12.04.2008
Considérations non intempestives - 2 -
2 - Les imbéciles faisant les intellectuels et les intellectuels faisant les imbéciles se rejoignent souvent pour s'extasier devant un chef-d'oeuvre.
3 - Je me méfie des être cohérents. Ils sont immobiles.
4 - Un homme qui lit peut se dispenser d'écrire. Fort heureusement.
5 - Je demande à mon écriture de me ramener chez moi, à mes lectures de me conduire chez les autres.
6 - On fait souvent à l’écrivain le procès de n’être pas totalement celui que son écriture laisserait à penser qu’il fût.
7 - L'impensé n'est pas l'impensable. Mais je comprends que beaucoup de monde puisse être intéressé par l'amalgame.
8 - Ce qui n'existe que dans mon imagination existe bel et bien et participe de ma vie et de mes moyens autant que l'utilisation du moteur à explosion, du caddy de supermarché ou de tout autre ingrédient de ma totalité.
9 - L'éternité est une dimension de la poésie confisquée, dénaturée, désamorcée par les religions et leur dieu omnipotent.
Le matérialisme et le déisme sont deux garde-fous complices d'une même tentative de conjuration de l'angoisse de l'impensable.
10 - Si notre galaxie compte des millions et des millions d’étoiles, qu’elle est elle-même accompagnée de millions d'autres galaxies qui comptent chacune des millions et des millions d’étoiles et qu'à son tour chacune de ces millions de millions d'étoiles nourrit un système équivalant à notre système solaire, alors j’imagine que cette grandeur, même purement physique, touche de près à l'éternité, telle que je la conçois.Supposer ou admettre que l'homme, en tant que composant de l'univers, participe forcément de cette éternité est cependant du strict domaine de l'idéologie de la mort-tabou.
11 - L’imagination est une autre dimension du réel. Par-delà cette imagination sont les inconnues que j’appellerais volontiers, n'ayant pas d'autres concepts à ma disposition, les abstractions vécues.
13 - Les synonymes sont les faux culs du langage. L'intangible n'est pas l'immatérialité tout comme la matérialité n'est pas forcément tangible.
14 - Je ne prétends pas que la pensée possède une logique autonome dans son rapport à la vie. Je ressens confusément qu'il y a une abstraction vécue, de l'intangible dans la vie et vice-versa, que les matérialistes redoutent et qu'ils qualifient de mysticisme, d'idéalisme, de religiosité, de métaphysique et autres plaisants euphémismes/dérobades.
Au mieux, il vaut un gourmet sans papilles, au pire un libertin sans orgasme.
16 - Le désespoir ne frappe que ceux qui espèrent. Voilà une évidence qu'on ne brasse pas suffisamment.
17 - Ce qui me repousse, me révulse et me révolte dans les religions, principalement dans celle que je connais la moins mal - la chrétienne -, c'est cette association instinctive, constitutive, avec la mort.
18 - Dans le fonds de commerce de toute religion, la mort est l'article de luxe.
19 - S'il convoite de belles chaussures, hélas trop grandes pour lui, le poète est celui qui accusera la petitesse de ses pieds.
20 - Un poète qui aurait toujours raison serait dégoûté, non pas d'avoir toujours raison, mais d'être poète.
21 - Le poète est sans doute celui qui lit le monde avec le magma qu'il porte en lui. Les mots sont ses lampes de chevet.
Je ne perçois donc dans tout ça aucune grandeur de vue dont puissent se targuer les hommes : Est-ce que le berger conduit son troupeau dans un pacage plus dru et plus vaste pour faire plaisir aux brebis ou pour qu'elles lui soient d'un meilleur rapport ?
24 - Le fondement de toute idéologie est la poursuite d'objectifs, clairs ou non-dits.
Ces objectifs une fois atteints, l'idéologie continue de bénéficier pour un temps de l'élan qui l'a portée jusque là. Elle atteint ainsi le point extrême de surbrillance au-delà duquel elle ne peut plus faire illusion.
Ce après quoi elle s'écroule d'elle-même sous les effets dévastateurs de son propre triomphe.
Si elle n'est auparavant clairement dénoncée et combattue, l'idéologie n'avoue donc son caractère fallacieux que dans sa réalisation.
25 - Les menteurs ne conjuguent jamais rien au présent.
Trop dangereux.
14:06 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature | Facebook | Bertrand REDONNET
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