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27.02.2018

Froid

20180226_134846.jpgUn soleil liquide et tout falot, du bout des doigts, à ma fenêtre frôle le thermomètre.
Peine perdue, il ne réagit pas.
Trop blessé par le vent qui, tel un prédateur les flancs de sa proie, le harcèle et le mord.
Alors durant le jour, il grimpe péniblement jusqu’aux moins dix degrés. Comme  à bout de souffle.
La nuit, il s’effondre au-delà des moins vingt. Les hommes et les animaux se terrent, les uns au coin des poêles brûlants, les autres au fond des froides tanières.
Le long des granges où s’entassent de vieux foins, des chiens jaunes, apeurés, aux yeux verts comme les vers luisants de la nuit, grelottent et tournent en rond.
Moi, j’attendais les grues sur les prairies de la clairière. J’attendais qu’elles viennent me claironner la venue prochaine des nuages printaniers.
Elles ont dû renoncer et, d’un battement rageur de l’aile, tourner soudain le cul à l’est.
Et je vais tout de même à travers la campagne… Quel défi me lancé-je pour marcher dans cette glace livide ?
Pas un bruit ; que la respiration du pôle et de la Sibérie qui sur son passage gerce tout de la terre.
Je suis emmitouflé de partout. Je ressemble à un aigle, je trouve.
Comme Vailland à Meillonnas.
Vailland savait qu’il avait un profil d’oiseau de proie. Alors il nommait ses personnages Duc. Ou Milan.
Moi non. Car je suis un faux aigle et je n'ai pas la plume du grand écrivain, lui aussi, comme tout ce qui avait de l'allure et la force du sang, aujourd'hui tombé en désuétude.

16:32 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET