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16.06.2015

Au crépuscule d'un jour

A.JPGTrois heures aux pendules éternelles du ciel.
La nuit passe le relais. Sur la pointe des pieds, comme pour ne pas réveiller trop brutalement l’étoile de feu et laisser aux âmes tourmentées le temps de se retirer
incognito dans son sillage.
Dans les halliers tout proches, dont les feuillages caressent à ma fenêtre, un artiste ailé salue la lueur nouvelle.
Pour quelques heures encore, le monde ressemble à un monde déserté des hommes.
C’est peut-être la raison pour laquelle on y ressent si bien et si juste.
Où l’on pense, par exemple, dans un sourire amusé, que de philosopher sur le mensonge comme pièce maitresse des constructions sociales, c’est vraiment des billevesées de blogueur. Du trompe-la-mort.
Qu’en ai-je bien à faire ? De ça et de tout le reste ? Qu’est-ce que rabâcher dans le vide, comme une vieille machine déréglée, peut bien m’apporter ?
Les mondes meilleurs sont déjà là, ne les vois-tu pas ? A ma porte, sur ce jardin qui sent la plante ensommeillée, qui lape la rosée, et sur ce silence tremblant des primes émois.
Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Je saisis mieux le vieil adage.

Depuis dix ans, je n’ai cessé de m’émerveiller des matins de l’été continental dans ce village perdu des confins.
L’Océan, là-bas, loin à l’autre bout, sur un autre versant de la machine ronde, dans les ténèbres roule encore ses écumes. L’Océan n’aime pas trop les matins. Il préfère les soleils fatigués du soir. Les poussières du soleil couchant. Les poncifs. Comme les promeneurs de ses grèves.
La forêt soupire d'aise.
Je ne suis pas revenu en France depuis trois ans. Depuis octobre 2012.
J’y pense maintenant, sans nostalgie, et c’est quelque peu triste de ne point être triste sans elle. Je me suis enraciné dans l’exil.
En juillet, je traverserai l’Europe, j’aime conduire une automobile à travers les paysages, cap sur la Normandie de Proust et de Maupassant, et cap sur la Bretagne où je ferai une apparition dans une librairie.
J'y parlerai de l’écriture. De mes quelques livres.
Mais je n’éprouve plus la joie que j’éprouvais à mes premiers retours vers la longitude maternelle.
Je le sens bien.
Un vague contentement, oui. La France s’est faite métonymie pour dire pays, naissance, langue d’usage. Elle a perdu ce goût joyeux que seule sait vous donner la mélancolie des sentiments.
Elle a perdu le fil conducteur.
Elle vend des armes, la France de Voltaire, de Valls et de Robespierre.
Je hausse les épaules.
Elle se fait des couilles en or en distribuant la mort partout dans le monde.
Et, le cul sur ses canons, elle n'en pérore pas moins sur la paix des hommes, sur l’humanité, sur le droit des peuples, Amen. Sur tout ce qu’elle foule au pied et puis…

Je sursaute.

L’artiste ailé a redoublé de vigueur et d’enthousiasme, peut-être vexé que d'autres voix que la sienne se soient élevées dans les broussailles. Beaucoup de voix, flutées, douces, argentées, joyeuses, désordonnées. C’est maintenant un concert.
J'ai sursauté car qu’en ai-je bien à foutre qu’elle vende des armes à toutes causes et alimente, pateline et donneuse de leçons, l’atavique et barbare besoin de tuer ?!
Incorrigible moraliste !
Il est temps de boire le café. Avec de la confiture de fraises, de mes mains faite hier et qui sentent le sucre des champs.
L’aurore est déjà adulte, le temps d’une éclosion et le soleil frappe déjà sur la cime des grands arbres.
Demain sera encore.
Vouloir et vivre des milliers de matins, renaissances sacrées du grand mouvement des choses !

11:23 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

J'aime tellement votre dernière phrase merci c'est tellement beau
Quelle chance aller dans votre pays ou vous être née
Je me contente de manger des fraises demain c'est la saison ici
Je partirai plus tard vers un autre rivage proche du votre itou

Amitiés

Écrit par : george | 17.06.2015

Je ne suis point née, chère George, mais je suis né :)

Écrit par : Bertrand | 17.06.2015

Oups je m'excuse un lapsus.

Écrit par : george | 17.06.2015

Pas grave du tout... Je plaisantais

Écrit par : Bertrand | 17.06.2015

Avant le temps je vous souhaite de merveilleuses vacances a travers les villages en famille peut être on a besoin de vacances.

Votre photo a gauche en haut est ce le rocher percé? je suis si curieuse et je suis rieuse comme une yeuse...

Écrit par : george | 23.06.2015

bonjour .... si vous voulez visiter le sud .. les cathares toulouse revel ... belle region je vous ouvre ma porte 0561357425 en toute simplicite je suis une gentille ..
marie therese ...maithe
a bientot

Écrit par : maithe | 03.08.2015

Les commentaires sont fermés.