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24.02.2010

Amer et dialectique constat

bienvenue.jpgLe mensonge, surtout quand son fondement consiste à défendre et à justifier un vol,  a cela de fabuleux qu’il se nourrit de lui-même, grandit, prend de l’élan, de la superbe, et n’a tantôt plus de limites.
Il s'affuble dès lors des habits de la vérité, la menteuse, ou le menteur, ayant fini par se persuader qu’elle ne profère que la vérité et rien que la vérité.
À ce stade-là, assez proche des états seconds de l'enfermement schizophrène, même le plus engagé des hommes, même le plus farouche défenseur de son bon droit et de sa dignité, n’a plus qu’une issue : la fuite, l’abandon de la lutte, la rémission, le dépôt des armes.
Car c’est en persistant qu’il perdra toute dignité et sera ainsi doublement humilié.
Il s’enfoncera dans la contradiction, dans la démesure et l’incohérence, il s'avilira dans la menace, il écumera d'une douloureuse colère, le mensonge étant beaucoup plus serein que la vérité, beaucoup plus sûr de son fait, beaucoup plus armé pour la guerre totale.
Il a en effet pour lui la non-réalité des faits sur lesquels il a grandi, il ne peut
donc offrir de flanc tangible, cette non-réalité changeant en fonction des épisodes de la lutte alors que la vérité, elle, ne balbutie toujours et toujours que sur les mêmes bases, jusqu'à n'être plus bientôt qu'un murmure épuisé.
Elle est donc vite dépassée par la dialectique du cours des choses. Les pôles s’inversent soudain et le bon droit change de camp.
C’est la raison pour laquelle je suis un pauvre et le resterai toute ma vie.
Il est une lutte que je mène depuis des années et que j’ai dû abandonner, mes arguments figés, immuables, pulvérisés par les foudres d’une hydre aux multiples têtes.

Lecteur, lectrice, pardonne-moi, je te prie,  le ton sibyllin de cet écrit.
Juste te dire, pour qu’au moins mes mésaventures aient valeur d’avertissement : on ne se bat pas à coups de vérités mais à coups de falsifications et le refus de brandir de telles armes en guise d'arguments offensifs ou défensifs ne doit conduire le sage qu’à l’abandon du combat ou, mieux encore, à ne pas engager de combat du tout.
Ainsi, beaucoup d’énergies, mentales et viscérales, seront économisées et le bonheur de vivre, vivre pauvre, démuni, vaincu par le réel, mais bonheur quand même, bonheur debout, n’en sera pas moins intouchable et  brillant.

Image : Philip Seelen

11:25 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

22.02.2010

À propos de "Polska B dzisiaj"

1534880181.2.jpgJe l'ai appris de la bouche même des Polonais : Il y a deux Polognes, la A, à l'ouest de Varsovie, et la B au-delà, jusqu'aux frontières biélorusse, russe et ukrainienne....Comme si ce pays avait du mal, encore et toujours, à se reconnaître comme définitivement assis sur sa chaise.
Comme un et indivisible.
Car « « frontière » est en Pologne un mot indécis et fourbe. Un mot qui bouge comme les feux follets des cimetières de novembre, un mot qui se dit dans toutes les langues pour ne pas forcément dire les mêmes choses définitives.
Un mot de la fortune des armes et des imperfections de l'histoire.
La Pologne B, celle que je hante de ma vie, de mon regard et de ma langue maternelle, est rurale. Deux grandes villes seulement,  Lublin au sud et Białystok au nord. Et c'est un pays tourné vers les vents d'est, un pays en bois le long de routes interminables sur la blancheur d'une plaine.  Un pays où les gens savent le prix d'un pays et voient les grandes mutations avec encore un demi-sourire accroché au coin des lèvres.
La Pologne A, elle, a la mémoire plus guérie, plus tournée vers les nuées océanes, vers le nouveau monde. Ses grandes cités , Wrocław, Poznań, Katowice, ont leurs  pierres taillées dans l'architecture de l'ancienne Allemagne et la même frénésie désordonnée que leurs sœurs occidentales.
Ici, à l'est, on flotte dans l'époque, toujours un peu sceptique : L'histoire, enfin, a t-elle jeté son venin et la route est-elle vraiment libre pour escalader les siècles futurs ?  Le grand voisin est là, à un vol de cigognes, de l'autre côté de la rivière Bug... Son ombre tarde à disparaître des mémoires et les mains tardent à se tendre pour une fraternelle embrassade.
C'est ce pays que j'habite, ce pays qui m'a pris dans ses grands bras maigres, sans me demander mon nom, sans me demander pourquoi et sans me demander qui j'étais.
Être là, simplement, c'est aimer...
Et je l'habite avec ma langue. Face à lui, face à son passé de désastres, face à son présent entre deux eaux, la langue pour l'aimer a force de littérature.
C'est ce que j'ai tenté de vous traduire par « La Pologne B aujourd'hui ». Tenté de traduire aussi avec les mots de mon berceau, l'universel humain sur le chemin de la dignité et aussi ce qui me bouleverse particulièrement de cette Europe centrale dont Stasiuk, mon voisin de quelques centaines de kilomètres, dit qu'elle ne sera bientôt plus qu'une notion pour les météorologues.
Avant donc qu'elle ne disparaisse sous la gomme des vents venus de l'autre bout du monde. Les vents confortables et, contradictoirement, combien dévastateurs de l'âme.
Il n'y a que la littérature pour fixer ces moments qui vacillent, qui meurent pour se multiplier
autrement.
Sous nos yeux. Pendant notre humble passage.
Aujourd'hui.

13:28 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Passage supprimé - 2-

ici.jpgLes gens avaient peur de la mort, bien entendu. Les gens, de quelque lénifiante idéologie qu'ils se réclament,  ont toujours eu peur du Grand peut-être.
Mais c'était là une peur qui leur appartenait. Une peur à eux, génétique, atavique, héréditaire ou alors très intime.
Ça n'était pas la peur fabriquée. La peur politique, subtil outil de l'asservissement.
Aussi, quand elle survenait en vrai, la prenait-on de plein fouet, cette mort, surtout si elle se montrait brutale. Elle était d'autant plus redoutable qu'on n'avait pas appris à la redouter chaque jour, on ne l'avait pas vue tous les jours fleurir chez les autres ou venir nous menacer nous-mêmes par le biais d'un écran obstiné, entre la poire et le fromage, comme si de rien n'était.
La mort, c'était le mystère, le très lointain, la méchanceté occulte, l'inexplicable détresse. Si, comme ce fut le cas dans la descente de Chez-Fouché, en plein bois du Fouilloux, une voiture, une R8 précisément, venait à heurter le talus et que des morts déchiquetés par la violence fussent retrouvés dedans, on en parlait des mois entiers avec effroi de maison en maison, on se rendait même longtemps après sur les lieux, et on regardait la Nationale 10 d'un œil torve, on la traitait d'infernale en sourdine, on tâtonnait l'herbe arrachée du talus par l'impact du drame, on jaugeait l'arbre meurtrier, on tentait d'imaginer ce qui avait bien se passer là de ténébreux et on maudissait des années durant  ce lieu que la mort avait vu de ses yeux, avait foulé de ses pas et où elle avait frappé telle la foudre tombée des cieux.
C'est dire si (..........) jeta toute la communauté dans une épouvante inconsolable. Car la mort n'était pas venue d'elle-même. Quelqu'un l'avait appelée, quelqu'un la fréquentait, quelqu'un était capable de lui donner même des ordres, quelqu'un la maîtrisait.
Un loup enragé se promenait donc parmi tous et qui ressemblait à tous. Et il était bien là, le grand tourment : le monstre était comme tout le monde et tout le monde, ou presque, pouvait du même coup être perçu désormais dans la peau d'un monstre. On espérait éperdument - pour le peu sachant prier, on allait même jusqu'à prier -  que la police allait bientôt mettre un nom sur ce fauve anonyme et pourtant si proche, faire tomber le masque, c'est lui, le criminel, pour que chacun puisse se trouver à nouveau beau et fréquentable, puisse respirer plus librement et recommencer à vaquer à ses occupations sans sentir sur son dos peser le regard d'une  suspicion
honteuse.
Mais l'instruction de cette affaire pataugeait et  avait bien du mal à trouver un rai de lumière.  Parce qu'elle soupçonnait trop de monde et trop superficiellement, sans pénétrer à fond dans la fibre même du tissu. Elle regardait avec un  regard de myope, un regard de moraliste et de citadin, aveugle aux mécanismes du tissage  souterrain des relations paysannes. Elle ne trouvait pas de mobile  à cet (.....) parce qu'elle en voyait partout et,  examinés à la loupe, tous ces mobiles lui apparaissaient dès lors comme des balivernes, presque des enfantillages.
Le raisonnement échouait donc sur l'essentiel, par ignorance.

Devant cette défaillance, les hommes et les femmes s'auto-proclamèrent, par murmures,  forcément juges et désignèrent un coupable, chacun le sien, parfois plusieurs, et même en changeant souvent de conviction.
La communauté se fissura donc en profondeur. Chacun se mit à claudiquer, comme marchant sur des oeufs pourris.

Image : Philip Seelen

Le premier passage supprimé de ce manuscrit aujourd'hui à peine terminé est ici.

08:24 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

15.02.2010

Couverture

En avant-première, donc, la couverture de mon livre qui sera en librairie le 25 mars prochain.
Fraternel salut à Georges Monti, Marie-Claude Rossard  et Marc Deneyer, artiste photographe et écrivain, ainsi qu'à vous tous et toutes, futurs lecteurs et lectrices.

Géographiques.jpg

14:55 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

11.02.2010

Chienne de vie

P1010012.JPGQuelqu'un qui n'aura jamais de nom, et qui n'a sans doute pas d'âme, a livré son chien à l'anonymat sauvage de la forêt, dans la pénombre glacée d'un crépuscule.
La pratique est courante. Dans les villages, se traînent souvent des chiens errants, livrés au vagabondage, mendiant pitance et chaleur. Ils vadrouillent d'une cour de ferme à l'autre, ils arpentent inlassablement la rue unique, le regard torve, les yeux malades, la queue basse, le museau obstinément rivé à la neige.
Je les entends parfois qui se battent autour d'un os arraché au hasard de la nuit.

Ça n'est point que je veuille vous attendrir avec une rubrique larmoyante sur les chats et les chiens écrasés. Non. Moi, je n'aime pas trop les chiens. Quand ils ne sont pas bassement serviles, ils sont faits pour mordre le monde, pour défendre les prétentieux et les paranoïaques de la propriété.
À moins qu'ils  ne soient  carrément  barbouzes dans la police.
Alors, je n'ai jamais eu de chien. Il paraît que c'est le meilleur ami de l'homme. Justement. Quand je vois comment les hommes traitent leurs amis, autant les laisser à leur condition de chiens, les chiens.
Je n'aime pas trop les chats non plus, quoique, eux, on m'ait souvent imposé leur présence. Je n'aime pas les allures chafouines et patelines de ces créatures-là. Ce sont là bêtes aux figures hautement politiques, n'en déplaise et révérence parler, à Baudelaire, Brassens et tant d'autres poètes chattophiles.
Bref, dans la neige, le froid, le vent et le gel, il y a un petit chien errant qui, du plus loin qu'il m'aperçoive désormais, accourt pour me rejoindre. Au début, il rampait. Ventre sur la glace, il se traînait lamentablement jusqu'à mes pieds.
Rien ne peut plus me révulser que l'abjecte soumission. Je maugréais...Je lui faisais signe de passer son triste chemin.
Un jour pourtant, j'ai tendu la main...Il s'est d'abord effarouché. Il a fui. Une main qui se tendait, apparemment, c'était une main qui voulait frapper...Puis il est revenu, il s'est apprivoisé, il a rampé un peu plus encore et je lui ai caressé l'échine. C'était sans doute une erreur. Le petit clochard s'est pris d'amitié pour moi. Il ne décolle pratiquement plus de mes talons.
Hier, tout l'après-midi, alors que je sciais et fendais du bois, il est resté là, à me regarder, à bayer aux corneilles, l'oeil attendri...Un reste de soupe, un os...Le vagabond a élu domicile entre mes pattes et jeté son dévolu sur ma gentillesse.
J'essaie bien de ne  pas sombrer dans l'anthropomorphisme, mais je me dis quand même que cette bête-là a bien de la constance à vouloir encore  se faire aimer des hommes.  En quoi, physiquement, différé-je de ses bourreaux ?
Je me demande où il dort...
Au printemps, la clémence des cieux redescendue sur terre, peut-être disparaîtra t-il, vers un autre village, vers une autre forêt, vers une autre tentative pour être aimé. Sa quête du Graal à lui.
Je m'attache à sa mélancolique présence.
Sans doute parce qu'il n'est pas un vrai chien. Il n'est rien, pas même une ombre.  Il vient du vent.

Et il est aussi une allégorie poilue de toute la lâcheté humaine.
Je lui tends souvent ma main.

08:52 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.02.2010

Confessionnettes politiques

Les gens qui me lisent, ceux qui m'ont fréquenté, voire aimé, comme ceux qui m'ont croisé de façon tout à fait fugitive,  au hasard de tortueux cheminements, savent que je ne suis pas un gars de droite. De là à croire que je suis un gars de gauche, il y a un monde que je n'ai jamais franchi et ne franchirai sans doute jamais.
la vie est un jeu.jpg Des gens de droite, j'en ai rencontré de franchement répugnants, des immondes, des salopards, de vrais partisans de l'apartheid social. J'ai mené contre eux la guerre, parfois même physiquement,  et ils m'ont bien rendu les quelques coups que j'avais su leur porter.
Au moins, à ce niveau-là, les rapports ont le mérite de la clarté. Irréconciliables.
J'en ai rencontré d'autres, les plus nombreux,  qui étaient carrément insignifiants, tout simplement nigauds, n'ayant pas l'énergie assez puissante pour entamer une critique conséquente du monde et prendre résolument parti pour quoi que ce fût. Des gens qui répètent ce que leur chantent Pujadas ou Claire Chazal, des gens qui croient que ce qu'ils voient en images, réelles ou  subtilement camouflées,  est forcément vrai.  Alors, de droite, dans ces piètres cas-là, ça sert de fourre-tout et ça donne les clefs du pouvoir à n'importe lequel imbécile avec de jolis bracelets et des montres qui brillent. Ne  cherchez pas plus loin le mystère de la décadence politique en France et partout en Europe. Ces gens-là relèvent plus de la faiblesse psychanalytique que de l'opinion politique. Je vote à droite parce que je ne supporte pas de m'opposer. Des qui voient des pères fouettards un peu  partout.
Des gens de droite, j'en ai même rencontré des gentils, des courtois, d'un agréable commerce. À un de ceux-ci, homonyme d'un de nos plus célèbres camarades du net littéraire, avec lequel j'entretenais des relations de travail très cordiales, j'avais un jour lâché : Putain, t'es sympa, t'es pas con, t'es même généreux dans ta tête, mais qu'est-ce que tu fous à droite ?
On avait bien rigolé. Et on ne s'était pas expliqué plus avant.
Parce que vient un moment où la frontière est trop ténue entre les idéologies qu'on porte en soi.  Où elles ne sont, justement, plus qu'idéologies qui fondent comme neiges au soleil sous la chaleur du regard humain. On n'est pas de droite ou de gauche. On se sent. Ça remonte très loin, bien plus loin que notre bagage culturel et notre vision apprise du monde.
Bien avant l'exil de nos mots.
Et qu'on se sente de droite ou de gauche, rien ne nous dispense de la gentillesse quand la contradiction n'est pas trop criante et agressive, comme dit plus haut, pour les philosophes de l'inégalité.

Et les gens de gauche alors ?
Ceux-ci, je les connais mieux, en fait...J'ai baigné dans leurs convictions depuis mon plus jeune âge. Je suis tombé tout petiot encore dans la marmite de leur potion magique, à tel point qu'il m'a été interdit toute ma vie d'en reprendre une dose.
Et beaucoup, beaucoup furent de mon entourage adulte. Alors, je n'avais plus qu'à les regarder s'abreuver de leur élixir magique, celui qui donne bonne conscience, et me tenir à l'écart de leurs différents druides.
Ces gens de gauche, pour la plupart,  n'étaient pas plus gentils que certains de droite et même, des fois, franchement plus répugnants dans leur conception étriquée du monde et l'obstination inique, ridicule, petite, mesquine, infantile presque, à vouloir défendre bec et ongles leurs privilèges sociaux, sans aucun souci de fraternité humaine.
En un mot comme en cent, de vrais cons. Mais du bon côté de la connerie. Son côté con déguisé en humanisme.
Allez, rigolons
un peu - mais très jaune -  avec quelques exemples. Pêle-mêle, même si je commence par le début.
La première fois que j'ai eu à batailler jusqu'à faire le coup de poing avec des gens de gauche, c'était à la Maison du Peuple, à Poitiers...Vous voyez que, avec mes camarades Apaches du moment, on avait bien choisi le terrain de boxe... On avait alors vingt ans et on est très sérieux quand on a vingt ans.
Bref, une manifestation contre la guerre au Vietnam et l'impérialisme  américain...On avait, inscrit sur nos jeans dégueulasses, le fameux symbole anti-armement et on portait à bout de bras des drapeaux noirs qui flottaient dans le vent de notre révolte et de notre jeunesse. Des drapeaux noirs qui n'aiment pas le rouge et n'en sont pas aimés. Les gens qui nous ont foncé dessus ne furent pas, comme on s'y préparait, les crânes rasés d'Ordre Nouveau amassés au coin de la rue,  goguenards et provocateurs, mais le service d'ordre du PCF, des gros cons staliniens, ceux qui se croyaient seuls, à force de mentir et d'avoir bien appris à le faire, autorisés à manifester leur indignation officielle contre les méchants Américains. Nous, nous n'étions que des provocateurs, des petits bourgeois, des anarchistes payés par le pouvoir et même par les services secrets étrangers. Bref, toute la nauséabonde salade avec laquelle ils ont
partout sali dans le monde  l'honneur des combattants, en France,  en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Amérique du Sud...etc.
Beaucoup plus près de notre sale époque, un jour, voilà t-il pas que les gardiens de prison se mettent en grève. Conditions de travail, salaires, surpopulation carcérale, etc. Vous connaissez la juste rengaine : les prisons de France sont les plus pourries de toutes les prisons d'Europe même si, par essence, une prison, c'est d'abord pourri.
J'avais un copain instituteur. Dois-je préciser «  de gauche » ?
La conversation en vint donc sur la grève des matons qui réclamaient la retraite à 55 ans et, lui, le copain, qui avait cet avantage acquis depuis la nuit des temps et comptait bien dessus pour passer de jeunes-vieux beaux jours au frais de la princesse sociale, de s'indigner tout rouge : on se demande ce qui leur pète dans le citron, à ces corniauds !!
Véridique. À vomir ce qu'on n'a pas mangé encore.
Une autre, socialiste jusque dans les poils de son cul,  fustigeait les chauffeurs routiers en grève. Que des gros cons, des phallos et des alcooliques qui nous écraseraient si on n'y prenait garde, avec leurs effrayants camions !
Moi, j'ai un frère, un ami et un confident, qui est chauffeur routier. Je connaissais à l'époque, ses conditions de travail et son salaire. L'autre imbécile avec ses convictions de gauche, n'aurait même pas eu de quoi entretenir sa voiture, sa maison de campagne et ses sorties au théâtre,  avec les émoluments fraternels et n'aurait même pas eu le temps de dire des conneries, ni même d'ouvrir un  livre, avec ses 48 heures de boulot par semaine...Mon frangin, lui, gros con avec son gros camion, avait encore le temps de lire Tolstoї ou Balzac.

Et d'aimer les gens.

Un autre, socialo ou coco, j'en sais rien, une fois, peu avant que je ne quitte la France, alors que j'étais en grève et que je glandais au bistro devant des demis en attendant - c'était contre la réforme Fillon  et on devait être dix sur 1200 employés à faire cette grève - cet autre, disais-je, responsable d'une section syndicale, s'était opposé avec succès quelque temps après à ce que j'ai une toute petite promotion lors de la Commission Administrative Paritaire, parce que...je buvais beaucoup et que jallais au bistro pendant les heures de travail ! Un mouchard et un falsificateur, en plus, celui-ci ! Je me suis toujours promis de le retrouver un jour et de le souffleter comme un laquais.

Et puis, il y en a tant encore que j'ai vu discourir sur la justice sociale, la culture avec un C plus grand que leur vide intérieur, et dont les seules préoccupations étaient la sauvegarde d'un gentil confort et le maintien d'un statut brillant comme des couilles de chat, des vacances à tour de bras, des retraites mirobolantes, avec prise en compte des six derniers mois d'activité contre les vingt-cinq meilleures années pour d'autres -  hop, on change d'échelon ou de grade juste avant de partir et le tour est joué pour le restant des jours, c'est ce qu'on appelle être un homme ou une femme de justice et de progrès - des congés pour se former, pour passer une licence ratée à la saison, pour peigner la girafe, une mise à disposition près d'une cheminée plus chaude et moins polluante, etc....etc..  et et cætera encore.
Moi, tout ça, moi qui ne suis pas de droite, je le précise encore tant les gens de gauche sont férus des amalgames et prêts à mettre dans le sac réactionnaire tout ce qui s'oppose à leur nombril, ça m'a fait tendre l'oreille des fois vers ce qu'ils disaient, les gens de droite, sur les privilèges sociaux et autres. Pas pour abolir les privilèges en question dans un souci de justice, mais histoire de niveler tout le monde par le bas, qu'ils disaient ça et qu'ils disent encore ça, les gens de droite, bien sûr. Mais ça m'a fait tendre l'oreille quand même et ça m'a fait dire souvent, prenant la mesure des raisons intimes de l'opposition des gens de gauche à ces propos, que, finalement, les intentions humaines, fraternelles, honnêtes, en profondeur, n'étaient pas plus reluisantes du côté gauche que du côté droit.
Il n'y a que des gens ayant quelque chose à sauver de leur peau au détriment d'un bout de peau du voisin, pour croire que l'appartenance, avec ou sans carte, à la gauche soit un engagement fort, citoyen et humaniste. Et c'est même pour l'avoir bien compris que la droite est partout victorieuse aujourd'hui et joue sur du velours.
Immondes foutaises, donc, que tout cela.
La vérité est pour moi dans l'engagement quotidien, sans stratégie, sans espoir et sans allégeance, aucune, faite à qui que ce soit. Se tenir à l'écart des batailles rangées du mensonge et de l'égocentrisme et faire sienne cette devise de Léon-Paul Fargue que me citait, il n'y a pas longtemps, un homme fraternel :

" Espérer beaucoup, attendre peu, ne demander rien..."

Image : Philip Seelen

13:00 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

05.02.2010

Nouvelle agression contre écrivains

photo-124036.jpgJe ne puis que vous inviter à vous associer à la protestation contre cette nouvelle agression de Sarkozy, de sa clique et de son bouffon Frédéric Mitterrand.

Une résidence d'écrivains que l'on projette de transformer en hôtel de luxe....

La logique implacable et totalitaire du rouleau compresseur avance de plus en plus et avec de plus en plus d'arrogance dans sa construction des déserts de l'esprit.

Relayer sur vos blogs et sites, SVP.

C'est à la littérature, à l'art, à la culture, bref  à la liberté et à la dignité du monde de demain, que l'aristocratie libérale tente de tordre définitivement le cou.

Qui, dès lors et à moins qu'il ne soit complice, pourrait prétendre ne pas se sentir  concerné ?

12:08 Publié dans Critique et contestation | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

04.02.2010

L'épreuve de la correction

P2040009.JPGLe ciel ayant pour l'heure troqué ses couteaux de glace pour la nonchalance plus ouatée des flocons et m'ayant ainsi consenti quelque répit, je viens d'en terminer avec la correction des épreuves du livre à paraître le 25 mars à l'enseigne du Temps Qu'il Fait, justement.
Les corrections d'épreuves sont toujours un grand moment de tension. La dernière ligne droite, le souci et l'angoisse de l'impossible perfection. Lire aussi comme si ce texte était extérieur, avec l'oreille collée au bruissement de la phrase.
Quelqu'un, dont j'aime beaucoup le travail d'écriture, me faisait part il y a quelque temps d'une appréciation qui me fit bien plaisir :  «  Il y a dans votre écriture une attention au sol, aux paysages, aux hommes que je goûte vraiment.  Et dans votre phrasé quelque chose de vif et de jubilatoire. Une voix, plus qu'un style : Cela vous vient sans doute de la chanson.»

Je l'en remercie vivement. Et j'ai repensé à cette critique en relisant mes épreuves, c'est la raison pour laquelle je la mentionne et non par imbécile forfanterie.
Mais qu'ai-je ici à m'en justifier ?
Car besoin parfois de changer un mot pour un autre, au sens pourtant très proche, tant que je fus amené  à me demander réellement pourquoi. Et c'est en lisant à haute voix que je me suis effectivement aperçu que je demandais à ma phrase de chantonner, de dire ce que je voulais dire sans fioritures excessives, mais avec du mouvement sonore à l'intérieur.

Un paysage, une saison, des souvenirs, les hommes et les femmes, le monde, je ne conçois rien de tout cela qui puisse être écrit sans une certaine mélodie sous-jacente.
Et puis, par-delà ces considérations - au demeurant très agréables - sont ces règles tordues de la grammaire qui vous piègent, qui vous font douter et froncer le sourcil....Vous aviez pourtant spontanément enjambé les écueils, il y a déjà longtemps, quand vous écriviez votre texte. Maintenant, c'est plus l'artisan que l'artiste qui travaille..Et, tiens, en passant, merci à l'ami que je savais pouvoir solliciter sans vergogne pour requérir son avis sur tel ou tel caprice grammatical. Car vient un moment où le doute est plus fort que la conviction, même avec « Pièges et difficultés de la langue française »  à son chevet.

Ne reste donc plus qu'à vous entendre, vous lecteurs, quand vous aurez ce «Géographies» - sous un autre titre sans doute - entre les mains.
Vous entendre me dire si j'ai passé ou non avec succès l'épreuve de mes épreuves.
De toutes façons, le vin est quasiment tiré.
À votre santé, donc, et pour faire plaisir à Solko, un passage supprimé, non pas des susdites épreuves, mais de la source, du manuscrit initial :

" Entre la Rochelle et Niort s’étire sur une quinzaine de kilomètres la forêt de Benon, traversée par la Nationale 11,  large et impeccablement droite.
Normal. Elle aboutit directement sur l'île de Ré et les gens qui se proposent de  consommer le soleil n'ont que faire de l'ombre imbécile des forêts.
Forêt ingrate, habillée de chênes noirs rabougris et d’érables, aux sous-bois rongés par le noisetier. Forêt  ingrate parce qu’ayant eu à payer le lourd tribut de la surexploitation. Son chêne en effet, mais surtout la qualité des fours qui y étaient installés, donnait un charbon d’une valeur calorifique nulle part inégalée. À tel point qu’un historien a noté qu’à La Rochelle, le charbon de Benon se vendait de 25 à 30 % plus cher que tout autre charbon.
Un charbon pour les bourgeois qui ne vont pas au charbon...."

10:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

02.02.2010

Consultations janvier

A l'instar de François Bon, quoique plus succinctement et quoique très, très loin derrière ses quelque 5000 visiteurs  uniques au quotidien, je publie les chiffres de lecture de l'Exil.
Je ferai de la sorte chaque début de mois. Histoire de transparence et de coup d'oeil jeté en coulisses.
Merci de votre fidèle intérêt.

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09:18 Publié dans Statistiques | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET