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17.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître - 3 -

 1952/2014

Chronique 3 : Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des droits de la femme et porte-parole du gouvernement, s'offusque des chansons de G. Brassens et menace le poète d'interdiction

 Brassens.jpg

[...] J' lui enseignai, de son métier,
Les p'tit's ficelles...
J' lui enseignai l' moyen d' bientôt
Faire fortune,
En bougeant l'endroit où le dos
R'ssemble à la lune...

 [...]

  Rapidement instruite par
Mes bons offices,
Elle m'investit d'une part
D' ses bénéfices...
On s'aida mutuellement,
Comm' dit l' poète.
Ell' était l' corps, naturell'ment,
Puis moi la tête...

 [...]

 Elle eut beau pousser des sanglots,
Braire à tue-tête,
Comme je n'étais qu'un salaud,
J' me fis honnête...
[...]

Sitôt privé' de ma tutell',
Ma pauvre amie
Courut essuyer du bordel
Les infamies...

Invitée de Jean Paul Lourdin, le journaliste de BMW VTT, Vallaud Belkacem, Ministre des droits des femmes, a soudain cette moue hautaine, rapide, crispée, qui lui met la bouche en cul de poule, lui fait plisser un œil de façon presque imperceptible et donner un coup de menton ; moue propre aux femmes autoritaires et ambitieuses quand elles s’apprêtent à asséner, que dis-je ? A révéler une vérité définitive :
- Depuis que nous sommes aux responsabilités, Monsieur Lourdin, nous avons beaucoup légiféré et notamment, avec courage, sur la prostitution. Nous avons fait, je crois, avancer les consciences dans le bon sens. En menaçant le client de lourdes amendes, nous coupons l’herbe sous le pied au proxénétisme. Nous ne saurions dès lors tolérer que des individus, sous prétexte de rimailles et de poésies de bas-étage, fassent eux-mêmes de l’argent par le biais d’une espèce de complaisance envers ce proxénétisme et envers l’exploitation odieuse des filles publiques.
- Oui, bien sûr, mais... Ce ne sont que des chansons après tout! Des mots !
- Des chansons qui tombent dans toutes les oreilles et qui bafouent publiquement les préceptes de  la loi, Monsieur Lourdin ! Cet homme tient dans ses chansonnettes des propos qui sont tout simplement honteux. Notre devoir de républicains est de faire en sorte que ce genre de pratique soit partout dénoncé et, s’il y a persistance, d’ester en justice pour faire cesser ces ignominies. Ces vers sont des atteintes à la dignité des femmes.  Soi-disant artiste ou non, la loi s’impose à tous.
- Et à toutes…
- Oui, bien sûr. Mais en l’occurrence, les femmes ne sont pas concernées par ces propos boueux. D'ailleurs, Brassens insulte les femmes, certes, mais pas que les femmes… Dans une autre de ses chansonnettes, s’adressant à ce qu’il appelle «les bourgeois» il écrit et chante ce genre d’avanies : Et le peu qui viendra d’eux à vous c’est leurs fientes. Non mais ! Mais pour qui se prend-il donc ? Est-ce que, dans nos sociétés apaisées et responsables, on insulte ainsi impunément les gens en les menaçant de les souiller d’excréments ?
- Heu… Brassens chante ce poème, effectivement, mais le texte est de Richepin.
La Ministre serre les dents, se penche en avant et fait mine de tendre l'oreille en direction du journaliste, avec cet air supérieur et dubitatif qu'ont certains enseignants quand un de leurs élèves vient de dire une grosse connerie.
- De qui, dîtes-vous ?
- De Richepin. Jean Richepin.
- Je ne connais pas. Ce poète, sans doute de la trempe de Brassens, Jean Paul Lourdin, s’expose lui aussi aux rigueurs de la loi pour outrages, propos séditieux, voire incitation à la haine de l'autre...
- Heu…Hum...hum... (raclement de gorge) Mais c’est qu’il est mort en 1926, vous savez !
Petit silence et re-moue hautaine, rapide, crispée, propre aux femmes autoritaires et ambitieuses, qui leur met la bouche en cul de poule,  leur fait plisser un œil de façon presque imperceptible et donner un coup de menton, quand elles sont encore plus ridicules que de coutume. Ce qui participe de l'exploit !
- Peu importe. Laissons ce… ce…
- Richepin.
- Oui. Attachons-nous pour l’heure à interdire sur les scènes publiques ce Brassens et ses abominables lourdeurs !

09:33 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

14.01.2014

Mal à l'aise du monde

89696351.jpgAu début était le chaos…
De la survivance, des bois et des arbres et des chemins de plaine ou de sous-bois. Des oiseaux aux portes des granges, des matins qui frôlaient aux vitres des fenêtres, un cochon qui grognait dans l’étroitesse de son toit, des poules et des canards claudiquant dans la boue d’un enclos, des copains d’école qui n’aimaient pas l’école, des fermes, une rivière sporadique sur des prairies gibbeuses et une mère qui, seule, tenait tout son monde sous une autorité imparfaite, avec des règlements tacites, faciles à transgresser.
Puis, dans tout ça, un enfant mi-vagabond, mi sédentaire, mi doux, mi-méchant, pas très beau, qui rêvait - pressentant sans doute que son jardin ne serait pas éternel -  de mondes remplis d’amusements et de simples joies. Pas des joies simples. De simples joies.
Au sortir de ce jardin l’attendaient, comme craint, d’autres règlements, d’autres lois partout inscrites, d’autres façons de concevoir la propreté, le maintien, le savoir, l’amitié, l’amour…
Et c’est comme si se fussent télescopés par inadvertance l’allumette et le frottoir.
Pour que le feu soudain ne brûle pas le doigt, il faut une allumette et un frottoir spécifiques. Prévus à cet effet de sécurité. Qui se connaissent et ont été l’un pour l’autre conçus.
Sortant d’une tribu où la liberté d’aller et de venir, d’apprendre, de concevoir et d’aimer était totale si on osait la prendre sous le bras, une tribu sans père ni dieu, je n’étais pas formaté pour brailler les mêmes morales et éthiques que le monde des gens comme il faut.
Tout ne m’a semblé alors que coercition et entraves perverses à suivre mon chemin.
Jamais de ma vie je n’ai pu dès lors trouver passionnant d’être le premier en latin, d’avoir de beaux habits, d’avoir un gros porte-monnaie, un travail qui gagne, une grosse voiture, des vacances aux antipodes, des enfants plus intelligents que ceux des voisins, des profits, des leçons à donner et tout et tout et tout.
Les pommes ne tombent jamais loin du pommier, dit un proverbe polonais. Est-ce à dire pour autant que les autres fruits ne sont pas les fils d’une fleur ? Non.
Le mal à l’aise du monde ne s’érige pas en morale, en jugement de valeur, en raison définitive, en bien ou en mal.
Le mal à l’aise du monde se comprend.
Condition sine qua non pour qu’il ait une chance de conduire aux bien vécus des solitudes.

11:24 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

10.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître - 2 -

Avertissement :

Même si elle colle parfaitement à l’actualité immédiate où s’affrontent dans un spectacle à qui sera le plus grotesque et le plus bas, un soi-disant humoriste et un vrai ministre de la police, cette chronique n’en est pas née.
J’en dois l’idée à Najat Vallaud-Belkacem, terreur blanche aux mains de velours, avec sa loi sur la prostitution ; loi scélérate, stupide, inondée d’idéologie féministo-socialiste ; loi étalon d'un état d'esprit général du pouvoir, d'apparence généreuse et humaniste, mais qu'anime essentiellement une volonté de flicage total de l'individu, jusques dans ses moindre replis, dans ses moindres solitudes et moindres intimités.

 *

Brassens.jpg

1952/2014

Chronique 2 : Manuel Valls, Ministre de l'intérieur, veut interdire les prestations de Georges Brassens à Bobino

 En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j´bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J´excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"

 [...]

Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies à peine si j´ose
Le dire tellement c´est bas
Leur auraient même coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas
Leur auraient même coupé les choses
Par bonheur ils n'en avaient pas !

Sur son compte Twitter, le Ministre de l’intérieur a fait part de son indignation. Il envisage dès à présent d’adresser une note ministérielle au préfet de Police de Paris afin que celui-ci trouve la faille juridique qui lui permettrait en toute légalité de fermer Bobino, où ce prétendu poète a coutume de brailler ses immondices.

 « Dans un Etat de haute tradition républicaine, écrit-il, héritier des Lumières du XVIIIe, il est absolument intolérable qu’un chanteur (qui chante mal de surcroît) mette à profit les occasions que lui donne son métier de s’adresser à des milliers de spectateurs pour les exciter sans ambages au meurtre sur des policiers et des gendarmes et même d’aller jusqu’à menacer les fonctionnaires de la force publique de leur faire subir le supplice d’Abélard !
Je suis issu d’une faille d’artiste. Je sais dès lors faire la différence entre un véritable artiste, un poète, un créateur, et un imbécile nauséabond qui transforme ses concerts en des meetings anarchistes et des appels à assassinats sur les autorités ayant en charge le maintien de l'ordre républicain.
Il faut que les citoyens le sachent et en tirent toutes les conséquences : ceux qui vont applaudir Georges Brassens font allégeance à un Ravachol névropathe, subversif et violent.
La République ne le tolérera pas ! Elle ne saura passer outre !

Fort déconfit, Georges Brassens a poliment répondu. Non pas sur son compte Twitter, il n’en a pas. Ni sur facebook, ni sur son blog, il n’a rien de tout ça. Il a tout bêtement adressé par la poste un petit mot manuscrit au Ministre :

  Les bonnes âmes d’ici bas,
Comptent ferme qu’à mon trépas
Satan va venir embrocher
Ce mort mal embouché,
Mais...
Veuille le grand manitou

Pour qui le mot n’est rien du tout,
Admettre en sa Jérusalem,
A l’heure blême,
Le pornographe,
Du phonographe,
Le polisson
De la chanson.

14:16 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.01.2014

Impro

eq82k1qv.jpgCe texte pourrait tenir lieu de tentative expérimentale puisque je me mets au clavier sans savoir ce que je vais écrire, n’ayant aucune envie d’écrire.
Plus exactement : ayant envie d’écrire mais ne trouvant rien qui vaille vraiment la peine d’être écrit.
Voyons voir... Que se passe-t-il dans le monde ? Pas grand chose, en fait, qui soit le digne reflet de sensibilités ou d’intelligences charmantes. Au sens premier du terme.
Agréable activité tout de même, j’ai parcouru ce matin les trois ou quatre blogs qui me sont coutumiers. Celui-ci est muet depuis des lustres, celui-là, je l’ai lu hier et je corresponds en outre amicalement avec son auteur, cet autre encore, que j'ai également lu hier, fait comme moi et moi comme lui : il donne à son public un texte auquel il tenait sans doute beaucoup, un texte qui lui a demandé du travail, de l’énergie, un texte qui lui a brassé cette partie du cerveau où siège la solitude. Un texte de qualité. Le mien, bien sûr, je ne saurais dire s’il est de qualité. Je peux dire en revanche que j’y tenais beaucoup, que je l’aimais, mais, lassé du mépris dont il se voyait gratifié, le pauvre, je me suis décidé à l’offrir en lecture sporadique. Pour qu'il ait une vie.
Nous en sommes là : la misère rend généreux.
Autrement ? Ben… j’ai lu les nouvelles du monde, au premier rang desquelles celles de mon pays. Toujours passionnément ternes. Dieudonné fait la une… Révoltant à tous les niveaux.
Qu’on se comprenne bien et qu’on se comprenne sincèrement, lecteur : je ne connais pas Dieudonné. Le souvenir que j’en avais jusqu’alors, c’était un sketch lointain, très réussi, avec Elie Sémoun… Il y a longtemps. Je ne me souviens même plus lequel… Le souvenir d’avoir ri avec mon fils, souvenir futile qui resurgit devant le tapage fait autour de sa personne aujourd’hui.
C’est sans doute un con. Une espèce de bouffon négationniste, un petit curé de l’église Faurisson. Je me souviens, tiens, avoir insulté Faurisson, il y a longtemps, à Paris. Par conviction autant que par jeu. Dans une librairie.
Bref, c’est sans doute un con mais notre temps est tellement pourri que ce sont justement les cons qui, sans vraiment le vouloir, mettent au jour des évidences occultes... On n'est plus à un oxymore près. Les autres, eux, les un peu moins cons, rabâchent des simplicités compliquées et convenues qui ne font peur à personne.
Les gesticulations de Maximilien Valls sont donc grotesques. On y voit un poisson piégé par sa propre nasse et dans sa propre rivière. La liberté d’expression semble s’arrêter pour ce gars-là, pour ce républicain de haute morale, à l’énoncé de propos tout à fait anodins ou
flagorneurs, c’est-à-dire que c’est une liberté branchée sur une pile Wonder qui, comme on le sait, ne s’use que si l’on s’en sert... Par mesure d’économie, donc, mieux vaut la laisser dans l'armoire. Le misérable histrion antisémite a trouvé en face de lui son bouffon contraire dans la dialectique de la connerie humaine, lequel contraire se prend à son tour les pieds dans le tapis moelleux de ses contradictions. Hé oui, Maximilien, à force de faire verbalement l’apologie d’un truc que vous foulez aux pieds tous les jours, à force de camoufler vos véritables cartes dans votre manche d’élu aux ambitieux espoirs, fallait bien vous attendre à être un jour, trouvant sur votre route plus fourbe que vous encore, contraint d’abattre votre jeu : l’interdiction pure et simple. Finies les minauderies républicaines ! Quand toute la philosophie d'un homme politique se résume à un Tais-toi, connard, c'est que la politique a tué en lui le peu de philosophie qui, peut-être, lui restait encore ! Adieu Rousseau, salut Saint-Just !
Rendons grâce à je ne sais qui que la Veuve ait été mise au placard !
Cette histoire est lamentable parce que tous les protagonistes, Dieudonné, ses fans, le ministre vu de l'intérieur, le président, les préfets, les maires, toute la clique politique bêlante, la mémoire obligatoire de la catastrophe, sont lamentables et participent de la fausse conscience. Comme si la peur évitait le danger !
Et pourtant j’habite à vol d’oiseau tout près de Sobibor et de Majdanek ! Je n’ai pas besoin, croyez-le bien,  que des imbéciles de tous bords me rappellent ce dont je dois me souvenir, pas plus que ce dont je dois rire ou pleurer…
A tous j’adresse un mot de Cambronne enjoué !

Mais voyez comme c’est, le clavier improvisé ! Me voilà parti là-dessus comme un rat sur du bon pain… En quoi suis-je interpellé et concerné ? On ne devrait écrire que des choses qui nous concernent vraiment. Mais pour quoi faire ? Nous avons tant écrit les uns et les autres, pour dire le fond de notre être et nous avons rencontré tant de murs sans écho - quand nous n’avons pas rencontré de murs qui nous renvoyaient nos mots complètement défigurés - que je me demande bien…

Vous savez ce qui me passionne en ce moment ? Je m’en vais vous le dire sans ambages.
Derrière mon bâtiment dans lequel j’entasse la réserve de bois pour l’hiver, à l’autre bout de la cour, je construis un poulailler.  Oui, un poulailler ! J’ai déjà fait le sol, de briques et de ciment, maintenant je fais des plans ingénieux… Je révise mes notions de géométrie dans l’espace, je combine, je mesure, je conçois, j'intellectualise une petite charpente…  Un vrai plaisir. Il y aura tout autour du poulailler une charmante clôture de bois, pour que le goupil de la forêt toute proche ou l’aigle pomarin du ciel lointain ne viennent pas me voler mes pondeuses. Car au printemps, j’aurais là trois ou quatre poules qui gambaderont– si tant est que gambadent les poules -, et je m’amuserai bêtement à les regarder s’égayer.  Je veux un coq aussi. Fier et haut sur pattes. Un beau coq, avec une queue en panache et des couleurs que le soleil fera miroiter. Un coq gaulois aux lisières du pays des Sarmates, un coq qui sonnera le retour du jour dès que, en juin, le premier rayon déchirera les brumes de la nuit. Vers trois heures du matin… Je trouve que c'est beau, tout ça !

Je dois quand même avoir un grain… Ma Douce Amie rigole et dit que je m’amuse d’un rien.
J’espère qu’elle dit vrai. Parce que, de même que jamais est aussi long que toujours, un rien c’est aussi plein qu’un tout.

14:17 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

03.01.2014

Georges Brassens cité à comparaître -1 -

Brassens.jpgNous avons la prétention plus ou moins désespérée de publier de-ci de-là notre littérature. Nos velléités artistiques en matière d’écriture plus exactement.
Je me demande souvent - ce n’est pas nouveau - si nous ne sommes pas les uns et les autres qui nous adonnons à cette pratique, des décalés complets, des fous furieux n’ayant pas tout à fait pris la mesure de l’état de notre époque et si, partant, nous vivons réellement dans ce monde autrement qu’en tant que risibles zigotos.
Aussi me décidé-je sur-le-champ, pour illustrer mes doutes en même temps que  l’insondable idiotie de nos sociétés procédurières à l’affut du moindre mot pouvant échapper à leur contrôle idéologiqu
e et totalitairement démocratique, d’ouvrir chaque vendredi cette chronique : Georges Brassens cité à comparaître.
J’imagine donc des textes écrits dans les années cinquante et soixante, de main de maître et par un esprit libre, tombant dans les oreilles démocratiquement bouchées des imbéciles au pouvoir.
Il y a là matière à écrire 52 chroniques au moins. Je n’y ai pas encore mûrement réfléchi, mais, connaissant parfaitement la plume de Brassens, en la confrontant à l’esprit des législateurs d’aujourd’hui, j’en suis certain.
Le drame dans tout ça, c’est que je pense sincèrement que Brassens passerait aujourd’hui effectivement la moitié de son temps devant les tribunaux, lui qui n’avait même pas d’avocat ! C’est en dire assez long sur la décadence achevée dans laquelle nous évoluons et la placidité de bovins avec laquelle nous l'acceptons : la censure des années cinquante et soixante, moins coquette mais plus brutale que celle d’aujourd’hui, était in fine plus conséquente.
Parce qu’elle s’attaquait à des faits plutôt qu’a des fantasmes, qu'elle agissait par pragmatisme plutôt sur par procès d'intention, qu'elle ne confondait pas le mot et l'acte. Cette censure qui se nourrit des amalgames est, dans l'histoire, l'apanage des sociétés totalitaires.
Et c’est, pour ma part, à se tordre de rire pour éviter d’avoir à en pleurer de désespoir.

 *

1952/2014

Chronique 1 : Georges Brassens. Madame la Garde des sceaux porte plainte pour outrage à magistrat

 Le juge pensait, impassible
« Qu'on me prenne pour une guenon
C'est complètement impossible »
La suite lui prouva que non !


 [....]

Lors, au lieu d'opter pour la vieille
Comme aurait fait n'importe qui
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis !


[....]

La suite serait délectable
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire et c'est regrettable
Ça nous aurait fait rire un peu !
Car le juge au moment suprême
Criait :«maman», pleurait beaucoup
Comme l'homme auquel le jour même
Il avait fait trancher le cou.

Motivations de Madame la Garde des sceaux :

" Nous sommes dans un État de droit et dans une communauté de citoyens profondément attachés aux valeurs constitutives de la République. On ne peut dès lors laisser des artistes, même protégés par la liberté d’expression et de création à laquelle nous sommes tous profondément attachés, insinuer qu’un magistrat puisse être assimilé à une guenon et, de surcroît, sodomiser par un abominable gorille. Entre le bel esprit frondeur et la gauloiserie barbare, il y a une ligne que Georges Brassens a franchie.  Ce n'est pas acceptable !"

11:13 Publié dans Brassens au tribunal | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET