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08.06.2010

Une grande dame polonaise au Panthéon

maria.sklodowska-curie.jpgJe parcourais, dernièrement et distraitement, une rétrospective de l’année 1995. En principe, quand on fait ça, on perd magistralement son temps. Pas la peine d'avoir sous les yeux ce dont on se souvient trop bien et sans grand enthousiasme.
Mais là, je n'ai pas regretté car  un petit article m’a bien fait sourire et hausser les épaules.
Le 20 avril de cette année-là en effet, François Mitterrand, en même temps très proche de la sortie et de la tombe, faisait
entrer Pierre et Marie Curie au Panthéon.
Oui, et alors ? Alors on se souvient que le gars Mitterrand avait commencé quatorze ans plus tôt son premier septennat par une visite aux grands hommes de la Nation et que donc, à la fin de son deuxième, il avait absolument voulu conclure aussi par le Panthéon. La boucle. Comme une sourde obstination.
Connaissant, quoique de très loin,  l’oiseau, je subodore fortement que c’étaient-là deux signes forts, histoire de dire à l’Histoire de ne pas l’oublier et, dans quelques décennies, de le faire lui-même dormir aux côtés des illustres gisants.
Comme un gars qui tournerait la cuillère autour du pot, sans avouer son véritable dessein.
Mais revenons à Pierre et Marie Curie.
Ce qui m’a fait sourire, c’est qu’on mentionnait dans cet entrefilet, que c’était la première fois qu’on portait les cendres d’une femme en ce sanctuaire ….Et on disait aussi que cette dame avait élevé l’esprit scientifique français très haut vers les sphères du prestige…
Oui, c’est vrai, sauf que Marie s’appelait, avant d’avoir contracté mariage, Maria
Skłodowska, qu’elle était polonaise - alors que la Pologne n'existait plus -  et qu’au frontispice de ce célèbre foutoir est écrit : Aux grands hommes la Nation reconnaissante...
Et Maria, dans tout ça, Maria qui toute sa vie, en tant que femme et immigrée,  a lutté contre les préjugés agressifs du sérail scientifique et politique, devra t-elle faire montre d'une dernière et posthume révolte indignée en soulevant les lourdes dalles de son tombeau pour demander qu’on mette au goût du jour la célèbre inscription ?

15:57 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

on se prend à rêver

Écrit par : brigetoun | 08.06.2010

Je n'ai jamais été un grand admirateur des scientifiques - le fait d'être femme n'y change rien. Le scientisme - cette foi absolu, finalement, qui caractérise les scientifiques postérieurs, en gros, aux Lumières, m'est même assez antipathique. Car il me semble que c'est vers la fin du XVIIIème que nait ce scientisme, cette idée absurde qu'on peut tout sacrifier à la recherche, idée idiote même, idée de fanatique. Et puis la radioactivité, les recherches sur l'uranium, pouark....

Écrit par : solko | 08.06.2010

Cher Solko, je suis bien, quoiqu'en partie seulement, d'accord avec vous.
Le scientisme et la science ne m'ont jamais fait moi-même bander que très timidement.
Mais là, n'était pas mon propos...
Je voulais dire qu'au Panthéon, Mitterrand porte une femme polonaise et que la double contradiction " aux grands hommes" et "la nation reconnaissante" prête à sourire...
S'agissant de Maria Skłodowska, je n'en suis pas un grand admirateur non plus...Mais c'est une erreur de croire que ses découvertes furent une calamité en soi.
Ce qui le fut, comme toujours, ce sont les utilisations que les hommes groupés en sociétés imbéciles, en ont fait.
Et ça n'est pas très singulier.
L'ethnologie a servi les colons, la radioactivité la guerre, l'automobile les hécatombes, le vélo le Tour de France, la navigation et la boussole la conquête et l'exploitation des peuples, l'eau-de-vie l'élimination progressive des Indiens d'Amérique et des Inuites etc et etc... j'en passe et de tout aussi affligeants.
Ne pas confondre le sujet et son ombre.

Écrit par : Bertrand | 09.06.2010

Double contradiction, oui, qui me fait penser à cela : "Il y a quelques années, une revue scientifique avait lancé une série intitulée: "Les pères fondateurs de la science". Quand arriva le tour de Marie Curie, l'unique femme de l'aréopage, le maquettiste dut se livrer à un honteux trucage sur la couverture: il cacha le mot "pères" derrière le chapeau de Marie." (Nicolas Witkowski, Trop belles pour le Nobel-Les femmes et la science- 2005).
Pour le frontispice, c'est plus difficile. Tout casser ?

Écrit par : michèle t. | 09.06.2010

Sans jeu de mots, il m'est quand même difficile de me réjouir du fait qu'une femme soit parvenue à être aussi con qu'un homme.

Écrit par : solko | 10.06.2010

est-ce que aussi "con qu'un homme" emet l'idée que ces femmes scientifiques de haut niveau ont un côté garçon manqué, qu'il y a chez elles une dimension qui manque?? les autres n'ont sans doute pas beaucoup de place dans leur histoire; pour moi leurs découvertes sont magnifiques, c'est leur utilisation qui inquiète.

Écrit par : Anne-Marie Emery | 10.06.2010

Mais cher Solko, qui vous a dit que je m'en réjouissais ?
J'ai déploré, en filigrane, qu'elle ait dû se battre parce que toisée en tant que femme et étrangère, c'est tout, victime d'un double racisme..
Quant aux cons, ils sont comme les anges : ils n'ont pas de sexe, nous le savons bien...
Ce serait tellement plus simple pour les identifier !

Écrit par : Bertrand | 10.06.2010

@ Anne Marie : J'émets l'idée qu'à partir de la fin du XVIIIème de nombreux scientifiques, hommes ou femmes, se sont définis comme uniquement scientifiques, et se sont dangereusement dispensés de réfléchir à la portée de certains de leurs travaux, sous le coup de ce scientisme régnant alors et faisant d'eux des fanatiques. Un chercheur doit penser que ses travaux seront instrumentalisés un jour, l'humanité étant ce qu'elle est. A moins d'être naïf ou cynique. Il n'y a pas "d'acte pur", et les scientifiques " de haut niveau" qui crurent que les leurs pouvaient l'être furent avant tout de grands inconscient(e)s, plus que de grands savant(e)s.
Voilà pourquoi, toute femme et toute étrangère qu'elle fût, je n'admire pas du tout Marie Curie (pas davantage que son époux). En revanche, parlez-moi de Clara Schumann ou de Hannah Arendt tant que vous voulez.

@ Bertrand : Oui, bien sûr. Ce sont deux débats différents qui se croisent. Pas de problèmes avec ça.

Écrit par : solko | 10.06.2010

@solko
Je te rejoins presque complètement et ce que tu dis fait un peu frémir, compte tenu du degré zéro de la réflexion sur le long-terme actuellement. Aucun recul, de la marmelade. Pourquoi presque? J'avoue que j'admire profondément,et je les mets à part certains grands médecins ou chirurgiens .

Me permets-tu d'ajouter George Sand à ta petite liste : quel caractère, celle-là et tout ce qu'elle a fédéré autour d'elle. Sa correspondance est un pur joyau.

Oh pardon ! Je découvre que je te tutoie

Anne-Marie
PS, demain, tout le monde coupe radios et télés, le foot commence!

Écrit par : Anne-Marie Emery | 10.06.2010

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