UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02.11.2017

Des villages et des moines

littérature,écritureMe promenant, randonnant ou même partant vers de plus lointains voyages, je n’aime pas emprunter sur le retour le chemin de l'aller.
La boucle est un périple, l’aller-retour un trajet de chemin de fer.
Même quand je reviens en France, je prends, soit la route du nord par Varsovie, Berlin, Hanovre, Paris, soit celle du sud par Les Sudètes, Prague, Nuremberg, Strasbourg...
Mon imagination de lecteur de villages court ainsi où ont couru mes pas. Des bords de l’Océan à l’autre bout du continent, d’ouest en est. J’ai parcouru des yeux ces villages et ces lieux-dits comme un livre écrit par des toits, des chemins, des nuages et des arbres. Tant et si bien que la lecture dépend pour beaucoup de la position du soleil dans le
ciel, quotidienne ou annuelle, de la direction d’où je viens, de ce qui  m'a conduit là et du sens que je donne à mon  voyage.

Car un lieu nommé vous parlera autrement selon que vous y soyez par hasard, que vous l’ayez préalablement choisi ou que vous vous proposiez ou non d’y séjourner.
Combien de temps importe peu. Seul le touriste, son budget et sa note d’hôtel savent la durée d’une villégiature.
Un voyageur jamais
Et je suis tombé au bout de ma course sur une rivière infranchissable.
Une large rivière qu’on dit comme la dernière en Europe à n’être point apprivoisée, domptée et régulée. Une rivière sauvagement belle avec des remous tels que vingt-sept pays rassemblés sont tombés d’accord pour en faire leur frontière commune.
Sur l’autre berge, si l’on venait à dépasser ces remous intrépides, la Russie blanche exigerait manu militari que l’on montrât aussitôt patte de même couleur.
Grise et bleue, la rivière semble s’ouvrir l'hiver un passage dans l’épaisseur des  champs de neige. Son berceau est ukrainien, elle s’écoule vers le Nord et, après une balade de huit cents kilomètres, elle abandonne au nord de Varsovie son nom à la Vistule, qui se charge alors de porter ses eaux,  ses poissons et ses rêveries  jusqu’à la froide Baltique.
Des moines orthodoxes, leur longue barbe en broussailles et toujours marmonnant, y prélèvent la friture de leurs repas. Ils sont d’habiles pêcheurs. Ils sont aussi d’une hospitalité sans ambages et savent rire, plaisanter et parler de tout.
Je ne trouve pas chez ces moines orthodoxes la sévérité austère dont aiment faire montre les catholiques.
Mais c'est peut-être parce que je suis un étranger et que la religion orthodoxe participe alors d'un exotisme.
Les anachorètes se sont installés dans un méandre retiré de la rivière et quand des montagnes lointaines fondent les neiges en même temps que celles des champs et des bois alentour, alors l’eau à perte de vue encercle et isole encore un peu plus leur mystique phalanstère.

Au loin, vers le nord, l’imposante silhouette d’une basilique toute blanche ferme le ciel. On dirait qu'elle interdit aux prières gréco-latines de pénétrer plus avant dans le continent.

10:38 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET