16.06.2017
L'éphémère est éternel
Le vent passe qui fait des roulades sur les couleurs du monde.
Hier, tout était blanc et des glaces pendaient tels des moignons d’infirmes aux branches des grands arbres.
Aujourd’hui, tout est vert et les feuillages fredonnent…
Qu’est-ce que c’est ?
Quoi donc ?
Ce sifflement limpide comme les notes du cristal, là-bas, dans les bouleaux rivés aux ombres des lisières.
Ce sifflement ? Ma Belle, c’est le loriot, d’une branche tropicale venu.
Le vent passe… L’écoutes-tu ? L’entends-tu ?
Il passe comme passera l’oiseau. Qui demain, sans un adieu, repartira vers ses terres d’Afrique, ses soleils de sable et ses poussières d'étoiles.
Les frondaisons d’où il pavoise aujourd’hui jauniront alors, deviendront roussâtres et, rejoignant le sol pour mourir et pourrir, abandonneront la branche à sa nudité, la livreront aux bises et la livreront aux morsures.
Tout deviendra blanc et les glaces pendront tels des moignons d’infirmes aux branches des grands arbres.
Pour combien de temps encore ?
Quoi, pour combien de temps encore ?
Pour combien de temps encore passera le vent ?
Pour combien de temps encore fera-t-il des roulades sur les couleurs du monde ?
Pour notre temps, ma Belle. C’est tout.
Et c’est cela, l’éternité. Ce Tout. Un mouvement. Un recommencement surgi de la mort et...
Image : Białowieża
18:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET