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26.07.2014

Les bonnes blagues de l'été

marianne.jpgLes Députés de la république de France ont le sens très aigu de la famille et, comme leur mandat suinte l’argent frais, ils invitent à l‘envi qui sa femme, qui sa maîtresse, qui sa belle-sœur, qui son frère à venir s’asseoir à la table de ce couillon de contribuable.
Mais ils ne sont pas pour autant de vils profiteurs. Non, non… Vous en voulez la preuve ? La voici :
« Impossible pour un député de rémunérer son conjoint plus de 4 752 euros par mois… »
(Ceci dit avec tout le sérieux propre au ridicule qui ne tue pas…)
Ah, vous voyez ? Ça vous en bouche un coin, ça !
Près de 5000 euros par mois, qu’est-ce que c’est, hein ? Une broutille ! Vous en connaissez, vous, beaucoup de couillons capables de se lever tous les matins et d’aller au charbon pour 4 700 euros ? Hein ?

Et puis, il y a de la philosophie là-dedans. Une bonne vieille  philosophie de l’amour alliée au sens des responsabilités.
Tenez, écoutez ça. C'est un parlementaire qui a embauché sa bonne  femme :

"Travailler ensemble, ça permet de comprendre, de partager, de s'épauler."
Le parlementaire estime donc que collaborer avec sa conjointe est bon pour son "équilibre de vie" et donc, in fine, pour ses électeurs : "Quand on est bien dans sa peau, on fait mieux son boulot.»
Tu vois, citoyen emmerdant, vil pointilleux ! C’est pour ton bien que ton député embauche sa femme et, outre ses indemnités, ses remboursements de frais, ses ceci, ses cela, glisse subrepticement  5000 euros par mois dans la tirelire familiale.
Tu ne vas tout de même pas reprocher à ton député de se créer une situation familiale paisible pour qu’il ait toute sa tête à défendre tes intérêts ?
Non mais ! Ingrat !

 Et puis, il y a les gros dialecticiens. Par exemple, celui qui préside cette assemblée de malfaiteurs de députés dit :
« Moi j’ai pas embauché ma femme, j’ai épousé ma collaboratrice.»
Et  vlan ! Dans les dents du manant!

Il y a aussi les intellectuels, les poètes, qui, penchés sur leurs brouillons se sortent les tripes du ventre pour laisser au monde, à l’histoire, un témoignage, une vision. Et tout ça pour quoi, hein ?
Pour des queues de cerises ! La preuve encore :
« Bruno Le Maire affirme avoir touché 80 000 euros pour la publication de Jours de pouvoir, en 2013. Patrick Balkany annonce, lui, un total de 14 250 euros pour Une autre vérité, la mienne. »
Putain ! Moi qui sais ce que c’est que d’écrire et qui pourtant aime ça, hé ben, ça ne m’emballerait pas d’avoir des sommes pareilles à toucher pour mes droits ! Non !
Ces deux-là ont dû tomber sur un éditeur escroc.

Les pauvres ! De vrais curés, de vrais missionnaires !
Et ils ont tous raison, ces gars-là. Tous. Pas un n’est dans l’erreur.
Et tu sais pourquoi, citoyen ?
Non ? Tu ne sais pas ?
Parce que tu es un abruti !
Une sous-merde !

11:01 Publié dans Critique et contestation | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, politique |  Facebook | Bertrand REDONNET

21.07.2014

La couleur du sang

francois-hollande-president_.jpgUne calamité.
Un vrai désastre.
Un discours ruiné.
Je parle du président de la république de France.
Je l’avais préféré, quoique du bout des lèvres et sans avoir participé à son élection de fortune, à Sarkozy le soir de mai 2012.
Hélas, je ne pense pas aujourd’hui que Sarkozy, en dépit de ses mufleries honteuses, aurait fait pire car faire pire est impossible.
En tout cas je suis presque certain que sur la scène explosive des affaires du monde, Juppé aurait mieux fait que Fabius.
Quelle clique !
Ça m’apprendra, depuis le temps pourtant que je sais les cartes biseautées des débats publics, à me mêler, même de très loin, de leur affligeant spectacle.

En Ukraine, on s’en souvient trop bien, le socialiste président s’était empressé d’applaudir aux magouilles de l’Otan, de l’Europe et des USA.
Il avait été le premier, avec cet autre désastre de l’esprit qu’est Henri-Lévy, à recevoir tout sourire sur le perron de l’Elysée les vainqueurs de l’insurrection armée de Kiev, alors que le sang de Maïdan n’était pas séché encore et que certains de ces vaillants vainqueurs n’avaient jamais fait mystère de leur nostalgie du IIIème Reich.
Quel beau démocrate, que cet homme ! Et quel grand penseur, que ce philosophe à la ramasse !
Hollande est, depuis six mois maintenant, toujours le premier après Obama, comme un petit chien dans l’ombre poussiéreuse de son maître, à menacer Poutine de sanctions.
On se demande bien avec quoi : cet homme a les bras aussi vides que le dernier de nos manants et une vision stratégique du monde aussi pointue que celle que pourrait avoir un blaireau des halliers.

Derrière ses lunettes, il pleure aujourd’hui de grosses larmes de crocodile sur les morts du crash de Donetz.
Nous aussi, nous pleurons et sommes en colère. Mais nos pleurs et notre colère viennent du tréfonds de notre être, de notre affection pour la vie, de notre dégoût des armes, de la guerre, des conflits, de la politique et de la mort…
Hollande pleure politiquement. Parce que les trois cent pauvres humains déchiquetés en Ukraine vont dans le bon sens en ce qu’ils sont une condamnation sans appel de l’ennemi, les pro-russes, si toutefois il s’avère que ce sont bien eux qui on tiré le missile assassin...
Nul homme sensé ne saurait effectivement les soutenir après ce crime alors que leur cause pouvait être juste. Nous sommes d’accord…
La monstrueuse erreur – s’il s’agit d’une erreur des séparatistes – sert à point nommé les desseins de l’Europe impérialiste, des USA et, bien sûr, accessoirement, de Hollande.

Mais, dans le même temps, ce président catastrophe interdit une manifestation de soutien au peuple palestinien massacré sous les bombes israéliennes !
Comme aux bons vieux temps de l’Algérie française, quand on interdisait les manifestations pro-FLN !
Ce triste visionnaire veut-il rejouer Charonne ?
Son désastreux premier ministre, mélange atone de Robespierre et de Fouché, se vante que les heurts qui ont eu lieu lors de ces manifestations organisées en dépit de son veto,  sont les preuves qu’il était sage de les interdire.
Je vous demande de réfléchir une seconde sur la perversité de ce raisonnement de propagande a posteriori : s’il n’y avait pas eu d’affrontements, Valls aurait-il fait son mea culpa ? Depuis quand un chef de l'exécutif se félicite-t-il ouvertement des violences qui justifieraient la justesse de sa politique ?
Curieuse dialectique. Dialectique de marchand de tapis. Dialectique d’apprenti Bonaparte. Dialectique de menteur partisan.

La France, par la voix de son dangereux Président,  soutient Israël… Elle donne son aval aux meurtres, à la destruction de la bande de Gaza, à la mort des enfants,  aux bombes larguées sur la population civile.
Ces socialistes, qui soutiennent le crime à Gaza et font mine de le condamner à Donetz, nous enseignent ainsi que le sang, avant d’être rouge, a d’abord une couleur politique.
Ils resteront une page lamentable de l’Histoire écrite par la débâcle de leurs consciences !

19:19 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, histoire, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

19.07.2014

Honte

photo_1405665830371-1-HD.jpgUn avion abattu par des hommes tue plus de trois cent personnes, dont quarante enfants.
Des personnes comme vous et moi. Des enfants comme ceux que vous aimez près de vous.
Des gens qui existaient hier.
Alors d’autres frères humains, bien vivants, commentent le drame :

« Les Bourses européennes ont, les premières, fait les frais de l'angoisse qui a saisi les marchés financiers et ont terminé en nette baisse: la place parisienne a perdu 1,21%, à Francfort, l'indice Dax a chuté de 1,07%, et la Bourse de Londres a lâché 0,68%.
Dans leur sillage, Wall Street a vu ses indices piquer du nez dès l'annonce du crash. Ils ont fini la journée sur une forte chute: le Dow Jones, qui avait fini à des records la veille, a plongé de 0,94%, le Nasdaq de 1,41%, et l'indice élargi S&P 500 de 1,18%.
Les places financières de la planète ont brusquement perdu du terrain vers 15H30 GMT quand les investisseurs ont appris qu'un avion de ligne malaisien parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur s'était écrasé dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. »

Là, oui, contrairement à ce que je disais hier dans Entre le crime et la beauté, j’ai honte d’être un bipède humain…
Honte de faire partie de cette espèce tarée.

06:06 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook | Bertrand REDONNET

17.07.2014

Entre le crime et la beauté

gatz6loup.jpgLe lieu que j’habite de mes jours et de mes nuits ne fait pas dans la demi-mesure : il côtoie en même temps, avec Białowieża, la perle rare, la merveille unique en Europe, et, avec Majdanek, Treblinka et Sobibor, l’horreur. D’un côté, les splendeurs de la géographie, de l’autre les atrocités de l’Histoire.
L’horreur et la merveille ont cependant ceci de commun qu’elles sont des pans de la mémoire ; la première celle de la plus effroyable barbarie que n’ait jamais conçue et réalisée le cerveau humain, la seconde de ce que fut l’immense forêt post glaciaire antérieure à la forêt hercynienne, et qui recouvrait toute la plaine européenne, des Ardennes aux steppes orientales.
Quand il m’arrive d’aller vers l’horreur, pour accompagner quelqu’un qui veut se souvenir et s’y
recueillir, quelque chose de moi souffre en profondeur qu'il serait vain de vouloir transmettre.
Je n’ai cependant pas honte d’être un homme ni d’écrire des poèmes, ni de composer des chansons ou des histoires romanesques après ces camps, comme certains connards de l’intellectualisme de bon aloi l’ont déclaré pour eux-mêmes. Une fausse déclaration, bien sûr.  Car je sais que les idées qui ont fait ça, ces idées qui circulent encore masquées de-ci, de-là, qui prennent parfois des formes onctueuses, non seulement n’ont jamais été les miennes mais que même je les ai combattues toute ma vie, qu’elles soient latentes ou manifestes, au point d’y laisser des plumes. Je n’ai donc absolument aucune responsabilité devant l’Histoire et devant les hommes, en tant qu’être vivant par hasard, quant à ce qui se passa ici de tellement effroyable. Dire qu’on compatit en jugeant l’homme d’essence diabolique et que chanter des poèmes ou des romans après la catastrophe est indécent, participe, justement, de l’indécence crasse,
des fausses postures intellectuelles et de la fausse conscience qui, parce qu’elle est fausse, a toujours les allures de l'absolue vérité.
Mes tripes sont saines et, avec elles, ma tête, donc, je laisse aux pleurnicheurs éculés (la tentation est grande d’insérer ici un petit n entre le e et le c)le soin de s’égarer dans je ne sais quel sentiment abscons d’une responsabilité
feinte. Il faudrait qu’ils sachent d’abord ceci, ces curés sans soutane de la repentance incongrue : la complicité avec les crimes nazis commence par l’allégeance qu’on fait dans son existence à la suprématie de l’Idée, quelle qu’elle soit, sur l’immédiat vivant.

Quand il m’arrive d’aller vers la merveille, le recueillement est tout autre, bien évidemment. Là encore, il est difficile de dire cette émotion que l’on reçoit devant la forêt primaire. C'est une majesté, une cathédrale sans l’embarras d’un dieu. Là sont les bisons, les loups et les lynx ; là est le repaire naturel pour tout ce que l’homme a tenté de rayer de la surface de sa planète.
Et deux écoles s’y affrontent.
L’une dit que la forêt est un organisme autonome qui se régénère seul, qui a sa logique vivante et sa propre stratégie pour assurer sa pérennité.
L’autre dit qu’une forêt sans les hommes pour y faire sa toilette, pour éliminer les sujets malsains, meurt à plus ou moins longue échéance.
Et je contemple tous ces arbres géants, tombés ou encore debout, mais morts. C’est à la fois un spectacle grandiose et effrayant. Vingt-cinq pour cent des peuplements de la Réserve intégrale de Białowieza sont morts et à côté de ces cadavres végétaux sur lesquels vivent des insectes et des champignons qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Europe, croisent et se balancent les pins, les ipécas géants et les cèdres de cette lisière méridionale de la Taïga… Jusqu’à quand ? Déjà un siècle qu’aucun homme n’a touché à cet environnement. Qu’en sera-t-il dans trois siècles ? Si les effets du temps sur la vie sont mathématiques, il n'en restera rien. Mais le sont-ils ?
Oui, dit l’école forestière. Non, dit l’école environnementale et de la recherche scientifique.
Je n’en sais rien. Mais je trouve, en dépit de la beauté de
Białowieża, que le risque est gros.
Très gros.
Et je me souviens qu’on m’avait dit, il y a fort longtemps, dans les Vosges, alors que je contemplais la vénérable robustesse de la forêt : la forêt n’existe pas, monsieur. Il n’existe que de la sylviculture.
Si, monsieur, la forêt existe. Je l’ai rencontrée à
Białowieża.
Mais combien de temps résonnera-t-elle du brame du cerf, du meuglement du bison et des hurlements du loup sous la neige et dans le vent ?
Elle seule le dira. Là est son indéchiffrable souveraineté.

08:58 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

14.07.2014

Réquisitoire - 5 -

Requisitoire.jpgLe 12 mai

Après le 12 mai, à ce stade des atermoiements poussés jusqu’à l’insulte gratuite, les premiers symptômes du syndrome de Stockholm apparurent chez mon ami Florent.
Lorsqu’il fut en effet informé – après moult demandes car son défenseur, Me Fortuna ne prenait même plus la peine de lui écrire la moindre ligne quant au déroulement d’audience – de ce que l’affaire avait été pour la troisième fois renvoyée au 2 juin parce que la partie adverse n'avait rendu ses conclusions que le matin même de l’audience, il n’éprouva soudain plus de colère ni de dépit : tout cela était parfaitement normal, la justice prenait son temps et c’était très bien car la décision ne serait ainsi pas prise  à la légère et, forcément, dans ce cas-là, lui serait favorable.
C’était lui, la victime, qui se traitait maintenant d’idiot et d’impatient nerveux et qui ressentait quasiment pour "l’avocaillerie" et le tribunal complice de cette "avocaillerie" un sentiment bienveillant pour leur professionnalisme.
J’en étais atterré. Je lui disais : Et l’avocat qui ne t’informe jamais de rien alors qu’il a depuis quatre mois empoché tes six cent euros, c’est quoi ? Bah, qu’il répondait, tu penses, un petit dossier comme le mien, c’est de la roupie de sansonnet et il a certainement d’autres affaires plus importantes à traiter et qu’est-ce que ça changerait au cours des choses, hein, s’il m’informait..?

Il en était là, Florent. Pris en otage, il reniait son identité de citoyen ayant droit à plus d’égards et, pour supporter l’infamie, trouvaient ceux qui se payaient sa tête plutôt sympathiques.
Il conjurait l’angoisse.
La haine en moi montait. Ils avaient réussi à détruire chez un homme intelligent, doux, sensible, tout esprit critique et raisonnable.
Florent basculait de l’autre côté ; du côté des dictateurs du droit et des maniaques de la procédure.
Il n’était plus rien, qu’un  étron promené au gré de leurs eaux sales.
Lui, l'homme des solitudes rebelles, il était à présent tels ces millions de moutons qui tous les jours voient et entendent leurs responsables politiques plonger la main dans les caisses publiques, voler et mentir comme des arracheurs de dents, et qui continuent néanmoins à leur faire allégeance car, enfin, s’occuper de la  chose publique, ce n’est pas facile et c’est par devoir et amour de leur pays que ces gens-là se lancent dans un pénible sacerdoce !

Le 2 juin

Même absence de motif, même punition : l’affaire est renvoyée au… 30 juin !
Ce sera donc la cinquième fois. Cette fois-ci, c’est le défenseur de Florent lui-même, le Fortunat sans honte ni honneur, qui a oublié de remettre ses conclusions qui auraient répondu aux conclusions tardives de Bartaclay, avocat de la partie adverse.
Une affaire d’Etat n'aurait pas pris plus de précautions.
Le droit, c’est le droit et toi, connard de justiciable, ferme ta gueule d’ignorant !
Florent ne réagit même pas… Ou si peu…
Si, tout de même, un fait significatif, si tant est qu’on veuille encore s’obstiner à donner une quelconque signification à cette histoire.
Florent, vers le 15 juin, tenta un coup de fil et tomba sur un répondeur.
L’autre, au bout, avait dû l’identifier – ce n’est pas tous les jours qu’il recevait une communication avec l’indicatif de la Pologne - car dans les cinq minutes qui suivirent Florent reçu le mail qui l’informait ainsi : A l'audience du 2 juin, l’affaire a été renvoyée et sera plaidée dès le 3o juin.  
Lecteur, je n’invente rien. Je n’ai rien inventé dans cette histoire. Le susdit mail, arraché de haute lutte au silence de Fortuna,  stipulait exactement : dès le 30 juin.
Une locution ayant l’élégance du crachat.

 Le 30 juin

Et, au 30 juin, la présidente DU TRIBUNAL DE PROXIMITE, fronçant le front, essuyant ses lunettes, décida que l’affaire était mise en délibéré jusqu’au…. 15 septembre !
Normal. Ce n’était que la cinquième fois qu’un dossier simple comme bonjour lui passait sous le nez, elle ne pouvait dès lors s’être déjà fait une idée exacte de la justice qu’elle avait à rendre.

Florent, lui, s’est remis à peindre sa montagne.
Il n’écoute plus. Il n’entend plus leurs borborygmes graisseux. Il peint, contemple, sirote sa vodka et ouvre tout grand ses bras à quelques amis de passage.
Il est redevenu lui-même après cette longue et désastreuse incursion dans un monde de comédiens dégueulasses, de salopards chevauchant le pouvoir et distribuant à l'envi des coups de sabre assassins sur la cervelle des naïfs qui viennent leur malencontreusement demander assistance !

Le 15 septembre

Il se passera sans doute ce que je vous laisse deviner : Florent sera débouté et recevra dans les huit jours une facture des frais de justice à payer, les dépens qu’ils appellent ça, une facture salée, avec un fort goût de M…
Il aura perdu le bénéfice de deux toiles et se sera, en plus, endetté de quelque 1000 euros après avoir été traité avec moins de dignité que s'il eût été un chien galeux!
Vive la France !

E je redis donc, avec force, mon introduction que je fais ici conclusion :

"En portant à votre connaissance l’histoire malencontreuse advenue à un ami, j’ai voulu dénoncer avec force ce poncif érigé en dogme républicain : l’indépendance de la justice.
Mais comprenons-nous bien ! J’ai voulu dénoncer cette indépendance non pas par rapport aux pouvoirs exécutif et législatif - règle sacro-sainte de la séparation, qui, si elle était effectivement de mise, serait un gage réel d’une saine démocratie - mais pour son indépendance totale, jusqu’à un mépris n'ayant d'égal que celui du seigneur pour son paysan, par rapport à ceux dont elle a en charge de régler les intérêts conflictuels : les citoyens.
Il manque assurément à cette institution séculaire des comités de citoyens qui, sans pour autant avoir droit de regard sur les instructions en cours, les enquêtes, les tenants et les aboutissants d’une affaire appelée à être plaidée, veilleraient à ce que les tribunaux et tous ceux qui en vivent et gravitent autour, notamment les avocats chafouins, fassent leur métier proprement, en respectant les justiciables plutôt qu’en les traitant comme des sous-merdes et des ignorants.
Cette histoire lamentable est une illustration de ce que la justice ne «souffre pas tant d’un manque de moyens» comme l’affirme avec facilité La Garde des Sceaux, ramenant tout, en bon serviteur d’une République décadente, à une histoire de gros sous, mais bien d’une impéritie, d’un incommensurable orgueil et d’une fourberie époustouflante de ceux qui œuvrent en son sein.
Cette justice est un électron libre, un monstre froid qui n’a de comptes, semble-t-il, à rendre à personne.
Bref, un État dans l’État qu’il faudra bien un jour que les hommes de bonne volonté retrouvant leur dignité se décident à condamner et à frapper, à la faveur de ce mouvement de perpétuel boomerang dont se nourrit l’Histoire."

Affaire classée

12:56 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

11.07.2014

Réquisitoire -4 -

Requisitoire.jpgTant bien que mal, je me rangeai bientôt à l’avis de Florent qui dissertait, à la limite de l’enthousiasme, sur le fait que, finalement, si on faisait abstraction des cinq mois qu’avait duré l’instruction de son dossier de demande d’Aide juridictionnelle, cette juridiction dite de proximité l’était vraiment. Un mois et demi seulement, en effet, s’était écoulé entre l’assignation faite à la partie adverse et l’audience.
Sauf que…

 Le 17 mars

Ce fameux lundi, tant attendu, l’ami Forent était sur des charbons ardents. Il ouvrit au moins quarante fois sa boîte aux lettres, trépigna, s’impatienta, fulmina, m’appela pour me demander mon avis… Rien ne venait.
Son plaideur restait bouche cousue.
Florent laissa passer le mardi, puis le mercredi, et, enfin n’y tenant plus, téléphona le jeudi.
La secrétaire de Me Fortuna lui assura qu’elle transmettrait à son Maître. Elle transmit en effet et le soir même Florent reçut un mail l’avertissant que l’avocat de la partie adverse n’avait pas rendu ses conclusions, que l’affaire n’avait donc pas pu être plaidée et était ainsi renvoyée au lundi 7 avril.
Cet avocat de la partie adverse n’était pourtant autre que le saltimbanque qui avait établi et signé l’échéancier du recouvrement de la dette en 2010. Il connaissait donc parfaitement de quoi il en retournait. Dans ces conditions, Florent ne comprenait pas du tout ce subtil «n’avait pas rendu ses conclusions.»
Il s’en enquit par courrier auprès de Me Fortunat qui prit cinq ou six jours pour le toiser comme un pédant toise un ignorant : Monsieur, c’est la procédure. Elle doit être contradictoire. »
Féru de raisonnement dialectique, Florent répondit que oui, bien sûr, Monsieur, mais que signifiait une procédure contradictoire si un des protagonistes refusait de contredire ? Le mouvement vers la synthèse n’allait-il pas dans ce cas-là vers la négation pure et simple, vers l’obstruction sans perspective de dépassement ?
Pour un petit avocat à la ramasse, toute cette phraséologie hégélienne relevait sans doute du langage d'un charretier délirant.
Florent ne reçut bien évidemment jamais aucune réponse, ni philosophique ni juridique...
Je lui dis ce que je pensais, par expérience : c’était là leur amusement à eux et nous aurions beau chercher toutes les clefs du monde pour essayer d’entrer dans leur jeu que nous n’y parviendriions jamais.
Quand on se jette dans la gueule des loups, il est un peu tard pour s’inquiéter de la sauce à laquelle on va être dévoré, n’est-ce-pas ?!
Tout cela sentait le traquenard à plein nez.
J’espérais cependant de tout cœur que ces deux avocaillons de seconde zone, ces plaideurs pour chats et chiens écrasés, Bartaclay d’un côté et Fortuna de l’autre, n’étaient pas en train de se payer le bobéchon de mon ami.
Qu’ils le prennent vraiment pour un con, c’est tout de même complètement impossible, pensai-je.
La suite me prouva que non…

 Le 7 avril

Second jour de grand espoir pour Florent, perché sur sa colline d’artiste peintre. Enfin, il allait être fixé et son argent allait lui être rendu de plein droit ! Il n’en doutait plus un instant… Tant d’efforts, tant d’attente, ne pouvaient décemment restés vains !
Sauf que…
L’affaire a été renvoyée au 12 mai, miaula Fortuna, une semaine après la seconde audience, la partie adverse n’ayant toujours pas remis ses conclusions.
Florent en resta cette fois-ci bouche bée, tétanisé, désormais incapable de formuler quoi que ce fût de cohérent et de sensé à propos de cette affaire.
Le pauvre ! S’il avait su ce qui allait suivre...
Et moi, le voyant dans cet état, je sentais monter en moi ma vieille colère et mon atavique dégout pour ces enrobés, ceux qui plaident tout comme ceux qui, faisant mine de les écouter pérorer, tel que dans une mauvaise pièce de théâtre, ont en charge de dire ex cathedra le droit.

Affaire à suivre....

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09.07.2014

Réquisitoire -3 -

littérature,écriture,justiceSeptembre égrena jour après jour les poussières d’une chaude fin d’été.
Sur l’horizon cependant le soleil fléchissait et, soudain, surgirent les brouillards d’octobre. La forêt s’embrasa et sur ses lisières les ombres s’allongèrent.
La Toussaint accueillit bientôt les premières grosses gelées de l’hiver ; la pluie et le gris du ciel prirent d’assaut la petite vallée où, chaque matin, Florent guettait maintenant le facteur qui lui apporterait à n’en pas douter, vu la maigreur squelettique de ses revenus, la nouvelle de ce que la République française, ouvrant ses bras secourables, prenait en charge les frais de justice d’un procès ridicule où l’avait acculé un escroc sans honte ni honneur.
Il guetta trois mois. Alors, de guerre lasse, il se fendit d’un coup de fil au greffe du tribunal où dormait son dossier : ça tombait bien ! Le susdit dossier était à l’étude mais, hélas, il manquait des renseignements et on allait lui renvoyer pour qu’il le complète.
Bizarrement, après quasiment un trimestre de silence, on lui renvoya sa demande dans les quarante huit heures…
Dans une case prévue à cet effet,
Florent porta donc les revenus de sa compagne comme l’exigeaient les gens de là-bas, ce qui, à moi, me paraît complètement illégal puisque ce sont des revenus exclusivement polonais et exclusivement soumis à l’impôt polonais et qu’ils n’ont dès lors pas à intervenir en l’état, surtout à charge, pour une demande formulée par un citoyen français en son pays.
C'est ce qu'il me semble... Il eût fallu sans doute se renseigner plus avant.
Bref… Sur ce arriva Noël, puis le Nouvel an et janvier allait tirer sa révérence quand, enfin, Florent, après cinq mois d’atermoiements, reçut sa réponse : Refus net et sans bavures,  plafond dépassé de 20 euros.
Cinq mois d’attente pour s’entendre dire M… dans une formule administrative !

Contre mauvaise fortune, Me Fortuna fit bon gré. L’enrobé affirma que ce serait bien dommage de déclarer forfait maintenant car la partie était quasiment gagnée d’avance. Elle était en tout cas, fort plaidable.
Il fit donc cadeau du montant de la TVA, c’est-à-dire qu’il demanda 600 euros, mais TTC, cette fois-ci. En plus, magnanime, il dit qu’il ne ferait pas assigner la partie adverse par un huissier ce qui éviterait, mon brave et bon monsieur, des frais supplémentaires.
Florent était allé trop loin dans sa démarche. Il avait trop attendu, trop espéré et il lui semblait effectivement inconcevable d’abandonner. Un ami qui nous est commun, un homme de bon cœur, un  grand lecteur en même temps qu'un excellent camarade, lui avança les 600 euros.
Florent était désormais dans la position du tireur qui, ayant chargé son arme, met en joue, retient sa respiration et attend son gibier. Il attendait, il attentait, guettant le moindre bruit…
Mais Me Fortuna ne donnait plus signe de vie, trop occupé sans doute à soutenir d’autres causes rémunératrices, celle-ci ayant déjà porté ses fruits.  On était déjà en mars, Florent envoyait mail sur mail. Rien…. Le baveux se taisait.
Il se fendit quand même d’un mail agacé : « Cher Monsieur, il convient  d’attendre. Salutations… » et, aussitôt, en guise de parole reniée, il expédia la note d’huissier pour assignation à la partie adverse, soit 66 euros !
Florent était plongé jusqu’au cou dans le mensonge et le merdier. Il ne pouvait plus reculer. Il était pris au piège… Les chapeaux mous, ça ne rigole pas… Fallait payer. Assez vite. Avant que la note ne devienne plus salée par le jeu tout en finesse des  intérêts de retard.
Je lui avançai les 66 euros… Il en était à près de 3000 zlotys d’investissement.
Le moral flanchait. L’œuf dans le cul de la poule prenait les allures d’un produit de luxe d’une épicerie fine.
Enfin !
Florent s’écria si fort que je dus brusquement éloigner le portable de mon oreille. Enfin ! Ça passe le 17 mars !
J’étais heureux pour lui…. Heureux de sa joie. Cette affaire dans laquelle il était plongé depuis sept mois maintenant n’avait que trop duré et Florent, le pauvre Florent, le doux rêveur, s’était endetté jusqu’au cou.
Trop duré ? Mais vous rigolez ?!  Nous n’en sommes encore qu’aux amuse-gueule.
Florent, lui,  croyait atteindre aux rivages.
Il avait pourtant devant lui un océan à traverser ; un océan dont il ne soupçonnait rien ; un océan agité par des vents contraires soulevant des montagnes, des vagues et des écumes d’une imbécillité crasse !

Affaire à suivre...

10:53 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture, justice |  Facebook | Bertrand REDONNET

06.07.2014

Réquisitoire - 2 -

Requisitoire.jpgFlorent m’eût-il consulté avant de prendre la décision d’ester en justice que j’eusse plaisamment paraphrasé Frédéric Dard en le prévenant qu’un plaignant est cuit d’avance si son avocat n’est pas cru.
Ça n’aurait, j’en conviens, pas beaucoup fait avancer ses affaires. Plus sérieusement, j’aurais quand même tâché de l’en dissuader.
Car, comme je le subodorais fortement, après avoir mis les pieds dans ce bourbier, mon pauvre ami n’a pas cessé de s’embourber, alors que tout avait pourtant commencé sous d'agréables auspices. Mais il est vrai aussi que c’est le propre de tout bourbier que de dissimuler son côté sale. Sans quoi il ne piégerait que les suicidaires !
Ainsi, consulté par mail, un avocat répondant au doux et prometteur qualificatif de Maître Fortuna, se montra catégorique après que Florent lui eut exposé les tenants et les aboutissants de ses déboires. Selon lui, c’était simple et, juridiquement parlant, ça coulait de source (de revenus pour lui sans doute) : il y avait eu début d’exécution par ce premier versement effectué en juillet 2010 et ce début d’exécution valait devant une juridiction « reconnaissance de dette ».
Florent exultait. Ah, il allait se le payer, cet enc… d’escroc de voleur de toiles ! Il allait le trainer devant les tribunaux ; il allait jeter sur lui l’opprobre social et lui faire rendre avec force de loi ce qu’il lui devait !
Comme tous les rêveurs de la terre qui n’y connaissent absolument rien aux turpitudes d’un système, qui, même, s’imagine ce système comme tout empreint d’une équitable sagesse, Florent faisait déjà allègrement cuire l’œuf dans le cul de la poule. D’autant qu’il existait, selon l’avisé homme de loi, une juridiction dite de proximité, créée en 2002 par le gouvernement Jospin au dessein de désengorger les tribunaux d’instance embouteillés sous des tonnes de dossiers, tous plus urgents et primordiaux les uns que les autres : un coq qui chante trop tôt le matin, une borne de jardin mal placée, un droit de passage contesté par un voisin sur une parcelle protégée par la loi trentenaire, tapage nocturne après beuverie, chien errant et galeux qui a piétiné trois plants de salades et ainsi de suite…
Cette juridiction de proximité, mon cher Monsieur, vous conclura votre affaire en deux temps trois mouvements et nous allons demander que nous soient comptés, en plus, les intérêts légaux courant depuis le manquement à notre deuxième échéance.
Mon ami Florent n’en était déjà plus à cuire l’œuf dans le cul de la poule : il en était à l’omelette aux fines herbes et aux cèpes!

La première déconvenue, à laquelle, quand même, il aurait dû s’attendre, fut, quarante huit heures à peine après qu’il eut donné son enthousiaste feu vert à son chevalier servant pour entamer la procédure, la réception par mail d’une facture d’honoraires en bonne et due forme et d’un montant de plus de six cent euros, hors taxes bien sûr, à honorer dans les délais les plus brefs et avec des salutations on ne peut plus distinguées.
A ce stade de ma narration, cher lecteur, il te faut empoigner une calculette. Car l’avocat vit en France et en euros alors que Florent vit en Pologne et en zlotys. Fi, donc, des calculs relatifs au cours des monnaies : la facture s’élevait dans l’absolu à 2500 zlotys. Une fortune, soit deux fois le SMIG polonais !
C’est comme si un Français avait reçu une facture de 2800 euros !
De plein fouet fut frappé droit au cœur le velléitaire plaignant !
Il n’avait seulement pas cent zlotys en poche et, tant pis, merde de merde, qu’il les garde les toiles et le fric, ce salaud, qu’il aille en enfer et ce monde est vraiment encore plus pourri que je ne l’imaginais.  Je laisse tomber !
Sage résolution. La colère est parfois bonne conseillère.
Las ! Las ! Las ! C’est là que je suis intervenu, croyant bien faire car voyant bien à quel point mon ami était dépité d’avoir à abandonner ses œuvres aux mains d’un salopard…
Je le regrette beaucoup aujourd’hui.

« Mais, que j’écrivis à Florent, il existe quelque part dans tout ce merdier, ce qu’on appelle l’Aide juridictionnelle avec un grand A, une aide pour les pauvres comme nous-autres qui leur permet de se défendre s’ils sont soudain victimes – plus que d’habitude et de façon plus flagrante encore - d’une escroquerie… C’est l’Etat, le bon Samaritain, qui paye l’avocat et les frais … Fais-en la demande. Avec tes revenus plus qu’aléatoires, ils te l’accorderont à tous les coups. »

Une juridiction de proximité (un peu comme la démocratie de Ségolène Royal), une aide pour les pauvres gens,  que demande le peuple ?
M’inondant de remerciements, Florent repris donc le combat et fit un pas de plus, par ma faute, vers la déprime, en téléchargeant effectivement sur internet un dossier de demande d’aide juridictionnelle…
Ce sera très rapide, lui avait entre temps assuré, quoique sur un ton beaucoup moins enthousiaste et urbain que précédemment, délaissant bizarrement le nous solidaire et complice pour un vous plus distant, Maître Fortune, mis au courant de la démarche.
Nous étions, notez  bien, lecteurs, fin août de l’année dernière.

Affaire à suivre...

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04.07.2014

Réquisitoire - 1 -

Ensuring-Justice-for-Victims-and-discredit.jpgEn portant à votre connaissance l’histoire malencontreuse advenue à un ami, je veux dénoncer avec force ce poncif érigé en dogme républicain : l’indépendance de la justice.
Mais comprenons-nous bien ! Je veux dénoncer cette indépendance non pas par rapport aux pouvoirs exécutif et législatif - règle sacro-sainte de la séparation, qui, si elle était effectivement de mise, serait un gage réel d’une saine démocratie - mais pour son indépendance totale, jusqu’au mépris du seigneur pour son paysan, par rapport à ceux dont elle a en charge de régler les intérêts conflictuels : les citoyens.
Il manque assurément à cette institution séculaire des comités de citoyens qui, sans pour autant avoir droit de regard sur les instructions en cours, les enquêtes, les tenants et les aboutissants d’une affaire appelée à être plaidée, veilleraient à ce que les tribunaux et tous ceux qui en vivent et gravitent autour, notamment les avocats chafouins, fassent leur métier proprement, en respectant les justiciables plutôt qu’en les traitant comme des sous-merdes et des ignorants.
Cette histoire lamentable est une illustration de ce que la justice ne «souffre pas tant d’un manque de moyens» comme l’affirme avec facilité La Garde des Sceaux, ramenant tout, en bon serviteur d’une République décadente, à une histoire de gros sous, mais bien d’une impéritie, d’un incommensurable orgueil et d’une fourberie époustouflante de ceux qui œuvrent en son sein.
Cette justice est un électron libre, un monstre froid qui n’a de comptes, semble-t-il, à rendre à personne.
Bref, un Etat dans l’Etat qu’il faudra bien un jour que les hommes de bonne volonté retrouvant leur dignité se décident à juger, voire à condamner, à la faveur de ce mouvement de perpétuel boomerang dont se nourrit l’Histoire.

Mon ami s’appelle Florent.
Je l’ai rencontré il y a trois ans. Il habite la Pologne, à deux cent cinquante kilomètres au sud de chez moi.
Le fait d’être tous les deux Français sur une même terre étrangère nous a évidemment rapprochés au début… Mais pour forger une amitié, il faut avoir autre chose à échanger qu’une carte de nationalité.
Florent est un ami pour une foule de raisons.
Je passe là-dessus. Là n’est pas mon propos. Suffit de savoir ceci : l’eussé-je rencontré en Poitou-Charentes qu’il eût été pareillement mon ami.

Il y a un an environ, fin juillet, nous avons passé deux jours ensemble. Chez lui. Il faisait une chaleur épouvantable et nous sortions très peu, quoique son environnement, sauvage et montagneux, soit propice à la balade et à la rêverie contemplative.
Florent, d’ailleurs, le peint avec bonheur, cet environnement, car il a un talent certain pour la peinture, art de l’histoire duquel il est un parfait érudit. Il m’en apprend beaucoup et il est intarissable sur le sujet.
Nous ne sortions pas beaucoup, donc, et mon ami d’ordinaire si disert, était d’humeur plutôt morose. Pas désagréable pour un sou, non, mais plus silencieux que de coutume, comme préoccupé.
Tant que je finis par lui demander s’il avait des ennuis, auquel cas je pourrais peut-être lui donner un coup de main, dans la limite de mes maigres possibilités.
Florent hésita longtemps avant de me confier, avec beaucoup de précautions et en tournant la cuillère autour du pot, comme s’il avait honte ou comme s’il avait l’impression de se mettre à poils, qu’il avait vendu trois toiles à un individu, un périgourdin comme lui, que celui-ci lui avait demandé de lui octroyer la possibilité de payer en trois fois, qu’il lui avait établi un échéancier signé d’un avocat et lui avait fait un premier versement de 3000 euros lors de la livraison.
Mais le terme de la deuxième échéance, également de 3000 euros, était passé et rien n’était venu.
Or, Florent est un homme sans le sou, un homme sans budget fixe, un pauvre qui s'en fout de l'être mais qui comptait cette fois-ci sur son argent pour partir à l'automne respirer un peu l’air du pays dans son Périgord natal, et, même, faire quelques travaux dans sa charmante petite maison. De bois, comme la mienne.
Sur mon insistance, il me montra cet échéancier, effectivement établi par un avocat de Périgueux, Maitre Bartaclay :
8000 euros payables en trois fois, soit 3000 en juillet 2012, 3000 en juillet 2o13 et le solde de 2000 en juillet 2014.

Mais, contacté, le débiteur, avait proprement envoyé promener mon ami. Manifestement, Florent s’était fait entuber de 5000 euros et il n’avait plus que ses yeux pour pleurer n’ayant, lui, signé aucun papier, pas même un certificat de vente.
Du Florent tout craché, absolument ignorant des us et coutumes de la vente à crédit, peut-être même de la vente tout court et, surtout, artiste assez naïf pour être tombé dans un panneau aussi grossier.
Ce dont je suis incapable de le blâmer...

Affaire à suivre...

14:11 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : justice, écriture, littérature, politique |  Facebook | Bertrand REDONNET

03.07.2014

Renart et Chats fourrés

220px-Antoine_Portail.jpgLa sympathie que m’inspire Nicolas Sarkozy n’a à peu près d’égale que celle que m’inspire une épine plantée dans mon talon.
Mais l’honnêteté de ceux qui ont décidé de lui faire rendre gorge m’inspire, elle, que du dégoût.
Sarkozy a une qualité que les autres n’ont pas : il ment mal. Il ment comme un bonimenteur de foire, comme un camelot.
Les autres, en face, mentent avec plus de brio. C’est la raison pour laquelle ce sont eux, plus que l'évident bonimenteur, qui méritent d’être partout dénoncés.
Sauf évidemment pour les petits soldats de plomb socialistes pour lesquels un chat n'est un chat que lorsque cela les arrange. C'est-à-dire chaque fois qu'il s'agit de valider une contre-vérité.

Commençons par écouter une seconde un gars du Syndicat de la Magistrature :

« […] un juge, même syndiqué, n'en est pas moins impartial 

  " L’ancien chef de l’état fait l'amalgame entre la critique par un syndicat, personne morale, d'une politique menée et l'action d'un magistrat directeur d'enquête, dans le cadre de ses fonctions "

Diantre ! Mais qui est donc ce magistral magistrat ? Quel est cet homme ? Qui est ce surhomme ? Quel est ce funambule de génie ? Qui est cet être immatériel, coupé en deux, dichotomique, sans âme ?  De quelle galaxie miraculeuse a t-il été débarqué chez nous-autres ?

Je me souviens plaisamment de certains collègues de l’administration qui, sans doute accablés par l’inconfort  de leur conduite au bureau, disaient :
-         Je ne suis pas du tout comme ça chez moi.
Et moi de leur dire inlassablement :
-         Vous êtes vous dès lors demandé à quels moments de votre vie vous étiez le plus authentique ? Le plus chez Vous, dans votre peau ?  Côté cour ou côté jardin ?
Car un homme est un homme, entier, un Lui indissociable d’un Je, à moins qu’il ne soit un parfait schizophrène.

Alors, Messieurs du Syndicat de la Magistrature, faites votre office, faites-le comme vous voulez, salement ou proprement, mais de grâce ne rajoutez pas à la pollution délétère de notre triste époque la pollution ridicule d’une impossible, d’une inconcevable philosophie pour qui sait peu ou prou ce que veut dire le mot humain.

Je le connais bien votre métier. Souvent je me suis frotté à votre rugueuse hermine.
Et, très récemment, un ami, un grand ami, peut-être le seul qui me reste sous les étoiles de ce monde, m’a fait le récit écrit et affligé d’une mésaventure rocambolesque qui vient de lui advenir après qu'il eut commis la monumentale erreur d’aller vous demander conseil pour une broutille.

Cet ami que vous avez bafoué, méprisé, m’a permis, se disant mal à l’aise dans l’écriture publique,  de reproduire ici son histoire.
Je le ferai
à partir de demain d'ici quelques jours, en trois ou quatre épisodes.
Parce qu’elle mérite d’être livrée  à la publicité
par le menu, son histoire.
Elle vaut, à mes yeux, bien plus que toutes  les professions de foi, les déclarations, l’énoncé des grands principes et surtout, chose que vous connaissez à merveille,  tous les effets de manche…
Elle me navre bien plus que les démêlés de Sarkozy avec vous qui vous emmêlez les pinceaux.
C’est de la vie, de l’empirisme pur, qui, sans appel, vous dénonce et vous accuse, Vous et tous ceux qui autour de vous gravitent en jonglant avec les mots de la  loi...

14:00 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, justice, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET