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14.05.2012

L'éternel politique

C'en est presque amusant.
On peut depuis belle lurette interchanger n'importe quel discours, de n'importe quel homme, de n'importe quelle époque, dans n'importe quelle situation, et n'en pas moins demeurer
d'une désarmante actualité.
Comme quoi les misérables blogueurs-onanistes-plumitifs, vautrés sur leur canapé du dimanche soir, abreuvés d'une télévision qu'ils font mine d'exécrer pour faire les intelligents qui ne s'en laissent pas compter - au lieu de, comme moi, ne pas  avoir de télévision du tout - ont dans le cerveau un cadavre. Toujours le même.

littérature" C’est un discours édifiant que prononce sur les ondes, le 21 août 1938, Edouard Daladier, notre bon président du Conseil :
« En face d’Etats autoritaires qui s’équipent et qui s’arment sans aucune considération de la durée du travail, à côté d’Etats démocratiques qui s’efforcent de retrouver leur prospérité et d’assurer leur sécurité et qui ont adopté la semaine des 48 heures, la France, plus appauvrie en même temps que plus menacée, s’attardera-t-elle à des controverses qui risquent de compromette son avenir ? Tant que la situation internationale demeurera aussi délicate, il faut qu’on puisse travailler plus  de 40 heures, et jusqu’à 48 heures dans les entreprises qui intéressent la défense nationale. »
En lisant la retranscription de son discours, je me suis dit que, décidément, remettre la France au travail était un fantasme éternel de la droite française. J’étais scandalisé que les élites réactionnaires, prenant si peu la mesure de la situation, ne songent qu’à utiliser la crise des Sudètes pour régler leurs comptes avec le Front populaire. Il faut dire qu’en 1938, dans la presse bourgeoise, les éditorialistes stigmatisaient sans vergogne les travailleurs qui ne pensaient qu’à profiter de leurs petits congés payés.
Mais mon père m’a opportunément rappelé que Daladier était un radical-socialiste, en conséquence de quoi il vait dû participer au Front populaire. Je viens de vérifier et en effet, c’est stupéfiant : Daladier était ministre de la Défense nationale dans le gouvernement de Léon Blum ! J’en ai le souffle coupé. C’est à peine si je parviens à récapituler : Daladier, ancien ministre de la défense nationale du Front populaire, invoque des questions de défense nationale, non pas pour empêcher Hitler de démembrer la Tchécoslovaquie, mais pour revenir sur la semaine de 40 heures, c’est-à-dire justement l’un des acquis du Front populaire. A ce degré de bêtise politique, la trahison devient presque une œuvre d’art. »

Laurent Binet -  HHhH - Le livre de poche - Octobre 2011 - Pages 101 et 102.

10:33 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

C'est à se demander si les « crises » ne sont pas l'arme suprême de la Défense nationale, en extrapolant à peine.

Écrit par : ArD | 14.05.2012

Chère ArD, je ne sais pas si elles sont "l'arme suprême de la Défense nationale", mais elles sont à n'en pas douter les prétextes à tous les faux arguments et les justifications de toutes les saloperies.
En France, depuis quarante ans, aucun saltimbanque politique qui ne joue son numéro sur la partition " crise"...
Pouahhh!

Écrit par : Bertrand | 14.05.2012

Ah ! celui là je l'ai lu !!!

Et voilà ce que j'en disais : http://grognardises.blogspot.fr/search/label/BINET%20Laurent

(je n'ai pas encore été très sympa, une fois de plus... Grognard, quoi !)

Écrit par : stephane | 14.05.2012

Punaise, oui, je viens de te lire ! Tu fis là un bien bel article (au sens de juste) ! Je suis d'accord sur l'essentiel : Binet en fait beaucoup trop, il exploite son filon de romancier qui n'en est pas un, nous abreuve de ses scrupules, et, ce qui était plaisant, novateur même, les cent premières pages, devient lourdingue à partir de la 101ème.
En revanche, j'ai trouvé un passage très intelligent, celui où il affirme que "Les Bienveillantes" ont reçu un bon accueil non pas parce que le livre était en phase avec l'époque qui lui servait de tissu, mais en phase avec la nôtre, polluée par tout un tas de petits désabusés revenus de tout sans jamais n'avoir mis les pieds nulle part, qui font les mélancoliques acerbes et etc.
On en reparlera car, à propos de ceux-là justement, ces petits Houellebecq des datchas capitonnées, j'ai dans la tête un petit texte.

Écrit par : Bertrand | 15.05.2012

J'ai été un lecteur très enthousiaste des 3Bienveillantes3 qui peut être lu, sans doute, à plein de niveaux et qui peut donner lieu à des analyses innombrables. La question posée par Binet est intéressante, c'est sa façon de vouloir nous faire croire qu'on se débarrasser du bouquin de Litell juste avec un bon mot qui m'a gêné.

Écrit par : stephane | 15.05.2012

Personnellement, ça ne m'a pas trop gêné. J'ai pris ça pour une boutade. D'ailleurs son livre en est truffé.

Écrit par : Bertrand | 16.05.2012

Les commentaires sont fermés.