un truc politique, au pire le camouflage d'une annexion.
Je me suis laissé dire que l’Eglise bedonnante d'aujourd’hui  voyait d’un sale œil refleurir un peu partout en Europe les citrouilles avec leurs bougies à l’intérieur.

Sans doute y voit-elle un rappel caustique de sa mauvaise conscience et de ses  innombrables combines.

13:21 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

28.10.2010

Transcendance d'un Ego

sartre.gifC’était dans une auberge isolée au milieu des marais de Nuaillé d’Aunis et dans laquelle nous avions coutume de jouer Brassens tout un week-end - vendredi soir, samedi soir et dimanche après-midi - chaque année au mois de novembre.
Un certain dimanche d'un froid de canard où le soleil tout pâle et tout fluet dans un ciel tout bleu éclairait les prairies muettes et désertes alentour, nous avions cependant  bien failli nous y  faire voler la vedette, dans cette auberge !
Après une première partie, nous nous étions installés dans la salle pour prendre un pot et  le  hasard avait fait que nous nous étions assis à côté d’un tout petit bonhomme, tout maigre, tout sec et tout nerveux.
Il portait de grosses lunettes de myope, il avait la bouche un peu taillée en biseau, une raie impeccable tracée sur le côté de ses cheveux légèrement gominés, une mèche relevée en arrière  et il était un peu voûté.
Il ressemblait à Jean-Paul Sartre dans sa période maoïste.
Forcément, il en vint à nous interpeller. Mon camarade était en pleine forme mais moi, j’avais la voix qui se cassait, éraillée. Nous en étions à la sixième heure de concert en deux jours, quand même, sans compter que chaque soirée se prolongeait en copieux sacrifices à Bacchus.
Sartre nous enseigna alors qu’il fallait soigner, entretenir, travailler, échauffer, entraîner la voix.
Il était lui-même chanteur dans un groupe, à La Rochelle !
Tous les matins, dans sa salle de bain et devant la glace, il faisait des gammes, lui. Oui, Messieurs !
Et il nous montra.
Comme font les bébés quand ils remuent les lèvres très vite et qu’ils y passent leur main et qu’ils font «brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr.»
Mais là, c’était un bébé chanteur. Le « brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr » s’articulait plaisamment, se modulait habilement pour donner la gamme complète, jusqu’à l’octave et même au-delà.
Les lèvres remuaient et s’agitaient dans un tremblement frénétique.
C’était gentiment grotesque et absolument désopilant. Tellement que, nous voyant pliés en deux,  le bonhomme n’arrêtait plus de nous montrer et répétait à l’envi ses singeries de mélomane.
Un peu interloqués, les gens regardaient ce vieux fou  en train de nous donner la leçon.

Sartre en vint  cependant à demander sa récompense. Pouvait-il monter sur scène avec nous et chanter une chanson ?
J’ai cru un instant qu’il voulait chanter Dans la rue des Blancs-Manteaux…Mais non, mais non, ce fut  « Le Mauvais sujet repenti » qu’il proposa.
A la reprise, il chanta donc, d’une petite voix haut perchée, juste cependant : « Elle avait la taille faite au tour, les hanches pleines… »
Mon camarade l’accompagnait et Sartre cabotinait à son aise, se dandinait sur ses petits pieds vernis et, épousant  parfaitement le texte avec son corps fluet,  se déhanchait effectivement comme une demoiselle de la nuit.
Puis il voulut en chanter une autre, puis une autre encore.
Nous dûmes finalement faire les gros yeux pour qu’il consente à reprendre sa place dans le public…
Sartre, vous dis-je !
Le bidon d’huile en moins !

14:25 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Petits architectes de la vanité universelle

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Lorsque nous avons décidé, en 2007, de chercher une maison dans la campagne la plus reculée possible, il allait de soi que nous cherchions une maison qui fût authentique, une maison avec une histoire et dont le style et  l’âme  seraient depuis longtemps intégrés dans le paysage.
Bref, une maison polonaise. Une maison pour habiter. Pas seulement pour y être à l’abri, manger et dormir. C’était donc forcément  une  maison en bois. Comme toutes celles que j’avais vues avec envie dans tous ces villages-rues de l’est.
Pour moi, c’était et c’est encore exotique tout en étant une affirmation, une volonté de rencontrer véritablement les lieux. Pour D., c’était et c’est toujours une fidélité aux paysages et à la mémoire de son pays.
On voulait donc une maison mariée avec la forêt, qui fait corps avec elle, qu’on dirait qu’elle n’est qu’un dessin, une arabesque de plus sur le paysage forestier.
Tout comme les maisons de pierres, là-bas, dans les villages des Deux-Sèvres, s’inscrivent dans une campagne où dominent la pierre, le calcaire et les murailles le long des chemins et des prairies. Les hameaux y ressemblent à des fossiles incrustés sur les parois de la mémoire. Une maison de bois y serait incongrue. Comme une verrue sur le bout du pif.

Avec qui ou avec quoi se marie une maison en briques, en ciment, en béton, sinon avec un habitat exilé des hommes ?
Surtout ici.
Et pourtant fleurissent à tout va les constructions les plus hétéroclites. On rivalise de grandeur, de hauteur, de superficie, on multiplie les toits, les courbes, les niveaux, les fenêtres de toutes dimensions, les cassures, les ruptures de plan, les balcons emberlificotés. Une débauche d’imagination entre la mégalomanie mal maitrisée et la schizophrénie à un stade inquiétant, je vous assure.
La croissance polonaise dévore goulument l’âme polonaise.
On construit partout. Dans les bourgs, les villages, et jusqu’au beau milieu des champs. On se joue à qui mieux mieux du «  m’as-tu vu dans ma jolie maison ? »
C’est nous autres, avec les vieillards et quelques farfelus de notre acabit, qui sommes passés minoritaires dans un paysage essentiellement et historiquement  fait de bois.
Des maisons surgissent de la terre comme de grotesques champignons. Des jaunes, des rouges, des violettes, des vertes et des pas mûres, et toutes ont la prétention de célébrer la liberté retrouvée.
La richesse plutôt. Les plénitudes du libéralisme triomphant. La liberté, bof…C’est un mot de philosophie politique, ça.

Lamentable …On veut ressembler à l’ouest aussi, comme une sorte de revanche sur la frustration. On veut ressembler à ces grosses maisons, ces gros étrons de la vanité constipée devrais-je dire,  qu’on voit partout en France, en Allemagne, en Angleterre.
On veut effacer la différence. Habiter en bourgeois.

Bref, on veut être tout : confortables, riches, démonstratifs, en dur,  en large et en travers, mais surtout pas en bois.
Le bois, Pouah ! C’est synonyme de bicoque, de pauvreté, d’attardé, d’obscurantiste et de passé désastreux !
Ben moi, quand je vois toutes ces constructions idiotes des nouveaux riches - ou des gros emprunts -  le mot de Stasiuk, déjà relevé dans ce blog, me revient toujours :
La Pologne, comme tout le reste de l’Europe centrale, ne sera bientôt plus qu’une notion pour les météorologues.

Parce que lorsque la richesse et la bêtise font bon ménage - et elles le font souvent - elles chevauchent toujours le cheval d’Attila.

08:35 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

26.10.2010

Une histoire vraie à la façon d'Esope ou de La Fontaine

gu3oirka.jpgEn ces temps là - c’était hier - nous hantions de nos assiduités désordonnées, voire tumultueuses, la région toulousaine. La ville comme la campagne. La première pour nos frasques, la deuxième pour nous en remettre.
Je ne puis évoquer cette période sans que l’image de mon ami fauché prématurément en décembre 2006, ne revienne me hanter.
C’est surtout lui que je rejoignais là-bas. A part mon frangin, il fut d’ailleurs le seul de mes amis à venir me voir en Pologne, l’été 2006, juste avant le grand saut dans les ténèbres.
Je ne m’éloigne point de ce que je voulais dire initialement : Le passé et le présent, en écriture, se conjugue souvent au même temps et sur le même mode sans qu’il y ait  pour autant offense à la musique grammaticale. Ce n’est qu’au futur que ça sonne toujours faux.

Là-bas donc où soufflait  parfois le vent d’Autan, une copine à lui avait eu l’idée de louer, à l’écart, direction Mazamet je crois,  un vaste domaine, maison emberlificotée, genre gentilhommière du 18ème, parc ombragé d’arbres centenaires, buissons échevelés, pelouses sauvages et mal entretenues,  hautes grilles de la ségrégation sociale en piteux état.
Tout ça avait en somme le charme romanesque de l’aristocratie déclassée.
Elle avait en même temps eu l’idée, la copine, d’adopter un chien à la SPA. Un chien cacochyme, famélique, maigre, gris pommelé, haut sur pattes, avec de belles moustaches cependant qui le faisaient ressembler  au Clochard de Disney.
Plume, qu’elle l’avait baptisé. Nous avions pensé spontanément à un clin d’œil à Michaux, mais non, c’était tout simplement, comme s’il se fût agi d'un boxeur, un clin d’œil au poids désastreux de l’animal.
Plume avait le regard vert, doux et humide et d’une humilité des plus mélancoliques.
Nous l’avons tout de suite aimé. Il trottinait à nos côtés, il était fort demandeur de caresses, levait vers nous son regard inondé de tendresse et se couchait sagement à nos pieds, comme tous les clebs du monde, quand nous étions assis à discutailler, à picoler ou à en rouler un.
Un amour de chien….

Mais voilà que l’été suivant nous venons rendre visite à la copine et, chemin faisant, nous rappelons aussi de Plume le chien que nous allons revoir, sans doute parfaitement remis de sa vie de paria et qui va nous faire joliment la fête.
Mais foin du Plume d’antan !  Nous avons trouvé là un chien épais, gras comme un moine, le regard halluciné, le poil lustré, arborant un collier de luxe à son cou,  le croc hargneux et qui, derrière la grille, aboyait tel un forcené.
Bref, un chien de garde.
Impossible de rentrer avec un fauve comme ça en travers du chemin : Plume avait pris du poil de la bête, si j’ose, et, n'eût été l’intervention de la maitresse de céans, nous aurait assurément déchiré
les mollets, sans autre forme de procès.
Nous avons bien tenté, dans les jours suivants,  de ramener l’ingrate bestiole à de plus nobles sentiments, en faisant les niais cajoleurs, en émettant de petits bruits
imbéciles de bisous, comme des grands-mères, et en tentant de lui caresser l’échine, qu’il hérissait aussitôt.
Tout ça en pure perte. Plume  nous traitait en intrus et nous faisait nettement sentir la hâte qu'il avait de nous voir déguerpir de son territoire.

Et nous en avons conclu, après avoir réussi quand même à lui balancer un coup de pied rageur dans son sale cul d’exécrable parvenu, que ce chien-là avait quelque chose de profondément humain : capable de toutes les caresses les pieds dans le ruisseau et de toutes les bassesses la tête au pinacle.

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25.10.2010

Chanson en direct, Pinder song

PA150013.JPG

Voix passablement éraillée, quelques erreurs de mesures, son approximatif, sifflotement final hors tonalité, mais bon, il s'agit d'un direct, le coeur y était et on s'est bien marré. On peut écouter ici :

podcast

 

 

 

J’m’en va vous raconter
L’histoire du gars ZOZO
D’un gars plein de bobos.
En saison d’rabiboche
Sa vie fait des bouloches,
Chasseur de vent sous ses galoches.

Refrain :

C’est la Pinder song à ZOZO
Un swing pour tous les bias cochons

Sentiers de pluie, vairons, hérons
C’est la Pinder song à ZOZO
Un avant-deux, une scottish,
Pour doux rêveurs, song un peu kitsch.

 

Homm’ de terre et d’lisière
Rond’ frontières, champs derrière
Courant plaines et venelles
Met l’chemin sous ses semelles
Benaise, déterviré
Tout allongé sous son pommier

 

Réfractaire au travail
Heureux en ses futailles.
Gars d’peu mais beau rebelle
Et joueur de marelle
Poète à sa manière
Chaussure au cœur en bandoulière


Là-bas dans son Poitou
Le v’là qui chamboule tout.
Montré dans son village
Sa vie rate le virage,
Quand on vit en limite
Sur l’autre rive on passe plus vite


Paroles :    Jean-Jacques EPRON

Musique : Bertrand Redonnet, gars d’rin !

 

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22.10.2010

De l'immobilité de la vitesse

l 017.jpgUn soir, je revenais de Bressuire et la nuit tombait.
Nous avions rendez-vous à Villeneuve-la-Comtesse pour la lecture de Jean-Jacques.  En Charente-Maritime, entre Saint-Jean-d’Angely et Rochefort, pour être tout à fait précis.
Comme nous avions un peu d’avance, j’ai voulu m’arrêter dans un bourg situé aux lisières de la forêt de Chizé. Un bourg avec une  grande place rectangulaire et démesurée par rapport au reste. De ces bourgs qui n’ont, en fait, qu’un centre, les alentours ayant été mangés par les constructions-dortoirs de citadins en mal de verdure ou, le  plus souvent, aux comptes en banque pas assez solides pour s’offrir un terrain minable aux abords immédiats de la ville, entre la rocade et la ligne TGV.
Tout autour de cette grande place sont divers petits commerces et deux cafés.
Je connaissais bien ce bourg.  Beauvoir-sur-Niort. Je disais à Dorothée que dans les années où il m’avait pris fantaisie d’être un marchand de bois, je venais souvent là. Tous les jours à vrai dire. Après avoir chargé mon camion dans quelque  allée de la forêt, je m’arrêtais ici pour déjeuner, dans un des deux cafés, avant de reprendre la route direction La Rochelle, l’ile de Ré ou la Vendée.
Je m’attardais  à jouer au billard, à lire le journal, à discuter de choses insignifiantes avec les autres habitués, à casser du sucre sur le dos de Mitterrand et de ses acolytes ou, encore, à ne rien faire, en sirotant un verre. Voire deux.

Nous avons fait le tour de la grand-place. J’ai jeté un œil dans l’estaminet, à travers la vitrine maculée d’affiches, tournois de belote, match de foot local, loto et autres réjouissances des solitudes rurales. Il m’a semblé que rien n’avait changé à l’intérieur. Même lumière jaune, mêmes chaises vieillottes et lustrées, mêmes petites tables rectangulaires recouvertes de toiles cirées à carreaux noirs et blancs et….même patronne.
Car elle a surgi sur le trottoir, la patronne, avant même que je ne la vois. Elle a ouvert de grands  yeux et s’est écriée, ah ben ça, alors, un fantôme ! Un revenant ! Ça fait longtemps qu’on t’a pas vu dans les parages, dis-donc ! Qu’est-ce que tu es devenu ? Tu ne roules plus de bois ?

J’ai dit que  non. Que tout ça, c’était fini…
Et j’ai, une nouvelle fois, eu cette terrible vision, dans ma chair,  du  temps qui coule à toute vitesse en donnant l’illusion d’être inerte. Parce que les voyageurs, à l'intérieur, sont parfaitement immobiles.
J’aurais pu répondre en effet qu’entre ce roulage du bois et cette nuit d'automne qui tombait sur le petit bourg silencieux, ce roulage du bois à laquelle cette brave dame faisait allusion comme si je m’étais arrêté hier ou la semaine dernière pour déjeuner chez elle,  il y avait quand même eu quatorze ans passés dans un bureau à Niort et cinq ans en Pologne ! Presque vingt ans.
J’en ai éprouvé une profonde tristesse et j’ai dit un truc tellement vrai qu’il en est devenu une ânerie : Le temps passe vite !

Nous sommes allés voir la forêt noyée de crépuscule. Elle m’est apparue chétive, un peu délabrée. En tout cas elle n'avait nullement la fierté altière de la forêt polonaise. Une lumière orange, triste, une lumière à son agonie,  glissait entre les arbres.
Une grande, très grande impression de solitude, de désespérance et d’inutilité de tout.
On devrait toujours voyager à bord du seul hasard et sans repère de mémoire.

Nous nous sommes enfuis vers la lecture où Jean-Jacques nous attendait, les bras et le sourire resplendissant de présent.

Image : Scène de la lecture de Jean-Jacques Epron

14:24 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

21.10.2010

Re-salut à Toi, Pologne !

PA150012.JPGIl y eut d’abord ce grand soleil cloué au milieu d'un ciel resplendissant.
En sortant de l’avion, l’air tiède m’a fait tressaillir et je ne savais  plus quoi faire de mon blouson, de mon pull et de ma chemise. C’est comme ça que j’ai réalisé que Varsovie était déjà loin, de l'autre côté du bout de ciel que je venais de traverser  : Quand je me suis retrouvé en T-shirt.

Plus tard, c’est sous cette lumière oblique, jaune et instable, cette lumière qui allonge les ombres de l’automne,  que j’ai revu le Poitou-Charentes et l’océan, étale, avec, comme toujours, ses sarabandes de grands goélands, ses brumes incertaines sur l’horizon, ses bateaux  superflus de la plaisance, toujours d'un blanc qui scintille en même temps que l'eau, et, au loin, les côtes imprécises des îles : Aix, Madame, Ré et Oléron.
Il m’a semblé qu’il y avait, au-dessus de tout ça, comme un respectable silence, presque une tristesse d'avoir à exister toujours de la même manière.

J’ai retrouvé mes jardins désertés de leurs anciennes plantes humaines, comme je le savais, sinon celles de la proche famille. Ces jardins me sont apparus comme si je les avais quittés hier et comme si, dans la nuit, la terre avait brusquement changé de saison.
J’ai circulé beaucoup, 1000 Km environ,  à travers les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime et la Vienne. Par de petites routes connues, immuables, avec des talus plantés d’érables, de chênes, de châtaigniers ou de frênes.
Là, un souvenir embusqué au détour d’un virage, là-bas, sur une sorte de colline, un point de repère, un village lointain dont je sais dire le nom. Navigation entre les fantômes que mon départ a tués et qui, en tant que fantômes, font des efforts -
puisque je suis revenu sur les lieux du crime - pour se rappeler à mon bon souvenir.
Sentiment que ces cinq années  polonaises sont passées à une vitesse fulgurante. Que les cinq prochaines feront de même, et -  si tant est qu'elles voient le jour -  les suivantes aussi, et que tout est dérisoire de ce temps qui s’enfuit bien plus vite que nous ne savons le vivre.
J’ai traversé ces jours un peu comme  on écrit une page : En glissant à côté des choses et pas vraiment dans les choses.
A Marie-Claude Rossard, du Temps qu’il fait, qui me demandait comment je ressentais tout ça, je crois que j’ai dit que je ne savais plus qui, de moi ou des paysages anciens, des paysages de ma mémoire, avaient pris la fuite et que c’était comme si je ne faisais plus corps avec les instants. Comme si je me voyais marcher au lieu de marcher, comme si j’entendais ma voix surgie de l’extérieur et comme si j’étais dans un décor planté, plus que sur les lieux réels d’un automne  rural, qui m'attendait, que j'attendais, avec qui j'avais pris rendez-vous.

Le temps a  filé. Chaque jour une lecture de Jean-Jacques. Mises en voix et en espace de Zozo impeccables. J’ai découvert un autre texte. J’ai ri et même humecté mes yeux, comme à une première lecture. J’ai découvert aussi un artiste généreux, avec un cœur grand comme je voulais, quand j'étais petit,  que soit le monde.
Salut à Toi, l’ami. Le chemin qui s'ouvre devant nous sera joyeux ou ne sera pas.

Et ma grande émotion fut au lycée des Sicaudières, à Bressuire. Là, des élèves avaient choisi de me faire une surprise. Ils avaient relevé deux ou trois textes sur ce blog et ils me les ont lus à plusieurs voix, en se donnant la réplique et en guise de bienvenue parmi eux...
Emu que ces jeunes gens connaissent mon blog, en extraient des textes et se les approprient ; Heureux aussi que des adolescents lisent numérique. Comme quoi, les défenseurs à tout prix de l’édition traditionnelle, pour importante qu’elle soit, ont déjà une adolescence de retard.
Mais, me direz-vous, à quoi ça sert d'être à l'heure ? A rien. Je vous l'accorde. Qu'on soit en retard, ponctuel ou en avance dans son époque, on est rarement là où on avait pensé qu'on allait.

En tout cas, un merci chaleureux aux profs de français pour conduire leurs élèves sur des chemins encore nouveaux.

Après, les questions sur Zozo, qu’ils  avaient étudié en classe, ont fusé. Dont une récurrente :

Pourquoi avez-vous fait mourir Zozo ?
- Parce qu’il n’avait plus de place dans le devenir du monde.

