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13.10.2015

Adieu, frère humain !

escudero2.jpgTel Jehan l’advenu1, il est parti comme il était venu : sans tambours ni trompettes.
Depuis longtemps, «les hommes» l’avaient jeté aux oubliettes, si tant est qu’ils l’aient une fois rencontré au grand jour.
Pour tous les beaux parleurs, pour tous les prometteurs, pour tous ceux qui usurpent la parole et la falsifient, pour tous les grands menteurs de notre siècle naissant et qui flambent au pinacle de la misère morale, pour toutes ces innommables putains de la politique et des médias, un seul regard jeté sur sa vie eût pourtant suffi pour les faire pâlir de honte et pour les réduire à une plus juste dimension d’insectes méprisables.
Cet homme était authentique. Un déraciné, un anar de la nostalgie, un troubadour de la révolte profonde, jamais tapageuse.
Au sommet de la notoriété, les poches pleines d’argent facile, jugeant alors que toute cette mascarade jetait entre lui et la misère du monde un rideau trop opaque et trop lâche, il plaquait tout, il disparaissait et ce que cette société avait bien voulu lui octroyer pour qu’il chante de sa voix enrouée
par l'émotion et l'intimité du désespoir, il le redistribuait silencieusement à des œuvres humanitaires, partout de par le vaste monde.
Citez-moi un seul homme de notre époque capable en même temps de faire ça et de ne pas s’en venir
aussitôt vanter, vautré et gloussant devant les caméras du spectacle télévisé !
Émotion et respect.
Je dois à Escudero, au même titre qu’à Brassens,  mes premiers essais sur les six cordes… Je me souviens avec douceur de mon émerveillement quand je réussis à jouer Pour une amourette et Ballade à Sylvie…
J’éprouvais alors, pour ce chanteur en marge, avec ses cheveux longs et noirs d’espagnol expatrié, une tendresse toute fraternelle.
Je me souviens aussi avoir fait découvrir à tous les joyeux  potes toulousains de la mouvance anar, quelque vingt ans plus tard,  Mon voisin est mort et je me souviens de leur regard attristé.
Nous, on ne t’oubliera jamais, sinon à l’heure blême, quand nous passerons, à notre tour, à pas silencieux la porte de l’oubli.
Comme Nous tous, tu ne laisseras rien aux hommes, mon vieux Leny ! Ils sont depuis longtemps ailleurs, les hommes ! Ils sont à leur place, eux... Ils sont chez eux.  C’est sans doute nous autres qui nous sommes trompés de cieux.
Nos paroles, tes mots, tes simples mélodies d’où suintaient à la fois tristesse, mélancolie et espoir diffus, ils ne les comprennent pas.
Quand ils n’en haussent pas leurs épaules de chiens battus, au cou rongé par le collier d'attache !
Salut à Toi, Le Gitan !
Puissent ces quelques mots accompagner ta longue traversée des néants éternels : On t'a beaucoup aimé !

1 : Poème de Norge, mis en musique par G. Brassens


 



12:14 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : littérature, écriture, chanson française |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Merci pour ce texte Bertrand et pour nous rappeler la mémoire d'un juste.
Sur Internet, je trouve ceci : En mars 2013, il publie le premier tome de son autobiographie, Ma vie n'a pas commencé, aux éditions Le Cherche midi, suivi en 2015 par Le début... La suite... La fin, ouvrage publié à compte d’auteur.

A compte d'auteur... Quelle époque quand même !

Écrit par : Feuilly | 13.10.2015

Merci de ta contribution, amigo !
IL n'avait pas dû satisfaire le chiffre de vente du Cherche midi...
Escudero, toute proportion gardée, ça se vend comme Feuilly et Redonnet, c'est-à-dire comme les cercueils à deux places :))

Écrit par : Bertrand | 14.10.2015

Magnifique Leny. Communiste dans l'âme. Un vrai.

Écrit par : Michèle | 17.10.2015

Oui, si on débarrasse le mot du poids de l'histoire qui l'accable; en tout cas, comme le note avec justesse Feuilly : Un juste.

Écrit par : Bertrand | 19.10.2015

Je ne connaissais pas il était génial...
Retour au bercail pour moi itou...
Quel plaisir de vous lire comme d'habitude...
Bon dimanche Bertrand a travers le temps....

Écrit par : george | 25.10.2015

Merci pour ce magnifique commentaire .

j'ai vu Leny au moins une quinzaine de fois et je l'ai connu un peu .

j'ai écrit un petit texte hommage à l'artiste et à sa sublime chanson "LA GRANDE FARCE "

Amicalement

Françoise

VENDREDI SAINT (Leny au calvaire )


Lentement dans sa peau tu te glisses
Déjà tu n’es plus sur scène, à l’Olympia
Et quand de Jésus tu prends le sacrifice
c’est bien toi Leny qui montes au Golgotha .

ta face est trempée, tes mains sont tordues
tu trébuches , t’affaisses , te voilà par terre ,
tu deviens celui qui devant Pilate comparut
nous marchons alors avec toi au calvaire .

Et quand de ta bouche, un rictus écartèle
ta lèvre desséchée ; sais tu bien notre émoi ?
lorsque muets ,terrassés au pied de ton autel
tu hurles la douleur de son chemin de Croix .

Françoise Chapron (Tous droits réservés )

Écrit par : chapron françoise | 26.10.2015

Hi ? Je répète : Hi ?

Écrit par : Bertrand | 25.10.2015

Cher Bertrand je ne comprend reugne..
C'est du Molière ou mon décalage horaire haha!
Exprime le rire ou les pleurs...
Tout va bien dans le meilleur des mondes possibles...

Amitiés

Écrit par : george | 25.10.2015

Merci pour ce magnifique article sur Leny Escudero. Je suis très émue et vos mots résonnent d'autant mieux dans le silence des médias. Leny Escudero était une magnifique et grande personne.
Bravo pour votre article, c'est bien envoyé !

Écrit par : Jeannine | 26.10.2015

@ Françoise, merci de votre passage sur ces pages... Vous avez bien du bonheur d'avoir pu côtoyer cet artiste qui en était vraiment un en ce qu'il ne séparait pas son art de sa vie. Tout comme Brassens. Les mêmes côté cour et côté jardin.
Bien à Vous...

@Jeanine, merci itou. Je suis en retour allé faire un tour sur votre blog. J'aime ce que vous écrivez du Flamenco. D'ailleurs j'aime à peu près tout de cette vieille culture.
Dans mon dernier livre - j'ignore s'il restera le dernier alors je dis comme ça - "Le Silence des Chrysanthèmes", je consacre de larges pages aux bohémiens qui sillonnaient jadis nos routes de campagne.
Non, non, ce n'est pas une pub:))
Et je viens, pour le plaisir, de mettre en musique "Bohémiens en voyage" de Baudelaire.
Bien à Vous itou

Écrit par : Bertrand | 27.10.2015

Merci de votre réponse Bertrand

je viens de découvrir votre blog et j'aime beaucoup
je vous envoie mon texte sur les tziganes

LE CHANT DU VIOLON

Dans l’air alangui
les notes somnolent
l’une à l’autre blotties
elles s’éveillent et s’affolent


L’archet s’étire et s’élance
les sons doucement s’égrènent
les cordes tremblent une rengaine
le violon déchire le silence


sous les doigts d’un virtuose
vieux tzigane aux mains tachées
une czardas nouvelle éclose
frémit et se met à pleurer


Passé éclaté en triste rhapsodie
errant sans feu, au seuil de nos portes
il traîne : le seul bagage d’un Gypsie
C’est sa musique et sa roulotte.

Françoise Chapron (Tous droits réservés)


Amicalement

Françoise

Écrit par : chapron françoise | 27.10.2015

Bel hommage, ma foi !

Écrit par : Bertrand | 29.10.2015

Merci Bertrand

Écrit par : françoise | 29.10.2015

Merci beaucoup Bertrand pour cet hommage émouvant a leny. Leny faisait partie de ceux que l on aurait voulu immortels J aimerais tellement échanger avec des personnes qui ont su l'apprécier dommage pour les autres ....... Je me suis toujours évertuée et je continuerai a le faire connaître .je suis aficionada au flamenco leny représentait la tendresse la poésie un certain art de vivre de réfléchir au nom de la liberté tellement bafouée aujourd'hui ....leny nous manque déjà il faut continuer a le faire vivre

Écrit par : Morali | 29.11.2015

Merci pour votre sympathique témoignage, Morali
Bien à Vous

Écrit par : bertrand | 01.12.2015

Les commentaires sont fermés.