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23.11.2010

Le mode d'utilisation du numérique en écriture : Une certaine vision du monde

echelle.pngJe me suis lancé - pas sûr du tout de l’exactitude de l’expression -  dans la rédaction d’une dizaine de nouvelles.
Un genre difficile et exigeant, on le sait, si on appelle nouvelle autre chose qu’une forme brève du roman et comme j’ai décidé d’en écrire dix, sans lien apparent entre elles, le travail en est d’autant plus long et passionnant.
Cela me prend évidemment des heures et une certaine énergie au point que ma présence sur l’Exil pourrait en pâtir, ce que je voudrais éviter à tout prix car l’atelier public, le poumon par lequel respire l’écriture, il est là plus que sur les pages isolées d’un traitement de texte.
Mais écrire sur blog ne tient pas du bavardage et il faut surtout éviter que ce qu’on y écrit soit moins beau et utile que le silence qu’on pourrait y afficher.
Sur la page non reliée aux lecteurs aussi, me direz-vous avec juste raison, mais sur celle-ci, on a le temps de retravailler, on est seul et on peut même, si vraiment ça ne dit rien qui en vaille la peine, l’expédier à la poubelle.
Sur le blog, on est en prise direct. L’artiste travaille sans filet, si j’ose.
Là comme partout ailleurs de toutes façons - et c’est ce qui fait de l’acte d’écrire un acte à dimension humaine - si on a l’impression de presser un citron, mieux vaut balancer le citron par-dessus bord et passer à autre chose.

Dans cette manie d’écrire, donc, qui fait l’essentiel de mon  activité, il n’y a pas de séparation fondamentale entre ce qui se fait dans l’ombre avec projets (ou fantasmes) éditoriaux - disons traditionnels parce que je n’ai pas envie de me lancer dans une longue digression - et ce qui s’écrit ici.
Les deux veulent participer d’une même présence au monde mais encore en deux temps pour moi, l’un immédiat et l’autre différé. C’est certainement là que j’en suis toujours à la préhistoire du numérique, sans laquelle il n’y aurait pas d’histoire à espérer, bien évidemment.
On peut être certain que dans un avenir plus ou moins lointain - gardons-nous de jouer les astrologues tant les méandres du monde sont capricieux - tout d’un écrivain se passera sur son site, à visage de plus en plus ouvert et dans l’immédiateté de sa création.
Deux mondes pour l’heure se superposent comme les sédiments de la géologie, la librairie et le site internet, et si nous participons des deux couches d’un même limon c’est que nous sommes à une charnière, à un changement d’ère en train de se faire.
En équilibre…

En écrivant cela, je pense à deux écrivants d’internet qui ne se connaissent pas entre eux : François Bon qui travaille exclusivement à ciel ouvert,  et Feuilly (
avec lequel je vasecommuniquerai le 3 décembre), qui ne partage ni le même esthétisme ni les mêmes convictions en façon de numérique, mais qui, pendant plus d’un an,  a mené l’expérience d’une écriture romanesque en direct, avec projet de retravailler le texte et de le soumettre à l’édition traditionnelle.

Deux pratiques presque contradictoires : L’un offre une écriture qui se veut définitive, l’autre une écriture en  devenir.
Je prends ces deux exemples comme deux exemples probants de comment on aborde, chacun selon son goût et sa liberté,  la préhistoire numérique et je me dis qu’avec mes nouvelles sur le métier et l'Exil, je suis dans une troisième  utilisation.

Oui, mais le contenu dans tout ça, que j'entends qu'on murmure...
Le contenu ? Mais la littérature s'écrit plus avec le monde qu'à propos du monde alors, forcément, le choix des moyens, c'est aussi le choix de sa littérature.

13:15 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

je me permets de vous ajouter à la liste des vases communicants - espérant que cela vous convient

Écrit par : Brigitte Celerier | 23.11.2010

Pendant plus d’un an? Non, non, pendant moins d'un an tout de même, disons de la mi-janvier à la mi-novembre.

Pour ceux qui ne seraient pas au courant, ce sont les lecteurs qui, dans leurs commentaires, ont réclamé une suite à une petite nouvelle d'une page. Même pas une nouvelle, en fait, un petit texte, sans plus. Et puis voilà, ils ont eu leur suite.

Mais Bertrand, toi l'adepte du numérique, tu te contredis en avouant que c'est un texte en devenir, qui doit être retravaillé. C'est déjà avouer qu'il ne peut atteindre sa perfection ainsi, en passant par Internet (à cause de la précipitaiton, du manque de recul, etc, oui, je sais tout cela). C'est un peu me donner des arguments en faveur de l'édition traditionnelle, non?

Ce qui ne veut pas dire que le texte ne doit pas être amélioré, ça c'est une autre histoire.

Écrit par : Feuilly | 23.11.2010

Chère Brigitte, permets-toi, permets-toi, bien-sûr qu'il faut nous mettre sur la liste et c'est même une dimension indispensable de ces vases communiquants que la publication des participants. A ce titre, tu rends chaque mois grand service à tout le monde et sois-en ici remerciée...
Si tu n'étais pas venue là, je t'aurais prévenue par mail.

Feuilly, que je me contredise, c'est bien possible. La cohérence, en quelque matière que ce soit, est une charge trop lourde pour mes épaules et, s'agissant du numérique, comme on en est aux balbutiements, comme on y va encore tous à tâtons et que c'est par ces tâtonnements-là qu'on avance, si tu me trouves quelque part un ou une qui soit en parfaite cohérence, alors, il faut me le dire.
Je n'avoue donc rien (même pas sous la torture)et je ne dis pas que ce qui s'écrit sur internet est perfectible alors que ce qui s'écrirait dans l'ombre ne le serait pas.
Tout écrit, toute publication, toute oeuvre est en gestation. C'est même là un de ses caractères les plus fondamentaux.
Et c'est pour ça aussi que dire d'une oeuvre qu'elle est un chef-d'oeuvre, c'est de la foutaise "d'imbéciles jouant les intellectuels ou d'intellectuels jouant les imbéciles, ce qu'ils font les uns et les autres à merveille."
Tu prends un texte que tu as écrit il y a quelques années et que tu croyais achevé et tu as envie de tout chambouler parce que tu te dis : je n'écrirai pas ça aujourd'hui, ou pas comme ça, parce que la vie et le temps et le mouvement du monde sont passés par là.
Mais revenons au numérique : Je ne généralise pas ce que je dis là. j'ai pris deux exemples précis. On est bien d'accord que ta démarche était d'écrire en direct et de retravailler après alors que François a une démarche autre qui est de livrer des textes à part entière, "momentanément achevés".
Ne taisons pas non plus qu'il a une autre expérience que nous-autres.

Et tu sais, je n'ai jamais été, dans mes choix, "adepte." Je ne suis donc pas plus adpete du numérique que de la foi chrétienne. J'écris et j'écris donc là où se sont déplacés en masse les lecteurs.
Si les lecteurs ne cherchaient plus de littérature sur Internet, je n'écrirais plus là, ça tombe sous le sens.
Je dois beaucoup à mon blog. Il m'a fait beaucoup plus lire que les livres que j'ai pu publier par ailleurs. Le phénomène tient lieu de preuve. Il n'y a pas d'idéologie là-dedans mais de l'opportunisme.
Et tous les blogeurs en sont là, simplement, et c'est bien regrettable, il y a une pillule dans leur propre pratique qu'ils ont du mal à avaler.
Comme s'ils étaient sur Internet par frustration alors que l'essentiel (parfois le tout) de leur activité d'écrire est là.
C'est comme si un jardinier avait du mal à accepter que son jardin ne soit qu'un jardin.
Amitiés

Écrit par : Bertrand | 24.11.2010

En ce qui me concerne, je n'ai effectiveemnt qu'Internet pour être visible et être lu.

Et quand à dire que le texte proposé était en gestation, c'est un peu exagéré aussi. Quand un chapitre était mis sur le site, il avait tout de même été relu et me semblait bon "à ce moment-là". Je veux dire que ce n'était pas un simple brouillon. Par contre, ce qu'il manquait dans cetet expériebnce, c'était le recul. Pouvoir relire son texte après un ou deux mois. Dans ce cas, les défauts sautent plus facilement aux yeux.

Écrit par : Feuilly | 24.11.2010

AH, mais je n'ai jamais dit que c'était un brouillon, nom de dieu d'bon dieu ! Hiiiiiiiiiiii !
Je dis que tout texte est en gestation, en devenir...Les tiens, comme les miens, comme ceux de Pierre et de Jacques.
Une gestation a des étapes et chaque étape est nécessaire et même un élément achevé en tant que telle.
Quand je lis les textes les plus anciens sur ce blog, je ne les trouve pas bons du tout...Quand j'en republie un, je le retravaille un peu parce que 2007 ou 2008, ça n'est pas 2010...Voilà...
Mais tout ça, tu le sais bien...Qui serions-nous si, dans un premier jet (même relu, même retravaillé) nous jetions les bases inamovibles de notre esthétisme, de notre humeur, de notre sensibilité ad vitam aeternam ?
D'ailleurs, chez toi, on parle de Flaubert..Je n'ai pas voulu intervenir car c'était le contre-exemple même.
Jamais content de ses textes, même une fois publiés.
Un très grand quoi.

Écrit par : Bertrand | 24.11.2010

C'est vrai que lorsqu'on relit un texte après disons deux ans, on le trouve généralement bien pauvre. Inversément, il m'est arrivé de retrouver des réflexions couchées sur le papier lorsque j'avais 20-25 ans. Et bien, j'étais étonné de tout ce que j'y disais déjà. Sur le fond, je redirais la même chose aujourd'hui.

Écrit par : Feuilly | 24.11.2010

Tout à fait d'accord...J'ai relu (pas en entier parce que l'écriture y était abominable) un vieux manuscrit écrit en 89...1989, hein, vas pas me faire dire ce que je ne veux pas !
L'essentiel était déjà là.
Mais jamais je n'oserai montrer ce manuscrit à quelqu'un, tant la formulation en est d'une naiveté déconcertante, les émotions à l'état brut, les adjectifs et les exclamations presque tragico-comiques.
La seule critique que j'ai eu de ce manuscrit, c'était que c'était écrit au vitriol.

Écrit par : Bertrand | 24.11.2010

C'était donc un texte écrit sous l'impulsion de ta colère. Ce que tu disais était vrai et c'était ton ressenti que tu exprimais là, mais la formulation était exagérée. D'un autre côté, à trop vouloir se maîtriser, on risque peut-ête de perdre ce feu intérieur.

Je veux dire que certains, à force de ne penser qu'à la forme, finissent par oublier le fond et à la limite ils ne disent plus rien. Je pense à "Emaux et Camées", de Gautier. C'est admirablement bien ciselé, mais c'est froid. Ce n'est pas Rimbaud à 17 ans.

L'idéal étant sans doute de trouver un juste équilibre entre ces deux pôles.

Écrit par : Feuilly | 24.11.2010

Je ne crois pas trop au talent spontané.
"Dix pour cent d'inspiration pour quatre-vingt-dix pour cent de transpiration"
Flaubert a mis cinq ans pour écrire Madame Bovary, Stendhal n'a pour ainsi dire terminé que deux manuscrits.

Écrit par : Bertrand | 24.11.2010

Bertrand, puisque tu cites Stendhal, j'ai trouvé ceci sur un site dont je donne le lien après la citation :

"C'est le 3 septembre 1838 que Stendhal a l'idée d'écrire la Chartreuse de Parme. Pendant 2 mois, il garde le silence, préférant se consacrer à la rédaction des Mémoires d'un touriste. Puis, le 4 novembre, Stendhal s'installe au 4 Rue Caumartin à Paris. Pendant 7 semaines, il se met au travail et dicte à un secrétaire le texte de la Chartreuse. Le 26 décembre, il remet à son éditeur un texte de plus de cinq cents pages.

La Chartreuse de Parme est publié en deux volumes en mars 1839. Un extrait du roman, notamment la bataille de Waterloo a été publié en avant-première dans "Le Constitutionnel". Balzac envoie alors une lettre de félicitations à Stendhal.

La Chartreuse de Parme ne recevra que peu d'échos et d'éloges dans la presse. Balzac, toujours lui, publiera en septembre 1840 un très long article élogieux sur ce roman :"M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. " Il émet également quelques réserves et donne plusieurs conseils à Stendhal. Malgré les quelques critiques, Stendhal est flatté de l'intérêt que lui porte le père de "La Comédie humaine". Il commencera même à apporter des modifications au texte à la Chartreuse , allant dans le sens souhaité par Balzac. Mais La Chartreuse de Parme ne connaîtra pas de réédition du vivant de Stendhal, celui-ci mourant en 1842. Ces corrections ont été le plus souvent reprises en notes, car si parfois elles corrigent une obscurité, "le plus souvent elles alourdissent le trait, et confirment que l'art de Stendhal est fait d'abord de liberté et de spontanéité".

La version que nous lisons aujourd'hui est donc toujours la version de 1839."


http://www.alalettre.com/stendhal-oeuvres-chartreuse-de-parme.php

Écrit par : Michèle | 24.11.2010

Merci beaucoup pour ce lien..Très beau site et passage édifiant sur "La Chartreuse de Parme".
Mais je me pose une question : Que veux-tu me dire exactement ? Qu'on peut écrire (dicter) un monument comme la Chartreuse de Parme en trois mois et que la spontanéité de Stendhal l'a emporté sur les remarques de Balzac ?
Oui, j'entends bien, mais Stendhal est Stendhal(Nietzsche disait qu'il était le dernier grand psy du siècle) et je ne crois pas qu'aujourd'hui, (avec la matière que nous impose le monde) un talent de cette envergure puisse s'imposer.
En tout cas je me garderai bien de vouloir l'imiter.
J'oppose d'ailleurs deux romans du même Stendhal (que j'ai lus)Lamiel et Lucien Leuwen que l'auteur a voulu tellement travailler qu'il ne les a jamais terminés.
J'opposerais aussi l'oeuvre de Balzac, oeuvre à l'écriture boulimique(souvent écrite dans l'urgence financière) ou aucun livre n'est vraiment "fini".
Et ce sont là, pourtant deux pièces maitresses de la littérature. Ce que nous ne sommes absolument pas, très loin de là....
J'ai, depuis plus de vingt ans, eu quand même l'occasion d'échanger avec pas mal d'éditeurs. Beaucoup même.Par écrit ou de vive voix. Tous m'ont à peu près dit la même chose : 90 pour cent des manuscrits qu'ils reçoivent ne sont pas achevés, ne sont pas assez travaillés...
La première fois que j'ai proposé Zozo, c'était à Anne Carrière. La même critique m'a été formulée. J'ai revu ma copie.Stock m'a fait une critique élogieuse mais m'a opposé le "traitement pas assez littéraire" du personnage..Glups !
Je parle donc de façon empirique et, partant, ne conseillerai à personne, à qui je montre quelque intérêt, qui veut être édité de croire à la valeur intrinsèque de sa spontanéité.
Amitiés

Écrit par : Bertrand | 25.11.2010

Tu as bien raison, Bertrand, de préciser que nous ne sommes pas en train de parler de la valeur intrinsèque de la spontanéité. Sinon il y aurait des milliards d'écrivains, autant que d'individus.
Non, simplement je trouvais amusant de voir comment des exemples précis (Stendhal) peuvent infirmer -mais c'est à voir- ce que l'on peut penser de la spontanéité. En fait, méfions-nous de ce mot.

Pour ce qui est du site dont je donnais le lien, je m'aperçois que j'ai du mal à en identifier le ou les auteurs. C'est toujours le même nom qui revient et j'ai le sentiment d'un travail assez "neutre", scolaire et un peu "pensée polycopiée" (on y parle d'autres romans de la même façon).

Écrit par : Michèle | 25.11.2010

Exactement la même impression que toi pour ce site.Pas vivant du tout
On peut néanmoins s'en servir comme "ressources", sur un point précis. Comme tu le fis là à merveille.

Il y a un autre aspect de la spontanéité que nous n'évoquons pas : Avec un nom déjà gravé, avec une oeuvre derrière soi, je crois que les éditeurs et les lecteurs sont plus indulgents eu égard à cette spontanéité.
Ce qui n'est point notre cas.
Et puis, travailler son texte n'est pas besogner ( au sens de laborieux parce que tu m'as déjà donné une autre approche de "besogner", plus large.)
Travailler son texte c'est aussi un plaisir, un recommencement, une redécouverte de ses possibilités et une acquisition d'expérience
Je crois qu'il y a erreur au départ à vouloir opposer travail(sujet pas maitrisé) et spontanéité (génération spontanée du talent intrinsèque, tombée du ciel).

Écrit par : Bertrand | 25.11.2010

Les deux premières lignes de ta réponse s'adressent à moi. Je te remercie pour le "à merveille". (sourire)

Le reste s'adresse plutôt à Feuilly, je pense.
Et je suis bien d'accord avec toi que travailler un texte est synonyme de plaisir. C'est faire que la musique et le rythme soient parties liées avec le sens. Il n'y a rien de plus jouissif que l'écriture. Parce qu'elle est liée à la pensée et qu'elle ne s'arrête jamais. Je n'écris pas de fiction, je n'écris pas tout court, mais quand je lis, c'est comme si j'écrivais, ma lecture, qui n'appartient qu'à moi est une écriture de ce que je lis. Et quand dans mon travail ou mon rôle social, j'ai à écrire un article, ce sont toutes mes lectures qui se précipitent dans mes doigts.

Écrit par : Michèle | 25.11.2010

Mais la définition élargie de "besogner" s'adressait aussi à toi.

Écrit par : Bertrand | 25.11.2010

ça, j'avais bien compris. (sourire)

Écrit par : Michèle | 25.11.2010

Bon, j'arrive un peu après la bataille, là. Mais il faut bien gagner sa vie, hein?

Juste deux questions:

- en quoi ton manuscrit initial n'était-il pas assez travaillé ? Tu parles de la langue, du style ou bien de l'intrigue elle-même (qui doit progresser, aller quelque part et se clore sur elle-même)?
-qu’as-tu fait pour rendre le personnage de Zozo plus littéraire ?
- Je comprends bien qu’on peut améliorer à l’infini son texte. Je suis même convaincu de cette nécessité. Mais pourquoi alors édite-t-on certains manuscrits (voir les 700 nouveaux romans de la rentrée). Pourquoi une Despentes peut-elle remporter un prix ?

Bon, je sais, cela fait trois questions…

Écrit par : Feuilly | 25.11.2010

Tu poses les bonnes questions, auxquelles, hélas, je n'ai pas toutes les réponses.
S'agissant d'Anne Carrière, elle pensait que c'était au niveau de la langue que le manuscrit n'était pas assez travaillé. C'est du moins ce que j'ai compris...
Comme c'était assez imprécis, j'ai relu avec attention. Et, évidemment, à une relecture plus "reculée" (le texte était écrit depuis un an)j'ai trouvé des redondances, des passages inutiles...Je ne lui ai pas renvoyé le manuscrit.
Pour Stock, j'étais plus ou moins introduit par Bernard Ruhaud, un écrivain rochelais publié chez eux.
Quand j'ai commencé à lire leur réponse, j'avais envie de sauter de joie au plafond : Beau texte, personnage très attachant, style agréable, mais, in cauda venenum, "le traitement de ce personnage nous semble pas assez littéraire"...
J'ai demandé à Denis Montebelleo ce qu'ils voulaient dire par là...Lui, il aimait beaucoup mon manuscrit, il m'a dit qu'il ne voyait pas très bien. Moi non plus et toujours pas...
Mais Stock est une grande maison qui a fait ses preuves. Ce raccourci fulgurant signifiait quelque chose que j'entrevois maintenant. Ce serait trop long mais on pourra en reparler.
J'ai retravaillé à faire de Zozo plus une suite de silhouettes qu'un anti-heros et Denis m'a conseillé de l'envoyer à TQF...Bingo !
Mais Georges m'a demandé des corrections encore: Trop d'allusions à Brassens, répétition du mot " derechef" etc..et m'a supprimé le dernier paragraphe du livre, une dizaine de lignes...Il avait raison, en plus et je n'avais pas vu ça après une centaine de lectures et de relectures !
Tu vois, ça n'est pas simple


Pourquoi édite-t-on tant de manuscrits ? Là, nous en avons souvent parlé, ici et chez François Bon.
En gros, très schématiquement : On a jamais autant édité parce que la politique a complètement changé. Un gros éditeur va miser sur l'inflation de la production : Plus il publie, plus le coût de chaque publication est rabaissé. On inonde le marché, on remplit les librairies, un livre reste deux semaines sur les étalages et, hop, retour à l'envoyeur...Personne n'en entend plus parler...C'est fini. Mais dans les quelque cinq cent livres que l'éditeur a sorti, un ou deux vont se vendre, bénéficier de la presse et cela suffira pour amortir les frais de tous les autres et pour faire du bénef...
Quant aux auteurs, les autres, ils seront comme des cons. Publiés, oui,mais jamais lus, sinon par leur cercle intime.
C'est pourquoi, il faut aller vers les petits éditeurs qui, eux, font un choix qualitatif et n'ont pas les moyens d'inonder le marché..
Mais il y a encore des risques, liés au livre lui-même sans doute. Zozo marche bien, il sera vite épuisé s'il ne l'est déjà. Géographiques ne marche pas du tout....
Et je n'ai eu que très epu de relais de presse, à part MDA.
Quant à Internet, à part Toi, Solko, Nauher et Stéphane silence radio à tous les étages.
Les grands ont autre chose à faire que de parler des petits trous du cul, oui, Feuilly...Voir la réalité, rêver après...

Quant aux prix, c'est comme Rue Saint Denis : Les meilleurs appas emportent le client

Écrit par : Bertrand | 26.11.2010

J'ai oublié, malotru, de citer Brigitte qui, outre la beauté de son blog, fait un travail de relais, de com et de décloisonnement sur le net, remarquable.
Je bats ma coulpe et vous invite à la suivre là :
http://brigetoun.blogspot.com/

Écrit par : Bertrand | 26.11.2010

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