03.06.2014
Expérience du hasard, hasard de l'expérience
Je vous entretenais récemment de mon coq Chanteclerc- Richelieu et de ses gélines, sujet qui, je n’en doute pas un instant, vous passionne au plus haut point :))
Ce faisant, je prétendais, sur la foi de bien des affirmations scientifiques, que les gallinacés, au premier rang desquels sont les poules et leurs coqs, descendaient en droite et longue ligne du plus terrible et du plus grand des dinosaures carnivores que la terre n’ait jamais porté, Tyrannosaurus rex.
D’ailleurs, les observant courir en leur jardin de verdures, les gélines, c’est vrai que j'entrevois dans leur déhanchement un peu pataud comme un lointain écho… Rendons cependant grâce de ce que l’évolution, musardant pendant plus de 65 millions d'années, ait en cours de route oublié de transmettre les dents et la force colossale des mâchoires !
Les scientifiques ont donc découvert un gène commun aux fossiles du terrible lézard et à la paisible pondeuse.
Bien. Mais il n’en reste pas moins vrai que d’autres scientifiques, d’autres grands paléontologues, tout aussi chercheurs et tout aussi minutieux que les premiers, contestent fermement cette théorie de la poule Tyrannosaure.
C’est normal. Un scientifique qui n’en contesterait pas un autre ressemblerait à un politique qui dirait amen à tout ce que fait et dit un politique du camp contraire. Sauf qu’en matière scientifique ces différentes contestations font peu ou prou avancer la connaissance, tandis qu’en politique elles ne vont qu’empiler des erreurs sur d’autres erreurs.
Mais revenons à nos poules.
Ce qui m’a amusé dans l’argumentation de la partie contestataire, c’est, en manière de vulgarisation, le filage de la métaphore.
Ils disent, oui, vous avez bien découvert un gène commun, mais combien de différents en avez-vous trouvé ? Et sur combien de spécimens ? Ouvrez Word sur votre ordinateur, mettez un singe au clavier et laissez-le s’amuser. Il va tapoter partout, toucher à tout, et, au bout de plusieurs jours, en farfouillant sur toutes les touches, c’est bien le diable s’il ne finit pas par vous écrire BONJOUR ou MERDE.
Devrez-vous en conclure pour autant que votre singe sait écrire ?
MORALE ou MORALITÉ, comme vous voulez :
Combien de hasards prenons-nous ainsi pour des vérités définitives et combien de vérités définitives dont nous ne voulons pas qu'elles viennent compliquer l'impassible horizon de nos certitudes, taxons-nous de hasards ?
Tout est dans le raisonnement dicté par une volonté de. Par un désir plutôt que par l'allégeance faite à l’empirisme.
Sur ce, je vous laisse philosopher in petto et je m’en retourne à mes dinosaures emplumés.
10:55 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
Tout est-il dû au hasard ou la nature a-t-elle une logique propre, une force supérieure qui la détermine ? Toute la question est là. Pascal doit-il être effrayé devant le vide du cosmos ou admirer la sagesse de Dieu qui aurait créé tout cela ? Son angoisse était telle qu'il a choisi la deuxième solution.
Écrit par : Feuilly | 03.06.2014
Plus exactement, je crois, il a parié sur la deuxième solution.
Parce que la première, comme tu le dis, il n'en voulait pas. Elle heurtait son sentiment intime.
Et je comprends ça. Nous comprenons tous ça.
Écrit par : Bertrand | 03.06.2014
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