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08.01.2013

La violence historique - 2 -

Hier, je terminais mon texte en citant deux représentants de la parole spectaculaire, Mélenchon et Zemmour. C’était une erreur de le clore ainsi car il eût fallu préciser tout de suite ce que j’entendais par «aboyeurs inconséquents».
C’est là un des grands dangers, dont j’ai souvent parlé, de l’écriture numérique en direct qui, souvent, ne prend pas le temps de fixer avec recul les tenants et les aboutissants de la pensée.
french-revolution.jpgJ’entends donc par aboyeurs inconséquents des gens qui font montre d'une certaine radicalité dans leurs propos ou leurs écrits et ne mesurent absolument pas le degré de violence historique que commandent ces propos ou ces écrits pour épouser une réalité. Ces aboyeurs inconséquents sont donc inconscients, ou, plus certainement, discoureurs irresponsables, c’est-à-dire qu’ils usent de la parole comme d’un acte en soi, comme d’une entité abstraite, séparée du monde qu'elle prétend critiquer.
Mélenchon ne dit pas que des choses fausses ; bien au contraire. De même pour Zemmour. Mais ils mentent aussi bien l’un que l’autre car l’un et l’autre, chacun sur des positions qu'ils veulent contraires, mettent en scène les prémisses de la violence historique, tout en étant farouchement opposés à cette violence et en se réclamant profondément légalistes et grands partisans du jeu démocratique. Ce sont des gens de la réification en ce que le sujet vivant de l'argument ne poursuit pas d’autre but que de réduire ce sujet à un objet mort ; des gens comme il en existe des milliers sur la scène de la représentation politique.
Quand Mélenchon, ou Poutou, ou tout autre pseudo radical, dit qu’il faut en finir avec la finance, que de la dette publique on s’en fiche, qu’il faut s’occuper d’abord du bien-être des gens, que les créanciers prédateurs attendront et que le système de l’argent est à rayer de la carte parce qu'il asservit le monde, je ne pourrais qu’adhérer à fond s’il y avait derrière tout ça un désir ardent, autre que celui de la carrière politique, qui me dirait clairement, sans fioritures, comment l’aboyeur compte s’y prendre pour réaliser son discours.
Je n’adhère donc pas parce que la nature de la pierre angulaire est tue, refoulée, taboue : ces idées généreuses ne peuvent en effet dépasser le stade des idées que par l’affrontement direct, violent, jusqu’à ce qu’un vainqueur se dégage clairement de cet affrontement. Faire croire aux gens que par la seule puissance de leur bulletin de vote, ils vont changer la face du monde, que les banquiers vont venir docilement déposer aux pieds des vainqueurs de la consultation électorale leurs privilèges et leurs coffres-forts et qu'ainsi sera abattu un système inique, parfaitement rôdé, puissamment armé, doté d'une police à son entière discrétion, participe de l’escroquerie pure et simple. Tellement pure et simple qu'elle en est grotesque.
Quand intervient la violence historique, les aboyeurs, au mieux, se taisent, au pire, se terrent. Parce que l’histoire démontre que cette violence, dont ils avaient pourtant fait, mais sans jamais la nommer, leur haridelle de fausse bataille, leur éclate au nez sans qu’ils l’aient vu venir et, niant la totalité de l’époque qu’elle se propose de dépasser, les nie en tant qu’éléments à part entière de cette époque. S’ils s’en tirent et restent sur scène, comme c’est souvent le cas, ce n’est qu’au moment du reflux de la violence, par cet art de la récupération de la colère qu’ils connaissent tous et savent manier à merveille.

Personne, à moins d’être un voyou ou un désaxé, ne peut appeler de ses vœux que les hommes s’arment les uns contre les autres et entreprennent de s’égorger. C’est pourquoi les espoirs d’une société humaine où serait reine la seule jouissance d’exister, est un espoir résolument torturé par une douloureuse contradiction. Quand on aime la vie, quand on aime sa vie, cet amour passe, commence même, par un respect chaleureux de la vie des autres.
Respect, qu’hélas, n’ont pas, n’ont jamais eu et n’auront jamais les grands maîtres argentiers de ce monde et tous leurs misérables valets.
Là encore réside toute la difficulté humaine qu’il y a à vouloir parler avec sincérité, aussi bien intellectuelle que viscérale, de la violence historique.

A suivre

11:15 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Allons ! C'est sagement parlé. De plus, ces pamphlétaires à la gomme n'ont souvent qu'un petit talent d'amateur.

Écrit par : Alfonse Ocardetour | 08.01.2013

Cher(e) Ocardetour, pour Zemmour, c'est vrai, c'est un pamphlétaire à la ramasse qui se prend pour Voltaire. Pour l'autre, il a d'indéniables talents de tribun. Lui, il se prendrait plutôt pour Danton, dont il espère bien ne pas épouser quand même le destin (!)
Je n'ai d'ailleurs cité que ces deux exemples mais ils sont des milliers à l'identique !
Bertrand du déclin

Écrit par : Bertrand | 09.01.2013

Vous voulez bien m'épouser ?

Écrit par : Le Tenancier | 09.01.2013

Ah, Tenancier, vous me comblez de joie ! Depuis des lustres j'attendais que vous m'en fassiez la demande.
Bon, mais j'vais quand même demander à ma mère. Je vous demande, à votre tour, un peu de patience (!)

Écrit par : Bertrand | 09.01.2013

Ah je suis vraiment d'accord et c'est bien dit; le dernier paragraphe me va même droit au coeur.
(Et le tenancier me fait rire !)

Écrit par : Sophie | 09.01.2013

Merci, Sophie, pour l'écho à ce dernier paragraphe...
Moi itou, i m'fait rire le Tenancier. Il est joliment coquin !

Écrit par : Bertrand | 09.01.2013

Ah Bertrand, vous montrez vous-même pas mal d'inconséquence avec votre comparaison Zemmour-Mélenchon, qui ne vaut pas mieux selon moi que celle, propagande des media servile, Le Pen-Mélenchon...
Zemmour est un aboyeur, certes, il est même payé pour ça. Un type si bien placé dans le système médiatique... Pire qu'un "chien de garde". Si conservateur, rétrograde sur tous les sujets de société. Si subjectif souvent. Et racontant souvent n'importe quoi, des énormités qui me feraient rire si elle n'étaient gerbantes...
Concernant ce que vous dites de Mélenchon, vous me faites l'impression de n'avoir écouté, vaguement, que le dernier débat sur la 2...
"discoureurs irresponsables, c’est-à-dire qu’ils usent de la parole comme d’un acte en soi, comme d’une entité abstraite, séparée du monde qu'elle prétend critiquer." : je ne comprends pas... Concernant Mélenchon, nous n'entendons pas de la même oreille. Personnellement, ce type m'a redonné goût à la politique - jusque-là j'étais un grand abstentionniste : non seulement, il est à mon sens le plus cohérent, mais il est pédagogue et ne prend pas l'électeur pour un abruti : écoutez-le hors d'un plateau de Calvi si formaté, lisez-le.
Si vous le faites déjà, je reste étonné de votre "aboyeur"... et que vous disiez :
"je ne pourrais qu’adhérer à fond s’il y avait derrière tout ça un désir ardent, autre que celui de la carrière politique, qui me dirait clairement, sans fioritures, comment l’aboyeur compte s’y prendre pour réaliser son discours"
Il y a pourtant un programme du Front de Gauche, un contre-budget, divers textes et paroles, pas seulement de Mélenchon, parce que derrière lui, il y a d'autres personnes, dont quelques dizaines d'économistes...
Si vous avez déjà considéré tout ça, je suis d'autant plus étonné que vous écriviez :
"Faire croire aux gens que par la seule puissance de leur bulletin de vote, ils vont changer la face du monde, que les banquiers vont venir docilement déposer aux pieds des vainqueurs de la consultation électorale leurs privilèges et leurs coffres-forts et qu'ainsi sera abattu un système inique, parfaitement rôdé, puissamment armé, doté d'une police à son entière discrétion, participe de l’escroquerie pure et simple. Tellement pure et simple qu'elle en est grotesque."
Et, sans méchanceté, je vous retournerais le "grotesque".

Écrit par : Grégory Haleux | 09.01.2013

Ahem... je doute que Bertrand ait accès à ce genre d'émission de télévision, voire s'il regarde la télévision en général (même en président-maréchal-docteur, je ne pense pas, c'est dire...)
Je vais me contenter de compter les points, cela dit, mon futur mari étant de taille à se défendre tout seul...

Écrit par : Le Tenancier | 09.01.2013

Je n'ai pas trop le cœur à vous répondre, Grégory... Mais, comme le dit ma future mariée qui est un époux, il y a plus de huit ans que je n'ai pas mis le nez devant ce pot de chambre qu'on appelle la télévision.
Alors, je vous saurais gré de ne pas m'imputer les sources de désinformation comme servant de socles à ma réflexion. C'est déjà la réduire à bien peu de choses que de la supposer ainsi.
Et puis, sans être méchant non plus, Grégory Haleux, avez-vous lu mon texte avec votre cerveau ou avec votre front( de gauche)? Vous me citez à tour de bras et ne me contredisez en fait que par une invitation à la lecture d'un programme électoral ( oui, si vous voulez, de gouvernement si votre mentor venait à être élu par la vertu de je ne sais quelle facétie) dont je viens de vous dire tout au long d'un texte de 2000 signes qu'il est absolument inapplicable sans que la violence historique ne s'en mêle.
Et vous le savez bien, allez !
Bonne journée quand même. Pourquoi pas ?

Écrit par : Bertrand | 10.01.2013

Je viens de voir votre dernier billet et je compatis à votre peine.
Plutôt que vous imputer des sources de désinformation, c'était m'interroger, vous interroger sur vos sources d'information quant à ce que dit Mélenchon. Si j'évoquais le dernier débat de la 2, c'est que la dernière citation que je donne de vous me semblait faire référence à un passage très précis de l'émission. Mais surtout parce que vous-même m'incitiez à cette interprétation en évoquant la "parole spectaculaire" et en parlant de Zemmour, dont la tribune principale, et la plus spectaculaire, est télévisuelle... Ce n'est donc pas la télé, est-ce certains journaux ? Pas seulement le Figaro Magazine, où officie Zemmour, tout de même ?
Et c'est justement parce que je ne méjuge pas votre intelligence que je m'interroge autant. Et que je suis étonné de lire ici un résumé si réducteur, caricatural, de ce que dit Mélenchon. Si j'évoque le programme du Front de Gauche, c'est parce qu'il contient quelques éléments de réponse à votre "qui me dirait clairement, sans fioritures, comment l’aboyeur compte s’y prendre pour réaliser son discours". Mais vous réduisez aussi mon propos en disant que je ne vous renvoie qu'à un programme et que je suis sous la coupe d'un mentor (j'avoue cependant penser qu'une telle qualité d'idées et d'argumentation chez un politique, c'est pour moi de l'inédit). Non, j'insiste, ce que dit Mélenchon - infiniment plus subtilement que votre résumé - d'autres le disent dont, au sujet de l'économie et des banques, sujet que vous évoquez, nombre d'économistes.
Avant de mettre mon premier commentaire, j'avais bien lu votre billet et le précédent. Mais tout ce passage sur Mélenchon - au moins la moitié des 2000 signes de votre billet - avait obscurci ma compréhension de votre réflexion sur la "violence historique". Vous dites, mais vous ne démontrez pas - d'autant que selon moi, vous réduisez singulièrement une pensée politique et une vision économique - qu'on ne peut changer les choses que par la violence, armée, qui fait des morts, et je ne vous suis pas. C'est aussi que vous établissez un postulat avec lequel je ne suis pas d'accord : qu'un changement de politique, par les urnes, ne changerait rien et que vous sous-entendez donc que le Front de Gauche maintiendrait les choses en l'état... A ce sujet, comparez la violence avant et après les révolutions électorales récentes en Amérique du Sud... Tout y est-il resté en l'état ?
En vieux de la vieille anarchiste - ceci dit sans mépris : bien que n'ayant pas vécu la grande période situ (mais j'ai aussi lu, ado, Vaneigem et Debord), je me suis moi-même longtemps tenu à distance du cirque politique - vous préjugez que Mélenchon, avant toute autre chose, est motivé par sa carrière et la soif de pouvoir. Outre qu'il me semble que le changement de Constitution prévu par le programme du Front de Gauche est loin d'être le meilleur moyen d'assouvir ce besoin, j'ai peut-être la naïveté de penser que, même s'il en était ainsi, là ne serait pas le principal. Parce que je me dis que ne serait mis en oeuvre qu'un quart de ce programme, ça changerait déjà beaucoup de choses (et que c'est inimaginable qu'en cas de gouvernance du Front de Gauche, rien ne soit fait pour réaliser ce programme). Et parce que je préfère suivre des idées que je partage, qui me parle - pour la première fois en politique - et leur donner ma voix, et m'intéresser de près à ce nouvel horizon, plutôt que l'immobilisme et l'indifférence dans une période particulièrement violente.
Et là j'aborde un autre point de votre réflexion générale, par lequel vous m'inquiétez. C'est que vous ne dites absolument rien, est-ce la nier ?, d'une violence bien réelle, ignoble par les souffrances qu'elle inflige de par le monde : c'est celle de toutes ces politiques néolibérales d'austérité. C'est cette violence-là, déjà historique - semblable à celle des années 30 - qui est mortifère, avant la violence des peuples désireux de changements. Cette violence étatique et économique, créant de plus en plus de pauvreté, arrogante, exacerbant la xénophobie et accélérant la catastrophe écologique. Croyez-vous qu'en laissant faire, les armes ne sortiront pas ? Où voyez-vous, puisqu'il est question de Mélenchon, qu'au Front de Gauche, on pense que la "violence historique", c'est chez les autres, que "la Syrie, la Lybie, le monde arabe", c'est les "antipodes" : au contraire, la référence à cette menace est constante.
Enfin, je veux dire quelque chose de la troisième partie de votre réflexion. C'est intéressant théoriquement, le discours situ que vous répétez ; ça l'est aussi, d'un point de vue individuel : je veux dire, quand on a, par exemple, 18-25 ans, qu'on est seul et qu'on a la vie devant soi ; et d'un point de vue égoïste. Mais ça l'est plus dans le contexte des années 60-70 qu'aujourd'hui... Le monde a bien changé, comme vous le dites, mais pas seulement parce que le travail, en tant que valeur, aurait changé dans la plupart des cervelles. Le monde du travail a lui-même changé. En fait, vous vous moquez de certains discours radicaux, mais le vôtre l'est tout autant, sinon plus. Allez dire aujourd'hui à ceux qui perdent leur travail, et se battent, s'engagent, réclament ou désespèrent, qu'ils sont aliénés par le travail, qu'ils se battent "contre l'existence", qu'ils "réclament à grand cri le fouet", qu'ils "tournent le dos à la vie"... Voilà une autre forme de violence.

Écrit par : Grégory | 10.01.2013

Tout d’abord, je vous remercie d’avoir pris la peine et le temps de cette longue contribution.
Sachez que je comprends parfaitement ce que vous dites et que, eu égard à vos options politiques, je suis tout disposé à converser avec vous. Mais nous sommes loin d’être d’accord. Nous sommes sans doute d’accord sur pas mal de choses de fond, mais aux antipodes quant à la nature des moyens mis à disposition des hommes pour changer l’ordre du désordre des choses.
Je vous dis tout d’abord que votre petit trait sarcastique selon lequel vous auriez lu les situationnistes à votre adolescence, n’est pas très heureux. Le nombre de gens qui ont lu La Société du spectacle sans y comprendre grand-chose et en l’interprétant par-dessus l’épaule est tellement énorme que je doute fort qu’il s’agissait là d’une lecture d’adolescent, à moins que vous ne soyez un surdoué... Jules Verne, oui… De même pour Vaneigem. Lors d’une discussion orale avec Georges Monti( qui est peut être moins intelligent que vous) Editions Le Temps qu’il fait, il me confirmait la chose suivante : Debord est très pointu à lire, et le nombre de conneries que l’on peut entendre aujourd’hui sur ses livres et sa théorie prouvent bien, si besoin en était, combien on ne l’a pas lu ! Monti connaissait Debord dont il a publié (ou se proposait) de publier un livre.
Vous ne savez pas, à l’évidence, de quoi vous parlez. Ne prenez pas cela mal, je vous prie.
Quant au fait que je sois un vieux de la vieille anarchie, oui, oui, je vous confirme. Vous n’étiez pas tenu de me faire ce beau compliment qui m’est allé droit au cœur.
Nous n’avons pas la même vision du changement historique et de la violence qui la sous-tendra si tant est que ce changement intervienne un jour. Vous proposez, avec Mélenchon, de mettre la finance libérale au pas par des réformes économiques et sociales.
Est-ce que vous rigolez, sincèrement ? Je crois que vous n’avez pas mesuré la violence, la détermination, la puissance et la capacité à frapper qu’a le capitalisme financier quand on lui pose des bâtons dans les roues par voie électorale, pacifiquement, comme ça, l’air de rien. Je parle de Vous, là, pas de Mélenchon.
Si vous croyez sincèrement que vous allez avec un programme politique (qui va dans le bon sens sur le papier selon mon sentiment) faire la pige aux aliénations qui nous accablent, alors, oui, je comprends mieux que vous n’ayez parcouru les situationnistes qu’au cours de votre adolescence.
Je vous invite cordialement à une saine relecture.
Mais laissons là les lectures. Regardons l’histoire. Citez moi une révolution sociale qui ait été menée à terme par le vote. Citez moi un homme politique qui n’ait jamais trahi ce pour quoi les suffrages l’avaient porté au pouvoir, et ce, non pas parce qu'il est mauvais mais parce qu'il n'est que "représentation" de l'économique, de quelque discours qu'il se réclame.
Je suis enclin à désirer un changement radical de société non économique( que je ne verrai jamais, je vous rassure, je sais mesurer mes utopies) et vous proposez un système de réformes, même profondes, qui, au bout de quelques années s’engagera dans les mêmes travers que l'ancien système. Inéluctablement.
Un tour de passe-passe. Comme l’ont fait les bolcheviques, changeant l’étiquette de l’Etat tsariste contre la leur ; Les marins de Cronstadt leur criaient (des anarchistes sans doute ): " tout le pouvoir aux soviets, pas au parti !"
Lénine les a fait fusiller sans autre forme de procès.
Vous auriez certainement fait de même dans les mêmes conditions politiques et à la même époque.
De même pour Nestor Makhno, qui redistribuait en Ukraine les terres et les richesses aux paysans et que Lénine et Trotski ont achevé dans le sang… C'est ça que vous appelez un changement de société ? Merci... On a déjà donné.
Je pourrais vous en citer des pleines pages… Qui donc égorgeait les anarchistes espagnols ? Les franquistes ? Oui, mais pas que… Les communistes en ont plus trucidé que les fascistes.
Bref…
La violence historique oui, serait nécessaire pour accéder à la société de mes souhaits. Mais j’ai bien pris soin de dire que c’était pour moi une douloureuse contradiction car si je veux la société telle, je ne suis pas disposé à ce que des gens se tuent. La vie est trop belle. Trop courte et, comme le chantait en substance le poète sétois, "mourir pour des idées, il faut laisser cela à ceux qui n'en ont pas."
Est-ce bien clair ?
Quant au travail, ce que vous me dites là, confirme ce que je viens de dire : vous ne pensez l’homme qu’en être économique alors que c’est cet homme là qu’il faut nier et dépasser pour en revenir à l’homme.
Enfin, le monde a changé, me dites vous. Je vous remercie vivement : je n’avais pas remarqué. Quoiqu'il ait changé sur la même trajectoire que prise au XIXe siècle et après la "Révolution industrielle" et que sa critique est toujours de la même actualité. Il a changé dans ses formes, il les a peaufinées, jamais dans ses buts !
Vous ne l'avez pas vu, ça ? Mais que voyez-vous donc ?
Une dernière chose : Vous m’avez devancé car dans les textes qui suivront, j’allais parler, je ne sais quand, de la violence du système, de la brutalité de la finance et de ses corollaires.
Croyiez-vous m’apprendre quelque chose sur le sujet, franchement ? Cette brutalité, toute ma vie, je l’ai reçue de plein fouet dans la gueule et dans mes tripes !!!!
Cordialement

Écrit par : Bertrand | 11.01.2013

C'est finalement par cet échange que j'apprends le mieux à vous connaître. Donneur de leçons ne supportant pas la contradiction, susceptible (on dirait, contrairement à ce que vous dites, que vous ne l'avez pas avalé le "vieux de la vieille anarchie"...), d'un mépris mesquin autant qu'insultant. On dirait Debord.
Quand je vous dis que j'ai lu Debord et Vaneigem ado, je ne vous parle pas de mes 12 ans... Pour le Traité de savoir-vivre, j'avais 18 ans. Pareil pour Debord, à travers ses films avant de le lire. J'y suis revenu durant quelques années, que je considère comme faisant encore partie de l'adolescence (vous voyez, au passage, comme c'est facile de se méprendre : je vous dit "adolescence" et vous pensez 12-14 ans. Alors, quand Debord dit "spectacle"...). Je n'ai pas besoin qu'on me dise, qu'on me répète qu'Untel a dit que Debord c'est compliqué pour m'en rendre compte. Lui-même s'en plaignait dans "Réfutation..." : ahlala on ne m'a pas compris, si c'est pas malheureux. Mais faut pas exagérer non plus : d'un point de vue théorique, y a beaucoup d'immédiatement compréhensible. Et si le plus subtil est malaisé à comprendre, ça ne tenait qu'à lui d'être plus clair. Au lieu de ça, on a un texte souvent verbeux, abstrait, confus et ambigü, destiné surtout à en jeter plein la vue...
Je ne sais pas de quoi je parle, dites-vous... Parce que savoir, c'est réciter Vaneigem comme l'évangile, ainsi que vous le faites ? Ah nier l'homme économique, ah les buts sont toujours les mêmes, ah l'aliénation du travail, ah les luttes vont contre l'existence, ah ce n'est que survie, blablabla. Personnellement, je ne vois pas, derrière cette récitation, un grand écrivain...
Je vous parle d'aujourd'hui, d'une situation urgente où la précarité se généralise, où les droits de chacun sont menacés, et vous voulez tout expliquer par ces textes écrits dans la société de consommation, dans une époque de plein emploi, et dont la seule solution proposée est celle de l'individualisme, de l'hédonisme... Et finalement vous me faites rire à vous moquer d'un certain radicalisme et d'un irréalisable, tout en proposant encore plus radical et utopique. Et pendant ce temps-là, le monde vacille.

Écrit par : Grégory | 12.01.2013

UNION
ACTION
P R O G R A M M E C O M M U N !

(Mais, je dis ça, je dis rien, hein...)


:-D

Écrit par : Le Tenancier | 13.01.2013

Jusqu'alors, il ne me déplaisait pas de débattre avec vous, Grégory. Mais à partir de ce matin, vous m'emmerdez royalement.
Que je ne supporte pas la contradiction ? Au ton vexé et quasi injurieux ( benêt en plus) de votre dernière intervention, vous ne me semblez pas un homme qui reçoit avec sérénité le fait qu'on touche au p'tit programme politique de ses espérances frelatées. La caque sent toujours le hareng,semble-t-il, et je vois se profiler derrière votre réaction paranoïaque la silhouette à peine déguisée de Joseph...
Vous ne comprenez strictement rien à ce que j'essaie de vous dire.... Restons-en donc là et pendant que je récite comme un con les situationnistes dans mon coin, continuez donc de vous embrumer la cervelle au bréviaire néo-stalinien de la falsification politique.
Quand à prétendre me connaître, cher monsieur, il vous faudra encore être patient. Vous êtes du genre qui tracez un portait-robot sur la foi de deux ou trois commentaires. Le vieux fichage de la police politique, quoi... ça fait froid dans le dos
Moi, j'ai le plaisir de ne pas vous connaître et au vu de l'avenir que vous mijotez dans votre coin de militant, j'espère que c'est un plaisir qui durera encore longtemps .

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Si le Tenancier ne l'avait déjà fait, je vous aurais bien demandé en mariage, cher Bertrand.

A moins, bien sûr, qu'on puisse en la situation faire du triolet ?

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 14.01.2013

Une communauté maritale ?
Cela va tout à fait dans le sens d'un programme commun, ça.

Écrit par : Le Tenancier | 14.01.2013

Dans le sens d'un Programme Allégé Commun Subliminal, oui !

Écrit par : Armand | 14.01.2013

Messieurs et chers camarades, vos assiduités me flattent... Et je vous propose sans plus d'atermoiements un gai phalanstère !

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Ma foi, si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je prends une option sur le repassage et de la cuisine, deux domaines où je me débrouille assez. Cela dit, en bonne communauté libertaire, nous voici à faire une rotation des taches...
Euh, j'espère que vous êtes des lève-tard, en tout cas.

Écrit par : Le Tenancier | 14.01.2013

Heu... C'est-à-dire que je me couche comme les poules et suis opérationnel alors que le soleil est encore en pyjama, de l'autre côté de l'horizon.... Aie, aie, ça commence mal.
Le mieux sera de ne pas se coucher du tout.

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Et puis, le repassage n'entre pas dans l'idéologie libertaire, le mieux sera de ne pas se froisser.

Écrit par : Armand | 14.01.2013

On peut aimer l'anarchie et faire l'élégant, il n'y pas de contradiction fondamentale. En tout cas, j'ai pas trouvé dans Kropotkine, Malato, Stirner, Reclus ni Malatesta quoi que ce soit qui conteste la chose. On peut être "couture" et prôner le Grand Soir - tout en se ménageant les petits matins, tout de même, car je ne conçois de Révolution aboutie que par sa conclusion logique : la grasse mat'...
Bertand, nous ferons alors dans le décalé : je vous ferai des "tupperwares". Après-tout les fameuses réunions de cette marque valent bien certaines veilles idéologiques.
Je vois d'ici : un Phalanstère Tupperware Libertaire, ça aurait de la gueule

Écrit par : Le Tenancier | 14.01.2013

J'ai plutôt fréquenté les réunions Tupeuxboire que Tupperware, mais bon, un phalanstère c'est toute une rééducation ,n'est-il pas ?
Pour le repassage dont parle Armand, je propose le fer à dix sous et l'eau ferrugineuse, bien sûr.

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Et, de toutes manières, qu'importe les heures des uns et des autres, rien ne nous empêche de faire les 3x8 en matière de répartition des taches, non ?
Et je veux bien m'occuper de la coupe du bois, rien de plus logique dans un phalanstère, n'est-il pas ?

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 14.01.2013

J'ai eu, tout d'un coup, le cerveau lent... Du bois, un phalanstère, voyons, voyons....Où est l'ast....AH, d'accord... Moi qui fus bûcheron,j'aurais dû percuter au quart de seconde.
Alors, d'accord, Otto, vous serez préposé à l'approvisionnement en bûches.
AH, si George passait par là, il nous en sortirait des calembours !

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Ah Bertrand, je ne puis que vous rappeler - à propos des réunions Tupeuxboire - le fameux slogan de la CNT (j'ai encore l'affiche !!!) : "Pour une biture démocratique, nationalisons Ricard".
J'adopte l'eau féguri... fénuri... férigineuse.

Écrit par : Le Tenancier | 14.01.2013

J'avais un ami, aujourd'hui parti chez les Gentils, qui se définissait volontiers,face à la kyrielle des groupuscules en isme comme anarcho éthylique... ça sonnait bien, je trouve.

Écrit par : Bertrand | 14.01.2013

Ah, mais j'en ai croisé quelques uns aussi !

Écrit par : Le Tenancier | 14.01.2013

Tout à fait, il ne faut pas se fourier le doigt dans l'œil !

Écrit par : Armand | 14.01.2013

Je m'en doute, Tenancier. Ceux avec lesquels vous avez croisé le verre (!)
Armand, seriez-vous parent avec Emile ?

Écrit par : Bertrand | 15.01.2013

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