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23.05.2014

Flaubert et Homo internetus

littérature,écritureEtes-vous  là, invisibles et sympathiques lecteurs ?  Ça  va bien ? Toujours assidus ?
Peut-être plus que moi qui, ces derniers temps, ne fais que passer...
Et je repasse donc pour vous dire que Bouvard et Pécuchet a été traduit et publié en polonais.
Bonne nouvelle, n’est-ce-pas ?
Oui, bon, je suis bien d‘accord avec vous : en quoi cela vous concerne-t-il ? Vous n’allez pas vous lancer dans la lecture de Flaubert en polonais, je suppose. Pas plus que moi d’ailleurs.
Ce qui est intéressant dans cette nouvelle traduction - outre le fait, bien sûr, que les lecteurs polonais auront accès à un texte majeur de la littérature française - c’est la note de l’éditeur qui affirme que ce texte, dans le monde du tout internet, est plus que jamais d’actualité.
Et c'est bien vrai, ça... Que ce soit en polonais, en français, en chinois, en finlandais et tutti quanti ...
Car avec internet, les blogs, les sites, Wikipédia, les forums, nous sommes effectivement des touche-à-tout. Botanique, médecine, histoire, géographie, géologie, littérature, sciences occultes, critique, religions, spiritisme, agriculture, jardinage, écologie, chirurgie, politique, mécanique, diététique, physique, linguistique, sports, chimie, mathématique, astronomie, cuisine, rien, absolument rien, n’échappe à nos clics gourmands et savants !
Et c’est bien là le trait fondamental, constitutif, de l’homo internetus que nous sommes devenus. : ne rien approfondir mais tout savoir. Des tas de choses inutiles à la conduite de notre vie, d’ailleurs.
Dans la minute qui suit une quelconque interrogation, Homo internetus est en mesure d'apporter une réponse qui tient la route. Une réponse partielle, mal maîtrisée, mal assimilée, sans fondement, certes, mais une réponse juste du point de vue du savoir spéculatif.
Guidés par l'ignorance et par notre goût pour le mimétisme social, nous farfouillons dans la grande marmite de la connaissance.
Tel, donc, les sieurs Bouvard et Pécuchet.
Et ces deux sympathiques crétins, vous le savez aussi bien que moi, n’arrivent à rien de conséquent, rien de concret, rien qui ne fasse avancer d’un poil ni leurs connaissances, ni leur intelligence, ni celle des autres, ni leur recherche du bonheur ; ils n’édifient pas autre chose que la pyramide branlante de leur délire, jusqu’à retourner chacun à leur case-départ de modestes employés de bureau.

Il est fin, l’éditeur polonais. Pessimiste, d’accord, mais lucide.
Il a très bien lu le monde et très bien lu Flaubert, lequel  écrivait à George Sand, en 1872, qu'il se proposait de railler la vanité de ses contemporains dans un livre qui, au départ, devait s'appeler Encyclopédie de la bêtise humaine.
Il avait pour ce faire amonceler des montagnes de livres et de documentations. Las ! La Camarde ne laissa pas à l’écrivain le temps d’achever son œuvre.
Internet vola donc à son secours posthume.
L’interactivité en plus.
Et c’est là que je mettrais un bémol aux vues de l’éditeur polonais : si on peut utiliser internet comme une encyclopédie où n’importe lequel idiot peut mettre son grain de sel, il laisse aussi et surtout le choix et le droit aux idiots de lire et de faire des idioties, aux autres de faire autre chose.
Le problème est que, dans cet espace de liberté surveillée, entre les uns et les autres la frontière est souvent fort ténue, ceux-ci croyant dur comme fer ne pas être de la trempe de ceux-là et s'égosillant pour que nul ne l'ignore... et vice-versa bien entendu.

13:34 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Mais pourquoi vous imaginer que la quête de Bouvard et Pécuchet doive absolument "servir" à quelque chose, "apporter" quoi que ce soit ? Il s'agit d'un réflexe de l'activité humaine. Cessons de diviser l'humanité en deux camps, ceux "qui ont quelque chose à dire" et "les cons". Car figurez-vous que nous sommes tous en train d'osciller de l'un à l'autre, d'un bout à l'autre de notre vie. Nous sommes tous le con de quelqu'un, et "un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire". Alors, un peu de modestie pour ceux qui ont su trouver les bons canaux pour progresser et faire progresser (souvent du copinage d'ailleurs, ou simplement de la force de caractère acquise dès la naissance mettons l'adolescence), et les clampins qui n'ont pas eu de pot parce qu'ils ne connaissaient personne, et qui n'ont pas su progresser parce que, n'est-ce pas, c'est leur faute. On arrête avec ça tout de suite, OK ?

Écrit par : Ommbidja | 23.05.2014

Que voulez-vous donc me dire ?
Que je suis immodeste ou que j’ai eu de a chance ?
Pour l’immodestie, je n’ai jamais prétendu ne pas être un Bouvard ou un Pécuchet. J’emploie bien le « nous ». Car on est toujours « le con » de quelqu’un…
Les cons, c’est comme les insectes : ce n’est pas leur existence qui me dérange mais leur multitude.
Pour la chance, je veux bien, en jetant un regard en arrière, échanger mon étoile contre une autre plus brillante.

Mais revenons à la quête de Bouvard et Pécuchet que je mets ici, après l’éditeur polonais, en parallèle ave les « farfouillages » de toute nature sur Internet, avec la « culture internet ». Je n’ai jamais dit non plus qu’il fallait que ça serve à quelque chose.
Rien ne sert à rien. Jamais.
Se branler ne sert à rien non plus. Mais tous les êtres humains de la terre le font.
Avec plus ou moins de délectation, je suppose
Allez, bien cordialement à Vous.

PS : J'aime bien votre blog

Écrit par : Bertrand | 24.05.2014

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