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02.03.2018

La piste

20180301_132421.jpgSur la solitude de la plaine et des chemins forestiers, longtemps je l’ai suivie.
En baissant la tête pour mieux comprendre son souvenir et me protéger de la gifle du vent.
Puis je l’ai perdue sous d’inextricables ronciers alourdis de neige.
Je pensais à Malraux.
Qui disait, ou écrivait, que l’homme était le  seul animal sur terre qui savait qu’il allait mourir. Ce qui en faisait, au  sein de la création, un être totalement à part.
Alors, me disais-je en suivant cette piste, quelle insouciance, quel bonheur, quelle sécurité pour ce renard en son radieux voyage !
Mais les empreintes cafouillaient soudain, tournaient en rond, revenaient sur leurs empreintes, sautaient au fossé, en sortaient, escaladaient le talus, regagnaient le sous-bois, revenaient au layon, se mordaient tant la queue qu’on eût dit que mon goupil avait rencontré là une cohorte errante de ses congénères et que tout ce petit monde s’était attardé à de turbulentes et joyeuses salutations.
Mais non ! Dans  le désordre de ces va-et-vient,  je lisais plutôt de l’inquiétude, voire de la panique, gravée sur la grande page blanche de la campagne.
C’étaient des traces fraîches de la nuit. Un être qui laisse de telles traces sous la lumière de la pleine lune et des étoiles gelées, par moins vingt degrés de froid, peut-il chercher autre chose que sa survie ?
Qu’une proie qui le sauverait de la mort ? Ou du moins qui en repousserait l’échéance ?
Pour moi, ce renard savait et se permettait de contredire Malraux.
Je me suis retourné.  Moi aussi je laissais des traces. Qui avaient l’air tellement paisible !
La trace ne se laisse lire que par supputations.
C’est pour cela qu'on l'aime tant !

10:21 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET