02.12.2019
Les Champs du crépuscule
" J’ai donc fini de lire vos Champs du crépuscule, avec le sentiment d’être devant une belle unité entre l’auteur et son sujet. Vous parlez admirablement bien de ce grand bouleversement des campagnes et du rapport à la terre et savez le faire incarner par des personnages bien typés, en même temps pleins de contradictions souvent cachées.
Je crois vous l’avoir dit pour un précédent ouvrage, mais je vous situe volontiers dans la lignée d’un Pérochon. Un Pérochon du début du XXIe siècle, revenu de pas mal de choses, d’expériences et d’utopies. Et on sent chez vous une sensibilité vraiment charnelle aux paysages. Vos personnages ont quelque chose des paysages ; et vos paysages ont quelque chose des personnages. Une piste de lecture parmi bien d’autres… mais comme je ne suis pas grand amateur des analyses emberlificotées, je m’en tiens à vous dire tout le plaisir que j’ai eu à vous lire et le regard sur ce grand bouleversement que votre livre a renouvelé en moi.
Comme je fais ma généalogie depuis 30 ans et que j’essaie de reconstituer, par-delà la sécheresse de l’état civil, le quotidien, les parcours de vies et l’enchaînement des générations, je suis sensible à la préhistoire de ce grand bouleversement. Ces changements étaient plus ou moins visibles, du XVIIe au XIXe déjà. J’avais de nombreux ancêtres tisserands à domicile, dès la fin du XVIIe, dans les marches du Poitou et de la Bretagne, pourvoyeurs de flanelle et d’indigènes pour les négociants nantais, qui les envoyaient aux quatre coins du monde. Une certaine mondialisation déjà, où le passage du travail à la terre vers un travail de manufacture a sans doute provoqué bien des interrogations, des espoirs, des inquiétudes et des remords.
Voilà donc, à chaud, les quelques réflexions nées de la lecture de votre ouvrage."
Frédéric Constant
Directeur de la Médiathèque de l'Institut français de Varsovie
11:22 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET