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25.11.2018

Le pacte

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La honte que je peux éprouver à soutenir Macron - car je sais bien, pour en être, la justesse des colères du petit peuple - n'égalera jamais celle que j’éprouverais à me retrouver aligné sur le même discours que les deux crapules ci-dessus.
Leur sale museau fouille partout le désespoir des petites gens. Dégoûtant !

11:33 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (6) |  Facebook | Bertrand REDONNET

26.10.2018

En le disant vite...

littérature,écritureOn ne devient pas poète. On naît poète. Pas génétiquement bien sûr, ce serait effroyable !
On naît poète comme le chiendent pousse sur certains sols laissés en friche  et pas sur d'autres.
Ce poète-là, d’ailleurs, est souvent amoureux de l'impossible.
Et il n'est  pratiquement jamais payé de retour.

 La poésie ce serait, pour dire vite,  le monde sans ses fonctionnalités. C’est-à-dire les fleurs sans la botanique, l'amour sans la gynécologie et la révolution sociale sans Mélenchon.

 Je ne conçois de poésie que subversive.

 La vie d'un poète est forcément en dents de scie, chaotique, décalée à l'intérieur, voire partout.
Ce qui ne signifie pas que toute vie chaotique soit celle d'un poète. Loin s’en faut !

S'il convoite de belles chaussures, hélas trop grandes pour lui, le poète est celui qui accusera la petitesse de ses pieds.
L'émoi est d'autant plus fort que la contrariété est insurmontable.

 Je pense la poésie comme étant très accessoirement une écriture et essentiellement une façon de vivre sa vie.
Encore une évidence qu'on se refuse à brasser. 

Quand les poètes se feront des voyous et les voyous des poètes, l'espoir aura peut-être une chance de changer enfin de camp...
Mais pour avoir fréquenté les uns et les autres,  je peux vous  assurer que ce n’est pas demain la veille !

Je demande à mon écriture de me ramener chez moi, à mes lectures de me conduire chez les autres.
Mais il arrive que les rôles soient inversés.

***

Les imbéciles faisant les intellectuels et les intellectuels faisant les imbéciles se rejoignent souvent pour s'extasier devant une merde rebaptisée « chef-d'œuvre ».

***

Je me méfie des être cohérents. Ils sont immobiles, ennuyeux et donneurs de lecons qui ne le sont pas moins..

 ***

L'impensé n'est pas l'impensable. Mais je comprends que beaucoup de monde puisse être intéressé par l'amalgame.
Et ce qui n'existe que dans mon imagination existe pourtant bel et bien et participe de ma vie et de mes moyens autant que l'utilisation du moteur à explosion, du caddy de supermarché ou de tout autre ingrédient de ma totalité.

Ce que nous appelons le réel n'est qu'une dimension de nos possibilités et l’imagination une autre dimension du réel. Par-delà cette imagination sont les inconnues que j’appellerais volontiers, n'ayant pas d'autres concepts à ma disposition, les abstractions vécues.

L'éternité a vu sa poésie confisquée, dénaturée, désamorcée par les religions. C'est pourquoi le matérialisme et le déisme sont deux garde-fous complices d'une même tentative de conjuration de l'angoisse de l'impensable.

Car si notre galaxie compte des millions et des millions d’étoiles, qu’elle est elle-même accompagnée de millions d'autres galaxies qui comptent chacune des millions et des millions d’étoiles et qu'à son tour chacune de ces millions de millions d'étoiles nourrit un système équivalant à notre système solaire, alors j’imagine que cette grandeur, même purement physique, touche de près à l'éternité, telle que je la conçois.
Supposer ou admettre que l'homme, en tant que composant de l'univers, participe forcément de cette éternité est cependant du strict domaine de l'idéologie.

 ***

Les synonymes sont les faux culs du langage. L'intangible n'est pas l'immatérialité tout comme la matérialité n'est pas forcément tangible.

Je ne prétends pas que la pensée possède une logique autonome dans son rapport à la vie. Je ressens confusément qu'il y a une abstraction vécue, de l'intangible dans la vie et vice-versa, que les matérialistes redoutent et qu'ils qualifient de mysticisme, d'idéalisme, de religiosité, de métaphysique et autres plaisantes dérobades.

D'ailleurs, le matérialisme est toujours le raccourci des imbéciles qui veulent faire  intelligents.

30.07.2017

Votez Brassens !

IMG_4713.JPGIl  y a longtemps de cela, un fat, un con, tout ce que vous voudrez, chef de service en tout cas dans une collectivité départementale, m’expliquait, docte et suffisant, qu’il fallait savoir considérer les choses par le bon côté.
La pauvreté,  les dérives qui vont avec, postillonnait-il, tout ça, était créateur d’emplois, puisque les travailleurs sociaux étaient  de plus en plus nombreux dans nos effectifs.
Et s'il n'y avait pas eu ces pauvres types incapables de joindre les deux bouts du mois, ces alcoolos pataugeant dans le ruisseau, ces chômeurs à la  ramasse, hé ben, peut-être que tous nos travailleurs sociaux auraient eux-mêmes été à la soupe populaire et auraient, de facto, coûté à la société...
Pas vrai, Redonnet ? Dis ?
Là, il y avait eu un petit sourire en coin, un léger battement du sourcil, car mon "penseur" savait très bien que j'aimais moi-même m'accouder aux comptoirs des bistros et n'avait pu s'empêcher de se faire petit juge moralisateur...
      - Dois-je écrire que la misère est créatrice de richesse ? avais-je alors demandé à l’apprenti dialecticien, le crayon levé, prêt à frapper, puisqu’il s’agissait de faire un article pour le vaillant journal interne de la collectivité.
      - Non, non, non ! s’était empressé d’objecter le philosophe à la noix, soudain nettement moins sûr de sa théorie et prêt à me piquer, même, si besoin en était, mon crayon.
Je n’en sus pas plus…
Lui non plus, d’ailleurs.
Je rangeai mon crayon.
Et filai au bistro du coin me rafraîchir, sinon les idées, du moins la luette.


Je vous raconte tout cela par association d’idée. Simplement.
Parce qu’en entendant hier Mélenchon citer Brassens à l’Assemblée Nationale, j’ai trouvé que oui, souvent, les contraires ont l’air de copuler gaillardement pour enfanter une réalité immonde.
Et je trouve aussi que, du point de vue de l’intégrité morale, le député insoumis (de côté) a autant le droit de se servir de Brassens pour argumenter sa carrière que moi des sermons de l’Archevêque de Paris pour justifier ma misère.

Illustration : Philippe Paillaud. Un grand merci à lui.

13:29 Publié dans Acompte d'auteur, Considérations non intempestives | Lien permanent | Tags : écriture, politique |  Facebook | Bertrand REDONNET

29.06.2017

Les canicules s'emballent...

hihi.jpgMais que fait donc Sirius, alias Canicula, cette petite étoile qui habite un coin de ciel à proximité toute relative du soleil ?
Même quand les jours déclinent, elle continue  de se coucher et de se lever en même temps que son auguste voisin et, selon les antiques observateurs du "Grand Tout", dont Pline l’Ancien, ce serait bien à ses caprices d'été que nous devrions les périodes torrides.
Y’a plus d’saisons, disaient les vieux - pas si vieux que ça, en fait - de mon enfance campagnarde, en tordant savamment la bouche, en haussant les épaules ou, pour les plus obstinés, en expédiant une chique désappointée au sol.
Ces sympathiques barbares, de quoi donc préjugeaient-ils ? Car ils avaient l’air de tout ce qu’on voudra, sauf de savants prophètes. Certes, ils semblaient avoir du ciel une espèce de connaissance mi-empirique, mi-atavique, mi-tripes-de-poulet et ils lui  demandaient sans cesse
d’arroser ou bien de sécher leurs sillons, mais  je crois bien que leurs prévisions se résumaient tout bonnement à exprimer leurs désirs et besoins du moment.
Ils étaient des situationnistes, finalement,  les vieux de mes jeunes jours.
En tout cas, ils ignoraient totalement l’approche tragiquement scientiste du monde, avec, servies tous les soirs sur un plateau, des nappes d’air en couleur qui circulent,  rouges pour les chaudes,  bleues pour les froides, qui rentrent en collision, tournent autour de la bulle d’un anticyclone ou alors, passant insolemment outre, envahissent telle ou telle partie du céleste territoire.
Plutôt que d'écouter la science cathodique à bon marché, ils interrogeraient Sirius, mes Pline l’Ancien qui crachaient par terre quand  les arbres se desséchaient, que les champs jaunissaient, que les feuilles mouraient à la fleur de l'âge, que les jours se dilataient sous la touffeur, que les jardins s'étiolaient et que les paysages imploraient clémence.
Ils avaient cela de supérieur sur nos contemporains qu'ils croyaient vraiment que leur dépit avait une complicité avec les  étoiles, ces vieux-là. C'était du dépit de haut niveau. Pas du dépit de consommateurs demeurés.

Et que diraient-ils aujourd'hui de ces clowns masqués et costumés qui se réunissent à grand bruit et à grands frais en faisant montre de s’alarmer du climat qui change, sans pour autant jamais dire un mot de la petite étoile ?
Y’a plus d’saisons, qu’ils diraient, et tout serait dit de l'écologie du moment. Une écologie sans parti.
Et ils avaient l’art de ne pas renverser les choses, ces barbares-là. De dire ce qu’ils voulaient, ce qu’ils vivaient, sans pour autant emmerder le monde à faire semblant de se préoccuper d’improbables solutions.
Ils savaient ainsi parler aux nuages. Mais pas à n’importe quels nuages, attention ! Seulement à ceux qui avaient une chance de flotter au-dessus de leurs champs.
En un mot comme en cent,  ils étaient a-politiques. 

19.05.2017

Le spectacle de la société

littérature,écritureSur le cours, pas toujours tranquille, de ma vie je n’ai rencontré qu’un seul individu digne d’être qualifié de courageux.
C’est-à-dire capable de répliquer un Non total aux conditions d’existence que proposent depuis des lustres et des lustres nos sociétés pourries de l’intérieur, et de vivre pleinement ce Non.
Je n’ai donc rencontré qu’un seul être primitif, un seul être n'ayant pas encore fait sa révolution néolithique. Nous avons été très liés, d’une joyeuse et turbulente amitié. Il a renoncé à la cinquantaine à peine sonnée et je me demande souvent ce qu’il penserait de ce blog à la noix où j’étale, aussi trop souvent que vainement, mes griefs contre nos modes de société.
Tous les autres copains, ceux auxquels j’ai accordé quelque crédit de cœur, disaient bien Non mais un Non nuancé d’un si, apposant donc à leur refus une clause : si le monde changeait, devenait plus égalitaire, plus juste et moins aliénant, j’y ferais allégeance.
En un mot comme en cent, si j’y trouvais ma place et s’il devenait ce que je pense. Nous ne sommes là pas très loin du vieil adage énoncé par Han Ryner, Le sage sait trop que l'opprimé qui se plaint aspire à devenir oppresseur.
Et voilà pourquoi, me semble-t-il, la pérennité de ce monde fabriqué sur le mensonge d’une politique au service exclusif de la richesse et de l’économique ! Cette pérennité vient du fait que ses détracteurs les plus farouches et les plus sincères- même (et surtout) aujourd'hui - sont des losers,  qui envient quelques qualités à ce monde.
Un ennemi dont on jalouse peu ou prou les frasques est imbattable, immortel.

Ceci me semble vrai, comme partout ailleurs, ni plus ni moins, dans le domaine de l’écriture et de l’édition. Je ne suis pas certain que tous les « écrivains », fustigeant et vilipendant le système qui les exclut, ne mettraient pas deux ou trois bémols à leur clef s’ils parvenaient à sortir du trou et à produire un succès de librairie.
J’ai même de sérieux doutes  à mon propre égard. Si - hypothèse on ne peut plus incongrue - on me proposait le Goncourt, je ne ferais certainement pas la fine bouche et ne bouderais certainement pas mon fier plaisir.
Ça, faire la fine bouche et le malin authentique, c'est pour les ventres gras, ceux qui sont déjà au pinacle et qui ont déjà bouffé au râtelier jusqu’à la gueule.
«Ça ajoute à leur gloire une once de plus-value», dirons-nous.

Parmi  les théoriciens du grand chambardement, ceux que je dirais intelligents et vrais, prenons le rusé Debord.
Les auteurs à opinions politiques révolutionnaires, quand la critique littéraire bourgeoise les félicite, devraient chercher quelles fautes ils ont commises,  écrivait-il.
Diantre !  Quand on sait le succès planétaire de La Société du spectacle, quand on sait que ce livre d’une intelligence redoutable a servi au spectacle à colmater ses propres failles, à renverser la perspective au point de faire de la critique du spectacle un élément indispensable à la survie de ce spectacle et de ses aliénations, quand on sait le nombre d’abrutis ou de salopards - lesquels ne sont pas toujours les mêmes - qui aujourd’hui se réclament de ses thèses, on se demande bien quelles erreurs monumentales  a pu commettre le pauvre Debord !
Et je n’en vois qu’une : celle d’avoir intelligemment ouvert sa gueule. Il a dénoncé, il a mis au jour si bien que son livre a agi comme agit une radio pour le chirurgien, quand elle identifie clairement le mal et permet, sinon de le guérir, du moins de le rendre supportable.
Ainsi,  après Debord, vint Mitterrand et son «changer la vie.» C'est dire ! Et après Mitterrand est venu le moindre petit politicien de village parlant "de la société du spectacle" sans savoir de quoi il parle.
Sinon, il se tairait très vite !

De même pour Vaneigem. Refuser un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s’échange contre celle de mourir d’ennui.
Ben oui, c’est joliment dit et ça veut tout dire.
Seulement Vaneigem a omis cette vérité d’ordre quasiment ethnologique : les hommes préfèrent de loin la sérénité de l’estomac à celle du cœur et de l’esprit.
Et depuis le Traité de savoir-vivre, la prostitution corps et âme dans les ateliers du Capital ou dans ceux de sa superstructure idéologique, l’État, est devenue la valeur avec un  grand V, le but, la préoccupation grandiose de la recherche du bonheur absolu.

C'est ainsi. Le savoir, c'est bien. Le dire ne sert cependant strictement à rien.

15.01.2009

Menteur !

Le mensonge, c’est un mensonge. Car il n’a pas d’existence autonome en ce qu’il est proféré :

- Par ignorance ou forfanterie et ça s’appelle de la bêtise,

- Par intérêt particulier et ça s’appelle de l’avarice ou de la démagogie ou de l’égocentrisme, selon la nature de l’intérêt,

- Par intérêt général et ça s’appelle de la finesse falsifiée à bon compte,

- Par séduction et ça s’appelle de l’hédonisme, de l’impuissance physique ou intellectuelle, selon les buts que poursuit la séduction,

- Par plaisir et ça s’appelle de la mythomanie,

- Par désir de nuire et ça s’appelle de la calomnie,

- Par bonté et ça s’appelle du judéo-christianisme, avoué ou subconscient,

- Par peur et ça s’appelle de la lâcheté,

- Par lassitude, et ça s’appelle du désespoir,

- Par l’Etat et ça s’appelle de la politique.

Si donc je vous dis, la main sur le cœur et dans un grand élan d’honnêteté, « je suis un menteur ! », je vous mens doublement en ce que je ne vous dis pas pourquoi et où. D’autant que l’espèce de nomenclature des motivations ci-dessus dressée est loin, très loin, d’être exhaustive.

Ainsi, il y a unLes chaussettes noires.jpge cesar.pngfoulphoto_1207485034777-1-0.jpgCPS.HLV99.120308235140.photo00.photo.default-341x512.jpge de gens qui mentent eSGE.UMZ74.121206090617.photo00.quicklook.default-245x164.jpgn disant la véritphoto_1212675066308-1-0.jpgé. Ceux qui ne le font pas exprès, par exemple.Ou q22.JPGui poursuivent un but inavoué.

 

 

 

 

 

 

 

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A l'ecole.jpgChamps d'horreur.jpgcretin.jpg1093779180939gu.jpghugo82.jpgHigelin.jpgDylan.jpgphoto_1208522524555-3-0.jpgphoto_1218042315923-2-1.jpg

11:44 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

19.11.2008

Considérations non intempestives (5)

1 - Les pommes sont les fruits de la discorde,  les poires ceux de l’ordre libéral.

2 - Les seuls gens avec lesquels je ne me suis jamais disputé sont ceux à qui je n’ai jamais adressé la parole, ni même le moindre écrit. Ces derniers étant de très loin les plus nombreux, j’en déduis que je dois avoir un très bon caractère. Ce dont je me félicite.

3 - La fourberie consiste à ne dire vraiment ce qu’on pense que lorsqu’on ne pense vraiment rien.

4 - Par association d’idées : Ségolène Royal a des ambitions à sa hauteur. Elle mesure 1m 60 à tout casser.

5 - Par association d’idées encore : Ségolène Royal s’est félicitée de la réincarcération de Jean Marc Rouillan qui vient pourtant de subir 22 années d’incarcération dans les geôles de cette République à la sauce Carla Bruni. Emus jusqu’aux larmes par tant de clairvoyance et d’humanité, les militants s’apprêtent à lui donner le guidon.
Et moi j’voudrais tous les voir crever, étouffés par  la bêtise et la méchanceté.

6 - Par association d’idées  toujours : Sarkozy est un goujat. Pas une lettre de remerciements à Ségolène Royal après tout ce qu’elle fait pour lui. Du dévouement qui frise l’abnégation pourtant.

7 - Des nouvelles enfin humaines et rassurantes sur le front de la crise financière : Strauss Khan a sauté, en levrette et en chaussettes paraît-il, une soubrette du FMI. Les contribuables espèrent de tout cœur que l’orgasme fut lumineux et s’en retournent à leur occupation favorite : renflouer les banques.

8 - Des nouvelles aussi de l’Ossétie du Sud. Les chars russes sont restés bloqués sur son territoire. Panne d’essence explique Sarkozy,  Président de l’Europe.

9 - Un écrivain qui s'ennuie peut-il écrire autre chose que des choses ennuyeuses ?

10 - N'ayant plus rien à faire en France sinon refuser ostensiblement de saluer la dernière des premières dames, Simone Veil vient de décorer en Pologne "les femmes entreprenantes." Outre que l'adjectif-gérondif prête à risible confusion et serait de nature à mettre en doute l'intégrité morale des décorées, je crains le pire pour l'avenir de la Pologne si elle venait à tomber aux mains desdites femmes.

11 - Pris au piège de leur étymologie, les philosophes avouent enfin : Nous sommes des pervers, des déviants et des délinquants sexuels. Car comment, sinon, aimer la vérité ?  Il n’y a en effet pas plus lâche, pas plus bas, pas plus trivial, pas plus mesquin et pas plus monstrueux que la vérité d’une âme humaine.

12 - Je le sais mieux aussi bien que vous : j'en ai une.

 

08:54 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

04.06.2008

Considérations non intempestives - 4 -

1 - Une étude sérieuse - je ne dis pas qu'elle fut utile - en est arrivée à conclure que quatre-vingt-dix pour cent des gens, dans l'intimité et par un réflexe encore inexpliqué, contemplaient les souillures laissées sur le papier après défécation.
Difficile de trouver art plus primitif et plus unanime.

2 - On ne nourrit pas de noirs desseins sur un écran blanc.

3 - Mes amis me comprennent mieux quand j'abonde dans leur sens.
Mes ennemis aussi.

4 - Un homme méchant ne l'est jamais assez pour plaire à lui-même.

5 - Beaucoup d'écrivains, ou (et) d'artistes d'autres disciplines, ont un rapport baudelairien à l'environnement urbain. Interprétation distanciée de sa laideur et lecture poétique du désordre névrotique de la ruche.
Je ne conçois rien de la ville qui puisse m'émouvoir.
Mes sentiments sont essentiellement champêtres.
Néolithiques, presque.

6 - La laideur c'est quand l'éphémère dure.

7 - La blogosphère est un microcosme bien nommé. Elle tourne en rond sur elle-même, on y lit de belles choses et d'autres grotesques, on y prend du plaisir, on s'y ennuie, on y noue de fragiles amitiés et on s'y attire de solides inimitiés.

8 - Les gens qui continuent d'écrire sans passer par le blog ou le site risquent fort de ressembler bientôt à des bûcherons dont un seul arbre cacherait la forêt. Forcément, ça finit par cogner dans le vide.

9 - Un copain m'a écrit un mail qui disait que jamais il n'écrirait sur Internet. Fort inquiet, j'ai par retour et parce que je l'aime bien, pris des nouvelles de sa santé.

10 - Chaque fois que j'ai voulu être cohérent, je me suis contredis. Comment pourrait-il en être autrement ?

11 - Un copain-voisin et petit paysan polonais éleveur de cochons parle de se payer une connection Internet alors qu'il n'a ni l'eau chaude au robinet de sa douche ni l'eau courante dans sa porcherie.
Je lui ai dit que c'était quand même plus cohérent que s'il installait Internet aux gorets et mettait l'eau chaude à son lavabo.
On s'est bien marré.

 

 

14:10 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

considérations non intempestives - 3 -

1 - Certaine modernité toujours encline à câliner la langue dans le sens du bon goût, celui qui privilégie l'apparent au détriment de l'essentiel, commande que l'on dise désormais un tapuscrit.
Ira t-elle jusqu'à qualifier quelqu'un de beau clavier ?
Je verrais bien aussi un écrivain déclarer qu'il a tapé son livre en un an.
- Combien de livres a tapé Machin ? Qui a tapé tel roman paru chez un tel ? C’est un beau clavier, ce tapeur-là !
Une écriture tapée. Sans doute ne croit-elle pas si bien dire, la modernité.

2 - Il ne me déplait pas d'être considéré comme béotien.
Je n'ai jamais su vraiment ce qu'était un chef-d'oeuvre.
Certains monuments jugés incontournables de la littérature m'ennuient profondément tandis que des hors-d'oeuvre ont su me transporter.
En peinture, une croûte peut m'inspirer alors que je trouve la Joconde carrément moche.
En musique, je n'ai jamais pu écouter jusqu'au bout un grand classique, sinon peut-être Vivaldi.
En archi, sorti du gothique flamboyant, et encore, je ne connais rien.
En cinéma, c'est la catastrophe. Outre que je déteste la promiscuité des salles, ma prédilection irait aux westerns série B, avec des fourbes et des justes qui se canardent à qui mieux mieux.

3 - Je ne hais personne, ça rend trop malheureux.
Je n'aime pas grand monde non plus, ça rend pas assez heureux.

4 - Je ne cherche pas à démonter les mécanismes et buts d'un système pour le plaisir intellectuel de démonter ou parce que j'aurais une certaine idée morale de ce qui est bien et de ce qui ne l'est pas. C’est beaucoup plus simple, moins méritoire et plus ambitieux.
Je cherche à dénoncer, pour ma gouverne et en tant qu'acteur-témoin de ce monde, en quoi les multiples ramifications de ces mécanismes et de ces buts, sont des obstacles à vivre pleinement ma vie, telle de plaisir que j'estime qu'elle vaille la peine d'être vécue.

5 - Sarkozy, en tant que personnage réifié de la décadence politique de l'intelligence, est un espoir historique incomparable : Après lui - et quelle que soit la suite des non-évènements - ça ne pourra pas être pire.

6 - La coexistence pacifique entre la planète, comme lieu de résidence des hommes, et l'idéologie de la croissance est absolument incompatible.
La lutte est permanente et ne peut s'achever que par la mise à mort de l'une des deux combattantes.
Le développement durable est un lapin exhibé de leur chapeau par les escamoteurs du capital en guise de modus vivendi capable de distraire l'attention et pour tâcher de camoufler un temps les douleurs de plus en plus stridentes de la contradiction.
Le développement du râble est un langage réservé aux éleveurs de lapins.

7 - Ce qu'on appelle écologie n'est que - mais c'est énorme - le reflet idéologico-politique, récupéré et réducteur, d'une exigence première : l'occupation humaine de la planète.

8 - La mondialisation, concept savamment flou, désigne en fait dans ses dernières extrémités, le jardin indispensable à l'âge triomphal du capital.
Cette ultime mainmise sur la planète pourrait s'avérer être le point de basculement, tout comme chez Clausewitz l'effort consenti par le conquérant lors de l'offensive à son point culminant, conduit à l'épuisement de ses forces-ressources, bientôt à son effondrement.
La survie d'un conquérant est cependant toujours fonction de ses nouvelles conquêtes, comme la sauvegarde d'un mensonge est toujours au prix d'un nouveau mensonge.
Les diverses tentatives de conquête de l'espace peuvent être lues comme la recherche de nouvelles richesses à extorquer au cosmos, de nouvelles poubelles à exploiter, voire d'intelligences à asservir.
En un mot comme en cent, comme le projet d'un recul encore plus lointain des clôtures de la croissance.

9 - Si les refrains religieux me dégoûtent, les couplets tout aussi péremptoires des matérialistes athées ne me satisfont pas.
La chanson est sans doute d'une écriture plus complexe.


10 - Le rat est un commensal de l'homme, l'homme un commensal du capital.
Des richesses, des miettes et des poubelles.
Equilibre alimentaire trompeur : Supprimer le capital ne supprimera ni l'homme, ni le rat. Supprimer le rat, tout le monde s'y attache. Supprimer l'homme, c'est en bonne voie.

11 -
Lorsque je fais mon archéologie, les bribes et les tessons mis au jour finissent par faire un tout chaotique mais cohérent.

C'est une satisfaction, je le dis tout net.

12 - Quand on séduit tout le monde, c'est qu'on ne plaît à personne.
13 - La relation qu'on a à soi ne diffère pas de celle qu'on entretient avec le monde.
A moins que les deux ne soient fausses.

14 - Aucune valeur au monde ne peut exiger que nous nous endormions dans l'ennui.
Vient un moment où il faut, avec joie, larguer les amarres.
Même celles, et peut-être surtout celles, que nous pensions être ancrées le plus profondément en nous et par nous.

15 - Je vis dans une organisation humaine qui ne me convient pas. Cela suffit pour que je puisse affirmer sans erreur qu'elle est mauvaise.
Mon bonheur est alors forcément subversif.
Un parti pris.

16 - Je ne compte pas assez de doigts aux mains, quand bien même les affublerais-je de mes orteils, pour dire le nombre de bas courtisans, d'imbéciles, de staliniens repentis, voire d’idéologues de la vieille droite, que j'ai pu croiser et qui, sans vergogne, faisaient l'éloge de la société du spectacle ou du traité de savoir-vivre, allant même jusqu'à se réclamer de la justesse de leur analyse.
Comme quoi la grenade situationniste est bel et bien et définitivement dégoupillée.

17 - L'état actuel de la pratique numérique a poussé plus loin encore, au point de les contredire, les affirmations de la théorie situationniste selon laquelle " le directement vécu s'est éloigné en images."
Il n'y a en effet pas eu de conflit d'intérêt entre l'image et le vécu où la destruction de l'un eût été la condition sine qua non de la pérennité de l'autre.
Le directement vécu ne s'est pas éloigné au sens de mal-vécu et d'anéantissement de la présence humaine dans les activités humaines. Il s'est fait image à part entière et inversement.
L'image et le vécu, au lieu de s'engager dans une lutte à mort, ont pactisé dans la synthèse.
L'erreur consistait encore, même chez les situationnistes, à préjuger d'une certaine qualité de la vie, prédéfinie, posée comme postulat et point de ralliement de la critique.
Que la synthèse s'engage à son tour ou non dans un autre conflit qui la dépasserait ou la vérifierait, n'est pas mon propos.
Parce que j'en sais bougrement rien.

18 - Pris d'une douloureuse crise existentielle, le site Internet d'une collectivité départementale titre enfin : A quoi servons-nous ?
Les vraies questions sont souvent posées par inadvertance.

19 - La fidélité en amour ?
Toutes les grandes passions amoureuses naissent pourtant d'une infidélité.
20 - Est-ce que les chats mangent du caviar ?
Non ?
Alors cessez de nommer gauche-caviar ce qui n'est que bouillie pour les chats.

21 - Les Français sont versatiles :
Giscard avait une tête de noeud,
Mitterand la tête de Machiavel,
Chirac n'avait pas d'tête.
Ce après quoi ils ont élu une tête de con.

22 - Aucun homme au monde ne peut acquérir l'habitude de la misère, alors qu'à peu près tous composent dans la misère de l'habitude.

23 - Dialectiquement, le faux est un moment du vrai.
En politique aussi mais avec cette nuance que le faux est un cabotin qui tarde à passer le micro.

24 - Faire l'âne n'est pas sans risque : on ne sait jamais à quel moment précis le renversement dialectique s'opère.
Quand c'est l'âne qui vous fait.

25 - Un voyageur qui sait dans quel lit il mourra est déjà mort.

26 - Mathématique de notre modernité éclairée : L'espérance de vie qui n'en finit pas de s'allonger est inversement proportionnelle à l'espoir de vivre.

27 - Toute ma vie, j'ai eu peur de la mort....
Me reste plus qu'à espérer n'avoir pas peur de la vie toute ma mort…

28 - Tous les catholiques que j'ai pu rencontrer étaient de mauvaise foi.
Normal en même temps qu'un comble.

29 - Même peu reluisante, la crise de foie d'un alcoolique est toujours moins grotesque que la crise de foi d'un catholique.

30 - Nietszche est mort.
Signé Dieu

31 -
Si nous vivons le triomphe des idéologies libérales capitalistes, le regain de vigueur de la calotte et le répugnant retour de toutes les valeurs les plus mensongères et les plus aliénantes pour l'intelligence et la liberté humaines, ce n'est pas au génie des pouvoirs en place que nous le devons mais bien aux systèmes - aujourd'hui déchus - qu'on avait installés un peu partout, principalement en Europe, sous le nom usurpé de "communisme".

C'est en mettant en avant ces faux exemples, en taisant leur sédiment historique et en les introduisant ainsi dans la tête de leurs moutons comme ayant été la réalité du communisme, que le capital et la finance font perdurer leur domination et continuent d'étrangler la vie des hommes par amalgame.
Et pour très longtemps encore...
Tant qu'il restera un seul de ces communistes-là et un seul de ces prétendus adversaires de ce communisme-là, amusant la galerie chacun avec son usurpation d'identité.
Après, c'est inéluctable, les générations réécriront le mot tout neuf.
Mais pour tout dire, je m'en fiche.
Longtemps que je serai ailleurs.
De l'autre côté de l'horizon.

32 - L'homme est un loup pour ses frères.
Sauf en religion où c'est exactement le contraire.

33 - Quand on tombe amoureux, on perd l'équilibre... ça tombe sous le sens.

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12.04.2008

Considérations non intempestives - 1 -

1 - Dans le couple, quand un, ou une, décide de s'envoler vers des horizons plus grands, c'est un mort inachevé qui prend la parole. Un, ou une,  qui "ne reconnaît pas le bien-fondé de son trépas".

2 - En l'état actuel d'un monde sans visage humain , l'ennemi n'avance masqué que pour les imbéciles.
Pour le peu qui reste, il est on ne peut plus transparent.
Ce qui est en revanche beaucoup plus difficile à discerner, ce sont les alliés réels de l'ennemi.
Certains sont très habilement travestis.

3
- En vacances, nous guettons l'anticyclone. En politique, le cyclone.

4 - On ne devient pas poète. On naît poète. Pas génétiquement bien sûr, ce serait effrayant et idiot.

On naît poète comme le chiendent pousse sur certains sols et pas sur d'autres.
Après seulement intervient le devenir : On laisse chanter ce poète ou on lui tord le cou.

5 -
Le poète est souvent amoureux de l'impossible. Il n'est guère payé de retour.

 6 - J'ai recu la lettre d'un éditeur qui disait vraiment :

"J'ai parcouru votre manuscrit avec beaucoup d'attention..."
Y'a quand même des lapsus-oxymores qui mériteraient véhémentes corrections.

7 -
Il ne s'agit pas pour nous-autres d'énoncer des choses nouvelles, d'annoncer une nouvelle théorie qui éclairerait la révolte d'une lumière jusque là inconnue.

Il s'agit d'administrer un rappel obstiné contre l'aliénation ambiante, de faire savoir, ne serait-ce qu'en murmure, que nous sommes encore quelques-uns à ne pas être dupes et à ne pas nous avouer totalement vaincus dans nos vies.
Il s'agit de dire encore et encore, après des milliers d'autres honnêtes hommes, que la fumisterie ambiante est essentiellement caduque et non, comme voudraient le laisser bêtement croire tous les tenants du pouvoir et ses aspirants, l'histoire achevée.
A ce titre, nous n'avons ni adversaires ni amis préconçus. Nous n'avons que faire des soi-disant classes sociales. Car nous savons pertinemment qu'il y a partout des charognes et partout des hommes et des femmes préoccupés de l'intégralité de l'existence.

8 -
Le mot peuple est un mot en mouvement, un concept de l'irruption.

Il désigne des gens lassés des conditions faites à leur existence, de quelque horizon social qu'ils viennent. Des gens qui prennent d'assaut les palais du mensonge, par les armes et par la voix, renversent les statues, brisent les interdits, voire coupent des têtes, parce qu'ils exigent que leur soit restituée la poétique initiale de leur vie.
Le mot peuple désigne l'instigateur et l'acteur de la mutinerie sociale.
En période de modus vivendi, il ne signifie qu'un terreau vague, un tas de fumier sur lequel guignent les politiques pour y ensemencer à bon compte et dans l'endormissement général les graines de leurs misérables ambitions.

9 -
Au stade où nous en sommes du brouillage des cartes dans la conduite de nos vies, l'inversion est quasiment consumée entre le superflu et le nécessaire.

10 -
Quand on refait sa vie, selon l'expression bien mal consacrée, on ne refait strictement rien du tout qu'on aurait déjà tenté de faire. On ne fait que ce qu'on avait oublié de faire.

11 -
La poésie c'est le monde sans ses fonctionnalités. Autrement dit, les fleurs sans la botanique, l'amour sans la gynécologie et la mélancolie sans la psychologie.

 
12 -
Les grands bouleversements sociaux sont intuitifs. Leur pérennité, tout comme leur caducité, est discursive.

13 - Mai 68 : La honte d'exister soudain transformée en fierté d'être.

Le reste est verre d'eau dans lequel se noie l'affrontement discursif d'idéologies diverses.

14 - L'écriture n'a pas de rôle en dehors de celui qu'elle s'assigne elle-même. C'est la lecture qui a un rôle social.
Et il n'y a là-dedans aucune dialectique de la poule et de l'oeuf, tant il arrive souvent qu'on ne lise pas exactement ce qui est écrit.

 15 - Le cinéma est un art tributaire de la musique. Il ne sera donc jamais fidèle à ce qu'il prétend vouloir dire.
Dans vos situations - que vous ayez à les affronter ou à en jouir - avez-vous une musique derrière vous pour les faire plus authentiques et plus fortes encore ?

Que diriez-vous d'une musique qui aurait forcément besoin d'images pour transmettre son émotion ?

 16 - Il n'y a que des pigeons n'ayant jamais su voler plus haut que leur perchoir pour croire qu'un seul battement de leurs ailes puisse les projeter jusqu'aux nuages.

17 - Un ami très proche, un jour aux prises avec les tourments de l'amour resurgi impromptu sous ses pas débonnaires, m'avait ingénument demandé, dans son désarroi, ma conviction du bonheur.
- C'est l'absence de tourments, avais-je assuré.
Tout un programme. Mais ça ne l'avait pas beaucoup aidé.

18 -
"Un homme qui ne boit que de l'eau a des secrets à cacher à ses semblables" écrivait Baudelaire dans Les Paradis artificiels. Certes.

Mais un homme qui ne boit que du pinard dit tellement de conneries que c'est lui-même et tout entier qui se fait énorme secret, une sorte d'énigme parfois déroutante, parfois plate comme une limande.
Pour avoir longtemps et alternativement pratiqué les deux extrêmes, je sais de quoi je cause.

19 -
La belle écriture est celle qui a la précision d'une partition, celle qui ne prête pas à la cacophonie des interprétations.

Elle se situe par-delà le style.

20 - La littérature qui a des prétentions érotiques se met deux fois le doigt dans l'cul. Elle n'est en général ni littéraire, ni érotique.

 21 - Le mensonge est bien sûr la vérité falsifiée, mais pas seulement.

L'évolution du pouvoir spectaculaire l'a conduit du subtil non-dit au mensonge délibéré, puis du mensonge délibéré à l'affabulation pure et simple.
Sous les applaudissements nourris, l'ignorance, la complicité ou la résignation intéressées.
L'affabulation allant crescendo, bientôt sera le délire.


22 - L'image, telle que critiquée par Debord et les situationnistes, atteint les dimensions de sa plénitude dans le discours officiel du pouvoir comme dans celui de tous ses complices, aspirants ou contemplatifs intéressés. On peut dorénavant asséner des contrevérités accablantes, des aberrations grotesques, des contresens ridicules à la barbe du monde entier et ne risquer pour autant qu'un petit murmure indigné de la foule.
Le spectacle à ce très haut degré d'insolence suppose que le mensonge soit tacitement admis de tous, dirigeants et dirigés, comme règle du vaste jeu de l'inversion du réel et comme projet commun d'une disparition de la vie au profit de sa représentation.

23 - Un politique qui serait pris de la fantaisie soudaine de ne pas mentir se retrouverait exactement dans la situation du coureur du Tour de France qui refuserait les intraveineuses. Peinant dans l'ascension, relégué en queue de peloton, zigzaguant lamentablement puis finalement contraint à l'abandon en dépit des encouragements pour la forme de deux ou trois excités Kronembourg.

24 -
Je ne conçois de poésie que subversive.

C'est la lecture d'un parcours personnel. Conception réductrice ?
L'histoire inclinerait en effet à ne me donner que très partiellement raison .

25-
Le poète qui devient riche ou (et) qui compose avec les douloureuses aberrations sociales n'en cesse pas pour autant d'être un poète.

Qu'il en souffre ou non est du domaine de l'intime et, en dernier ressort, de l'éthique intime.
 
 
26 - La vie d'un poète est forcément en dents de scie, chaotique, décalée à l'intérieur, voire partout.
Ce qui ne signifie pas que toute vie chaotique soit celle d'un poète. Sans quoi les conditions pitoyables d'existence imposées par le capital n'auraient produit que des poètes.
Ce qui depuis longtemps l'aurait conduit à sa perte.

27 - Je pense la poésie comme étant très accessoirement une écriture et essentiellement un art de vivre. Encore une évidence qu'on se refuse à brasser. Bien évidemment.

28 - Quand les poètes se feront des voyous et les voyous des poètes, l'espoir aura peut-être une chance de changer de camp.
Pour avoir fréquenté les uns et les autres, je peux prédire cependant que c'est pas demain la veille !

29 - Depuis Nietzsche et dieu, Les surréalistes et l'art, les situationnistes et le vieux monde, je me méfie comme de la peste de ceux qui dissèquent prématurement les cadavres !

 

14:07 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Considérations non intempestives - 2 -

1 - L'amour qui ne convoque pas chaque matin une muse à son chevet, sombre dans l'institution.

2 - Les imbéciles faisant les intellectuels et les intellectuels faisant les imbéciles se rejoignent souvent pour s'extasier devant un chef-d'oeuvre.

 3 - Je me méfie des être cohérents. Ils sont immobiles.

 4 - Un homme qui lit peut se dispenser d'écrire. Fort heureusement.

Mais un homme qui écrit et qui se dispenserait de lire serait comme un muet qui tenterait de s'égosiller.

 5 - Je demande à mon écriture de me ramener chez moi, à mes lectures de me conduire chez les autres.

Mais il arrive que les rôles soient inversés.

 6 - On fait souvent à l’écrivain le procès de n’être pas totalement celui que son écriture laisserait à penser qu’il fût.

Procès d’imbéciles qui n’ont jamais écrit ou (et) qui n’ont jamais été. L’écriture de l'écrivain exprime, pour une bonne part, la réalité de sa pensée tandis que sa vie, comme celle de pas mal de monde et pour une bonne part aussi, traduirait plutôt sa façon de penser la réalité.

 7 - L'impensé n'est pas l'impensable. Mais je comprends que beaucoup de monde puisse être intéressé par l'amalgame.

 8 - Ce qui n'existe que dans mon imagination existe bel et bien et participe de ma vie et de mes moyens autant que l'utilisation du moteur à explosion, du caddy de supermarché ou de tout autre ingrédient de ma totalité.

 9 - L'éternité est une dimension de la poésie confisquée, dénaturée, désamorcée par les religions et leur dieu omnipotent.

L'éternité, au regard de l'univers, n'admet pas d'être régentée. Admettre Dieu, c'est admettre une fin arbitraire, entendue comme objectif et limite, à l'éternité poétique, au même titre que d'admettre comme souveraine la seule matière connue des hommes comme principe fondamental de l'éphémère.
Le matérialisme et le déisme sont deux garde-fous complices d'une même tentative de conjuration de l'angoisse de l'impensable.

10 -
Si notre galaxie compte des millions et des millions d’étoiles, qu’elle est elle-même accompagnée de millions d'autres galaxies qui comptent chacune des millions et des millions d’étoiles et qu'à son tour chacune de ces millions de millions d'étoiles nourrit un système équivalant à notre système solaire, alors j’imagine que cette grandeur, même purement physique, touche de près à l'éternité, telle que je la conçois.Supposer ou admettre que l'homme, en tant que composant de l'univers, participe forcément de cette éternité est cependant du strict domaine de l'idéologie de la mort-tabou.

 11 - L’imagination est une autre dimension du réel. Par-delà cette imagination sont les inconnues que j’appellerais volontiers, n'ayant pas d'autres concepts à ma disposition, les abstractions vécues.

12 - Ce que nous appelons le réel n'est qu'une dimension de nos possibilités.

 13 - Les synonymes sont les faux culs du langage. L'intangible n'est pas l'immatérialité tout comme la matérialité n'est pas forcément tangible.

 14 - Je ne prétends pas que la pensée possède une logique autonome dans son rapport à la vie. Je ressens confusément qu'il y a une abstraction vécue, de l'intangible dans la vie et vice-versa, que les matérialistes redoutent et qu'ils qualifient de mysticisme, d'idéalisme, de religiosité, de métaphysique et autres plaisants euphémismes/dérobades.

15 - Que vaut un penseur matérialiste qui ne sait dire, sinon par une suite de borborygmes, d'erreurs et de spéculations d'ordre clinique et cervicale, l'organe de sa pensée ?
Au mieux, il vaut un gourmet sans papilles, au pire un libertin sans orgasme.

 16 - Le désespoir ne frappe que ceux qui espèrent. Voilà une évidence qu'on ne brasse pas suffisamment.

 17 - Ce qui me repousse, me révulse et me révolte dans les religions, principalement dans celle que je connais la moins mal - la chrétienne -, c'est cette association instinctive, constitutive, avec la mort.

 18 - Dans le fonds de commerce de toute religion, la mort est l'article de luxe.

 19 - S'il convoite de belles chaussures, hélas trop grandes pour lui, le poète est celui qui accusera la petitesse de ses pieds.

L'émoi est d'autant plus fort que la contrariété est insurmontable.

20 -
Un poète qui aurait toujours raison serait dégoûté, non pas d'avoir toujours raison, mais d'être poète.

 21 - Le poète est sans doute celui qui lit le monde avec le magma qu'il porte en lui. Les mots sont ses lampes de chevet.

Quoiqu'il arrive souvent qu'il lise dans le noir.
22 - Sarkozy, en tant que personnage réifié de la décadence politique, est un espoir historique incomparable : Après lui - et quelle que soit la suite des non-évènements - ça ne pourra pas être pire.
23 - L'Europe est une bonne idée qui s'est imposée au capital de même que l'abolition des anciennes provinces de la royauté s'était imposée aux intérêts de plus en plus exigeants de la bourgeoisie révolutionnaire.
Je ne perçois donc dans tout ça aucune grandeur de vue dont puissent se targuer les hommes : Est-ce que le berger conduit son troupeau dans un pacage plus dru et plus vaste pour faire plaisir aux brebis ou pour qu'elles lui soient d'un meilleur rapport ?
23 - L'idéologie est ce prisme déformant qui appréhende le réel de telle sorte qu'il puisse apparaître comme la preuve a priori du bien fondé de sa propre existence. Pour ce faire, le prisme s'évertue à remplacer la vie par l'abstraction non-vécue de la vie, à inverser tour à tour les causes et les conséquences, à maquiller les postulats en conclusions, bref à changer le magma en fumée.

 24 - Le fondement de toute idéologie est la poursuite d'objectifs, clairs ou non-dits.
Ces objectifs une fois atteints, l'idéologie continue de bénéficier pour un temps de l'élan qui l'a portée jusque là. Elle atteint ainsi le point extrême de surbrillance au-delà duquel elle ne peut plus faire illusion.
Ce après quoi elle s'écroule d'elle-même sous les effets dévastateurs de son propre triomphe.
Si elle n'est auparavant clairement dénoncée et combattue, l'idéologie n'avoue donc son caractère fallacieux que dans sa réalisation.

 25 - Les menteurs ne conjuguent jamais rien au présent.
Trop dangereux.

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