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26.10.2010

Une histoire vraie à la façon d'Esope ou de La Fontaine

gu3oirka.jpgEn ces temps là - c’était hier - nous hantions de nos assiduités désordonnées, voire tumultueuses, la région toulousaine. La ville comme la campagne. La première pour nos frasques, la deuxième pour nous en remettre.
Je ne puis évoquer cette période sans que l’image de mon ami fauché prématurément en décembre 2006, ne revienne me hanter.
C’est surtout lui que je rejoignais là-bas. A part mon frangin, il fut d’ailleurs le seul de mes amis à venir me voir en Pologne, l’été 2006, juste avant le grand saut dans les ténèbres.
Je ne m’éloigne point de ce que je voulais dire initialement : Le passé et le présent, en écriture, se conjugue souvent au même temps et sur le même mode sans qu’il y ait  pour autant offense à la musique grammaticale. Ce n’est qu’au futur que ça sonne toujours faux.

Là-bas donc où soufflait  parfois le vent d’Autan, une copine à lui avait eu l’idée de louer, à l’écart, direction Mazamet je crois,  un vaste domaine, maison emberlificotée, genre gentilhommière du 18ème, parc ombragé d’arbres centenaires, buissons échevelés, pelouses sauvages et mal entretenues,  hautes grilles de la ségrégation sociale en piteux état.
Tout ça avait en somme le charme romanesque de l’aristocratie déclassée.
Elle avait en même temps eu l’idée, la copine, d’adopter un chien à la SPA. Un chien cacochyme, famélique, maigre, gris pommelé, haut sur pattes, avec de belles moustaches cependant qui le faisaient ressembler  au Clochard de Disney.
Plume, qu’elle l’avait baptisé. Nous avions pensé spontanément à un clin d’œil à Michaux, mais non, c’était tout simplement, comme s’il se fût agi d'un boxeur, un clin d’œil au poids désastreux de l’animal.
Plume avait le regard vert, doux et humide et d’une humilité des plus mélancoliques.
Nous l’avons tout de suite aimé. Il trottinait à nos côtés, il était fort demandeur de caresses, levait vers nous son regard inondé de tendresse et se couchait sagement à nos pieds, comme tous les clebs du monde, quand nous étions assis à discutailler, à picoler ou à en rouler un.
Un amour de chien….

Mais voilà que l’été suivant nous venons rendre visite à la copine et, chemin faisant, nous rappelons aussi de Plume le chien que nous allons revoir, sans doute parfaitement remis de sa vie de paria et qui va nous faire joliment la fête.
Mais foin du Plume d’antan !  Nous avons trouvé là un chien épais, gras comme un moine, le regard halluciné, le poil lustré, arborant un collier de luxe à son cou,  le croc hargneux et qui, derrière la grille, aboyait tel un forcené.
Bref, un chien de garde.
Impossible de rentrer avec un fauve comme ça en travers du chemin : Plume avait pris du poil de la bête, si j’ose, et, n'eût été l’intervention de la maitresse de céans, nous aurait assurément déchiré
les mollets, sans autre forme de procès.
Nous avons bien tenté, dans les jours suivants,  de ramener l’ingrate bestiole à de plus nobles sentiments, en faisant les niais cajoleurs, en émettant de petits bruits
imbéciles de bisous, comme des grands-mères, et en tentant de lui caresser l’échine, qu’il hérissait aussitôt.
Tout ça en pure perte. Plume  nous traitait en intrus et nous faisait nettement sentir la hâte qu'il avait de nous voir déguerpir de son territoire.

Et nous en avons conclu, après avoir réussi quand même à lui balancer un coup de pied rageur dans son sale cul d’exécrable parvenu, que ce chien-là avait quelque chose de profondément humain : capable de toutes les caresses les pieds dans le ruisseau et de toutes les bassesses la tête au pinacle.

10:13 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Une démonstration affilée sur les crocs de l'expérience (!)

Écrit par : ArD | 26.10.2010

Mais ce chien avait désormais un collier autour du cou. Et même si c'était un collier de luxe, cela le faisait quand même ressembler au chien de la fable de La Fontaine (Le loup et le chien).

Enfin, les amitiés sont souvent décevantes, fussent-elles canines...

Écrit par : Feuilly | 26.10.2010

Ha!ha! un amour de chien vous dites mais j'aiMe avec une petite différence qu'elle a besoin d'aide.

Bonne journée amitiés

Écrit par : laurent | 26.10.2010

Voilà encore un imbécile heureux qui se croyait né quelque part...

Écrit par : Natacha S. | 26.10.2010

On dit que le chien est le meilleur ami de l'homme. La réciproque avait été mise à mal, là.
Laurent, si vous pouviez décoder, ce serait gentil...

Écrit par : Bertrand | 27.10.2010

Les commentaires sont fermés.