Le ciel était bleu, en haut. En bas, les hommes étaient plutôt moroses et battaient le pavé. J’ai accompagné mon frère dans un cortège de la contestation. lI se bat, mon frère. Trente ans qu'il est derrière un volant et les nervis au pouvoir qui le poussent à y rester encore jusqu’à des âges indues.
Je l’ai accompagné en frère, en ami.
Mais derrière quel drapeau marcher, sinon, stricto sensu, celui de la fraternité ?
Depuis longtemps en berne sont  mes propres étendards.

Et quelle joie, quel calme, de n'avoir plus rien à espérer des sociétés imbéciles  !
Cap sur les amitiés qui naissent et sur le temps qui fout le camp !

12:23 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

20.10.2010

Zozo, un texte et des rencontres

PA150011.JPGEn ce bref retour en Poitou-Charentes, furent de grands moments d'amitié et de fraternité. De joyeuses rencontres aussi.

J'en reparlerai sans doute beaucoup, de ce que j'en ai vécu de l'intérieur.
Pour l'heure, il y a une interview que j'ai donnée spontanément, dès mon arrivée, sans m'y être du tout préparé. Vous me pardonnerez donc les hésitations et les imprécisions.

Merci à Valérie Sarrazin et à toute l'équipe de TV -Villages, autant pour leur travail que pour leur gentillesse.

Je n'ai pas de lien direct.
Vous faudra donc farfouiller un peu à partir de là,  puis "choisissez votre programme",  "Nouveautés", et dans "Moulin du Marais ITW, Zozo, chômeur éperdu."

Amicalement
Bertrand

15:17 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.10.2010

Lettre aux lecteurs et lectrices de l'Exil des mots

avion.JPGChers amis et amies,

Je vous abandonne pour quelque temps à une lecture statique de  l’Exil des mots.  L’occasion, peut-être, de fouiller dans les archives, de lire ou de relire quelques textes anciens, empilés là,  les uns sur les autres, selon l’architecture verticale du blog.
Je sais bien qu’Internet est a-géographique et que c’est même là une de ses caractéristiques fondamentales,  que changer de lieu n’est pas en être coupé, mais, dans mon cas, il s’agira de manque de disponibilité pour venir y écrire.
Je rejoins en effet les horizons maritimes  pour soutenir la lecture/mise en scène qu’un conteur professionnel, Jean-Jacques Epron, assisté d’un artiste des Matapeste, a réalisée à partir de mon texte «  Zozo, chômeur éperdu », publié à l'enseigne du Temps qu'il fait en avril 2009.
J’ai, pour l’heure, participé à ce spectacle à hauteur d’une chanson écrite par Jean-Jacques et mise en musique, ces derniers jours, par mézigue, cent fois répétée, tant que Jagoda en a par-dessus ses petites oreilles. Elle s'amuse néanmoins à la chanter en polonais, ce qui, ma foi, est assez drôle.
Je vais donc découvrir à peu près tout de cette  lecture vivante et la curiosité est grande de voir sa propre écriture prendre corps par le souffle poétique d’un autre.
De nombreux rendez-vous sont prévus, du Nord des Deux-Sèvres à l’île d’Oléron en passant par la Vienne…Un par jour, plus du temps que je compte bien consacrer à mes frangins, retrouver les pas qui sont inscrits là-bas dans mon histoire,  le séjour en terre océane risque d’être court.
J’espère tout de même ramener dans mes bagages une vidéo que je mettrai pour vous sur l’Exil des mots.

Emotion de retrouver tous ces lieux que j’ai brodés de mes fantômes. Emotion intime, personnelle, voyage de l’intérieur car, excepté les frangins, aucune attente, hélas, de tout ce qui fut, jadis, le cercle joyeux de mes amitiés.
L’expérience de mai 2009, de laquelle j'étais ressorti accablé  et qui avait ouvert le chapitre II de mon exil volontaire en lui donnant ce caractère d'irréversibilité sur lequel je ne m'étais jamais vraiment penché, m’a enseigné beaucoup.

Bien cordialement à tous et à toutes et à bientôt si la grève générale - ce qui serait marrant, de bon augure pour le peuple de France et digne d'un plaisant oxymore - ne me contraint pas à m'exiler plus longtemps en terre natale.

Bertrand

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05.10.2010

Légende, fantasme, fait divers horrible ou je ne sais quoi encore...

loup-wolf-a6.jpg_728.jpg Il y a quelque temps de cela, je m’étais  procuré un vieux livre de contes et légendes dans une bibliothèque. Un mauvais livre de reprises et qui ne citait même pas les auteurs ! Le tout desservi par un style d'une naïveté déconcertante.
Parmi ces légendes, mal dites, mal écrites, souvent bêtes comme chou, de ce vieux livre, une seule m’avait accroché quand même. Par son  sujet.

Sans que le mot ne soit prononcé, il s’agissait en fait  de lycanthropie.  La Louve blanche, qu’elle s’appelle, cette légende.
La lycanthropie. L’être redoutable qui remonte à la surface. Le monstre humain atavique qui prend soudain le dessus. Légende, fantasme ou réalité psychotique ?
Alors, je m'étais documenté un peu. Faut dire qu’ici, en Pologne où la forêt et la plaine sont blanches le tiers de l'année durant, dans ce silence héberlué des hivers continentaux, je suis un peu hanté, parfois, par l’image des loups.
Mon voisin le plus proche prétend même qu'un couple vagabonde dans la forêt, en face de chez moi ; qu'il a vu les traces.
Moi-même, un soir tout froid et de vent glacé, j'ai cru entendre hurler comme on dit que hurlent les loups.
Ce qui fait bien rire Dorota et Jagoda, mais bon...
Avec mon vieux et mauvais livre de légendes, donc,  je suis resté pantois :  Je me suis en effet aperçu que la légende était, en fait, un copier/coller d’un fait divers rapporté comme authentique !

Elle disait mot pour mot le cas d’Arline de Barioux, dont le procès avait eu réellement lieu en 1588, à Riom.
Je vous livre à peu près ce que j’ai pu en lire :

Arline de Barioux, épouse de Nicolas de Barioux, vivait une vie ordinaire et agréable dans les montagnes du Cantal. Elle était jolie, aimable, et son mari en était, paraît-il, follement épris.
Tous les vendredis après-midi, celle-ci avait cependant l’habitude de quitter le logis familial pour aller, la chère âme,  porter de quoi se nourrir aux pauvres de la campagne environnante.
Une femme, ou un homme, qui s’absente régulièrement, même jour, même heure, sous quelque prétexte que ce soit, moi qui suis un peu parano, je trouve ça bizarre depuis la Fée Mélusine.. Mais bon, passons…
En fait, là, dans cette histoire précise, j’ai raison. Parce que tous les vendredis après-midi, il s'est avéré que l’angélique Madame de Barioux se rendait à la forêt où elle…. se changeait en louve furieuse et dévorait des enfants !!!
C’est en tout cas ce que l’enquête a déterminé.

Où ça, des enfants ? Est-ce que ça pousse dans la forêt, des enfants ?
Je n'en sais rien...Je dis simplement ce que l'enquête a établi.

Mais, las, las, las,  trois fois las, un vendredi du gai printemps de 1588, Roger Griffoul, le chasseur du coin, revient bredouille de sa chasse. Il est pas content du tout, Griffoul. Comme tous les chasseurs bredouilles du monde.
Ça me fait penser, tiens, à une réflexion de Léautaud : Si les lièvres avaient des fusils, on en tuerait moins…
Mais ça n’a rien à voir ici…Et puis Léautaud, c’étaient plutôt des chats…
Revenons donc à nos moutons : Roger Griffoul, tout dépité qu’il était, voit alors surgir devant lui un énorme loup qui a vraiment l’air féroce. C’est dit comme ça dans l’histoire, d’où je me suis mis à supposer qu’il y en a des qui ont l’air gentil.
Griffoul tire. Sans  succès.
En fait, ce Griffoul, ça doit être un maladroit, que je me dis. Parce que louper un merle, d’accord. Mais un loup ? Hein, c’est gros, quand même, un loup féroce !

Le loup, lui, en dépit de ce coup de fusil raté du chasseur dépité, veut en découdre et il montre d’horribles crocs baveux….Pour se défendre, Griffoul saisit son couteau de chasse et un combat féroce s’engage alors entre l’homme et le loup.
Et ça n'est pas une allégorie...

Courageux, Griffoul. Moi, poltron comme tout, j’aurais détalé de là en vitesse ou j’aurais grimpé à un arbre, quitte à attendre là-haut jusqu’au jugement dernier.
Mais Griffoul, lui, il n'est pas comme ça. Il réussit même à trancher une patte du loup…La patte droite, disent exactement les minutes du procès de Riom. L’animal abandonne alors le combat et s’enfuit, tout sanguinolent, sous les taillis épais.


Peu après, Nicolas de Barioux rencontre le chasseur Griffoul sur la route. Par hasard, sans doute. L’histoire ne le dit pas… Mais le hasard fait bien mal ou mal bien les choses. Parce que le chasseur, la face livide, le menton convulsif et la lèvre sèche et exsangue, balbutie :
- “Je me suis battu avec un loup, dis donc, je lui ai coupé la patte et voilà ce que je rapporte! ” et il montre une main de femme !
On serait effrayé à bien moins, convenons-en….Nicolas, lui, sent sa tête qui chavire : il reconnaît la bague au doigt de la main sanglante. Il s’agit de la bague de sa femme, bon sang de bon sang de bonsoir !
Arline de Barioux revient, elle, subrepticement au logis en fin de journée, longe les murs et se renferme à double tour dans sa chambre .
Mais comme de Barioux sait tout,  il force la porte, et oblige  la femme dont il est follement amoureux, à montrer l’ignoble blessure. Il exige des aveux. Comment ? Je ne sais pas…Toujours est-il que la louve, heu, la femme, avoue tout et moi c’est tout ce que je sais.

Eh, ben, dis-donc, il a dû avoir une de ses frousses a posteriori, le gars de Barioux ! Moi si je m’apercevais un jour que j’ai couché avec une louve sanguinaire pendant des années, que je l’ai caressée, aimée, qu’elle m’a embrassé le cou, la pomme d'Adam et même pire, je deviendrais vraiment fou à lier.
Pas lui. Il garde la tête froide et sa femme, heu, sa louve, il la livre à la justice.
Elle eut donc droit à un procès qui passionna les foules et elle fut brûlée le 12 juillet 1588 sur la grand-place de Riom.
Vous ne me croyez pas ? Mais allez-y,  à Riom, vous verrez ! Vous demandez le tribunal,  les greffes, les archives...Allez-y ! En plus, c'est joli, Riom...J'y suis allé. Une fois.

Voilà donc l’histoire…Je me demande quand même : en quoi un tribunal humain était-il compétent pour juger un animal ?
Mais c’était une femme !
Bon, ben alors, où était le problème ? On la jugeait parce que c’était pas une femme, justement..
.
Il y a de la controverse de Valladolid, là-dedans.

N'empêche que la légende du mauvais livre figure en langage approprié dans les archives d’un tribunal !
Et la question qui me tarabuste : Qui, du juge ou du grimaud, s'est nourri de l'autre ?

14:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

04.10.2010

Consultations septembre

Décidément, l'été ne réussit pas trop à l'Exil des mots. Juillet et août, moins de 1000 visiteurs uniques, 839 et 814 exactement et respectivement.
Pas vraiment de quoi fouetter un malheureux blogueur !

Les prémisses de l'automne semblent en revanche plus favorables. Près de 1200 visiteurs, (600 selon la police si on lui demandait de compter), 4710 visites, et entre 400 et 1000 pages visitées au quotidien.
Mais peut-être la course du soleil n'est-elle pour rien dans ses fluctuations d'audience. Peut-être que tout simplement on écrit moins l'été...Ou moins bien...Je ne sais point .

En tout cas, merci à tous et toutes de votre lecture et de vos remarques. Depuis plus de trois ans que je suis en votre compagnie - depuis le 3 jullet 2007, après un an de tentative sur autres blogs -  j'ai l'agréable impression que l'Exil est à nous tous.
Elle est  là
aussi, la force du numérique : Dans cette présence quasi quotidienne de l'écriture confrontée à sa lecture immédiate.
Amicalement à tout le monde

Bertrand

 

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09:57 Publié dans Statistiques | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

02.10.2010

Cadeau pour Hortefeux et sa clique


"Preuve peut-être bien de votre inexistence...."

10:41 Publié dans Brassens, Musique et poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, musique |  Facebook | Bertrand REDONNET