UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître - 3 -

 1952/2014

Chronique 3 : Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des droits de la femme et porte-parole du gouvernement, s'offusque des chansons de G. Brassens et menace le poète d'interdiction

 Brassens.jpg

[...] J' lui enseignai, de son métier,
Les p'tit's ficelles...
J' lui enseignai l' moyen d' bientôt
Faire fortune,
En bougeant l'endroit où le dos
R'ssemble à la lune...

 [...]

  Rapidement instruite par
Mes bons offices,
Elle m'investit d'une part
D' ses bénéfices...
On s'aida mutuellement,
Comm' dit l' poète.
Ell' était l' corps, naturell'ment,
Puis moi la tête...

 [...]

 Elle eut beau pousser des sanglots,
Braire à tue-tête,
Comme je n'étais qu'un salaud,
J' me fis honnête...
[...]

Sitôt privé' de ma tutell',
Ma pauvre amie
Courut essuyer du bordel
Les infamies...

Invitée de Jean Paul Lourdin, le journaliste de BMW VTT, Vallaud Belkacem, Ministre des droits des femmes, a soudain cette moue hautaine, rapide, crispée, qui lui met la bouche en cul de poule, lui fait plisser un œil de façon presque imperceptible et donner un coup de menton ; moue propre aux femmes autoritaires et ambitieuses quand elles s’apprêtent à asséner, que dis-je ? A révéler une vérité définitive :
- Depuis que nous sommes aux responsabilités, Monsieur Lourdin, nous avons beaucoup légiféré et notamment, avec courage, sur la prostitution. Nous avons fait, je crois, avancer les consciences dans le bon sens. En menaçant le client de lourdes amendes, nous coupons l’herbe sous le pied au proxénétisme. Nous ne saurions dès lors tolérer que des individus, sous prétexte de rimailles et de poésies de bas-étage, fassent eux-mêmes de l’argent par le biais d’une espèce de complaisance envers ce proxénétisme et envers l’exploitation odieuse des filles publiques.
- Oui, bien sûr, mais... Ce ne sont que des chansons après tout! Des mots !
- Des chansons qui tombent dans toutes les oreilles et qui bafouent publiquement les préceptes de  la loi, Monsieur Lourdin ! Cet homme tient dans ses chansonnettes des propos qui sont tout simplement honteux. Notre devoir de républicains est de faire en sorte que ce genre de pratique soit partout dénoncé et, s’il y a persistance, d’ester en justice pour faire cesser ces ignominies. Ces vers sont des atteintes à la dignité des femmes.  Soi-disant artiste ou non, la loi s’impose à tous.
- Et à toutes…
- Oui, bien sûr. Mais en l’occurrence, les femmes ne sont pas concernées par ces propos boueux. D'ailleurs, Brassens insulte les femmes, certes, mais pas que les femmes… Dans une autre de ses chansonnettes, s’adressant à ce qu’il appelle «les bourgeois» il écrit et chante ce genre d’avanies : Et le peu qui viendra d’eux à vous c’est leurs fientes. Non mais ! Mais pour qui se prend-il donc ? Est-ce que, dans nos sociétés apaisées et responsables, on insulte ainsi impunément les gens en les menaçant de les souiller d’excréments ?
- Heu… Brassens chante ce poème, effectivement, mais le texte est de Richepin.
La Ministre serre les dents, se penche en avant et fait mine de tendre l'oreille en direction du journaliste, avec cet air supérieur et dubitatif qu'ont certains enseignants quand un de leurs élèves vient de dire une grosse connerie.
- De qui, dîtes-vous ?
- De Richepin. Jean Richepin.
- Je ne connais pas. Ce poète, sans doute de la trempe de Brassens, Jean Paul Lourdin, s’expose lui aussi aux rigueurs de la loi pour outrages, propos séditieux, voire incitation à la haine de l'autre...
- Heu…Hum...hum... (raclement de gorge) Mais c’est qu’il est mort en 1926, vous savez !
Petit silence et re-moue hautaine, rapide, crispée, propre aux femmes autoritaires et ambitieuses, qui leur met la bouche en cul de poule,  leur fait plisser un œil de façon presque imperceptible et donner un coup de menton, quand elles sont encore plus ridicules que de coutume. Ce qui participe de l'exploit !
- Peu importe. Laissons ce… ce…
- Richepin.
- Oui. Attachons-nous pour l’heure à interdire sur les scènes publiques ce Brassens et ses abominables lourdeurs !

09:33 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

10.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître - 2 -

Avertissement :

Même si elle colle parfaitement à l’actualité immédiate où s’affrontent dans un spectacle à qui sera le plus grotesque et le plus bas, un soi-disant humoriste et un vrai ministre de la police, cette chronique n’en est pas née.
J’en dois l’idée à Najat Vallaud-Belkacem, terreur blanche aux mains de velours, avec sa loi sur la prostitution ; loi scélérate, stupide, inondée d’idéologie féministo-socialiste ; loi étalon d'un état d'esprit général du pouvoir, d'apparence généreuse et humaniste, mais qu'anime essentiellement une volonté de flicage total de l'individu, jusques dans ses moindre replis, dans ses moindres solitudes et moindres intimités.

 *

Brassens.jpg

1952/2014

Chronique 2 : Manuel Valls, Ministre de l'intérieur, veut interdire les prestations de Georges Brassens à Bobino

 En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j´bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J´excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"

 [...]

Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies à peine si j´ose
Le dire tellement c´est bas
Leur auraient même coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas
Leur auraient même coupé les choses
Par bonheur ils n'en avaient pas !

Sur son compte Twitter, le Ministre de l’intérieur a fait part de son indignation. Il envisage dès à présent d’adresser une note ministérielle au préfet de Police de Paris afin que celui-ci trouve la faille juridique qui lui permettrait en toute légalité de fermer Bobino, où ce prétendu poète a coutume de brailler ses immondices.

 « Dans un Etat de haute tradition républicaine, écrit-il, héritier des Lumières du XVIIIe, il est absolument intolérable qu’un chanteur (qui chante mal de surcroît) mette à profit les occasions que lui donne son métier de s’adresser à des milliers de spectateurs pour les exciter sans ambages au meurtre sur des policiers et des gendarmes et même d’aller jusqu’à menacer les fonctionnaires de la force publique de leur faire subir le supplice d’Abélard !
Je suis issu d’une faille d’artiste. Je sais dès lors faire la différence entre un véritable artiste, un poète, un créateur, et un imbécile nauséabond qui transforme ses concerts en des meetings anarchistes et des appels à assassinats sur les autorités ayant en charge le maintien de l'ordre républicain.
Il faut que les citoyens le sachent et en tirent toutes les conséquences : ceux qui vont applaudir Georges Brassens font allégeance à un Ravachol névropathe, subversif et violent.
La République ne le tolérera pas ! Elle ne saura passer outre !

Fort déconfit, Georges Brassens a poliment répondu. Non pas sur son compte Twitter, il n’en a pas. Ni sur facebook, ni sur son blog, il n’a rien de tout ça. Il a tout bêtement adressé par la poste un petit mot manuscrit au Ministre :

  Les bonnes âmes d’ici bas,
Comptent ferme qu’à mon trépas
Satan va venir embrocher
Ce mort mal embouché,
Mais...
Veuille le grand manitou

Pour qui le mot n’est rien du tout,
Admettre en sa Jérusalem,
A l’heure blême,
Le pornographe,
Du phonographe,
Le polisson
De la chanson.

14:16 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

03.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître -1 -

Brassens.jpgNous avons la prétention plus ou moins désespérée de publier de-ci de-là notre littérature. Nos velléités artistiques en matière d’écriture plus exactement.
Je me demande souvent - ce n’est pas nouveau - si nous ne sommes pas les uns et les autres qui nous adonnons à cette pratique, des décalés complets, des fous furieux n’ayant pas tout à fait pris la mesure de l’état de notre époque et si, partant, nous vivons réellement dans ce monde autrement qu’en tant que risibles zigotos.
Aussi me décidé-je sur-le-champ, pour illustrer mes doutes en même temps que  l’insondable idiotie de nos sociétés procédurières à l’affut du moindre mot pouvant échapper à leur contrôle idéologiqu
e et totalitairement démocratique, d’ouvrir chaque vendredi cette chronique : Georges Brassens cité à comparaître.
J’imagine donc des textes écrits dans les années cinquante et soixante, de main de maître et par un esprit libre, tombant dans les oreilles démocratiquement bouchées des imbéciles au pouvoir.
Il y a là matière à écrire 52 chroniques au moins. Je n’y ai pas encore mûrement réfléchi, mais, connaissant parfaitement la plume de Brassens, en la confrontant à l’esprit des législateurs d’aujourd’hui, j’en suis certain.
Le drame dans tout ça, c’est que je pense sincèrement que Brassens passerait aujourd’hui effectivement la moitié de son temps devant les tribunaux, lui qui n’avait même pas d’avocat ! C’est en dire assez long sur la décadence achevée dans laquelle nous évoluons et la placidité de bovins avec laquelle nous l'acceptons : la censure des années cinquante et soixante, moins coquette mais plus brutale que celle d’aujourd’hui, était in fine plus conséquente.
Parce qu’elle s’attaquait à des faits plutôt qu’a des fantasmes, qu'elle agissait par pragmatisme plutôt sur par procès d'intention, qu'elle ne confondait pas le mot et l'acte. Cette censure qui se nourrit des amalgames est, dans l'histoire, l'apanage des sociétés totalitaires.
Et c’est, pour ma part, à se tordre de rire pour éviter d’avoir à en pleurer de désespoir.

 *

1952/2014

Chronique 1 : Georges Brassens. Madame la Garde des sceaux porte plainte pour outrage à magistrat

 Le juge pensait, impassible
« Qu'on me prenne pour une guenon
C'est complètement impossible »
La suite lui prouva que non !


 [....]

Lors, au lieu d'opter pour la vieille
Comme aurait fait n'importe qui
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis !


[....]

La suite serait délectable
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire et c'est regrettable
Ça nous aurait fait rire un peu !
Car le juge au moment suprême
Criait :«maman», pleurait beaucoup
Comme l'homme auquel le jour même
Il avait fait trancher le cou.

Motivations de Madame la Garde des sceaux :

" Nous sommes dans un État de droit et dans une communauté de citoyens profondément attachés aux valeurs constitutives de la République. On ne peut dès lors laisser des artistes, même protégés par la liberté d’expression et de création à laquelle nous sommes tous profondément attachés, insinuer qu’un magistrat puisse être assimilé à une guenon et, de surcroît, sodomiser par un abominable gorille. Entre le bel esprit frondeur et la gauloiserie barbare, il y a une ligne que Georges Brassens a franchie.  Ce n'est pas acceptable !"

11:13 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET