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22.02.2016

Nouvelles d'absence

manuscrit.jpgTrès investi depuis quelques semaines dans l’écriture d’un roman, je n’ai ni le temps ni l’envie d’écrire sur L’Exil des mots.
Quand on écrit le genre de livre que je me propose d’écrire, on ne peut qu’y plonger complètement. On y est tout le temps, même quand on n’y est pas.
J’y voudrais la langue quasiment non-perfectible et j’avance donc avec précautions et lenteur. J’ai ainsi fait une chose que je n’avais jamais faite : réécrire plus de dix fois le premier paragraphe de mon deuxième chapitre et beaucoup de choses me disent malgré tout qu’il n’a pas trouvé son chant définitif.
Comme j’ai besoin de courage, j’appelle frénésie de perfectionnisme ce qui n’est peut-être, au fond, que tarissement de l’art.
Et puis, ce roman abordant plusieurs époques historiques, voire préhistoriques, j’ai besoin de me beaucoup documenter et de prendre des notes.

Pendant ce temps, le temps s’enfuit, hivernal aux vitres de ma fenêtre.

Quand je me repose d’écrire, de tourner la phrase, de chercher le mot qui me semble le moins faux dans son rôle de représentation du réel, je m’en retourne sur les pas de Michelet avec sa longue Histoire de France.
J’ai traversé tout le Moyen-âge en sa compagnie. Plus de 2000 pages d’une écriture exquise, qui fourmillent de détails et d’envolées lyriques.
La Renaissance frappe maintenant aux portes de ma lecture.
Il n’y a bien que là qu’elle frappe, d’ailleurs.
Autour de nous, le monde - tel que le définissait brièvement Roland sur Solko il y a quelques jours - sombre inexorablement dans un obscurantisme éclairé, dont ne sont pas peu fiers les nains faits géants qui font mine de présider à sa destinée.

09:59 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Ah ça c'est une nouvelle comme on les aime ! Ce roman ne pourra être que bon Bertrand et on attendra les mois les années qu'il faudra...
C'est ça la vie qu'on veut : cette rencontre avec tous les personnages de tous les romans des (grands) écrivains qu'on aime. Dont la vie nous importe davantage que celle de notre coiffeur.

Écrit par : Michèle | 22.02.2016

Bonjour Michèle,

Je me suis donné toute l'année 2016 pour l'écrire, si je ne taris pas en cours de route.
Je veux prendre le temps de rentrer en phase complète avec les personnages, les cerner à fond.
ET puis, il y a l'écriture, que je voudrais faire passer bien avant "l'histoire proprement dite"

Écrit par : bertrand | 22.02.2016

« Quand on écrit le genre de livre que je me propose d’écrire, on ne peut qu’y plonger complètement. On y est tout le temps, même quand on n’y est pas » Et voilà bien le problème qui est le mien. Ayant par ailleurs un emploi à temps plein, je reviens à mon manuscrit en cours quand je le peux. Il y a donc des coupures et le temps de me replonger dans l’ambiance de mon histoire, je suis de nouveau interrompu.
« réécrire plus de dix fois le premier paragraphe de mon deuxième chapitre » Oui, certes. Mais parfois j’ai l’impression (du moins chez moi) qu’en voulant trop améliorer je perds la spontanéité et la fraîcheur du texte initial. La musique de la phrase s’en trouve elle aussi modifiée et finalement la dernière version est sans doute plus riche, mais correspond moins à ce que je voulais initialement exprimer ou l’exprime avec plus de lourdeur, ce qui n’était certes le but. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas corriger et améliorer, mais il faut parfois s’arrêter à temps.

Écrit par : Feuilly | 22.02.2016

Je n'ai pas besoin d'être moi-même écrivain pour éprouver qu' on écrit tout le temps même quand on n'est pas sur le clavier. Un autre emploi est un faux argument. Ecris-tu beaucoup plus pendant tes congés Feuilly ? Même si c'est oui, le temps de l'écriture est un autre temps et chacun à le sien. Quant à la réécriture pour moi écrire c'est raturer. Sans cesse. Jusqu'à l'accord.

Écrit par : Michèle | 23.02.2016

@ Michèle : oui, « on écrit tout le temps même quand on n'est pas sur le clavier ». Assurément. Il n’empêche qu’on voudrait parfois poursuivre l’écriture au moment où on écrit, mais il faut arrêter car il est une heure du matin et le réveil sonne à 6 H. Et le lendemain, mille choses de la vie courante font qu’il est impossible de s’y remettre et quand enfin c’est possible, le fil est rompu et même si intérieurement tout a continué à se mettre en place, l’élan initial est un peu rompu.

Non, je n’écris pas plus pendant mes congés pour la bonne raison que d’autres événements viennent alors se greffer. Ce qu’il me faudrait, c’est du temps pour moi. Trois jours de solitude absolue, par exemple.

« Quant à la réécriture pour moi écrire c'est raturer. Sans cesse. Jusqu'à l'accord ». Bien entendu. Le problème étant qu’on ne trouve pas toujours l’accord, malgré les ratures.

Écrit par : Feuilly | 23.02.2016

Quand on se met devant le clavier, il y a déjà beaucoup de travail accompli dans la tête. On sait à peu près ce que l'on veut mettre sur sa page. Tout le travail consiste à mettre son idée, ce que l'on a mûri, sous une forme littéraire.
Car avoir une idée, sentir quelque chose qu'on juge digne d'être transmis, que l'on porte en soi, pour ça, il n'est pas besoin d'être écrivain.L'imaginaire n'est intéressant en littérature que s'il prend la forme littéraire.
Il faut donc distinguer, à mon avis, la poésie, de l'art de la transmettre à l'autre.
Un poète n'écrit pas forcément.
C'est pourquoi je disais que lorsqu'on écrit un livre, on l'écrit tout le temps. Les deux activités sont intimement liées. Je veux dire : Même quand on n'est pas en train d'écrire, des mots, des expressions viennent et, réciproquement, quand on écrit le personnage imaginé, ou l'ambiance, ou le paysage, quelque chose échappe à l'écrivain et parfois progresse dans une logique autonome.
ça j'aime. Très bon signe. Signe que le courant passe entre l'écrivain et son texte.
Si ce courant n'est pas passé, cette jubilation, le lecteur, j'en suis certain, le ressent.
Ce n'est donc pas tant ce que l'on fait de son temps dans les moments de non-écriture ( travail, courses, ménage, jardinage, drague:)) etc..) que la disponibilité d'esprit qui compte et je reconnais que le bureau n'est pas un endroit idéal. Non pas par rapport à la charge de travail:)))) ( ça se saurait) mais par rapport à l'environnement.

Les ratures : hélas, il n'y en a plus avec l'informatique.Chaque fois la page est propre comme un sou neuf.
Bien sûr qu'il faut savoir s'arrêter. Mais, ça, seul l'écrivain le sent. C'est là le privilège de sa musique.
Le mieux, je pense, est de relire six mois après avoir fini. Car là, c'est le lecteur, plus que l'écrivain, qui relit et, lui, il est sans complaisance aucune ! Sévère même.

Écrit par : bertrand | 23.02.2016

La rature dont je parle c'est l'elagage la suppression. Rien de plus pénible que les ratures qui encombrent cachent la fluidité de la phrase. :)))

Écrit par : Michèle | 23.02.2016

«Les ratures : hélas, il n'y en a plus avec l'informatique.Chaque fois la page est propre comme un sou neuf.»

Je trouve que le texte biffé a une certaine tenue lorsque l'on émende un texte, un paragraphe. La page toujours propre comme un sou neuf, à mon avis, aseptise la méthode de travail. Ne pas effacer et corriger ou réécrire en couleur a du bon, le temps que le fruit devienne mûr.

Un avis en passant, cher Bertrand.

Écrit par : ArD | 24.02.2016

Oui, tout ça est une méthode de travail, en fait...
J'ai, sans le vouloir d'ailleurs, ménager la chèvre et le chou entre les ratures du manuscrit et le tapuscrit toujours propre... J'ouvre un fichier " passages supprimés".
De toutes façons, à un moment donné, il faut imprimer le tout ; relire sur papier et là, c'est le stylo qui biffe, remplace, change le mot de place etc...
Mais je n'en suis pas encore là sur ce chantier-ci.
ça, c'est le dessert:))

Écrit par : bertrand | 24.02.2016

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