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04.02.2010

L'épreuve de la correction

P2040009.JPGLe ciel ayant pour l'heure troqué ses couteaux de glace pour la nonchalance plus ouatée des flocons et m'ayant ainsi consenti quelque répit, je viens d'en terminer avec la correction des épreuves du livre à paraître le 25 mars à l'enseigne du Temps Qu'il Fait, justement.
Les corrections d'épreuves sont toujours un grand moment de tension. La dernière ligne droite, le souci et l'angoisse de l'impossible perfection. Lire aussi comme si ce texte était extérieur, avec l'oreille collée au bruissement de la phrase.
Quelqu'un, dont j'aime beaucoup le travail d'écriture, me faisait part il y a quelque temps d'une appréciation qui me fit bien plaisir :  «  Il y a dans votre écriture une attention au sol, aux paysages, aux hommes que je goûte vraiment.  Et dans votre phrasé quelque chose de vif et de jubilatoire. Une voix, plus qu'un style : Cela vous vient sans doute de la chanson.»

Je l'en remercie vivement. Et j'ai repensé à cette critique en relisant mes épreuves, c'est la raison pour laquelle je la mentionne et non par imbécile forfanterie.
Mais qu'ai-je ici à m'en justifier ?
Car besoin parfois de changer un mot pour un autre, au sens pourtant très proche, tant que je fus amené  à me demander réellement pourquoi. Et c'est en lisant à haute voix que je me suis effectivement aperçu que je demandais à ma phrase de chantonner, de dire ce que je voulais dire sans fioritures excessives, mais avec du mouvement sonore à l'intérieur.

Un paysage, une saison, des souvenirs, les hommes et les femmes, le monde, je ne conçois rien de tout cela qui puisse être écrit sans une certaine mélodie sous-jacente.
Et puis, par-delà ces considérations - au demeurant très agréables - sont ces règles tordues de la grammaire qui vous piègent, qui vous font douter et froncer le sourcil....Vous aviez pourtant spontanément enjambé les écueils, il y a déjà longtemps, quand vous écriviez votre texte. Maintenant, c'est plus l'artisan que l'artiste qui travaille..Et, tiens, en passant, merci à l'ami que je savais pouvoir solliciter sans vergogne pour requérir son avis sur tel ou tel caprice grammatical. Car vient un moment où le doute est plus fort que la conviction, même avec « Pièges et difficultés de la langue française »  à son chevet.

Ne reste donc plus qu'à vous entendre, vous lecteurs, quand vous aurez ce «Géographies» - sous un autre titre sans doute - entre les mains.
Vous entendre me dire si j'ai passé ou non avec succès l'épreuve de mes épreuves.
De toutes façons, le vin est quasiment tiré.
À votre santé, donc, et pour faire plaisir à Solko, un passage supprimé, non pas des susdites épreuves, mais de la source, du manuscrit initial :

" Entre la Rochelle et Niort s’étire sur une quinzaine de kilomètres la forêt de Benon, traversée par la Nationale 11,  large et impeccablement droite.
Normal. Elle aboutit directement sur l'île de Ré et les gens qui se proposent de  consommer le soleil n'ont que faire de l'ombre imbécile des forêts.
Forêt ingrate, habillée de chênes noirs rabougris et d’érables, aux sous-bois rongés par le noisetier. Forêt  ingrate parce qu’ayant eu à payer le lourd tribut de la surexploitation. Son chêne en effet, mais surtout la qualité des fours qui y étaient installés, donnait un charbon d’une valeur calorifique nulle part inégalée. À tel point qu’un historien a noté qu’à La Rochelle, le charbon de Benon se vendait de 25 à 30 % plus cher que tout autre charbon.
Un charbon pour les bourgeois qui ne vont pas au charbon...."

10:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Le passage "supprimé" du tapuscrit initial en dit déjà long sur ce que sera le bonheur des lecteurs à la sortie de "Géographies".
Ils n'en sont pas étonnés les lecteurs de "Chez Bonclou et autres toponymes", de "Zozo, chômeur éperdu", de "Polska B Dzisiaj", de l'isba de "CapharnaHome", du "Silence des chrysanthèmes", des "Plages de Charybde en neiges de Scylla" & tous les textes de l'exil... qui connaissent cette "voix".

Écrit par : Michèle | 04.02.2010

Content de ré-entendre ta "voix" dans les parages de l'Exil et, bien sûr, si "Géographies" se faisait bonheur de lecture, alors, je serais comblé.
Il me tarde que ce nouveau "bébé" soit à vous tous...
Bien cordialement

Écrit par : Bertrand | 04.02.2010

Vivement le 25 mars !

Écrit par : stephane | 04.02.2010

D'ici là, cher Stéphane, nous aurons, j'espère, tremper nos plumes dans un nouvel encrier....
Mais ce coup-ci, nous n'annoncerons point de tempête.
J'en ai tout mon soûl des intempérances climatiques...

Écrit par : Bertrand | 04.02.2010

pour les vases communicants, bonne idée (mes quelques lecteurs se verraient offrir un voyage, je suis plus perplexe sur ma présence ici, à vous de voir) mais ne suis pas libre avant mai ou juin (j'ai une confirmation de date à demander) - et il faudrait que vous m'aidiez (moi trop sotte) à prévoir le décalage horaire. En principe en début de journée le premier vendredi (on y arrive avec le Canada, ça ne devrait pas être plus compliqué avec le Chili)

Écrit par : brigetoun ou Brigitte Célérier | 04.02.2010

Le Chili ? j'aimerais bien, tenez, en ce moment, la Cordillère des Andes, le soleil, les Condors et,plus loin, le Pacifique en bleu....

Écrit par : Bertrand | 04.02.2010

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