26.10.2018
En le disant vite...
On ne devient pas poète. On naît poète. Pas génétiquement bien sûr, ce serait effroyable !
On naît poète comme le chiendent pousse sur certains sols laissés en friche et pas sur d'autres.
Ce poète-là, d’ailleurs, est souvent amoureux de l'impossible.
Et il n'est pratiquement jamais payé de retour.
La poésie ce serait, pour dire vite, le monde sans ses fonctionnalités. C’est-à-dire les fleurs sans la botanique, l'amour sans la gynécologie et la révolution sociale sans Mélenchon.
Je ne conçois de poésie que subversive.
La vie d'un poète est forcément en dents de scie, chaotique, décalée à l'intérieur, voire partout.
Ce qui ne signifie pas que toute vie chaotique soit celle d'un poète. Loin s’en faut !
S'il convoite de belles chaussures, hélas trop grandes pour lui, le poète est celui qui accusera la petitesse de ses pieds.
L'émoi est d'autant plus fort que la contrariété est insurmontable.
Je pense la poésie comme étant très accessoirement une écriture et essentiellement une façon de vivre sa vie.
Encore une évidence qu'on se refuse à brasser.
Quand les poètes se feront des voyous et les voyous des poètes, l'espoir aura peut-être une chance de changer enfin de camp...
Mais pour avoir fréquenté les uns et les autres, je peux vous assurer que ce n’est pas demain la veille !
Je demande à mon écriture de me ramener chez moi, à mes lectures de me conduire chez les autres.
Mais il arrive que les rôles soient inversés.
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Les imbéciles faisant les intellectuels et les intellectuels faisant les imbéciles se rejoignent souvent pour s'extasier devant une merde rebaptisée « chef-d'œuvre ».
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Je me méfie des être cohérents. Ils sont immobiles, ennuyeux et donneurs de lecons qui ne le sont pas moins..
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L'impensé n'est pas l'impensable. Mais je comprends que beaucoup de monde puisse être intéressé par l'amalgame.
Et ce qui n'existe que dans mon imagination existe pourtant bel et bien et participe de ma vie et de mes moyens autant que l'utilisation du moteur à explosion, du caddy de supermarché ou de tout autre ingrédient de ma totalité.
Ce que nous appelons le réel n'est qu'une dimension de nos possibilités et l’imagination une autre dimension du réel. Par-delà cette imagination sont les inconnues que j’appellerais volontiers, n'ayant pas d'autres concepts à ma disposition, les abstractions vécues.
L'éternité a vu sa poésie confisquée, dénaturée, désamorcée par les religions. C'est pourquoi le matérialisme et le déisme sont deux garde-fous complices d'une même tentative de conjuration de l'angoisse de l'impensable.
Car si notre galaxie compte des millions et des millions d’étoiles, qu’elle est elle-même accompagnée de millions d'autres galaxies qui comptent chacune des millions et des millions d’étoiles et qu'à son tour chacune de ces millions de millions d'étoiles nourrit un système équivalant à notre système solaire, alors j’imagine que cette grandeur, même purement physique, touche de près à l'éternité, telle que je la conçois.
Supposer ou admettre que l'homme, en tant que composant de l'univers, participe forcément de cette éternité est cependant du strict domaine de l'idéologie.
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Les synonymes sont les faux culs du langage. L'intangible n'est pas l'immatérialité tout comme la matérialité n'est pas forcément tangible.
Je ne prétends pas que la pensée possède une logique autonome dans son rapport à la vie. Je ressens confusément qu'il y a une abstraction vécue, de l'intangible dans la vie et vice-versa, que les matérialistes redoutent et qu'ils qualifient de mysticisme, d'idéalisme, de religiosité, de métaphysique et autres plaisantes dérobades.
D'ailleurs, le matérialisme est toujours le raccourci des imbéciles qui veulent faire intelligents.
10:10 Publié dans Considérations non intempestives | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET
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