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18.06.2015

żegnaj Józef Kraszewski !

littérature, écritureNotre projet de financement participatif pour la traduction d’un roman de Józef Kraszewski, Szalona, est mort.
Je pense qu’il ne serait pas très honnête, que ce serait mentir par euphémisme, que de parler d’échec. Car il s’agit en fait d’une déconfiture, d’une raclée, d’une déroute, d’un désaveu cinglant.
Nous avons atteint 18% de notre objectif et nous avons mobilisé, en dépit de nos appels, directs ou indirects, de nos innombrables courriers, de nos relais sur  les réseaux sociaux, de nos coups de fil, du soutien promis de certaines institutions,  8 contributeurs !
Dans mon euphorie – je dois vraiment être un fou – j’avais même poussé l’effronterie jusqu’à envoyer une longue lettre à Roman Polanski.
Mais comme j’ai beaucoup de respect pour cet homme, je me dis, tels les petits enfants pauvres qui ne découvrent jamais rien dans leurs souliers de noël, que la lettre ne lui est pas parvenue.
Qu’il est trop loin, trop haut, trop ailleurs… Et moi trop con.
C’est avec beaucoup de sincérité et même d’émotion que je remercie ici les huit personnes qui nous avaient fait l’honneur de leur confiance, et tout particulièrement Marc Villemain qui avait mis son écot une demi-heure seulement après l’ouverture du site, ainsi que Christian Cail, un gars de mon enfance présent dans Le Silence des Chrysanthèmes, qui lui donnait la réplique presque aussitôt.
Je me souviens bien de cet après-midi là. J’étais joyeux comme un pinson, certain qu’avec un tel début, nous allions publier notre traduction !
Merci à Frédéric Chambe, Fabien Arlotto, Sophie Delagneau, Florent Gouget, Véronique Médina, tous de Lyon et connaissances de Roland.
Merci à mon vieux camarade de Niort, Yves Gassot.
Leurs contributions vont évidemment leur être rendues dans les jours qui viennent.

Je suis triste. Mais pas de dépit. Les gens sont libres de cotiser, de pré-acheter en l'occurrence,  où  bon leur semble, en fonction de leurs goûts ou de leurs affinités.
C’est  peut-être même un de leurs derniers bouts de liberté individuelle.
Je suis triste car je pense à toutes ces heures investies déjà, et qui resteront lettres mortes, dans le travail de traduction par D. et moi-même. Je pense à notre enthousiasme de cet hiver, cherchant le mot juste, la phrase la plus précise et la plus près du texte, le proverbe intraduisible et son équivalent en français, derrière nos fenêtres où ruisselait la neige épaisse,  et je m’en veux terriblement.
Je n’aime pas entraîner qui que ce soit, surtout ceux que j’aime, dans mes déroutes.
Moi seul suffit à les hanter.
Je pense aussi à  Roland, qui a mouillé la chemise, depuis le début.
Je pense que tout cela est dommage, décourageant,  et que c'était un beau roman à offrir en lecture.
Je pense aussi que...

Et puis merde ! J’en ai déjà trop dit !

 

20:56 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

j'aime bien vous lire .....
maithé

Écrit par : maithe | 19.06.2015

Merci beaucoup, Maithe.
Apparement, vous n'êtes pas légion dans ce cas-là :)

Écrit par : Bertrand | 20.06.2015

Même les déroutes ont des rambardes de sécurité, cher Bertrand, probablement à chercher dans l'optimisme de votre volonté, à vous et au binôme.

Écrit par : ArD | 22.06.2015

Bonjour chère Armelle,

Oui, oui, les rambardes de sécurité sont solides... Un peu cabossées par endroits, mais solides, qui protègent encore des gouffres :)

Écrit par : Bertrand | 23.06.2015

Les commentaires sont fermés.