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26.06.2013

Réclame et CD

Le_Micro.jpgMon projet d’inscrire sur CD des poèmes que j’’ai mis en musique - un Baudelaire, un Villon, un Apollinaire -, trois fables de La Fontaine, deux chansons posthumes de Brassens dont j’ai eu l'immodestie de réécrire la musique parce que celle proposée par Jean Bertola n’était pas à mon goût, plus deux compositions de mon cru, est toujours à l’ordre du jour.
Je me rends donc régulièrement au studio d’enregistrement et voilà bien qui est tout à fait nouveau pour moi !
Insouciant et trop sûr de moi, pour tout dire ne doutant pas de ma dextérité, je pensais en effet que cela serait beaucoup  plus facile, que j’allais me ramener avec ma guitare, salut les gars, m’asseoir devant un micro, accorder, gratter, entonner, et hop, dix morceaux, dix heures, et l’affaire était dans le sac !
Las, las ! Chanter et jouer en public ou pour soi-même n’a rien à voir avec le studio. Je le découvre à mon grand dam. Parce que là, en séance d’enregistrement, on est en situation de laboratoire où il n’y a pas d’autre écoute statique et muette que celle de l’exigence de la technologie qui entend tout et qui ne laisse rien passer. Un doigt qui s’accroche un tout petit peu sur un accord, une corde qui vibre un millième de seconde de trop, la voix qui faiblit ou qui commet une fin de phrase un peu douteuse du point de vue de la tonalité, une mesure en trop ou bien en moins et basta, tout est à refaire…
On en sue sang et eau. Du moins mézigue. Parce que le technicien et propriétaire des lieux, lui, au demeurant fort sympathique, est d’un calme olympien, perfectionniste jusqu’à m’en hérisser le poil, sérieux comme un pape, si tant est qu’un pape soit sérieux.
Il affirme à chaque fois qu’il aime mes mélodies, mes arpèges et mes accords, que le son de ma guitare est très doux, que ma voix éraillée est particulière et qu’il faut que tout cela soit absolument parfait. Il enregistre des groupes de renommée nationale, il a fait ses preuves, alors il veut un CD sans une entorse. Pour moi et pour sa réputation. Comme je suis un parano indécrottable, je me suis dit au début qu'il me chantait la messe pour faire durer et gagner du fric. Jai  cependant appris par la suite qu’il était effectivement professionnel au point de refuser de continuer d’enregistrer des musiciens qu’il ne trouvait pas bons.
J’en ai un peu bombé le torse. Jusqu’à ce qu’il me foute moi-même dehors, peut-être….
Tout ça est bien. Parce que moi, un peu laxiste, beaucoup même, je laisserais volontiers filer quelques défectuosités … Comme sur scène, comme en live.
Ce qui est gravé est gravé, dit-il. Ben oui. Rien, en revanche, n’est plus éphémère que la scène, c’est là tout le contraire.
Le gros problème, c’est que, m’appliquant trop, je ne puis y mettre le cœur que je veux. Trop concentré sur la réalisation technique et la justesse de la mesure, j’en oublierais presque la force du texte et comment il doit être chanté selon moi. Or, reprenant en cela le mot de Brassens, j’aimerais bien que la musique soit accessoire, tout en étant indispensable, comme elle l’est au cinéma : qu’elle souligne mais ne relègue pas le texte au second plan.
Toute la difficulté est là ; chanter et jouer autant avec sa tête, son savoir, qu’avec ses tripes. La synthèse n’est pas toujours facile.
Alors, je me suis donné beaucoup plus de temps qu'initialement prévu. Sur dix morceaux, seule la musique de sept d'entre eux est sauvegardée, car nous avons  décidé d’enregistrer sur deux pistes, d’abord la mélodie, ensuite les paroles. Ce qui oblige à être encore plus rigoureux et à travailler avec le métronome.
On verra bien. Je n’en vois, optimiste quand même, le bout qu’à l’horizon de l’automne prochain. En tout cas, expérience intéressante et qui remet fondamentalement en cause le peu de talent dont on croyait être pourvu.
Comme en écriture. Rien de tel qu’une bonne critique négative pour remettre les pendules à l’heure et la vanité de soi au diapason. C’est le cas de le dire.
Au cas, donc, où vous seriez intéressé pour écouter un jour mes sueurs artistiques, il faudrait  me le dire gentiment par mail, que je sache un peu où je vais.
Le prix ? Ah, le prix !? Hé bien, je n’en sais pour l’heure foutrement rien, ne sachant pas encore combien d’heures il va me falloir travailler et de combien d'écus sonnants et trébuchants sera donc la facture.
Mais ça ne devrait pas dépasser, frais de port compris, 17 ou 18 euros. Et puis, si ça les dépassait et que ce serait trop cher, alors je n’en tirerais qu’un ou deux exemplaires, que je mettrais dans un tiroir, histoire de me dire que j’ai fait un jour un disque.
On s’amuse comme on peut, n’est-il pas ?

14:12 Publié dans Musique et poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Et puis quand on est mort ça reste (je suis particulièrement joyeux en ce moment).

Écrit par : Alfonse | 26.06.2013

Oui, ça se voit à l’œil nu....

Écrit par : Bertrand | 27.06.2013

Oui, il faut arriver à ne pas perdre sa spontanéité.
Il suffit de réécouter certains disques de rock des années 60 (j'ai mes perversités...) dit "garage", enregistrés dans les conditions du direct (on ouvre les micros, on balance la sauce, on s'arrête pas et c'est dans la boîte) pour s'en rendre compte. Toute l'énergie, toute la "rage" (chez certains) passait d'une telle façon que ce sont ceux là qui sont devenus les icônes de certains publics aujourd'hui. C'était aussi, quelque part, "l'avantage" des moyens techniques de l'époque : vu le prix des bandes et de tout le bataclan (même si on réenregistrait dessus, ça finissait par s'user), on recommençait pas ad libitam, sauf pour les groupes les plus friqués (les Beatles, quoi). En rigolant, le bassiste d'un groupe de l'époque (The Sonics, qu'ils s'appelaient) disait que l'ingénieur du son qui avait enregistré leur premier disque trouvaient que "we sound shitty" (désolé pour l'anglais approximatif). Mais c'était bien mieux comme ça. Combien de groupes de l'époque, ayant connu un (petit) succès après un premier album "raw" se sont vus convier dans des studios plus sophistiqués pour "polir" un deuxième album généralement bien moins intéressant, et souvent tombé dans l'oubli ? Tout ça pour dire qu'une musique, c'est d'abord de l'émotion. OK, un minimum de technique est nécessaire, mais il ne faut pas qu'elle prenne le pas sur le sentiment...

En tout cas, cher Bertrand, hâte d'entendre ça. Dites-nous vite quand ça sortira, qu'on puisse aller le télécharger en èmeupétroa ;-)

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 27.06.2013

D'accord avec Vous, Cher Otto. Il faut cependant que çe soit musicalement" propre." Mais ce qui m'énerve, c'est qu'il ne faut pas que ça prenne le dessus de l'émotion que l'on veut y mettre. Car il y a pire dans cette technique peaufinée du son : certaines vedettes des années 60 ne savaient absolument pas chanter correctement, étaient incapables de suivre un rythme pendant trois minutes sans se retrouver complètement à contretemps. Elles n'ont donc jamais pu faite le moindre concert. La technique des studios leur permettaient d’arranger tout ça.
Je n'en suis heureusement pas là. Je vous rassure tout de suite. De toute façon, je ne serai jamais une vedette et n'en ai jamais éprouvé le moindre désir.
Que veut dire "émeupétroa" ? Je sèche, au secours !

Écrit par : Bertrand | 27.06.2013

"émeupétroa", c'est une tentative (ratée...) de phonétiser MP3, vous savez, ce format de fichier numérisant la musique de manière plus ou moins catastrophique. Et qui permet à tout un chacun de télécharger à tour de bras...

Pour le reste, oui, bien sûr, il faut que ça soit un minimum "propre". Et oui, certains "artistes de variété" étaient bien incapables de chanter correctement (ça a continué bien après - c'est même encore le cas...).

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 27.06.2013

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