11.09.2014
Fabliau en la mineur
LE FROMAGE DU PEUPLE
Au congrès des soldats armés jusques aux dents,
Le prince des Sans l’sou en vocables ardents
Entreprit un beau jour de déclarer sa flamme
A ceux qui croupissaient sous la misère infâme.
La gent soldatesque souleva le sourcil,
Ces mots n’ayant point cours en ces mâles conciles
Où il n’est d’ordinaire question que d’ennemis
A saigner et brûler pour sauver la patrie.
Faisant fi, nous dit-on, de la consternation
Le prince fit état d’anciennes filiations
Qui le liaient par le sang et le liaient par le cœur
Aux faibles créatures du monde travailleur ;
En un mot comme en cent, il brisa l’anathème
Qui courbait leur échine, en criant : Je vous aime !
Le peuple des Sans l’sou en fut transi d’émoi
Et jura devant dieu fidélité au roi.
Il n’avait, ce bon peuple, qu’un brouet lamentable
Tous les saints jours du mois à mettre sur sa table,
Mais hélas n’ayant lu que moitié de la fable,
Il avait oublié qu’un roi qui fait l’affable
Ne le fait qu’à seule fin de piller ses étables.
Ainsi va la morale, immuable de par les âges,
Écrite par les corbeaux, les renards, les fromages.
13:18 Publié dans Fables | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
Il avait oublié qu’un roi qui fait l’affable
Ne le fait qu’à seule fin de piller ses étables.
Excellent
Il est plaisant de voir, en beaux vers anciens
L’appétit des puissants, des politiciens,
Dénoncé sans ambages et même avec ferveur.
La fable du corbeau fait donc notre bonheur
Écrit par : Feuilly | 12.09.2014
Petit texte de ton crû fort charmant itou :))
Écrit par : Bertrand | 12.09.2014
joli!
Écrit par : Clara | 13.09.2014
c'est énervant toutes ces putes de la pub qui rampent sur internet !
Écrit par : Bertrand | 14.09.2014
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