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29.09.2015

Rencontre en deux temps - 1 -

20121031211658-17-9.jpgJe ne l‘ai pas vu arriver et je n’ai donc pas entendu dans quelle langue il me saluait.
Car j’étais absorbé, colère, dans la lecture des affligeantes déclarations de Hollande à la grand’messe de l’ONU ; déclarations qui le font l’allié objectif des ennemis qu’il prétend vouloir combattre.
J’étais surtout très énervé de lire que ce saltimbanque répétait à l’envi, comme une vieille horloge montée à l’envers, qu’Assad était un tyran, comme si on avait besoin de sa science pour le savoir et comme si le roi d’Arabie Saoudite, chez qui il est allé faire le bouffon, qu’il caresse dans le sens du poil, à qui il vend des armes et des avions alors qu’il décapite à tour de bras ses opposants, n’était pas, lui, un sanguinaire. Apparemment, pour ce Président de plus en plus désastreux, il y a les bons tyrans et les mauvais tyrans. Une morale politique à tiroirs et à géométrie variable… Ou alors, il poursuit d'inavouables objectifs qui ne sont pas ceux du pays qu’il est censé représenter et il conduit tout le monde au désastre !
Donc, je n’ai pas entendu arriver mon visiteur et je lui ai  demandé, en polonais, en quoi je pouvais lui être utile.
C’était un tout petit pépé, frêle, au sourire sympathique, d'emblée attachant. Mais quand il m’a entendu parler polonais, son sourire s’est tout à coup effondré.
Il a baissé les bras, comme quelqu’un qui, décidément, n’y arrivera pas.
Il a demandé, dépité,  avec un fort accent : Vous… Vous ne parlez pas français ?
J’ai ri, si, si, bien sûr que si, puisque je suis français.
Il a poussé un long soupir de soulagement et il m’a demandé si je pouvais l’aider…
Avant même de savoir en quoi, j’ai dit oui, je peux vous aider.

Il était venu d’Italie, à la rencontre des lieux de sa propre archéologie ; il était à la recherche du passé de son père.
J'ai compris que, venant de lire les bruits de guerre du présent, j'allais me curieusement  plonger dans celle du passé.
Que le petit pépé était le messager impromptu de l’éternel recommencement des chaos.

 La suite bientôt...

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26.09.2015

Savoir et aimer Villon

Mettre en musique un des plus célèbres poèmes du patrimoine était  une prise de risques. Presque une outrecuidance.

 

 

Je le savais pertinemment et j’avais collé cette musique sur Les pendus pour mon plaisir personnel, solitaire, ne pensant nullement avoir à l'offrir un jour à un public.
Bien que ma traduction ait été appréciée, j’ai donc entendu une critique que je m’étais déjà faite, celle d’avoir interprété le poème sur un ton proche du pathétique, sans accentuer le côté sardonique, le deuxième degré, des prières adressées post mortem par les pendus aux frères humains.
Critique exacte car cette ballade est avant tout une mise en scène, une raillerie même, d’où le je de François Villon est d’ailleurs totalement - et volontairement - absent.
A la différence notoire de ce quatrain que tous ceux qui ont approché de près ou de loin François Villon,  connaissent sans doute :

 Je suis François, dont il me poise
Ne de Paris emprès Pontoise,
Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise.

Ces vers font à mon sens figure originale dans l’œuvre de Villon, en ce qu’ils sont, ou du moins semblent être, purement autobiographiques, écrits qu'ils ont été juste après sa dernière condamnation de 1462 à être étranglé et pendu ; condamnation dont il fera appel et qui sera commuée en dix ans d'interdiction de paraître sous les murs de Paris.
La prudence est toujours de mise quand on aborde la vie de Villon. Les indices les plus nombreux dont nous disposons sont ceux présents dans son œuvre et c’est une œuvre à tiroirs. Une œuvre impure, qui mêle fiction et réalité avec tant d'ingéniosité et de franchise qu’il n’a jamais été aisé de dissocier réellement celle-ci de celle-là.
Le génie du poète voyou - anarchiste avant l’heure comme on se plaît parfois à le dire- fut en effet de toujours jouer entre traits autobiographiques bien distillés, extrapolations, parodies, dérisions, et contradictions. A telle enseigne, qu’il compose même une Ballade des contradictions :

 Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
Chault comme feu, et tremble dent à dent ;
en mon pays suis en terre loingtaine

 Villon s’applique toujours à déconstruire le réel par la caricature, le jeu de mots et la parodie, passant du ton grave et sensible à la raillerie la plus joyeuse, mais aussi en usant d’une langue compliquée, bigarrée, mariant archaïsmes, argot des voyous, vieux français de l’époque et mots et tournures annonçant la lente évolution de la langue vers le corpus contemporain. Nous sommes à la fin du Moyen-âge.
Le Testament, rédigé au sortir de sa captivité à Meung-sur-Loire, est donc un faux testament, cruel avec ses légataires et qui brocarde avec force ironie, justice, finances et autorités religieuses, dans un langage également accessible au lettré qu'au voyou de l'époque.
Rabelais - quoique fantaisiste sur le sujet - dira au  siècle suivant, que Villon était un homme de théâtre. Presque un metteur en scène.
Mais ses déboires avec la justice pour le meurtre commis sur un prêtre, Philipe Sermoise, le 5 juin 1455, le cambriolage du collège de Navarre et la rixe avec un notaire, Ferrebouc, lui valurent in fine ces fameux dix ans d’exil de la ville de Paris et sa disparition, nul n’a su dire où et quand.
Le poète disparu, sa poésie connaît la célébrité. C’est en effet à la faveur de cette disparition mystérieuse, non élucidée, que Villon entra dans la légende dès la fin du XVe siècle parce que son œuvre était profondément ancrée dans son temps et avait échafaudé une figure multiple, contradictoire et attachante :

 D’ung povre petit escollier,
Qui fut nommé Françoys Villon.

On le sait, Villon sombrera dans trois siècles d’oubli, de 1533 à 1832. Il sombrera dès que sa langue acrobatique et ses mœurs de jouisseur turbulent ne seront plus comprises de l’époque nouvelle, avant d’être remis au jour par des archéologues de la langue et de la poésie.

 Pour en revenir à ce fameux quatrain donc, où le cou éprouvera  bientôt  le poids du cul, il est indispensable de constater que Villon commence sur une ambiguïté, François désignant dans la prononciation en même temps le prénom et la nationalité.
Ce qui change tout. «Je suis Français et ça me fâche, ça m’emmerde ». En plus, Français de Paris. Ce qui est un comble.
Ce calembour est dirigé contre ceux qui l’ont condamné à Paris et surtout contre les protagonistes de l’affaire Ferrebouc dans laquelle son complice, Robin Dogis, bénéficia d’un jugement plus clément parce qu’il était savoyard.

 

17:22 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

16.09.2015

Les bons et les méchants

Réfugiés-Syriens.jpgÉcrire sur ce drame de l’exode massif des populations syriennes et irakiennes que vit actuellement le monde - l’Europe, plus exactement – est malvenu et fort risqué car ce ne sera sans doute que rajouter une petite voix au brouhaha, à la cacophonie un son inaudible, aux erreurs d’appréciation une autre erreur.
Nonobstant, rester spectateur dans son coin et continuer à planter ses salades n’en est pas moins lâche. Presque indigne. Car le sujet est miné, explosif, et comporte tellement de contradictions, il offre le flanc à tellement d’idéologies et de réflexes primaires, que la plupart d’entre nous se contentent évidemment d’un prudent silence, voire, mieux, du détachement genre  philosophe revenu de tout.
Pour ne pas dire de conneries, se taire, donc. Pour vivre avec l’apparence de la propreté, rester cachés. Comme ça, si le drame vire à la tragédie, au cataclysme, et que nos enfants en payent plus tard le prix fort, on pourra dire qu’on savait et que et que… a contrario,  si tout cela se résorbe tranquillement, on pourra, sur le même ton, dire que bien sûr, qu’on s’en doutait et que et que...
Nous sommes en effet beaucoup à être habitués à penser les situations une fois qu’elles sont établies dans l’histoire et présentent un caractère presque irréversible ; sauf à tout casser et à refaire le monde. S’agissant de commenter, de prendre part, à la critique de leur développement quand elles ne sont pas encore entrées dans l’histoire accomplie, qu’elles sont en mouvement, en gestation,  et qu’il est donc difficile d’en prévoir les effets, nous sommes déjà beaucoup moins.
Parce que c’est un peu moins facile et qu’on risque fort de s’y compromettre.
Je me suis compromis il y a quelques années pour l’intervention française en Libye, pensant et écrivant qu’on ne pouvait laisser un peuple se faire massacrer par un tyran. Quel chérubin !
Et quel imbécile, surtout ! Mais ça ne me dérange pas de me traiter d’imbécile. D’ailleurs, je préfère le faire moi-même : ça évite aux autres d’avoir à le faire et c’est mieux fait. En plus.
Car il ne s’agissait évidemment nullement de cela. Il s’agissait de détruire toutes les structures politiques et sociales de tout le Moyen-Orient ; entreprise débutée avec fracas en 1991, en Irak.
Le résultat est aujourd’hui évident : guerres civiles, massacres, misères, fanatismes religieux, exodes, avec, en contrepoint,  balbutiements tardifs et humanitaires d’une Europe qui fait l’effondrée devant les incendies qu’elle a elle-même allumés avec ses indéfectibles amis d’outre-Atlantique.
Même scénario en Ukraine, avec, à la manœuvre principale, Hollande et Merkel.

Bon, d’accord, admettons, mais qu’est-ce qu’on fait, quand on sait ça ?
On écoute les inepties des uns et des autres. Des officiels.
Car c’est là que ça devient édifiant. Si je puis dire.
On assiste en effet à une définition géopolitique de l’Europe, une définition qui montre combien cette Europe n’existe qu’à coups de technocratie et de financement massif, sans aucune réalité historique, sociale et humaine. On a, d’un côté, l’Ouest qui, après avoir largué ses bombes sur tout ce qui bougeait, largue maintenant ses bons sentiments sur tout ce qui veut le contredire et, de l’autre côté, l’Europe Centrale qui ne veut pas entendre parler d’une quelconque participation à la réparation de la casse.
On en pense ce qu’on en peut, partagé entre une vague, très vague idée de devoir de solidarité et une inavouable peur…
Ce n'est pas une émotion humaniste, la peur. Voyons ! C'est un truc réactionnaire de poule mouillée !
Alors, j’écoute les Polonais et ils disent : accueillir des gens, oui, bien sûr, on ne laisse pas des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes à la rue.
Nous sommes aussi des gens solidaires. Mais après ? Quelle intégration ? Quel avenir pour ces gens déracinés sous d’autres cieux, sous un autre dieu ? Quel mode de vie ? Quels moyens de vie ? Quels espoirs ?  En un mot comme en cent, quel bonheur à court, moyen et long terme ?
La vie d'un homme ne se résout  pas à avoir un bout de pain dans l’estomac et un bout de toit sur la tête. Sinon dans le moment même de l’urgence.
Les gens de l’Ouest, eux, ne posent même pas la question. Accueillir, c’est mettre des gens dans des locaux et leur  distribuer de la nourriture. Point.
Pourquoi donc ce manque de vision, cette lâcheté à ne pas vouloir voir plus loin que le bout du nez ? Pourquoi cette différence fondamentale de point de vue qu’on vous résume – on n’est plus à une immondice verbale prêt -  à une différence entre les bons solidaires latins et les sales égoïstes de slaves ?
J’ai ma réponse, vécue de près, compromettante ou pas, peu importe : parce que l’Europe Centrale se sent exister encore en tant que telle - surtout qu’il n’y a guère que 25 ans qu’elle a retrouvé ses marques -, alors que l’Ouest, lui, depuis longtemps, n’existe plus, n’a plus de repères auxquels il tienne, n’a plus de culture à faire valoir et dont son esprit se régalerait.
Sa solution est donc dans la dissolution.

15:15 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litétraurte, politique, histoire, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

14.09.2015

Fin d'été

littérature,écritureJ’ai traversé, messieurs, des prairies que massacrait le soleil.
Et je vous le dis : pas un oiseau, pas un animal des champs, pas un mouvement, nul être vivant, n’apparaissait alors sur ces espaces jaunâtres, tétanisés par le feu tombant dru sur leur échine accablée.
La petite route pourtant, souvent, taillait dans la forêt. Mais c’était là une forêt sans ombrage. Les feuillages calcinés pendaient au bout des banches et, déjà, juillet à peine rayé du calendrier, ils se laissaient tomber au sol, vaincus, trompés, abusés, déboussolés par cette trop longue fantaisie du climat.
La lumière caniculaire pénétrait ainsi avec force par les trouées de la voûte, en déchirait le voile, en violait l’écrin, assassinant du même coup les petites plantes des sous-bois qui, d’ordinaire, vivent de la fraîcheur de sa pénombre.
Asphyxiés dans une poussière brûlante qui, partout, sortait des entrailles terrestres, les paysages chétifs se mouraient de soif et les herbes des champs, des talus, des bois et des jardins, les hommes des hameaux, des bourgs, des villages et des villes, les animaux sauvages tout comme ceux des fermes éparpillées, tous, unanimes, réclamaient la trêve et imploraient clémence.
En pure perte cependant. D’interminables mois durant, les cieux sont demeurés impassibles, sourds aux souffrances et aux supplications, purs et durs dans leur obstination à détruire. Nul nuage, nul souffle salvateur, nulle ombre passagère, n’osait venir troubler l’austérité bleutée, chauffée à blanc.
Au matin, l'air puait la fumée d'un invisible désastre, rajoutant à la tristesse du jour qui s'annonçait la touche d'une impalpable angoisse
. Des tourbières, nous a-t-on dit, brûlaient en Biélorussie et en Ukraine, de l'autre côté du fleuve.

Et puis… Et puis, quelque chose a frémi aux pendules du jour et de la nuit, inversant l’autorité meurtrière de celui-là sur celle-ci. Un matin de septembre enfin, le souffle d'un vent levé des horizons multiples, a gommé lentement ce grand tableau d’azur et sur sa toile immaculée a dessiné le blanc et le gris des premières nuées, que saluait un arc-en-ciel.
Des larmes éparses et chaudes ont giclé sur les sols crevassés, maladroites, désordonnées, lourdes et pataudes, comme si le ciel  ne savait plus pleuvoir. C’étaient là quelques pleurs de remords, avant que ne jaillissent soudain les grands sanglots du pardon et que la terre ne les boive avec tout le désespoir d’une rescapée des sables.
Un peu tard seulement.
Cicatrices et brûlures restent inscrites sur la morosité des arbres
recroquevillés par la peur, déjà marron, déjà jaunes, sans l’éclat joyeux des pourpres sanguins de l’automne, comme s’ils étaient pressés à présent d’en finir avec ce cycle-là et de rejoindre les silencieuses nudités de l’hiver.
Pour recommencer bientôt un vrai et grand mouvement des choses, qu’ils espéreraient, cette fois-ci, conforme et doux à la fuite éternelle des saisons.

Court extrait d'un roman en chantier

11:13 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

11.09.2015

Mini revue de presse

d9b7a6c5ff6f4e0bcfc76c0ce339a5e9.jpg.gif- Un site d’infos me met dans l’embarras.  S’appuyant en effet sur un énième rapport de la Cour des comptes, il pose la vieille, la lancinante, l’éculée et récurrente question : Les fonctionnaires doivent-ils travailler plus ?
Je ne sais que dire, ma foi.
Bon, mais si je prends la posture sociale-gauche, chafouine de candeur feinte et  généreuse, ouverte, bien dans sa peau et qui a réponse à tout et à rien  parce que ce n’est pas une pensée mais un disque de jukebox, je dis : qu’est-ce que c’est encore que ces salades de droite, toujours à agresser la pauvre fonction publique ?
D’accord. Mais si, au lieu de prendre une posture bien-pensante, je m’en réfère à quinze ans de mon propre vécu ;  si je suis donc un homme d’opinion empirique, voilà que je rigole comme un perdu et que je réponds :
- J’en sais rien… Je m’en fous, à vrai dire.  Je ne sais pas s’il faut que les fonctionnaires travaillent plus. En revanche, ce que je sais avec certitude, c’est qu’il est absolument impossible qu’ils travaillent moins. Sauf à rester chez eux…

- Un autre titre attire mon œil avide : Une nouvelle espèce d’humains découverte.
Je me jette ! Depuis le temps que j’attends des hommes nouveaux, des mutants !
Et je lis : Une ancienne espèce du genre humain inconnue jusqu'à présent a été présentée par une équipe de scientifiques internationale jeudi.
Faudrait savoir ! On s'fout vraiment de nous !

- Beaucoup plus inquiétant et très éloquent : Les Russes renforcent  leur présence militaire en Syrie et  « ça inquiète Fabius.»
Ben moi, c’est l’inquiétude de Fabius qui m’inquiète. Beaucoup. 

12:51 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

10.09.2015

Détournement

C'est à fredonner - ou, mieux, à jouer - sur la musique de Celui qui a mal tourné, Georges Brassens, titre lui-même inspiré par La Chanson du gâs qui a mal tourné, de Gaston Couté.


CELUI QUI A MAL PENSÉ

 Il y‘avait au fond d’mon village,
Un p’tit gars qu’était pas très sage,
Qui trainait les bois, les prairies,
Galopant derrière ses rêveries.
Les gens du crû, d’un même tonneau,
Des taiseux et de rudes péqu’nots,
Clouèrent tantôt au pilori
Cette graine de malappris !

 Il avait dans le ciboulot
Des idées contr’ tous les boulots
Des champs, des bureaux, des usines
Qui font aux hommes courber l’échine.
Ainsi doté pour faire sa vie,
Il trouva tous les ponts-levis
Devant lui toujours haut levés,
Dans quelque place qu’il veuille entrer.

 Il connut l’ombre des cachots,
S’embarqua vers les pays chauds,
Traversa des contrées sauvages
Atteignit à bien des rivages.
Mais jamais sur ce long chemin
Ne vit vers lui se tendr’ une main…
Alors, aux abords d’l’heure fatale,
Il revint au pays natal.

 Les gens du crû, d’un même tonneau,
Dormaient tous au fond d’leur caveau
Leurs maisons croulaient sous les lierres,
La vermine en rongeait la pierre.
Lors, écroulant son cul par terre,
Le vieil homme contestataire
Déversa sur leur triste sort
Toutes les larmes de son corps !

 2359.jpg

 

11:00 Publié dans Musique et poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, chanson française |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.09.2015

Invasion barbare

P7080730.JPG...Et je saute une page, puis une autre, puis deux ou trois, et je feuillette, je zappe, je baîlle, je m'étire, je me dis que le papier est glacé et ne me servira même pas pour allumer mon poêle. Quant à  s'essuyer l'derche avec ça, même pas la peine d'y penser !
Je m'apprête donc à balancer la revue par terre, quand enfin, je lis, pris d'un vertige, les yeux écarquillés  :
« ...Pour remonter si loin  au Nord, il faut bien que les (....) en tirent un bénéfice substantiel. Car le coût de l'investissement est considérable en termes de dépenses énergétiques. Le retour sur cet investissement est donc, chez ces (...-là) un gain supplémentaire au niveau de la ... »
Sur le cas de qui croyez-vous que se penche cet article tiré d'un magazine de vulgarisation et de sciences, qui m'était par hasard échu entre les mains ?
Vous avez deviné. Il parle d'entrepreneurs audacieux qui n'ont pas peur de prendre des risques pour faire juter du profit.
Hé ben vous avez deviné tout faux, avec votre esprit prosaïquement libéral ! Vous ne savez pas lire "moderne"!
Enfin... Réfléchissez un peu, m'ssieurs-dames. Détendez-vous... Envolez-vous bien loin de ces miasmes morbides, allez vous purifier dans l'air supérieur et buvez, comme une pure et divine liqueur, le feu clair qui remplit les espaces limpides !
Citoyen, citoyenne, baudelairisez un peu votre lecture !
Car c'est là un article sur la migration des...
-
Chefs d'entreprise ?
- Non ! Il s'agit d'un article sur... la migration des oiseaux ! Si, si....

Alors là, les carottes sont définitivement cuites, que je me dis, affalé sur ma banquette. Désintégrées même, les carottes ! Le langage est colonisé dans toutes ses évocations, tous ses termes, vidé de tous ses sens. Il est à sens unique. Une redoutable impasse. Un coupe-gorge.
À ce stade répugnant de l'aliénation de la parole, y'a plus grand chose à faire.
Il n'y a surtout plus grand' chose à dire.

13:14 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

03.09.2015

Error communis facit jus

auschwitz-birkenau-300x225.JPGLa Pologne subissant depuis quelque deux mois une insupportable canicule, les responsables du musée d’Auschwitz, sans doute le savez-vous déjà, ont cru bon d’installer des brumisateurs à l’usage des gens, parfois âgés, venus se recueillir en ces redoutables lieux de crimes et de supplices.
Aussi louable qu’ait été leur intention, mal leur en prit.
Car, eux qui ont en charge la redoutable tâche d’entretenir, en ces lieux où Dieu et les hommes ont définitivement cessé d’exister, la mémoire de la plus grande catastrophe criminelle jamais surgie au sein de l’humanité, eux qui ont pour devoir de transmettre à tous cette phrase inscrite sur d’autres cendres, celles de Majdanek, que notre sort vous serve d’avertissement, ils ont ignoré la nature dénaturée du présent dans lequel ils avaient à transmettre.
Ils ont ignoré que  la mémoire du vécu, tout comme le vécu de la mémoire, s’est éloigné en une représentation et que tout ne peut désormais  se dire, se raisonner et s’agir qu’en termes d’images au détriment du réel, même ici où, pourtant, l’intérieur intime, silencieux, brut, primaire, nu, irréfléchi, en un mot comme en cent humain, devrait être le seul à gémir.
Le signifiant, là comme partout ailleurs, a phagocyté le signifié jusqu’à le détruire ; le mot a remplacé la chose et toute chose a disparu.

C’est ainsi que ces innocents brumisateurs font scandale et sont considérés comme une honte parce qu’ils rappelleraient, parce qu'ils imagineraient, parce qu'ils  représenteraient, les fausses douches installées par les bourreaux dans les chambres à gaz, à dessein de tromper l’ultime vigilance des suppliciés.
Ces horribles douches - les fausses-vraies des nazis - ne sont-elles donc plus assez éloquentes, assez terribles, assez tragiques, ne signifient-elles donc plus assez, qu’ils faillent s’émouvoir de généreux brumisateurs destinés à éviter les malaises des visiteurs ?
Époque dénaturée qui ne sait même plus se dignement souvenir !

Tout mon soutien aux responsables du terrifiant musée d’Auschwitz.

15:44 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : histoire, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

01.09.2015

Les arroseurs arrosés

bhl-hollande.jpgEn tant que citoyen français, si je devais formuler un souhait quant à ce que retiendra en matière de documents  l’histoire du putsch de février 2014 à Kiev, ce serait celui-ci : que cette image reste comme preuve à charge de l’effrayante escobarderie dont fit montre l’innommable socialiste, président de la République de France.
Il fut un des premiers, sinon le premier, à pavoiser sur les marches de son palais avec les bénéficiaires immédiats du susdit putsch ; putsch militairement réalisé par les bandes ultra-nationalistes et farouchement antisémites de l’extrême-droite ukrainienne et que les médias et les politiques français vous ont vendu sans vergogne comme étant une révolution pour la démocratie.
La peste soit de ceux qui les croient encore, ne serait-ce qu'une seconde !
L’histoire, j’espère aussi, ricanera jaune de voir le soi-disant philosophe de confession juive faire le beau à ses côtés, c’est-à-dire se félicitant de ce que des nazis aient réussi à virer un pro-russe corrompu !
Aujourd’hui, la phalange armée du putsch de Kiev se retourne contre ses commanditaires qu’elle a mis au pouvoir bien malgré elle. C’est une phalange experte dans la guérilla urbaine et l’affrontement. Elle a été envoyée dans le Donbass par Kiev en tant que bataillon de choc, c'est-à-dire que les dirigeants européens - dont le sinistre donneur de leçons de morale  Hollande - s'appuient sur l'extrême-droite nazie pour parvenir à leurs fins.  Cette extrême-droite, au regard de laquelle le Front national français fait figure d'association d'enfants de chœur, réclame donc ces jours derniers, par les moyens qui lui sont propres, son dû : que le gouvernement ukrainien issu de l’insurrection lui paie ce pourquoi elle a mouillé la chemise et impunément fait couler le sang.
Que dit alors le socialiste chafouin ? Par la voix enrouée de son roué de ministre des affaires étrangères – lequel, rappelons-le, était à Kiev le soir même du sanglant  coup d’état - il dit ce que disent ses complices Merkel, Obama, et Bruxelles, c’est-à-dire qu’il fait mine de s’indigner de ce que la boîte de Pandore, qu’il a ouverte pour plaire à ses seigneurs d’outre-Atlantique et en mentant effrontément à tout son peuple, lui pète à la gueule.
On croit rêver : les seuls qui avaient averti le monde du danger sont ceux que l’Europe entière, fidèle chambre d’écho des musiques du Pentagone, traitent de menteurs : Les Russes.
Je ne crois pas que la France ait été un jour gouvernée par un homme aussi à plat ventre devant des Américains et leurs complots internationaux et je crois qu’elle devra en assumer longtemps la honte !
Même les Polonais, ceux qui osent voir la réalité en face et qu’on ne peut en aucun cas soupçonner d’être pro-russes, le disent maintenant : l’Ukraine est un coup monté par l’Europe et les États-Unis en quête d’expansionnisme et de nouveaux territoires pour le marché bientôt transatlantique.
Seulement, là, c’est dans une zone charnière entre l’Occident et Moscou que s’est opéré le complot démocratique.
Du fait, il y a longtemps que l’Europe – je parle ici du continent, de l’autre je n’en ai que faire ! - n’avait pas marché sur des œufs aussi pourris.
Ne pas le comprendre, que ce soit par aveuglement  idéologique, par ignorance, par lâcheté ou par bêtise crasse, c’est déjà être complice.
Car  nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants. (Saint-Exupéry)

Comprenne qui voudra, ne serait-ce que pour ne pas crever idiot...

Illustration, à lire et à voir...

12:39 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ukraine, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET