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22.02.2017

Pan Żurek

cabane.jpgQuand le fictif et le réel en justes noces convolent, ils enfantent le plus souvent un récit. Ou un conte.
Puisque c’est ce que je me propose de faire sur l'heure, oyez donc je vous prie l’aventure – ou la mésaventure selon que l’on se place de tel ou de tel autre côté de la morale - qui advint à Pan Żurek, ci-devant citoyen de la région de Dęblin et ouvrier menuisier de son état.
Un citoyen lambda. L’ordinaire même du citoyen. Sans envergure aucune mais n’en planant pas moins bien au-dessus des cruelles interrogations et contingences de ce monde, virevoltant à son aise dans son univers étriqué, en brave homme de peu.
Il aimait cultiver son jardin, potager, il va sans dire... Et comme il était intelligent, de Voltaire il n'avait cure !
Ce petit bout de terrain acquis de hautes privations et que longeait un ruisseau cristallin, constituait l’essentiel de son bonheur. Il y soignait de mille et amicales attentions, carottes, poireaux, haricots et autres vertes salades... N’ayant charge d’aucune famille, il y passait le plus clair de son temps, pour tout dire chaque fois qu'il était de loisir, bêchant et jardinant avec, parfois, à la lèvre un doux chant, exactement comme dans la chanson du poète.
Quand les plantes arrosées et binées comme il se doit ne réclamaient pas de soins particuliers, Pan Żurek installait un petit fauteuil pliant sur les berges du ruisseau, et là, sous les frondaisons des saules et des frênes où dansaient des rayons de soleil, il taquinait le goujon.
Le silure exactement. Autrement dit, le poisson-chat.
Il avait aussi, comme tout bon jardinier-menuisier qui se respecte, construit entre les plates-bandes une jolie petite cabane de bois. S’il y remisait bien entendu ses outils de jardinage et tout son attirail de pêche, il l’avait en outre sommairement meublée d’une table, de quelques chaises, d'étagères approximatives, d’un buffet et d’un placard.
A la belle saison, quand s’attardaient les jours sur les vallons de la rase campagne, il prenait là ses repas, dans le silence solitaire et joyeux des longues soirées.
Le placard et le buffet recelaient donc
de la vaisselle rudimentaire et de bien jolies victuailles, telles que des pâtés en croûte, des saucissons, des harengs à l'huile d'olive, des fromages, des fruits secs, de la bière et de la vodka. Pour faire couler tout ça, comme on dit plaisamment chez nous.

Or, à la belle saison justement, chaque fois que Pan Żurek rejoignait son petit paradis, il trouvait la porte de sa cabane immanquablement fracturée, les vis de la serrure torturées par un pied de biche rageur et, sur la petite table, les reliefs éparpillés d’un repas clandestinement pris.
Il enrageait. Il grommelait. Il pestait. Tous les jours il gaspillait un temps précieux à réparer les dégâts, ajustant à chaque fois une nouvelle serrure, plus forte, plus sûre.
Las ! Las !  Las ! Les visiteurs indélicats ne désarmaient pas et s’armant sans doute, eux aussi, d’outils de plus en plus costauds, continuaient à saccager son bien et à se sustenter sans vergogne de ses provisions.
De guerre lasse, Pan Żurek eut alors une idée lumineuse. Plutôt que de sonner enfin les gendarmes, comme l'eût sans doute fait n'importe lequel intellectuel du commun, il placarda sur la porte cent fois torturée un écriteau qui disait sans ambages :

Messieurs les voleurs, la clef est sous la grosse pierre, au pied du vieux pommier, face aux rangs de carottes. Mangez et buvez tout votre saoul mais, de grâce, ne fracassez plus ma cabane !

Et c’est sans grande surprise et avec grande joie qu’il découvrit le lendemain que sa porte était enfin restée intacte sur ses gonds, que la serrure était en bonne santé et n’avait pas eu à souffrir de la nuit. Un mot laissé sur la table lui savait même gré de sa sollicitude :

Merci beaucoup. Nous avons fait comme vous l’aviez proposé et avons remis la clef sous sa pierre. Mais il n’y a plus de pain ! Pouvez-vous en ramener pour demain ?

Ainsi le propriétaire et les voleurs trouvèrent-ils, sans pour autant en appeler aux sévères et coûteux arbitrages des chats fourrés, un modus vivendi sympathique et continuèrent-ils, chacun à leur guise, l’un ses rêveries bucoliques au jardin des Hespérides, les autres leur vagabondage interdit sous les étoiles .
Ah, société prétentieuse, que n’as-tu jamais déniché dans tes diverses inspirations, la saine intelligence de tes gens les plus simples !

15:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

panie, tych słów nie ma w słowniku! Na przykład, pierwsze zdanie - "convolent". Convoler to powtórny ożenek, ale convolent? Google translate nie radzi sobie z pańskim francuskim. A chętnie poczytałbym, co ma pan do powiedzenia, bo że pan ładnie śpiewa to już wiem ;-) Poproszę uniżenie o streszczenie w języku sarmackim.
Pozostaję z szacunkiem
Niedoszły czytelnik.

Écrit par : gorzki | 22.02.2017

Retour des commentaires, à nouveau accessibles :))

Écrit par : Feuilly | 23.02.2017

Ben, plus exactement, ce n'est point qu'ils sont de retour, c'est que j'ai oublié de les fermer :)))
Je vais répondre à Gorzki, mais en polonais...

Écrit par : bertrand | 23.02.2017

Szanowny Panie "gorzki",
w języku francuskim, tak jak w języku polskim, istnieje koniugacja (odmiana czasowników). "Ils convolent" jest trzecia osoba liczby mnogiej czasownika "convoler".
Ma Pan zupełna racje pisząc, że utworów literackich nie da się tłumaczyć przy pomocy translatora....

TRADUCTION :
Cher Monsieur Gorski,
Dans la langue française, tout comme dans la langue polonaise, il y a des conjugaisons. Ils " convolent" est donc la troisième personne du pluriel du verbe "convoler"
Par ailleurs, c'est à juste titre que vous écrivez que les textes littéraires sont intraduisibles par Google.

Écrit par : Bertrand | 23.02.2017

Cher Bertrand Redonnet,
Je n'ai encore lu aucun de vos livres et pourtant je me raconte depuis quelques mois déjà que vous êtes un ami.
J’ai commencé à vous écrire une lettre que j'ai abandonnée parce que trop longue et surtout trop confuse, je l'aurais envoyée à l'adresse des éditions du Bug à Lyon en leur demandant de vous la faire parvenir, je ne sais pas s'ils auraient bien voulu...
J'aime votre petite histoire, elle met en appétit et sonne juste. Je me suis renseignée sur la forêt primaire pas loin de chez vous, dont vous avez parlé quelques fois. Au risque d’être ridicule ou prétentieuse, il m’a semblé voir tant de points communs entre les choses dont vous parlez et ce qui me plait et me préoccupe (mais combien d’autres personnes pourraient en dire autant, aussi peut-être que ça ne veut rien dire du tout) que j’ai imaginé qu’il fallait impérativement et sans plus attendre vous adresser un salut fraternel et ému. Mais je ne sais pas bien comment m’y prendre. J’essaie de soigner cela, mais je suis une indécrottable naïve. Alors j’imagine possibles des « communautés d’esprit ». C’est horrible dit comme cela, l’expression est vraiment malheureuse, en fait je ne voulais parler que d’amitié.
Cher Bertrand Redonnet, vraisemblablement on ne se rencontrera pas, mais sachez que vous compte parmi les vivants, les purs et les nobles. Retirez de ces mots tout ce qui s’y trouve de mystique, sentencieux, aristocratique etc, et ne gardez que l’éclat de l’étincelle, vous aurez une idée de la franche accolade joyeuse que j’imagine et qui n’existe pas seulement que dans les livres, mais parfois aussi en vrai.
C’est juste que parfois on cherche par devant soi au hasard dans le brouillard pour s’assurer que tout n’est pas complètement informe, et qui sait trouver une épaule, une voix, un grelottement réconfortant parce qu’il est toujours rassurant de savoir qu’on grelotte à plusieurs, et que personnellement, le grelottement excessif m’a toujours immanquablement fait éclater de rire, à cause des nerfs et des muscles contractés qui aspirent à la douceur.
Vous avez vu un loup un jour, je vous souhaite cette sublime apparition beaucoup de fois encore.
Ah ! l'ami… C’est éculé mais je voudrais une belle auberge d’un autre siècle ou bien la cabane de Pan Zurek aux beaux jours, ou alors un champs désert et venteux la pluie qui nous mouille le visage et la boue accrochée aux godillots, là maintenant racontez-moi le temps de ce voyage en charrette ce que vous savez des bergers, de Brassens, des anarchistes, de la Pologne, de Clément Marot que je n’ai jamais lu, de votre maladie, de vos livres, de n’importe quoi et je vous écouterais rire avec vos amis. Je ne comprendrais peut-être pas tout parce que souvent à trop regarder je n’écoute plus, mais ce n’est pas faute d’attention, au contraire.
Bien beau printemps à vous Bertrand Redonnet, ici il y a déjà des crocus et des primevères.
Moi je préfère l’automne et l’hiver, mais le 20 juin c’est quand même pas mal aussi.
Sylvaine

Écrit par : Sylvaine | 23.02.2017

Une chance pour la serrure que les voleurs sussent lire !

Si je trouve un jour cette cabane-auberge, je laisserai pour le propriétaire du haddock effeuille assaisonné de vinaigrette sur un lit de cresson :)

Écrit par : Michèle | 24.02.2017

Dziękuję za wyjaśnienie ;-), ale problem pozostaje. W dalszym ciągu przeważająca część pańskich współmieszkańców nie jest w stanie dowiedzieć się, co pan o nich (i nie tylko o nich!) pisze. Nie ośmielę się żądać streszczeń pańskich postów, ale może od czasu do czasu coś po polsku..? Jestem ciekaw, jak Francuz patrzy na świat, czy pobyt na wsi zbitej deskami zmienił pana? W końcu to niecodzienna i odważna decyzja, tak zmienić swoje życie. Powód musiał być ważki.. Mam nadzieję, że nie jestem zbyt wścibski :-)

Écrit par : gorzki | 24.02.2017

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