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10.11.2015

Un philosophe mort bien longtemps après la philosophie

néant.jpgDans quel abominable désert de la pensée vivons-nous donc ! Dans quelle idiotie lénifiante évoluons-nous ! Dans quel vide sidéral sommes-nous contraints de chercher à nous exprimer !
C’en est tout simplement effrayant !
Le « philosophe » André Glucksmann  est mort. Destin normal de tous les hommes en leur condition de mortel. La mort est en soi un drame. Une infinie tristesse.
Mais de grâce, qu’on se taise et qu’on n’encense pas celui-ci plus que n’importe quel quidam de mes campagnes ! En rien, il ne l’aura mérité.
Quand j’entends les éloges de Hollande, de Valls et de Macron, j’en frémis d’horreur et je mesure toute la pauvreté stéréotypée de ces gens de pouvoir ! Je vois quels étudiants besogneux et sérieux, premiers de la classe et lèche-cul pétant dans la soie, ils ont dû être, cherchant partout un modèle pour formater leur cerveau désespérément stérile de toute originalité et de toute initiative poétique.
Glucksmann anti-totalitaire !  Quelle belle affaire ! Quelle découverte et de quelle témérité il faut faire montre pour être un anti-totalitaire ! Quelle brillante et audacieuse personnalité !
Trouvez-moi un homme qui ne se dise pas contre le totalitarisme ! Si tous avaient alors la prétention d’être écrivains-philosophes et intellectuels engagés, il ne resterait plus grand monde pour faire autre chose !
Rappelons alors, en guise d’oraison funèbre, que Glucksmann tire sa première notoriété d’un livre où il dénonçait - fort tardivement car il était déjà à l’aube de la quarantaine - les crimes du Goulag et le totalitarisme des systèmes dits communistes, après avoir été pendant des décennies un maoïste pur et dur, intransigeant,  partout où il avait l’occasion de le faire savoir !
La cause du peuple, ça vous dit quelque chose ?
Nous qui ne sommes pas des philosophes, nous qui n’avons pas emmené Sartre et Aron la main dans la main chez Valéry Giscard D’Estaing, nous qu’on n’a jamais invités à venir s’exprimer sur un plateau de télé ou derrière le moindre micro de radio, nous que les grands éditeurs ont toujours refusé de transmettre, nous qui mouront sans un mot gentil jeté sur notre sort, nous avons dénoncé avec force et combats tous les stalinismes, sous quelque forme qu’ils se soient manifestés, de Staline, Mao, Trotski, Kamenev, Duclos, Geismard, à Sartre en passant par Aragon, et même Glucksmann et tutti quanti, alors que nous n’avions même pas encore vingt ans !
Nous nous sommes battus dur contre tous les groupuscules dits révolutionnaires et qui ne faisaient que chanter la messe marxiste-léniniste à une époque où Glucksmann en était un grand prêtre, voire un évêque, de cette grand’messe du mensonge collectiviste !
Nous lisions Debord et Vaneigem, crachions sur la Révolution permanente et levions, dans des tavernes obscures, à Barcelone, Amsterdam, Paris ou Hambourg, nos verres à la mémoire de Nestor Makhno, quand Glucksmann avait les yeux rivés sur Pékin, brandissait encore le petit livre rouge et décortiquait Lénine !
Nous servira-t-on après ça, ce genre de salades : que nous avons mis « notre formation intellectuelle au service d’engagement public pour la liberté »(Hollande),  que « nous guidions les consciences",  (Valls),  que « nous avons fait partie de ces philosophes courageux qui ont éclairé très tôt… et blabla blabla » (Macron) ?
Mon dieu, quelle horreur d’avoir passé sa vie dans l’erreur pour finir encensé par des menteurs aussi creux !
Nous, nous étions du côté de nous-mêmes, des vauriens, des loosers, de la racaille et des poètes enivrés…
Des anarchistes toujours trop en retard, mais arrivés partout avant tout le monde. C’est pour cela que nous ne méritons rien et  que nous ne sommes pas peu fiers du mépris formulé à notre adresse par les gens du pouvoir et leurs acolytes, les penseurs à la gomme.
Un seul de leurs compliments anéantirait tout ce que nous avons pu trouver de joie et de vérité sur le chaos de notre chemin !
Glucksmann aura passé sa "carrière", tout comme son compère Lévy, à énoncer des suites interminables d’erreurs lamentables et à contretemps – les Serbes,  le Kosovo, Poutine, le soutien à la guerre en Irak, le soutien à Sarkozy, etc – mais il aura réussi à faire passer ses apostasies intellectuelles successives pour autant de nouveaux chemins de Damas, soudainement ouverts sous ses pas !
Certes. Ils furent et sont encore des milliers  et des milliers comme ça !
Mais quelle tristesse puante que de voir les socialistes qui vous gouvernent, ceux qui vous font cracher l’impôt, lui lécher d'aussi indécente façon  le linceul !
La nullité d'esprit rendant hommage à l'esprit de nullité !

Ce monde est bien misérable et peu sont encore les hommes qui prennent la peine d’en souffrir !

 

14:51 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Rien à ajouter! C'est parfaitement juste.

Écrit par : Zoë Lucider | 10.11.2015

Bien aise de vous revoir sur ces pages, Zoë. Et merci pour votre appréciation...

Écrit par : Bertrand | 11.11.2015

Bravo. La peste soit de ces baudruches gonflées à la notoriété !

Écrit par : Alexipharmaque | 11.11.2015

Je n'aurais pas mieux dit, Frédéric:)

Écrit par : Bertrand | 12.11.2015

La bien-pensance qui pratiqua la terreur en France pendant ces soixante dernières années et qui voudrait encore régner dira que votre billet est scandaleux alors que vous vous en tenez aux faits et les faits sont concernant Glucksmann assez terribles (comme ils pourraient l'être pour un Sollers par exemple) : mais il faut croire, à écouter les hommages qui lui ont été rendus que le fumier maoïste n'a pas d'odeur et que la célébration de la Révolution culturelle et son cortège de morts ne peut être qu'une erreur de jeunesse.
Seule pensée devant cette disparition : le chancre soixante-huitard, libertaro-libéral (Glucksmann a fini atlantiste et ce n'est pas un hasard mais une évolution logique. Il faut lire Thomas Frank "Le marché de droit divin" pour bien le comprendre), ce chancre, dis-je, voit ses premières figures aller au cimetière. Pas trop tôt...

Écrit par : nauher | 12.11.2015

Que d'énervements pour si peu...
Tout cela c'est de la pâture merdiatique. Une marionnette vient de finir son tour, une autre arrive, pas de quoi tant s'agiter, mon cher Bertrand.
Té, c'est pas ma marque préférée, mais allez donc au bas de la page, au bout de ce lien :
http://www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article49
Le texte de Castoriadis "L'industrie du vide" date de 1979, il laisse songeur.
Pour le reste, la valse des opinions, elle est tellement commune...

Écrit par : Le Tenancier | 13.11.2015

Philippe, en fait, ce philosophe de pacotille, ce penseur sans une pensée qui vaille la peine même d’être débattue, ne fut et ne restera qu’un épiphénomène d’une pourriture générale du sens critique et un archétype de l’inconvenance de l’esprit des temps.
Et ce n’est pas tant ce pauvre bougre des plateaux télé qui me fout en rogne que les espèces d’éloges à son égard de politiques, arrivés justement au pouvoir par la grâce de ce pourrissement achevé de l’intelligence.
Tout se tient : Les veaux d’électeurs, lobotomisés, ont les gouvernants qu’ils méritent et ces gouvernants ont « les philosophes » qu’ils méritent, ceux qui, par leur nullité versatile présentée comme élément de réflexion, les ont amenés là.
Le mot de Macron est édifiant : « guider les consciences ». C’est un mot de maoïste, dans le même champ lexical que « le grand timonier ».
Et vu l’état des consciences, ce jobard de Macron ne se rend même pas compte que ce n’est plus un éloge qu’il fait, mais qu’il énonce plutôt une terrible sentence !

Donc, Tenancier, je vous ai répondu en partie en répondant à Philippe Nauher : je ne m’énerve pas après Gluksmann, dont je n’ai cure. Et même, je vais vous dire : je l’avais complètement oublié depuis trente ans ce triste individu et ce sont ces connards qui l’ont pour un court instant ressuscité dans ma mémoire.
C’est donc après les susdits connards, que j’en ai. Et vous savez pourquoi ? Parce que ce sont eux qui nous ont volé la parole, à Vous, comme à moi, que vous le vouliez ou non. Ce sont eux qui pourrissent l’atmosphère et le plaisir de la pensée. Car, d’accord, vous faites le détaché, mais vous, Yves, vous avez déjà navigué longtemps sur la grand’ mare des opinions qui flottent à la dérive, vous savez de qui ils parlent et vous savez la futilité de leur sujet, alors que des millions de gens qui les écoutent baver, eux, ne savent pas forcément...
Et même pour ceux qui savent, le poison distillé n’est pas pour autant inoffensif. La preuve ? Une amie qui nous est chère à tous les deux me disait en substance : « merci pour ce texte, car j’ai toujours pris ce gars pour un salopard, mais ce matin en écoutant la radio, j’ai eu un doute.. »
Je crois que l’heure n’est plus au noble détachement, au désabusement hautain, que je peux comprendre et, même, que j’apprécie hautement. Les jours que nous préparent ces bouffons de la mise en spectacle de nos vies, risquent au contraire de nous faire amèrement regretter de n’avoir pas su reprendre la parole plus tôt.
De Glucksmann, je m’en fous comme de ma première chemise à bretelles… D’eux, non.
En tout cas, j’suis bien content d’avoir de vos nouvelles.

Écrit par : Bertrand | 13.11.2015

Rien à ajouter à votre billet et à votre commentaire concernant Glucksmann.

Quant à Macron, pour la petite histoire : on retrouve son nom dans "l'avertissement" qui ouvre "La mémoire, l'histoire, l'oubli" de Paul Ricoeur, lequel le remercie ainsi : "Emmanuel Macron à qui je dois une critique pertinente de l'écriture et la mise en forme de l'appareil critique de cette ouvrage". Rien de moins. Je ne conteste évidemment pas ce fait mais je souris en pensant au parcours ce petit-maître du libéralisme et du traitement médiatique de la politique. Il faut vraiment que l'univers médiatique fascine pour en arriver là...
Bien à vous.

Écrit par : nauher | 13.11.2015

Rectification : "de ce petit-maître"

Écrit par : nauher | 13.11.2015

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