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30.05.2013

Trois nains, dit-on...

P4290435.JPGIl se passe des trucs vraiment couillons du côté de Tuczna, petite bourgade toute en longueur de l’est polonais. Plus exactement entre Tuczna et Piszczac, autre petite bourgade toute en longueur de l’est polonais.
Mais je ne sais pas exactement où et je ne sais pas exactement quoi. C’est dire si mon billet présente ce matin un indéniable intérêt documentaire.
Mais c’est là où on sait le moins, qu’on imagine le plus, c’est bien connu.
C’est une dame qui me l’a dit, qu’il se passait des trucs couillons là-bas. Mais cette dame, bien qu’en sachant un peu plus que moi, ne sait pas grand-chose non plus. Je ne sais donc pas la part d'imagination qui rentre dans le récit qu’elle me fit, s’il est vrai que c’est là où on sait le moins… etc.
Entre Tuczna et Piszczac, donc, il y a quelque part dans la campagne, trois arbres. Enfin, il y en a plus que cela, bien sûr, il y a même des forêts, mais il y en a trois qui sont remarquables et intriguent beaucoup.
Quelle essence ?
Je ne sais pas, la dame ne le sachant pas.
Alors qu’ont-ils, ces trois arbres ?
Hé bien, ils sont bien portants, ils arborent un feuillage des plus sains, épais, mais ils ne grandissent jamais. Depuis quinze ans au moins, - notez la précision - ils ont la même taille. Ils sont petits, ils laissent leurs feuilles tomber chaque automne et en refont de nouvelles au printemps, comme tous les arbres à feuilles caduques de la terre, mais ils restent à la même hauteur, ne font aucune ramification nouvelle, ne s’élèvent pas d’un pouce.
Tout le contraitre de ce chêne de
Jabłeczna, 700 ans dans les branches, que vous voyez là, à gauche, et qui est classé "Pomnik przyrody", Monument de la nature.
Les trois arbres dont je vous parle, eux, ne présenteront jamais, semble-t-il, cet auguste et large maintien. Ils sont bloqués. Si un arbre avait une hypophyse, je dirais que, chez ces trois sujets là, elle dysfonctionne. Elle ne produit pas l'hormone de croissance.
C’est fort étrange. Feuilles nouvelles à chaque printemps veut pourtant dire montée de sève, énergie, pousse… Mais là, non. Impassibles, les trois arbres. Ils refusent de grimper à l’assaut des nuages.
Mais il y a bien plus étrange encore. Le phénomène est assez singulier pour avoir attiré à lui des cameramen de la télévision… qui en furent quittes pour rembobiner des pellicules vierges. Les trois immobiles n’ont pas voulu se laisser mettre en image et, sur le film, on ne voit que du blanc et du flou.

Evidemment, j’ai prêté une oreille attentive à ce récit.
Des ondes particulières, ai-je dit, en bon bêta matérialiste.
Peut-être. On ne sait pas. Mais en quoi des ondes, banales, peuvent-elles nourrir un imaginaire ?  Des ondes ! Pouah !
Non… Elevons-nous un peu, de grâce ! Le  bruit court, dit la dame, qu’il y aurait eu là, autrefois, une église.
Quand ?
Autrefois. Très autrefois.
Tiens ! C’est curieux… Et quelle relation de cause à effet ? Mystère.
Le bêta matérialiste se creuse la cervelle et en remet une couche. Les ruines en dessous, bloquent la végétation peut-être. Que de la pierre. Plus rien à se mettre sous la racine et qui fasse grandir.
Allons ! Allons ! Les arbres poussent allègrement sur toutes les ruines du monde ! Ce n’est pas ça… Et puis, est-ce que des ruines enfouies empêcheraient une caméra de fonctionner ?
Le bêta matérialiste convient sans ambages de la bêtise de ses vaticinations
.
Alors ?
Un autre bruit court - à mon avis c’est le même - que la Vierge aurait visité cette église.
Quand ça ?
Le bêta matérialiste se rend soudain compte de l’incongruité de sa question et ravale sa salive. On ne date pas un mystère de cette envergure, voyons !
Bon.

Le mieux sera de me renseigner plus avant, dans une des deux mairies, Tuczna ou Piszczac, et d’aller voir de mes propres yeux. Je
connais bien la route qui relie les deux bourgades. J'irai avec mon appareil photo. Il est têtu, mon appareil photo. On verra bien qui, des ruines, des ondes, de la Vierge ou de mon appareil aura le dernier mot !
Et puis, le matérialiste bêta aime à rêvasser sur des lieux de mystères auxquels il ne croit pas. Il aime se nourrir d’étrange, d’ésotérique. S’envoler vers les suppositions les plus folles.
Avec du vent qui caresse les trois arbres, de l’herbe douce en-dessous, du sol sablonneux et un brin de soleil.
Il aime renifler ce qui semble contre-nature dans la nature. La littérature fait le reste ou ne fait rien.
Le matérialiste bêta aime les arbres, en plus. Et les dames qui racontent des histoires.

08:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Moi,j'aurais quand même bien fait un petit trou, pour voir en dessous...

Écrit par : Alfonse | 22.05.2012

J'aime bien cette description d'un "mystère".
Maintenant, il existe toutes sortes d'arbres qui "plafonnent" à telle hauteur et, une fois atteinte, ne "poussent" plus. Et sans intervention transcendantale...
Faut aller voir, mon cher Bertrand !
Est-ce loin de chez vous ?

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 30.05.2013

Amusante convergence entre les mythes antiques de l'arbre ayant cours dans l'Est de l'Europe (et même un peu en France) avec le catholicisme de chaisière.
Je serai sociologue ou anthropologue que je m'en servirais un coup à boire. Mais je vais attendre après sept heure du soir, si vous le voulez bien.
Santé !

Écrit par : Motoculteurs Attila | 30.05.2013

Cher Otto, c'est à une dizaine de kilomètres de chez moi et je n'ai pas encore pris le temps d'aller constater de visu ce mystère, si mystère il y a ....
Bien à Vous. Suis absent jusqu'à mardi...

Attila de jardin, c'est pratique un motoculteur derrière lequel ne repousse pas la moindre herbe. Rien à voir avec Playboys, mais bon...J'eusse préféré voir la signature de Georges Darien.
A votre santé !

Écrit par : Bertrand | 31.05.2013

Cherché dans la somme que vient de sortir Alain Corbin (Historien connu pour son approche novatrice de l'historicité des sens et du sensible), "LA DOUCEUR DE L'OMBRE, L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours", si quelque chose se rapportait de près ou de loin à ce type d'histoire... Pas trouvé pour le moment.

Écrit par : Michèle | 31.05.2013

J'espère que tu nous feras part de tes trouvailles. Cela m'intéresserait beaucoup.

Écrit par : Bertrand | 05.06.2013

S'il y a quelque chose, oui. Mais j'ai bien peur que non. Remarque je pourrais toujours essayer d'écrire à l'auteur :) S'il avait un blogue, ce serait encore mieux :)

Écrit par : Michèle | 05.06.2013

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