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25.01.2019

Rencontre

littérature,écritureQuelque chose que nous ne percevons pas, que nous ne concevons pas même, présiderait-il aux surprenants clins d’œil que nous concède parfois le hasard ?
Je ne sais pas, moi, l’alignement des planètes, une distorsion de l’espace-temps, la marche millimétrée du vaste monde, un caprice quantique, la vitesse du vent dans les barreaux de chaise ...
Toujours est-il que, récemment, je suis resté perplexe devant un de ces clins d’œil…
Et pourtant, le hasard, c’est comme le néant, ça n’existe pas. En concevoir l’existence, c’est déjà en nier la définition.
Mais commençons plutôt par le début…

Les campagnes de l’Est polonais sont désertes et dorment sous la neige et les silences transis.
Comme chaque jour, j’ai pris mon vieux bâton d’acacia et je suis parti marcher sur la route de la forêt. Six kilomètres, c’est là ma distance. D’habitude, il me faut environ une heure, mais, depuis quelques jours, je dois ralentir le pas, calculer où je le pose, car la glace est traître et les lois de la pesanteur douloureuses. 
Mes pensées divaguent, des bonnes, des tristes et des insipides…
Je me suis habitué finalement à ce rude climat, jusqu’à l’aimer, même.
Les copains avec lesquels «je discute» par mails ou messagerie, là-bas, du côté des rives océanes, à l’autre bout du continent, s’émerveillent parfois d’un flocon égaré sous la brise de leur latitude. Rarement, il est vrai. Ce qui en fait tout le charme…
Un grand corbeau promène son ombre désolée par-delà la cime des grands pins. J’entends son aile qui chuinte  sur le gris du ciel. Là-bas, d’où je suis venu, tout près de Mauzé-sur-le-Mignon, une petite bourgade de deux mille âmes chère au Cochon de Morin de Maupassant,  il n’y a plus de corbeaux depuis fort longtemps. Que des vols de corneilles mêlés aux freux et aux choucas. Lacus duorum corvorum est pourtant tout près, à quelques chemins de halage seulement, qui garde la légende du grand oiseau noir.

Une voiture cependant, que je n’ai pas entendue venir, s’arrête à ma hauteur. Le vagabondage de mes pensées en est évidemment interrompu tout net.
L’homme est jeune, une quarantaine d’années à peine. Il me sourit, son visage a quelque chose de poupin et de bienveillant.
Sans doute pense-t-il que je vais au  bourg de la commune, Łomazy, situé à dix kilomètres de là, car il propose fort gentiment de me prendre à son bord.
Je le remercie, je lui explique que je fais de la marche pour ma santé, pratiquement tous les jours, une sorte de sport. Pour le plaisir aussi.
Il sourit encore : à mon fort accent, il vient de comprendre que je n’étais pas Polonais.
Effectivement, lui dis-je, je suis Français. J’habite tout près, au village que vous venez de passer…
Français ? Ah, il garde un très bon souvenir de la France ! Il y est allé, il y a de ça une vingtaine d’années.
Je ne suis pas étonné, beaucoup de Polonais, même ici, dans l’Est, sont allés en France. Je lui demande alors où et je m’attends à Paris, Lille, Rennes, Lyon ou Bordeaux…

 - Une toute petite ville, me dit-il, Mauzé-sur-le-Mignon.

11:37 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

18.01.2019

Niort et Houellebecq

240px-Panorama_Niort.jpg " La troisième journée de voyage fut interminable, l’autoroute A10 semblait presque entièrement en travaux, et il y eut deux heures de bouchons à la sortie de Bordeaux. C’est dans un état d’exaspération avancée que j’arrivai à Niort, une des villes les plus laides qu’il m’ait été donné de voir. Yuzu ne put réprimer… etc. et etc.…" 

Michel Houellebecq - Sérotonine -

Houellebecq ne m’intéresse pas. Il fait son bisness littéraire, il tisse toujours la même toile, il rabâche ses angoisses, ausculte son nombril ; cela ne nous regarde pas. Il a du succès, la critique se pâme, grand bien lui fasse, et, franchement, tant mieux pour le bonhomme !
Les livres que j’ai lus de lui, le dernier en date étant La Carte et le territoire, ne m’ont pourtant pas laissé cette empreinte indélébile, cette sorte de désarroi jubilatoire que vous laissent les grands livres, une fois le dernier mot refermé…
Mais, vivant à l'autre bout de l'Europe et venant de la région de Niort, ayant même « travaillé » pendant quinze ans dans ses murs, je me suis forcément intéressé à la polémique suscitée par une phrase de l’écrivain à propos de cette ville.
Et une fois encore, s'il en était besoin, preuve m’a été donnée que tous les braillards du monde, quel que soit le propos incriminé, ne savent brailler que sur des bribes sans contexte, tout os étant bon à ronger pour le braillard.
Je me fous  en effet comme de ma première chemise bleue que Niort soit laid ou beau, mais je trouve que Houellebecq, sur ce coup-là, a été très perspicace, très proche du réel, très « écrivain ».
Car -  je le dis souvent - tous les endroits sont beaux ou laids selon ce qu’on y vit. Or le narrateur arrive dans la ville dans un  état d’exaspération  avancée.
Rien n’est plus vrai : dans cette disposition d’esprit, tout est moche.
Je me souviens de promenades dans le cirque de Gavarnie alors que je n’étais pas bien du tout dans ma tête. J’aurais pu écrire que ce site était moche comme le cul des chiens !

Imaginez un instant la phrase : "C’est dans un état d’exaspération avancée que j’arrivai à Niort, une des villes les plus chatoyantes qu’il m’ait été donné de voir."
Ridicule !
Donc, bravo Houellebecq.  Niort est ici hors sujet… 

14:47 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

16.01.2019

Le génie de Balzac

sapins.jpgRelevé chez Balzac* :

" Les parvenus sont comme les singes desquels ils ont l'adresse : on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l'escalade ; mais, arrivés à la cime, on n'aperçoit plus que leurs côtés honteux."

Et me suis dit que, certainement, c'était ça le génie littéraire : être capable  d'écrire quatre pages sur un bouquet de fleurs* et dire en deux lignes des milliers et des milliers de gens, intemporels, de tous les milieux et de toutes les conditions.

* Le Lys dans la vallée, édition de poche 1995, page 95

* Félix glanant  sur les champs de la vallée de l'Indre un bouquet pour Mme de Mortsauf

 

Image  : Philip Seelen

18:08 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.01.2019

Quand rampe l'indicible

Crocodile_egouts_Paris_inondation_zoo_vincennes.jpgCe matin, je n’ai pas les mots pour dire mon écœurement, jusqu’au vertige, devant les termes d’une lettre anonyme adressée à la députée Aurore Bergé.
Ce genre de lettres, certes, n’est jamais reluisant mais depuis quelque temps, depuis les alentours du 17 novembre pour être bien clair, elles sont légion et ne sont même plus celles de corbeaux croassant, mais bien celles de monstres indéfinis, surgis des entrailles les plus putrides de la terre.
Et qu’on ne me chante pas la messe sur fond d'orgues lénifiantes : ce n’est pas ça, les gilets jaunes, eux, ils sont gentils, ils sont pacifiques et gnagnagna et  amen et amen encore !
J’affirme haut et fort qu’un mouvement sain, même violent, un mouvement humain, dressé le poing levé face au pouvoir pour la justice sociale et la fraternité, n’aurait jamais drainé dans son sillage de telles immondices, une telle abjection et un tel relâchement des fantasmes les plus sordides.
Et la responsabilité de ce cloporte de Mélenchon, moitié aliéné, est complètement engagée. Depuis le début ce petit homme, ce minable apprenti bolchevique aux coffres ruisselants d'or, montre, éructant et bavant, le chemin à emprunter pour repousser de plus en plus loin les limites. Voir un voyou pareil siéger à l'Assemblée c'est voir un furoncle purulent grossir sur le visage de tout le pays !
Même Marine Le Pen est plus décente que lui !
Honte imprescriptible à lui ! Honte à tous ces politiques impuissants ! Honte à ces gilets jaunes aux louches aspirations ! Honte à la France entière et aux Français, où qu'ils soient dans le monde, de laisser ainsi salir la mémoire de leurs ancêtres comme de compromettre un peu plus chaque jour l'avenir de leurs enfants  !
Soutenir un mouvement, c’est soutenir ses dérives latentes et réelles.
Quoi qu’en disent tous les mi-figues, mi raisins, tous les cueilleurs de choux flatteurs de chèvres, tous les faiseurs d’omelettes aux œufs durs et tous les culs complaisamment assis entre deux chaises.

09:50 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) |  Facebook | Bertrand REDONNET