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10.05.2015

L'insoumission totale à la question, quelle qu'elle soit

urlere.jpgIl m’apparaît de plus en plus évident que ceux qui, dur comme fer, croient en dieu et en font montre, comme ceux qui, dur comme fer également, se réclament de l’athéisme et en font tout aussi montre, sont également victimes d’une impuissance congénitale de la pensée.

Cette impuissance à résoudre en toute simplicité leur propre énigme, à appeler un chat un chat, une vie une vie et des ténèbres des ténèbres, les conduit à poser sous leurs pas apeurés les rails des vérités définitives.
L’homme sage, et libre, se situe en dehors de la question de dieu.
Il se situe là où il est en vérité : dans le hasard.
Or, toutes les spéculations sur l’origine et les desseins du hasard sont, par essence,  hasardeuses.
Un peu comme si la fleur des champs se mettait à vouloir disserter sur la course du vent qui l’a fait naître ici plutôt que là.
Cette fleur-là oublierait assurément de fleurir et serait fanée bien avant le glas des équinoxes d’automne.

Dans un monde ensanglanté par ses contradictions, la question de dieu est une aberration.
D’abord, quel dieu ? Les visages multiples revêtus par le fantasme suprême auraient depuis longtemps dû alerter les intelligences. Sinon à considérer, et là on rentre de plein fouet dans le domaine de la folie, que le fantasme que l’on s’est choisi est le bon.
Dieu est le reflet en même temps que le fondateur tronqué d’une culture, d’une histoire, d’une tradition et d’une civilisation.
Ne pas renier cette histoire, cette culture, cette tradition et cette civilisation, la vouloir même sauvegarder, n’est pas faire allégeance  à dieu.
C’est faire allégeance à soi-même, à son hasard d'être né dans un décor géographique donné plutôt que dans un autre, d'être né sous des époques monothéistes plûtot que dans celles des mythologies antiques ou des peintures rupestres.
C’est faire allégeance à soi-même, comme on fait allégeance à tout ce qui nous constitue.
Et là, les névrosés soi-disant athées comme les névrosés soit-disant déistes, les uns en niant bêtement, les autres en confondant la cause et l’effet, s’enlisent dans la même erreur, tous prisonniers du même dogme étriqué, mais à l'envers.

Le postulat que devrait poser un homme à la recherche de son équilibre est, en ce qui me concerne,  le suivant :
Que dieu existe ou qu’il n’existe pas ne change rien pour moi. La question, c’est moi, moi seul, et dans quelle émotion je vais traverser cette prairie qui se déroule sous mes pas et qui, avec certitude, mêne de l’autre côté des pissenlits.
La question des pissenlits est une question anachronique.

11:42 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Beau texte, Bertrand.

Écrit par : Michèle | 10.05.2015

Merci, Michèle...
J'aurais tout de même dû conclure, à la réflexion, que les pissenlits ne sont d'actualité qu'en salade, légèrement piquée d'ail :))

Écrit par : Bertrand | 10.05.2015

pas piquée des vers en tout cas :))

Écrit par : Michèle | 10.05.2015

l'insoumission certes, mais laissons croire ceux et celles qui ont et qui éprouvent cette envie d'espérance. Je parle de croyance et non de manipulations et de réappropriations de textes quels qu'ils soient. Pour ma part sans être un croyant que l'on pourrait qualifier de pratiquant je suis toutefois interpellé par un questionnement, un doute et des paroles prononcées il y a presque 2000 ans. Ma foi (c'est le cas de l'écrire) je ne vis pas cela comme une quelconque névrose et encore mois une allégeance à quoi que ce soit, si ce n'est à cette fameuse idée d'espérance et cela ne m’empêche en rien d'apprécier les pissenlits! C'est un beau texte que vous avez signé là et qui mérite aussi questionnement et débat. Les postulats, c'est encore autre chose!

Écrit par : Alezandro | 10.05.2015

Quand je parle de "névrosés", Alezandro, je parle des porteurs de certitudes.
Dans un sens comme dans l'autre. Quelle que soit leur certitude.
Je ne supporte pas plus les basses explications des matérialistes que les hautes visées des déistes.
Car dans le questionnement humain, poétique, de l'absolu, aucune réponse, à ce jour, ne s'est montrée digne d'être élévée au rang d'une vérité définitive.
Ceci étant dit, pour vous répondre plus précisément, je respecte la foi, fût-elle celle du charbonnier, et je respecte les approches de certains athées.Pas de tous.
je leur interdis simplement le droit de sentir, d'éprouver, de savoir, et d'aimer à ma place.
Je leur interdis de m'apporter sur un plateau la réponse à ma question.

Bien à Vous.

Écrit par : Bertrand | 10.05.2015

Beau et excellent texte !

"Ne pas renier cette histoire, cette culture, cette tradition et cette civilisation, la vouloir même sauvegarder, n’est pas faire allégeance à dieu." C'est très vrai, mais c'est souvent se faire estampiller conservateur, dans son emploi péjoratif. Nous avons cela en commun (sans préjuger de vos pensées profondes ;-)) de ne pas aimer le dualisme ambiant, le manichéisme prétendu, qu'on renifle ça et là.
Bref.

Beau et excellent texte !

Écrit par : Benoit | 10.05.2015

"Se faire estampiller conservateur", Benoît, est une bonne chose, honorabe, un compliment superbe, surtout par les abominables et honteux tenants du modernisme et de la fuite en avant qui sévissent aujourd'hui.
Comme disait le poète moustachu :
" Il ne me déplaît pas de déplaire à certains"

Bien à Vous itou.

Écrit par : Bertrand | 10.05.2015

Les commentaires sont fermés.