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31.12.2009

Saturne

faire.jpgÇa ne m’a jamais trop amusé que les hommes, les femmes et les enfants s'obstinent à se souhaiter à date fixe et prévue depuis un calendrier entier, une bonne année et se contraignent ainsi à être joyeux, bons et soudain généreux.
D’abord, parce que dans toutes ces bises, ces lettres, ces vœux, ces mots, ces bulles de champagne et ces repas pantagruéliques qui font en même temps remonter le moral et l'indice de consommation des ménages dans les cahiers des intoxiqueurs patentés, comment trier le bon grain de l’ivraie, hein ?
M’a toujours semblé que l’ivraie était plus abondante que le grain là-dedans.
Mais bon, ça n’est pas très grave tout ça. Il s’agit d’un code social et on ne demande pas à un code d’être affectif ou sincère….Comme quand, sur la route par exemple, on fait signe à un quidam qu'on n'a jamais vu et qu'on ne verra sans doute jamais,  que les poulets sont en embuscade derrière le prochain buisson.
Alors acceptons ça comme tel. Depuis le temps que nous faisons allégeance aux  codes de toutes sortes qui régentent, organisent et conduisent nos vies pour notre bonheur le plus plat, diantre, un de plus ou de moins, quelle importance !? On ne va pas en mourir !
Bien si justement...
Car ce qui m’embête beaucoup, c’est que je pense à chaque fois à cette torture au raffinement des plus exquis et qui consistait à laisser tomber sur le crâne d’un condamné un liquide au compte-gouttes. Au début, ça chatouillait, c'était plaisant, peut-être même le condamné rigolait-il et pensait-il qu'il avait été convoqué à une farce. Chaque goutte cependant accomplissait
lentement, inlassablement, régulièrement, cruellement, son travail d’érosion, jusqu’à ce que le chatouillement ne se change en douleur insupportable et que le susdit crâne ne se perce et que...

Condamné moi-même,  je n'aurais qu’à demi
apprécié qu’on applaudisse à la chute de chaque goutte.

Image : Philip Seelen

08:00 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

28.12.2009

Lettre ouverte

Chères lectrices et chers lecteurs de l’Exil,

…Parce que, où que nous soyons, quelque soit la latitude à partir de laquelle nous nous accrochons à nos rêves et à nos espoirs, nous sommes tous des exilés de quelque part…D’un intérieur perdu ou bradé aux circonstances, d’un monde spontané, quand nous faisions encore corps avec lui.

Les hommes, les femmes et les enfants du monde chrétien viennent donc de célébrer la naissance très hypothétique d'un dieu
de plus en plus improbable, à grands coups de flons flons, champagne, bises à la mémé et autres chocolateries.
Ils s’apprêtent désormais, avec les mêmes flons flons, les mêmes chocolateries, les mêmes bises à la mémé et le même champagne, à tourner une page du calendrier accroché à leur mémoire du temps, toujours chrétien et toujours très approximatif par rapport au grand mouvement des choses.
C’est ainsi…
Et comme nous n’avons pas d’autres grands repères, à part nos événements personnels, je sacrifie à l’environnement idéologique du calcul du temps et viens vous remercier de votre fidélité à l’Exil comme de vos divers commentaires, aux derniers desquels je n’ai pas fait écho ces temps-ci, accaparé par d’autres urgences de l’hiver polonais.
Vous m’en voyez fort marri.

Vous êtes, à peu près, 1000 visiteurs uniques pour plus de 3500 visites et plus de 8000 pages feuilletées mensuellement.
J’ignore si c’est beaucoup, moyen, peu ou carrément dérisoire. Je sais néanmoins que ça me satisfait beaucoup et m’invite à continuer à faire vivre l’Exil, vitrine au quotidien d’une activité d’écriture plus générale.

Comme vous le savez sans doute, j’ai participé à Tempête dans un  encrier, en compagnie de cinq autres auteurs. Je m’apprête ces jours-ci à abandonner cette part de mon activité, n’y trouvant plus ni l'inspiration ni le plaisir nécessaires à un travail cohérent, sans pour autant que mes compagnons de route y soient pour quelque chose.
Un autre projet en compagnie de Stéphane Beau et Solko verra peut-être le jour en février, une revue dont il reste à définir toutes les modalités, forme et contenu, les deux étant par ailleurs indissociables.

De l’autre côté de l’’écran,  j’ai entamé depuis plus de deux mois la rédaction d’un récit, roman, histoire, grosse nouvelle, je ne saurais vous dire, qui me donne beaucoup de plaisir, le plaisir de refaire un bout du voyage à l'envers dans mes paysages et qui pourrait voir le jour en 2011 ou 2012, si le manuscrit trouve preneur, ce qui n’est jamais gagné d’avance, nous le savons que trop, et si je ne suis pas mort, ce qui n'est, non plus, jamais garanti d'avance...

Polska B dzisiaj, chez Publie.net, semble rencontrer audience  et le 25 mars, « Géographies » - sans doute sous un autre titre que me proposera Georges Monti -  paraîtra à l’enseigne du Temps qu’il fait.
Une nouvelle est parue dans un recueil collectif, chez Antidata et en décembre.

Tout ça, donc, pour vous  faire un panorama de mon activité d’écriture.

Pour l’heure, l’hiver polonais a frappé brutalement. Un thermomètre aux alentours de – 30 avec le vent de l’est qui miaule comme une âme errante, les villages engloutis sous la blancheur pétrifiée et les paysages aux visages morfondus...Et s’il faut en croire les spécialistes de la chose météo, ça devrait frapper à nouveau très bientôt et très fort…
Ah, le réchauffement climatique !
Où ça ?

Je ne vous souhaite pas une bonne année, mais 8760 heures, 365 jours, 52 semaines et 12 mois d'espoirs poétiques et de redécouverte intime du monde.

Amitiés à toutes et à tous et encore merci de votre écoute.
À très bientôt
Bertrand

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11:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

22.12.2009

Mise en veille

C'est dans les conditions extrêmes que réapparaît l'essentiel,

Qui souligne d'un double trait la fatuité  des bavardages et des convictions de la normalité,

Ramène au premier plan les exigences premières.

L'écriture ne peut affronter la vie que légèrement décalée de la vie,

le reflet étant toujours et forcément en retard sur la lumière.

C'est même la condition sine qua non de son existence...

 

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09:33 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

16.12.2009

Il y a

gueule4.jpgUne vieille conviction, tantôt latente, tantôt manifeste, tantôt que j’accepte, tantôt que j’essaie de combattre, en tout cas une conviction avec laquelle il me faut vivre et composer, c’est que le bonheur n’existe qu’individuel et sous notre seule responsabilité.
Les colères que je pousse, depuis le début, contre un monde de fous furieux, injuste et trompeur, ne seraient que les jérémiades de l'impuissance et les transferts lénifiants de la responsabilité.

Si je m’arrête un peu, le nez au vent, comme quand on s’arrête pour reprendre son souffle,  je me dis que ça doit exister, ce foutu bonheur, mais seulement quand on a réussi à résoudre sa propre énigme.
Commencer par là. Ou finir, c'est selon.
Pas facile. Difficile de descendre de vélo pour se regarder pédaler.
Il faut d’abord vouloir abattre  la forêt qui fait tant d’ombre à l’arbre, couper des ponts, ravaler au rang de fantasmes aliénés d’autres convictions, qui refusent de se présenter comme telles, qui sont des poisons qui s’adaptent à tous les antidotes, qui, chassés par la porte reviennent en force par la fenêtre,  tels le confort, le travail, le fric, les liens ficelés autour de son histoire, la foule, la bagnole, la sécurité sociale, la retraite, la consommation du superflu érigé en nécessaire, les amis qui ne le sont jamais assez pour vous accepter dans votre nudité, les amours vieillissantes planquées sous la tendresse, la complicité et autres astuces de l'immobilisme aventurier, bref, la raison.
Le vouloir..Un monde malheureux ne s'écroule que lorsque les individus ont cessé de lui faire allégeance en s'inscrivant comme "individus de ce monde." Tout autre braîllement contre lui équivaut à mener pisser les poules.
En écrivant une page ? En parsemant la difficulté d’être de mots arrachés aux griffes de l’insomnie ? Non point.
L’écriture vient après la vie, elle en est l’empreinte laissée sur la neige et qu’on aime lire pour mesurer, par joie, le chemin qu'on est en train de faire, celui qu'on a parcouru et l'espace, devant, qu’il nous reste pour cheminer encore,  avant la chute des horizons. Le contraire, quand l'empreinte précède le pas, ça ne peut s’appeller qu'exercices de style, voire balbutiements.
Non...Pas le vouloir, tout ça.  Le faire sans vraiment savoir qu'on est  en train de le faire. Dans ce geste suicidaire qui redonne tous les espoirs à la vie, qui crée ce vide, cet appel d’air, ce gouffre dans lequel elle n’a plus d’autre issue que de s’engouffrer. Quand elle n'a plus de prétextes.
Le nez au vent qui vient des déserts de Sibérie, là, en bousculant les poudres de la neige, on est bien seul, on n'a rien, on n’est pas vu du monde, mais on sait ce qu’on est venu faire là.
Résoudre son énigme. Et après, mais seulement après, dire : je t'aime.

Mais sans absolu.
Les gens qui disent "je t'aime" en signant de l'absolu, seraient bien inspirés d'aller au plus court et de dire tout de suite : je te déteste.
Ils gagneraient dix ans de leur vie. Parfois vingt... ou trente. Voire la vie entière.

Image : Philip Seelen

11:58 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

15.12.2009

La Makhnovstchina...

Il neige, il y a  du vent...Il fait très froid sur les plaines immobiles de Pologne et d'Ukraine.

Je vous offre aujourd"hui d'écouter cette superbe version de la Makhnovstchina...

Ici.

 

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11:20 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

11.12.2009

Nouvelles des nouvelles

Aux alentours du 15 décembre, les Editions Antidata publient  un recueil, auquel j'eus l'heur de participer : 10 nouvelles sur le thème de "La maison".

Dix récits et dix écrivains parmi lesquels notre ami Solko, que vous retrouverez au sommaire sous le nom d'emprunt de Roland Thévenet. Ou le contraire....

Cordial salut, donc, aux auteurs et compagnons de route dans cette aventure, magistralement initiée et conduite par Olivier Salaün.

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Je trouve, moi, qu'il aurait de la gueule, ce livre, sous votre sapin flairant bon la forêt et le verbe d'antan...


08:37 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

08.12.2009

Vacuité

Qu’est-ce qu’il y a d’évident à écrire ? Rien.
PB020007.JPGC’est parfois presser un citron qui n’a plus que la pulpe. C'est amer, la pulpe.
Alors, mieux vaut passer outre. Attendre que quelque chose survienne de l'intérieur et qui soit digne d’être dit.
Ouvrir un blog, c’est tellement  facile ! Un écritoire à la portée d’un enfant doté d’un QI à peine moyen…
Le faire vivre au quasi-quotidien, c’est ardu, fatigant, dangereux. On peut même y perdre le fil de ce qu’on se proposait d’en faire.

On peut même ne plus
trop s'y reconnaître. Est-ce qu'un citron se verrait en citron en ne voyant que sa puple ?
Y’a des moments, comme ça, où tout paraît cruellement vain.
S’énerver contre ce monde injuste, de mascarades et de merde, de petits hommes besognant sur la pointe des pieds et d'esclavage feutré  ?

À quoi bon, franchement ? C’est se taper la tête contre les murs  …I s’en fout le monde…Comme les murs....Peut-être  même s’en nourrit-il, de la colère qu'on lui voue et des cacas nerveux qu'on lui faits…Et puis, vraiment - mais vraiment - si on voulait s’énerver honnêtement sur tout ce qui nous agace, sur tout ce qu’on a perçu de faux et de vulgairement intéressé, on se fâcherait avec tout le monde. Peut-être même avec soi-même.
C'est comme ça, sans doute, qu'on devient tranquillement fou.
Alors, mieux vaut passer à autre chose. Attendre que quelque chose survienne de l'intérieur et qui soit digne d’être enfin dit.
Regarder du vent aux quatre horizons incertains des plaines. Regarder du rien, histoire de regarder du vrai dans les yeux.
Des ailes viendront pourtant qui  bien trop tôt le bec nous cloueront.

09:09 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

04.12.2009

Mes murs ont des oreilles

L'Exil des mots accueille aujourd'hui Juliette Mezenc qui réciproquement accueille dans ses colonnes un texte de l'Exil des mots.
Cette démarche, dite des vases communicants, a lieu tous les 1er vendredis de chaque mois et avait été initiée par Jérôme Denis
et
François Bon.
Je la proposerai à d'autres camarades, avec qui j'entretiens régulièrement et depuis longtemps une amicale complicité sur le net, dans les mois qui viennent.

L'objectif est celui d'un décloisonnement  de l'écriture internet. Ouvrir nos portes et nos fenêtres afin que surgisse dans notre intérieur, dans cet espace où nous avons fabriqué nos répères,  un autre souffle porté par d'autres mots. Confronter notre "habitude de dire" à un autre environnement.

Juliette Mezenc a publié sujets sensibles, à l'enseigne de Publie.net.
Les participants de ce vendredi 4 décembre, ici.

_MG_5987.JPGMes murs ont des ]oreilles[ petites petites mais nombreuses et tenaces, elles s'accrochent, noires, luisantes d'eau de mer, s'ouvrent à peine à peine mais les sons ont surtout besoin de ces espèces d'espaces, secrets et à demi-fermés, qui les accueillent, longtemps, et les bondissent après, hors d'eux, place place faites place aux sons et cortège et aux lampions, place aux sons qui bondissent d'oreille[ à ]oreille et c'est ainsi un réseau tendu d']oreilles[ qui s'ouvrent entre les Thélèmes, tendez [vent : Sud-Est force 3 à 4 revenant secteur Nord force 4 à 5 en seconde partie de nuit]

Le journal du brise-lames (photo : Ernest Puerta)

Juliette Mezenc

08:00 Publié dans Vases communicants | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET