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05.03.2018

Sur l'eau

littérature,écritureC’est au timbre un peu particulier que rendait le bout de mon bâton sur la neige - un peu plus sourd que d‘ordinaire - que je me suis soudain arrêté.
Et que j’ai frappé le sol. Sous l’épaisseur de la neige, d’autres neiges encore et puis, tout au fond, comme un miroir gris que moirait le bleu du ciel.
Je me suis accroupi.
D’un revers de la main j’ai balayé des poussières de flocons et, jetant un coup d'oeil alentour, je me suis aperçus que la petite végétation, pointue, un peu grasse, qui m’entourait, qui pointait légèrement son nez hors de tout ce blanc, était singulière, plus aquatique que champêtre pour tout dire.
Je marchais sur l’eau !
L’eau gelée, certes, mais sur l’eau quand même.
Foin cependant des allégories ! Je n’avais personne à sauver des eaux, alors j’ai eu peur.
Une peur irrationnelle, puisque je réfléchissais tout de même que ce petit étang était gelé depuis des semaines sous des moins vingt degrés. La glace y était dès lors assez épaisse pour supporter le poids d’un homme, et bien plus encore.
Mais qu’est-ce que la peur sinon une imagination de la conscience ? disait Pascal. Tellement que je me suis mis à faire le grotesque, à marcher doucement, à grandes et hautes enjambées tel un échassier, sans appuyer le pas et comme voulant léviter, tendant l'oreille au moindre craquement.
Et j’ai ainsi regagné un sentier des sous-bois.
La forêt est nettement plus franche que la prairie, ai-je soufflé.
Parce qu’elle a des sentiers, justement, et que ceux-ci ne traversent jamais les eaux.
Ou alors sur un pont.

10:39 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET