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27.11.2015

A califourchon sur deux siècles - 1 -

02.gifPeut-être tout a-t-il commencé par ma mère qui n’aimait pas De Gaulle.
Dans Le Silence des chrysanthèmes, autobiographie impure, j’avais cependant forcé le trait, par goût et jeu littéraires. Car sans doute n’était-elle même pas de gauche. Elle devait se soucier d’ailleurs comme de Colin Tampon d’appartenir à tel ou tel système de pensée partisane ; de ces systèmes qui vous handicapent le cerveau au point qu’il ne peut plus faire semblant de tourner rond que soutenu par ces béquilles qu’on appelle par bêtise et orgueil, des idées.
Ma mère aimait la vie, elle aimait passionnément la vie, et cette vie ne lui donnait pas tout ce qu’elle eût désiré qu’elle lui donnât. Elle était donc, comme beaucoup en ce domaine, une amoureuse éconduite : l’argent manquait cruellement, la campagne devait lui sembler profondément ennuyeuse et habitée par des rustres qui ne connaissaient rien ni aux amours ni aux chansons, son mari avait pris la clef des champs, ses deux premiers fils étaient soldats, l’un dans l’armée de l’air, l’autre chez les fantassins, et menacés ainsi de s’aller faire tuer bientôt sur les sables maudits de l’Algérie.
Tout cela, pêle-mêle, ressenti directement et non passé au crible de la réflexion critique, suffisait amplement pour que la représentation suprême du pouvoir coercitif soit honnie.
A propos de la guerre d’Algérie, d’ailleurs, elle aurait dû, sur ce sujet majeur, en vouloir beaucoup plus à un certain Mitterrand, ministre des Affaires étrangères de la république précédente, qu’à De Gaulle. Comme quoi rien n’était clairement  défini et que tout était mal ciblé.
Au même titre, en descendant dans la hiérarchie où elle était directement confrontée aux prérogatives des diverses branches de l’organigramme social, elle n’aimait pas le maire, le juge de paix, le curé, les gendarmes, le garde-champêtre, le notaire, l'huissier de justice - le plus abhorré de tous -  et l’épicier. Il n’y avait guère que le facteur qui était à l’abri de ses foudres, sans doute parce qu’il apportait régulièrement dans sa sacoche de cuir les beaux billets tout neufs des allocations familiales.
L’instituteur également avait droit à son indulgence. Et ça, c’était peut-être pour deux raisons. D’abord parce qu’il n’était pas en excellents termes avec le curé et aussi parce que, elle, elle avait été reçue première du canton au certificat d’études, qu’elle aimait écrire de belles pages sans ratures, qu’elle avait une orthographe soignée et que ces différentes dispositions lui venaient pour partie d’un instituteur gardé intact dans sa mémoire. Idéalisé, à n'en pas douter.
Tout cela me tint donc lieu, en filigrane, de panneaux indicateurs posés sur la route de mes premiers pas et je me suis, je le crois aujourd’hui, dès lors retrouvé à marcher en m’appuyant sur eux comme sur les témoins d'une science exacte, alors qu’ils n’étaient que les réflexes particuliers du ressenti particulier d’un individu autre que moi-même.
Si j’ai très tôt balancé au fossé la plupart de ces panneaux, les plus simplistes, le fil directeur ne m’en est pas moins resté en profondeur et, par-dessus tout, la raison mal conceptualisée de leur raison d’être : cet amour surfait, irraisonné, naif, de la vie.
C’est avec ce genre de cadeau dans la musette qu’on marche forcément au-devant des grandes déconvenues et, donc, qu’on s’engouffre, par l’effet d’un miroir trompeur, vers une sympathie plus ou moins manifeste pour tel système de pensée et vers le rejet systématique d’un autre.
Ce sont les causes, du moins celles qui sont accessibles à mon entendement présent, de ces fourvoiements et de ces égarements - qui ne furent pas tous pénibles, loin s’en faut, beaucoup même ayant été vécus avec joie - que j’aimerais, pour ma délectation, mettre au jour.
Pour se raconter, il n’est jamais trop tard dans une vie, surtout dans un monde qui, de toute évidence, va tout droit au chaos parce que les idéologies - les idées - des uns comme des autres, qui semblaient irréconciliables,  ont fini par copuler dans le lit d'une ignoble dialectique, pour concevoir un mélange dévastateur, que nos propres idées, tout à leur orgueil d’idées, n’ont nulle part su voir venir.

12:49 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

25.11.2015

Une personne digne et lucide dans la douleur

10984612_10153260414194067_5329350651434765136_n.jpg " La sœur d'une victime des attaques de Paris, tuée au Bataclan, explique pourquoi elle et sa famille ne participeront pas à l'hommage national qui aura lieu vendredi à Paris.
Emmanuelle Prévost est la sœur de François-Xavier, tombé sous les balles des terroristes alors qu'il assistait au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan le 13 novembre.
Sur sa page Facebook, elle a publié lundi un long message expliquant pourquoi elle et sa famille ne participeront pas à l'hommage national qui sera rendu aux victimes le 27 novembre aux Invalides en présence de François Hollande. La jeune femme liste les raisons de ce boycott, parmi lesquelles:

- "Parce qu'en France, les attentats perpétrés du 7 au 9 janvier de cette année ont fait 17 victimes,

- Que depuis, rien n'a été fait"; "parce qu'en France, il est possible d'être en lien avec un réseau terroriste, de voyager en Syrie, et de revenir, librement";

- "Parce que les représentants de l'Etat français ont décidé de mener des raids aériens contre l'Etat Islamiste en Irak puis en Syrie sans se soucier de préserver, avant d'agir, la sécurité de leurs concitoyens".

 "Alors NON, merci Monsieur le Président, Messieurs les politiciens, mais votre main tendue, votre hommage, nous n'en voulons pas et vous portons comme partie responsable de ce qui nous arrive! C'est plus tôt qu'il fallait agir. Les attentats du mois de janvier auraient dû suffire!", déplore-t-elle.
Emmanuelle Prévost conclut en appelant au boycott de l'hommage national.

Son statut a été partagé plus de 10.000 fois à ce jour. "

                                                                                                                                                                              Source : 7 sur 7 (Belgique)

14:18 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | Bertrand REDONNET

20.11.2015

La colère me laisse sans voix

Un de mes proches les plus proches grimpe tous les matins dans le métro parisien, sur une ligne des plus bondées, la peur au ventre, m’a-t-il confié au téléphone…
J’ai une peine immense pour lui.
Et je ne décolère pas d’entendre Hollande, entouré de flics, de policiers armés jusqu’aux dents, de soldats, de gardes du corps, d’agents du renseignement, ayant couche molle dans un palais blindé et protégé  telle une forteresse, s’en aller bêlant à tout vent : ne pas céder à la peur, pas faire d’amalgames, pas rajouter de clivages aux clivages, je veille sur Vous…
Cré nom de dieu d'bon dieu, qu’au moins il se taise et laisse les gens donner le nom qui sied à leur terrible angoisse !
Car qui les a conduits dans cette impasse criminelle, dans ce redoutable coupe-gorge, les gens ?

Nous marchons sur des braises… Et le plus terrible est que ce sont les incendiaires par incompétence, idéologie, irresponsabilité, mensonges intéressés, confusionnisme et désir de grandeur, qui ont en charge de veiller à ce que nous ne périssions pas tous cramés !
C’est la raison pour laquelle il n’y a rien à dire, sauf à vouloir ajouter de l'obscurité aux ténèbres. 

La seule question qui vaille et à laquelle il faudrait enfin répondre est : comment la France en est-elle arrivée à se faire haïr à ce point de non-retour par les enfants qu'elle était censée nourrir et qu'elle a accueillis en son sein ?
C'est aux Français de répondre. Pas à ceux à qui ils ont confié, depuis tant d'années,  par bêtise et aliénation, le droit de  parler en leur nom !

14:38 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) |  Facebook | Bertrand REDONNET

14.11.2015

En deuil

                                                                                                                     

Par-delà l'épouvante et la compassion, la question :

Comment est-ce possible ?

ambassade de France.jpg

A1.jpg

 Devant l'ambassade de France à Varsovie.
Merci au peuple polonais...

13:32 | Lien permanent | Commentaires (11) |  Facebook | Bertrand REDONNET

10.11.2015

Un philosophe mort bien longtemps après la philosophie

néant.jpgDans quel abominable désert de la pensée vivons-nous donc ! Dans quelle idiotie lénifiante évoluons-nous ! Dans quel vide sidéral sommes-nous contraints de chercher à nous exprimer !
C’en est tout simplement effrayant !
Le « philosophe » André Glucksmann  est mort. Destin normal de tous les hommes en leur condition de mortel. La mort est en soi un drame. Une infinie tristesse.
Mais de grâce, qu’on se taise et qu’on n’encense pas celui-ci plus que n’importe quel quidam de mes campagnes ! En rien, il ne l’aura mérité.
Quand j’entends les éloges de Hollande, de Valls et de Macron, j’en frémis d’horreur et je mesure toute la pauvreté stéréotypée de ces gens de pouvoir ! Je vois quels étudiants besogneux et sérieux, premiers de la classe et lèche-cul pétant dans la soie, ils ont dû être, cherchant partout un modèle pour formater leur cerveau désespérément stérile de toute originalité et de toute initiative poétique.
Glucksmann anti-totalitaire !  Quelle belle affaire ! Quelle découverte et de quelle témérité il faut faire montre pour être un anti-totalitaire ! Quelle brillante et audacieuse personnalité !
Trouvez-moi un homme qui ne se dise pas contre le totalitarisme ! Si tous avaient alors la prétention d’être écrivains-philosophes et intellectuels engagés, il ne resterait plus grand monde pour faire autre chose !
Rappelons alors, en guise d’oraison funèbre, que Glucksmann tire sa première notoriété d’un livre où il dénonçait - fort tardivement car il était déjà à l’aube de la quarantaine - les crimes du Goulag et le totalitarisme des systèmes dits communistes, après avoir été pendant des décennies un maoïste pur et dur, intransigeant,  partout où il avait l’occasion de le faire savoir !
La cause du peuple, ça vous dit quelque chose ?
Nous qui ne sommes pas des philosophes, nous qui n’avons pas emmené Sartre et Aron la main dans la main chez Valéry Giscard D’Estaing, nous qu’on n’a jamais invités à venir s’exprimer sur un plateau de télé ou derrière le moindre micro de radio, nous que les grands éditeurs ont toujours refusé de transmettre, nous qui mouront sans un mot gentil jeté sur notre sort, nous avons dénoncé avec force et combats tous les stalinismes, sous quelque forme qu’ils se soient manifestés, de Staline, Mao, Trotski, Kamenev, Duclos, Geismard, à Sartre en passant par Aragon, et même Glucksmann et tutti quanti, alors que nous n’avions même pas encore vingt ans !
Nous nous sommes battus dur contre tous les groupuscules dits révolutionnaires et qui ne faisaient que chanter la messe marxiste-léniniste à une époque où Glucksmann en était un grand prêtre, voire un évêque, de cette grand’messe du mensonge collectiviste !
Nous lisions Debord et Vaneigem, crachions sur la Révolution permanente et levions, dans des tavernes obscures, à Barcelone, Amsterdam, Paris ou Hambourg, nos verres à la mémoire de Nestor Makhno, quand Glucksmann avait les yeux rivés sur Pékin, brandissait encore le petit livre rouge et décortiquait Lénine !
Nous servira-t-on après ça, ce genre de salades : que nous avons mis « notre formation intellectuelle au service d’engagement public pour la liberté »(Hollande),  que « nous guidions les consciences",  (Valls),  que « nous avons fait partie de ces philosophes courageux qui ont éclairé très tôt… et blabla blabla » (Macron) ?
Mon dieu, quelle horreur d’avoir passé sa vie dans l’erreur pour finir encensé par des menteurs aussi creux !
Nous, nous étions du côté de nous-mêmes, des vauriens, des loosers, de la racaille et des poètes enivrés…
Des anarchistes toujours trop en retard, mais arrivés partout avant tout le monde. C’est pour cela que nous ne méritons rien et  que nous ne sommes pas peu fiers du mépris formulé à notre adresse par les gens du pouvoir et leurs acolytes, les penseurs à la gomme.
Un seul de leurs compliments anéantirait tout ce que nous avons pu trouver de joie et de vérité sur le chaos de notre chemin !
Glucksmann aura passé sa "carrière", tout comme son compère Lévy, à énoncer des suites interminables d’erreurs lamentables et à contretemps – les Serbes,  le Kosovo, Poutine, le soutien à la guerre en Irak, le soutien à Sarkozy, etc – mais il aura réussi à faire passer ses apostasies intellectuelles successives pour autant de nouveaux chemins de Damas, soudainement ouverts sous ses pas !
Certes. Ils furent et sont encore des milliers  et des milliers comme ça !
Mais quelle tristesse puante que de voir les socialistes qui vous gouvernent, ceux qui vous font cracher l’impôt, lui lécher d'aussi indécente façon  le linceul !
La nullité d'esprit rendant hommage à l'esprit de nullité !

Ce monde est bien misérable et peu sont encore les hommes qui prennent la peine d’en souffrir !

 

14:51 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

09.11.2015

D'une langue l'autre

littérature,écritureLa route accompagne la forêt, mais d’un côté seulement. De l’autre, s’étirent des prairies et des chaumes ravinés de pluie sur lesquels le vent bouscule des herbes folles, jusqu’aux lisières d’une autre forêt.
La même, en fait.
Nous ne savons même plus quand nous traversons des clairières. Nous ne savons même plus donner leur juste nom aux paysages. C'est que nous sommes trop grands pour ça ! Nous avons d’autres soucis. Nous sommes des gens sérieux !
C’est un bel endroit pourtant et le soleil, entrecoupé de gros nuages blancs, se balade au-dessus.


Il déboule sur ma droite. Il a surgi de la profondeur des pins. Il est impressionnant. Avec une couronne royale, superbe, large, qui s'étale sur sa tête. Et il court très vite, l’autre limite de la forêt en point de mire. La clairière doit lui sembler bien immense ! Comme si l'horizon reculait sans cesse. Comme dans les mauvais rêves.
C’est un cerf. Puissant, roux, les naseaux au vent.
Je m’arrête. Nous le suivons des yeux. Il disparait bientôt dans l’ombre des sous-bois lointains. Enfin chez lui.
La lumière arrosait sa robe.
Jeleń. Le cerf. Un faux ami. Pas l’animal, mais le mot qui le désigne aux hommes. Sa prononciation, yélègne, me l’a souvent fait confondre avec l’élan, autre grand cervidé parcourant ces forêts humides de la proche vallée du Bug. L’élan, c’est łoś. Rien à voir.
Et ce jeleń, ce cerf, est un mot qui n’est pas très gentil pour les Polonais. Car il désigne aussi, appliqué aux humains, celui qu’on peut rouler facilement ou qu’on se propose de rouler dans la farine.  L’ingénu. La proie facile des malfaisants.
Je cherche pourquoi. Sans résultat. Un équivalent peut-être en français ? Oui. Il faut, dans ce cas-là, traduire le cerf par pigeon.
J'illustre. Il y a quelques décennies, en virée quelque part dans le Lot avec trois copains de mon joyeux acabit, nous cherchons une auberge et nous la trouvons bientôt, douillettement ombragée par de vénérables arbres… Avec un ruisseau qui  gambade en son jardin. Charmant, tout ça. Exactement ce qu’il nous faut. Oui, mais l’’enseigne, qui se balance sous la brise d’été, grince : Aux quatre pigeons… Moues dubitatives. Ça tombe mal : nous sommes quatre et l’un de mes compagnons de marmonner, au moins, ils annoncent la couleur !
Ici, c’eût donc été Aux quatre cerfs. Aucun sens détourné, aucune évasion allégorique possible. Ou alors une auberge pour des cocus. Quatre cocus en vadrouille cherchant à noyer leur chagrin dans le fond des verres.

Et oui, je suis cocu, j’ai du cerf sur la tête, chantait Brassens…

Quel écart, donc, entre les images-raccourcis d’une langue à l’autre ! Une vision différente du monde. Une imagerie de l’imaginaire sans rapport l’une avec l’autre.
Mais j’insiste :
- Pourquoi un cerf ?
- Et pourquoi donc un pigeon ? me rétorque-t-on avec juste raison.
- Je n’en sais ma foi rien. Je consulterai les dictionnaires.

Et je n’apprendrai alors que d’insipides évidences. Plumer un pigeon, vieille expression du XVIe, pour dire duper. Rideau. Ces dictionnaires ne semblent pas en savoir plus long que moi. Sinon qu’il y a aussi le dindon. De la farce, le plus souvent. On peut aussi plumer un dindon, c'est bien vrai ; surtout si on se propose de le bouffer. C’est d'ailleurs fortement conseillé.
Plumer un cerf me semble plus délicat....
Tout cela ne me construit donc aucune passerelle entre le cerf polonais et le pigeon français. Chaque langue a-t-elle ses propres transpositions anthropomorphistes ? Sans doute.
J’en conclurai donc plaisamment que dans un couple franco-polonais - je dis ça au hasard, bien sûr - si on laisse se répandre l’ennui, par exemple, alors, le pigeon serait celui auquel on planterait du cerf sur la tête.
Mariant ainsi les deux langues dans l’infortune.

14:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

07.11.2015

Les mouches à merde

littérature,écriture,politique,histoire,parti socialisteDes nuées de connards bêlant comme des moutons aiguillonnés au cul par des bergers qui leur tondent chaque jour un peu plus la laine sur le dos,  avaient clamé, il y a peu, qu’ils étaient Charlie, trop heureux d’avoir trouvé soudain une identité à se coller sur la poitrine et sur un chemin désespérément vidé de toute initiative individuelle.
Si les meurtres de janvier restent une abomination, ce qui s’en est suivi a toujours été pour moi, et pour beaucoup d’autres,  une macabre mise en scène de comédiens dégueulasses et pourris jusqu’à la moelle.
D’ailleurs, si les bourreaux m’écœurent, les victimes, elles, me dégoûtent comme me dégoûtent toutes les mouches à merde qui s’engraissent en permanence du jus dégoulinant des cadavres.
Liberté d’expression, que de saloperies commises en ton nom  par des gens fortement engagés dans une direction qui, elle,  ne veut justement pas dire son nom !
Tu veux la connaître cette direction, connard ? Alors reprends toutes les insultes proférées par ces manipulateurs de la dérision depuis une trentaine d’années et trouve qui manque à l’appel ; trouve qui n’a jamais été égratigné par la moindre virgule dans leurs colonnes mercenaires !
Aujourd’hui, ces mouches à merde s’en prennent au crash de l’avion russe et rigolent comme des monstres  sur plus de deux cents personnes lambda écrasées au sol !
Puisse leur rire les étouffer bientôt jusqu’au dernier !
Moscou s’insurge à juste titre et les mouches à merde d’ânonner, comme des machines bien huilées, c’est parce que vous êtes un pays totalitaire alors que nous, dans notre belle France, on a le droit de dire ce qui nous passe par la tête… Enfin, quand ils disent tête, il faut entendre, en fait, porte-monnaie…
Honte au gouvernement français, à son premier ministre, et à cet abominable président de n’avoir pas même un mot de réaction indignée et de compassion  pour les victimes du crash, salies par la bave de ces crapauds !
Liberté d’expression ? Mon cul !
C’est tout de même  répugnant que ce gouvernement  qui vient de faire adopter une loi sur la surveillance des communications venant de ou partant vers l’étranger – donc aussi les miennes a priori -  laisse ses suppôts dégueuler les pires insanités ! Salauds, va !
Un dernier mot pour rappel : lors du carnage de janvier, l’urgentiste pleurnichard, là, je ne me souviens plus de son nom d’merde, présent sur les lieux, avait téléphoné aussitôt à Hollande pour lui dire le désastre.
Vous en connaissez beaucoup, vous, qui ont le numéro de portable du président dans leur répertoire ?
Ces nécrophages rampants sont de lâches agents du pouvoir, porte parole, en autres, de la phobie anti-russe de ce gouvernement d’incapables et de sournois !
Tout comme leurs acolytes de France 2, eux œuvrant sur le registre sérieux et professionnel, qui programment un documentaire sur Staline et, aussitôt après, une émission sur Poutine.
Intérrogés, ces gens sans aveu de dire : pur hasard.
Imagine un peu un documentaire  sur Hitler, immédiatement suivi d'une émission sur Angela Merkel. Quel tollé indigné de ce nid de rats qu’on appelle encore « la présidence de la république ! »
Non, je déconne,  en fait. Ceci eût été impossible, la censure de la liberté d’expression aurait en amont veillé au grain…

03.11.2015

Aux frontières de l'absurde

Passeport, s’il vous plaît…Hum… Voyons voir…Quelle est votre profession ?
- Poète, monsieur. Comme indiqué sur le document.
- Poète ?!? Mais c’est pas un métier ça !
- Comment ça, c’est pas un métier ? C’est comme ça en tout cas que je gagne ma vie. Donc, c'est mon métier.
- Vous vendez vos poèmes ?
- Je les chante, plus exactement..
- Ah ! Je vois. Vous êtes un chanteur ?
- Disons que je suis un poète-chanteur
- Alors pourquoi n'en est-il pas fait mention sur votre passeport ?
- Parce que c’est plus important pour moi d’écrire que de chanter. Si je n’écrivais pas, je ne pourrais pas chanter,
Ça tombe sous le sens.
- Admettons. Et qu’écrivez-vous exactement ?
- Des poèmes, bien sûr.
- Mais ils disent quoi, vos poèmes ?
- Un poème ne dit jamais rien, monsieur. Il suggère.
- C’est curieux… Et ils suggèrent quoi, vos poèmes ?
- L’amour, l'égalité, la fraternité...
- Hahaha ! Ils  doivent être très courts !
- Ah, monsieur a de l’humour et s’y connaît un peu !
- Non, pas du tout. Je sais simplement qu’on en a vite fait le tour, de ces balivernes. Chez nous du moins.
- Charmant pays, ma foi !
- Tout autant que le vôtre, monsieur. La preuve, vous voulez y entrer.
- Pour chanter seulement.
- Pendant huit jours, si j’en crois votre  visa.
- Oui.
- Hé ben…
Ça n’intéressera pas beaucoup les gens, vos poèmes chantés.
- Comment pouvez-vous le savoir ?
- Parce qu’ici on ne chante pas le superflu. On célèbre le nécessaire.
- Vous trouvez que c’est superflu, l’amour et la fraternité ?
- Superflu de le chanter, oui.
- Et pourquoi donc ?
- Parce que les gens amoureux et fraternels ne le chantent pas. Ils le vivent.
- Tiens, c’est une façon de voir les choses. Un peu bizarre, mais bon…
- Mais, dîtes-moi, monsieur le troubadour : Un poète ne chante-t-il pas ce dont il est privé et qu’il espère ?
- Heu.. Si. Enfin... Oui, ça arrive, effectivement. Il sublime, disons.
- Ben alors, vous voyez bien ! Si vous aviez tout ça à vivre, votre égalité, votre fraternité, vous n'auriez nul besoin de le chanter ! Et les gens auraient encore bien moins besoin de vous écouter !
- Parce que chez vous les gens sont  fraternels, peut-être ? Hein ?
- Oui, bien sûr, qu'ils le sont. C’est la loi.
- La loi ?!!! Mais, la fraternité…
- Vous êtes un sauvage, mon brave homme. Vous rêvez à des hommes fraternels sans une loi pour les y contraindre ?
- Heu… Oui… C’est même exactement comme ça que je vois les choses.
- Hé ben ! Ils doivent être complètement idiots vos malheureux poèmes ! Chez nous, la dictature est fraternelle et solidaire.
- Je meurs ! Une dictature fraternelle !
- Votre démocratie l’est-elle plus ?
- Heureusement que oui ! Hahaha !! En tout cas, les hommes ont le droit de penser et d'écrire ce qui leur chante.
- De penser, ça, tout le monde peut le faire. Ici aussi, on a le droit de penser. Ça ne mange pas de pain, comme on dit chez vous. Mais de vivre leurs pensées, ils ont le droit, chez vous ?
-
Ça dépend.
- Ça dépend de la pensée, sans doute ?
- Oui, un peu quand même.
- Et qui détermine si les  pensées sont bonnes ou mauvaises à penser ? Si elles ont le droit de vivre ?
- Le bien commun, la tranquillité commune, le "vivre ensemble"...
- Et qui décide de tout ça  ? Qui donne forme à vos abstractions ? Parce que ce ne sont là que des abstractions, mon brave...
- La logique humaine.
- Ah, c’est un régime philosophique ?
- Non ! Enfin...C’est la majorité qui décide.
- Et la minorité, elle fait quoi ?
- Elle…Ben… Je ne sais pas. Elle se plie aux avis de la majorité.
- Elle se plie.. Tiens, tiens...En effet, vous avez bien besoin de chanter la fraternité, poète ! Parce que la vie ne doit pas être rose pour tout le monde chez vous-autres !
- Et alors ? Bon sang de bonsoir! C’est ça, la démocratie ! Chez vous, c’est une poignée qui décide, sans doute, qui décrète, qui…
- C’est une poignée qui est la majorité, oui. Tout le reste est la minorité. Pourquoi tenez-vous absolument à ce que la majorité soit plus nombreuse que la minorité ?
- Mais c’est absurde ! Ne serait-ce que dans les termes !
- C’est absurde, oui. Vous ne saviez pas que vous veniez chanter dans un pays absurde ?
- Non.
- Alors, je ne puis autoriser votre séjour, mon cher. Ici, l’absurde fait partie de notre fraternité solidaire.
- Ah ben ça alors !
- Qu'est-ce qui vous étonne ? Comme chez vous, mon brave !
- Comment ça ?
- Si je vais chanter chez vous que la majorité doit être éliminée et que la minorité doit être au pouvoir, ne m’expulsera-t-on pas pour subversion ? Du moins ne m'interdira-t-on pas de chanter, encore que sous un prétexte fallacieux ?
- Si. Peut-être. Enfin... En tout cas, on ne vous écoutera pas.
- Hé bien là non plus, on ne vous écoutera pas. Séjour inutile, donc. Veuillez repasser par là, monsieur. Tenez, votre passeport. Bon retour en démocratie! Et apprenez au moins à écrire des choses qui ont du sens, au lieu de réciter les messes de vos chefs majoritaires ! Au suivant !
- Ah ben ça, alors !

13:17 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET