29.09.2015
Rencontre en deux temps - 1 -
Je ne l‘ai pas vu arriver et je n’ai donc pas entendu dans quelle langue il me saluait.
Car j’étais absorbé, colère, dans la lecture des affligeantes déclarations de Hollande à la grand’messe de l’ONU ; déclarations qui le font l’allié objectif des ennemis qu’il prétend vouloir combattre.
J’étais surtout très énervé de lire que ce saltimbanque répétait à l’envi, comme une vieille horloge montée à l’envers, qu’Assad était un tyran, comme si on avait besoin de sa science pour le savoir et comme si le roi d’Arabie Saoudite, chez qui il est allé faire le bouffon, qu’il caresse dans le sens du poil, à qui il vend des armes et des avions alors qu’il décapite à tour de bras ses opposants, n’était pas, lui, un sanguinaire. Apparemment, pour ce Président de plus en plus désastreux, il y a les bons tyrans et les mauvais tyrans. Une morale politique à tiroirs et à géométrie variable… Ou alors, il poursuit d'inavouables objectifs qui ne sont pas ceux du pays qu’il est censé représenter et il conduit tout le monde au désastre !
Donc, je n’ai pas entendu arriver mon visiteur et je lui ai demandé, en polonais, en quoi je pouvais lui être utile.
C’était un tout petit pépé, frêle, au sourire sympathique, d'emblée attachant. Mais quand il m’a entendu parler polonais, son sourire s’est tout à coup effondré.
Il a baissé les bras, comme quelqu’un qui, décidément, n’y arrivera pas.
Il a demandé, dépité, avec un fort accent : Vous… Vous ne parlez pas français ?
J’ai ri, si, si, bien sûr que si, puisque je suis français.
Il a poussé un long soupir de soulagement et il m’a demandé si je pouvais l’aider…
Avant même de savoir en quoi, j’ai dit oui, je peux vous aider.
Il était venu d’Italie, à la rencontre des lieux de sa propre archéologie ; il était à la recherche du passé de son père.
J'ai compris que, venant de lire les bruits de guerre du présent, j'allais me curieusement plonger dans celle du passé.
Que le petit pépé était le messager impromptu de l’éternel recommencement des chaos.
La suite bientôt...
14:31 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET
Les commentaires sont fermés.