UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29.10.2015

Le Progrès - D'après Georges Brassens -

Ce poème de Brassens, que je me suis permis d'amputer d'une strophe, a été publié à titre posthume et mis en musique par Jean Bertola.
Cette musique ne me plaisant pas outre mesure, je l'ai refaite à mon goût, qui n'a évidemment pas la prétention d'être celui de tout le monde...


Que le progrès soit salutaire,
C'est entendu, c'est entendu.
Mais ils feraient mieux de se taire,
Ceux qui dis'nt que le presbytère
De son charme du temps passé n'a rien perdu,
N'a rien perdu.

Entre les tours monumentales
Toujours croissant, toujours croissant,
Qui cherche sa maison natale
Se perd comme dans un dédale.
Au mal du pays, plus d’remède à présent,
Remède à présent.

 C'est de la malice certaine,
C'est inhumain ! c'est inhumain !
Ils ont asséché la fontaine
Où les belles samaritaines
Nous faisaient boire, l’été, l'eau fraîche dans leurs mains,
Fraîche dans leurs mains.

Ils ont abattu, les vandales,
Et sans remords, et sans remords,
L'arbre couvert en capitales
De noms d'amants : c'est un scandale !
Les amours mort's n'ont plus de monuments aux morts,
Monuments aux morts.

 L'a fait des affaires prospères,
Le ferrailleur, le ferrailleur,
En fauchant tous les réverbères.
Maintenant quand on désespère,
On est contraint, forcé d'aller se pendre ailleurs,
Se pendre ailleurs.


Et c'est ce que je fais sur l'heure,
Et sans délai, et sans délai.
Le coq du clocher est un leurre,
Une girouette de malheur(e).
Ingrate patrie, tu n'auras pas mes feux follets,
Mes feux follets !

26.10.2015

Pas grand' chose à dire...

photo_1318427215612-1-0.jpg

On aura peut-être remarqué, si tant est qu’on veuille bien prêter quelque attention à ce que je fais ici, que ce blog s’étiole comme une plante en déficit d’eau et que les textes s’y espacent de plus en plus.
Un blog se nourrit de ce que l’on porte vraiment, avec peine ou avec joie ; quelque chose de fort et que l’on juge, à tort ou à raison - là n’est pas le problème - digne d’être transmis.
L’écriture est un amical partage de soi ou n’est que muet bavardage.
Et il se trouve que je n’ai plus grand-chose à dire, depuis quelque temps déjà.
Non pas que je sois épuisé, tari, vidé, désertique, je ne me sens pas comme tel, mais parce que ce que je porte n’est même plus très clair pour moi-même.
Il faut d’abord comprendre le fond de ce qui est authentique en soi avant d’avoir la prétention d’en partager les fruits. Sauf à dire n’importe quoi, évidemment. Ou à ânonner des convictions divorcées depuis longtemps d’avec la réalité.
Mes joies de vivre se nourrissent toujours du bonheur d’une petite famille,  des paysages, d’une vie simple, des matins d’automne et du grand mouvement des choses qui fleurit, calcine ou frigorifie les campagnes… Mes joies de vivre vont toujours vers la lecture assidue des livres, quelques accords de guitare, quelques amitiés éparses et quelques occupations anodines.
Mais dès que je jette un regard sur le monde, je ne ressens que lassitude, incompréhension, dédain pour ces hommes qui se passent le relais des pouvoirs, dans l’endormissement général des consciences et à des années-lumière du comment "je" espérerais les choses.
Entre une Pologne qui se replie sur son identité, parce que les grandes salades de l'européanisme font peur,   et une France qui pue le rance des idées dites de gauche et du mensonge politique permanent, je ne sais plus trop vers lequel de ces deux pays va ma préférence.
Je ne suis pas de gauche et je ne suis pas de la droite catholique. Ces deux revers d’une même médaille, celle de la vanité du pouvoir et du plaisir pervers à rouler la populace dans la farine, ne m’inspirent que lassitude.
Un pays, fort heureusement, est beau et agréable à vivre bien au-delà des hommes qui ont la prétention démocratique de le représenter.
Vous me direz d'ailleurs qu’on peut faire de l’écriture, de la littérature, sans se soucier des environnements politiques et de la couleur des gens qui président aux destinées des pays.
Sans doute.
Mais si on peut aussi faire l'amour dans les chiottes , c’est quand même plus agréable – et ça risque d’être beaucoup  plus chantant –  sous les lumières et les parfums d’un chemin des sous-bois, par les deux amants choisis.

13:21 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

13.10.2015

Adieu, frère humain !

escudero2.jpgTel Jehan l’advenu1, il est parti comme il était venu : sans tambours ni trompettes.
Depuis longtemps, «les hommes» l’avaient jeté aux oubliettes, si tant est qu’ils l’aient une fois rencontré au grand jour.
Pour tous les beaux parleurs, pour tous les prometteurs, pour tous ceux qui usurpent la parole et la falsifient, pour tous les grands menteurs de notre siècle naissant et qui flambent au pinacle de la misère morale, pour toutes ces innommables putains de la politique et des médias, un seul regard jeté sur sa vie eût pourtant suffi pour les faire pâlir de honte et pour les réduire à une plus juste dimension d’insectes méprisables.
Cet homme était authentique. Un déraciné, un anar de la nostalgie, un troubadour de la révolte profonde, jamais tapageuse.
Au sommet de la notoriété, les poches pleines d’argent facile, jugeant alors que toute cette mascarade jetait entre lui et la misère du monde un rideau trop opaque et trop lâche, il plaquait tout, il disparaissait et ce que cette société avait bien voulu lui octroyer pour qu’il chante de sa voix enrouée
par l'émotion et l'intimité du désespoir, il le redistribuait silencieusement à des œuvres humanitaires, partout de par le vaste monde.
Citez-moi un seul homme de notre époque capable en même temps de faire ça et de ne pas s’en venir
aussitôt vanter, vautré et gloussant devant les caméras du spectacle télévisé !
Émotion et respect.
Je dois à Escudero, au même titre qu’à Brassens,  mes premiers essais sur les six cordes… Je me souviens avec douceur de mon émerveillement quand je réussis à jouer Pour une amourette et Ballade à Sylvie…
J’éprouvais alors, pour ce chanteur en marge, avec ses cheveux longs et noirs d’espagnol expatrié, une tendresse toute fraternelle.
Je me souviens aussi avoir fait découvrir à tous les joyeux  potes toulousains de la mouvance anar, quelque vingt ans plus tard,  Mon voisin est mort et je me souviens de leur regard attristé.
Nous, on ne t’oubliera jamais, sinon à l’heure blême, quand nous passerons, à notre tour, à pas silencieux la porte de l’oubli.
Comme Nous tous, tu ne laisseras rien aux hommes, mon vieux Leny ! Ils sont depuis longtemps ailleurs, les hommes ! Ils sont à leur place, eux... Ils sont chez eux.  C’est sans doute nous autres qui nous sommes trompés de cieux.
Nos paroles, tes mots, tes simples mélodies d’où suintaient à la fois tristesse, mélancolie et espoir diffus, ils ne les comprennent pas.
Quand ils n’en haussent pas leurs épaules de chiens battus, au cou rongé par le collier d'attache !
Salut à Toi, Le Gitan !
Puissent ces quelques mots accompagner ta longue traversée des néants éternels : On t'a beaucoup aimé !

1 : Poème de Norge, mis en musique par G. Brassens


 



12:14 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : littérature, écriture, chanson française |  Facebook | Bertrand REDONNET

02.10.2015

Plaudite, acta fabula est

ouragan.jpgJ’aimerais écrire l’automne, j'aimerais écrire le soleil d’équinoxe en déclin, la forêt qui chemine vers des léthargies hautes en couleur, la prairie qui s’enveloppe de brouillard, la première gelée sur les silences du matin, les grues qui traversent le ciel, le cou tendu vers la clémence de lointains horizons.
J’aimerais écrire cette joie de vivre qui toujours monte en puissance chez moi alors que, contradictoirement, les paysages et les choses de la terre entament leur longue somnolence.
J'aimerais
ainsi chanter la messe littéraire dans un monde de sourds, d’aveugles et de muets.
Mais mon esprit est tellement préoccupé du danger qui nous guette tous, que je ne le puis pour l’heure.
Honte à cet effronté qui peut chanter quand Rome brûle, disait le poète bourguignon. Ce à quoi le poète sétois avait répondu  : Est-ce à dire qu'il ne faut plus chanter ? Elle brûle tout le temps !

Certes. Mais elle brûle avec plus ou moins d’incandescence et de risques de propagation.
Le monde, je le crois, est à la croisée des chemins. Je le crois depuis ce texte-là.  Les hommes ont maintenant le choix entre des paix bâtardes, des paix de compromis plus ou moins lourds, des sournoiseries diplomatiques ou un cataclysme barbare.
Les pièces de l’échiquier fatal sont en branle. Chacun a avancé ses pions aussi loin qu’il le pouvait sans trop alerter la vigilance de son adversaire.
Un mauvais coup des uns ou des autres, une fausse manœuvre, un moment de distraction, un geste maladroit, et c’est le mat.
Dans ces conditions, écrire sur autre chose qu’un avenir qui peut basculer du jour au lendemain dans l’horreur, me semble tenir du pur bavardage.

Puissent les évènements à suivre venir me lourdement démentir !

13:23 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, histoire, politique, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET