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11.05.2009

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_MG_0981.jpgC’est un poncif. Une vraie lapalissade.
Mais en vertu de quelle outrecuidance ne serions plus autorisés à vivre des poncifs dont s’emparerait notre écriture ?  Á force de chercher à tout prix sa source dans des méandres forcément originales, il arrive que l'écriture ne raconte plus qu’elle-même, à l’attention de gens faisant profession de comprendre ce qui, de propos délibéré,  ne signifie plus rien.

C’est donc une image d’Epinal.
Je suis sorti, parfaitement exténué, dans la nuit de ce début de mai.
Devant moi, au sud, la pleine lune arrosait la forêt d’une brume laiteuse et au plus profond des halliers, là, à deux pas, le rossignol progmé vrillait sa romance cristalline.
C’était la première fois que je l’entendais cette année, l’oiseau moche au chant sublime.
« Si je suis un serein, c’est un de ces sereins auxquels on crève les yeux pour les apprendre à mieux chanter », écrivait Darien.
J’avais dans la nuit les yeux crevés et le cœur à vif…
Je venais tout juste de traverser la France, la Belgique, une partie de la Hollande, l’Allemagne et la Pologne, tout ça en 41 heures d’une harassante randonnée en minibus,  train, bus de ville,  autocar grandes lignes et autres métros.
Je venais de fermer sur mon exil une parenthèse ouverte une dizaine de jours plus tôt, une parenthèse chérie, attendue, désirée, convoitée, après plus de deux ans et demi d’absence et d’une vie essentiellement écrite en polonais.
Je rentrais au cœur de ma forêt, profondément déçu, blessé même.
Et plein d’espoir. Car enfin libéré d’un fantasme, je pouvais dès lors respirer à pleins poumons la douceur solitaire de la nuit et entamer avec de nouvelles dispositions d’esprit l’acte II, scène 1, de mon isolement librement décidé.

J’étais donc parti le coeur léger. Cinq heures du matin sous une aube radieuse, resplendissante de lumière.
J’emportais avec moi Michelet, le second tome de « L’histoire de la révolution française.»
De longues heures avec une vitre infidèle entre le monde et moi. Autant les passer en compagnie des « Onze », version presque originale.

Le premier coup d’œil sur mon pays eut lieu le lendemain matin, sous une aube maintenant grise et froide, à la frontière sans frontière et franco-belge...Enfin, pas si gommés que ça quand même les pointillés de Schengen, puisque il y avait là, aperçue au travers de la vitre morose, une patrouille cagoulée, bottillons cloutés et pistolet mitrailleur à la hanche. Histoire que les choses soient bien claires, me suis-je dit, et que je comprenne bien qu’ici commençait la France de Sarkozy. Je venais en effet de faire plus de 2000 Km sans avoir vu le moindre uniforme. Étrange impression. Malaise comme un présage.
Je me demande d’ailleurs, ce matin, à ce stade post-scriptum du directement vécu,  si nous ne sommes pas bernés par nos premières impressions, si la suite des événements que nous pensons autonome et libre n’est pas qu’une conséquence inconsciemment formulée de cette première impression, une série de faits visant à la corroborer. C’est ce qu’on appellerait plus joliment un « présage. »
Bref…
Mon premier contact physique avec l’amère patrie eut lieu, lui, quelques dizaines de kilomètres plus loin, après être passé sans embûches devant la cohorte prétorienne de la république des droits de l’homme et du citoyen.
Pas très loin de Valmy, d’ailleurs…
L’autocar s’était arrêté dans une grande station-service afin que chacun puisse y acheter une boisson chaude et, évidemment, ce fut d’abord la ruée vers les toilettes. Les femmes et les hommes hébétés par une nuit de demi-sommeil inconfortable  trouvèrent hélas portes closes et  gardées par un gros cerbère du sexe qu’on dit beau, balai à la main et qui agitait frénétiquement une serpillière plaquée au sol.
Bien à l’abri derrière sa langue et la vulgarité de ses mots, le succube se mit en devoir d’invectiver les pauvres Polonais, qu’est-ce que c’est que ça à nous faire chier dès le matin ? ! Un car de Polaks sans doute ?! C’est fermé ! Allez voir ailleurs si j’y suis. C’est fermé ! Du vent !

Peut-être dans un éclair de lucidité sur sa propre condition, elle n’a pas dit « du balai ! »
Je dus m’interposer, ulcéré  :
- Madame, ces polaks sont mes compagnons de route et viennent de faire 2000 Km en autocar !  Ouvrez vos portes de merde! Où vous croyez-vous donc, là , planquée derrière votre minable rôle de balayeuse de chiottes ! C’est une honte !
L’affligeant dragon, surprise d’entendre en son  langage réponse à ses impolitesses, rouge jusqu’aux deux oreilles, s’empressa alors d’ouvrir et de prier ces messieurs-dames de bien vouloir aller se soulager…Obséquieuse jusqu’au dégoût.  Comme tous les lâches pris la main dans la poubelle de leur veulerie.
Nous repartîmes. J’étais morose et honteux. Je me suis surpris un moment à penser que cette bonne femme du tout petit peuple, peut-être ancienne allocataire du RMI, échouée là par la bonté d’un élu local éprise un soir de ses grosses fesses ou par la vertu d’un hasard de circonstances, figurait le symbole des imbéciles, à quelque échelon qu’ils se trouvent, et à qui on confie une graine de pouvoir.
Tristesse.

M’attendait à Paris un ami d’Internet. Rencontre joviale. Vraie rencontre. Plaisir de voir l’autre en « vrai » comme dirait JLK. Echanges chaleureux et bons moments. Promesses de se revoir, bien sûr et plein de projets aussi…
Puis ce fut un autre copain, gare de Niort, gentillesse exquise. Un copain que je ne « fréquentais » pas du temps de ma vie en France et qui mettait pour mon séjopur une voiture à ma disposition. Nous nous sommes en fait découverts par échange de courriers. Il est un excellent musicien et compose parfois sur des textes que je lui envoie.


Une autre anicroche, parmi d’autres, est survenue quelques jours plus tard quand, me servant pour 20 euros d’essence, j’eus la maladresse de dépasser d’un centime ! Les doigts de la caissière repliés telles les serres de l’épervier, me réclamant ce centime, refusant de m’ouvrir le passage si je n’avais pas ce centime en poche….Je lui ai balancé 50 centimes. 49 centimes à prendre pour prix de mon mépris….
Je n’étais plus habitué à cette déshumanisation achevée des rapports humains...En Pologne, avec 20 centimes de trop versés dans le réservoir, on dit tant pis, se sera pour une prochaine fois !
Vieille France, qu’as-tu fait de ton esprit rieur et saltimbanque ? Fatiguée que tu m’es apparue. Humiliée. Á genoux. Sans âme.  Inquiète et insipide. Parfois ridicule. Méchante même. Á force de donner ta voix à l’aveuglette, trompée par le  prisme déformant du suffrage universel truqué, tu as donc fini par perdre la parole !
Tu n'es plus en état de donner des leçons au monde. Tu es mûre pour en recevoir.

Puis ce furent les amis…
Les amis….
« Il n’y a plus rien » chantait Ferré…Sans aller jusque là, je plagierais plutôt :  Il n’y a plus grand chose.
En tout cas, il n’y a plus ce souffle qui donne chaud, envie de vivre et de chanter sa vie. Les amis ont vécu sans moi quatre ans durant et le temps est la plus terrible des gommes. Rien ne lui est indélébile.
Je devinais, plus tard, vers la fin de mon séjour, que pour agiter cette gomme, on leur avait quand même gentiment tenu le bras. C’est une autre histoire. Privée. Presque lamentable.
La face cachée de la lune, lointaine et silencieuse, est plus difficile à lire que le visage qu’elle inscrit au ciel de la nuit. Et, pour une foule de gens, parmi lesquels certains furent mes amis, ce qui est plus facile à lire est forcément  plus vrai.
Dégoûté.


Á la Rochelle, j’ai parlé de mon livre et dédicacé beaucoup…Les amis devenus des copains étaient tous là. Mais comme des desserts posés sur une table inaccessible. De la virtualité en chair et en os.
Je me suis aussi souvenu, au cours de  cette soirée de dédicaces,  que l’écrivain Denis Montebello, fort de son expérience, m’avait conseillé il y a longtemps, à l’époque de mon « Brassens »  qu’il ne fallait jamais être copain avec son éditeur…Les temps ont dû changer…En tout cas, moi, de Georges Monti rencontré à La Rochelle, je me ferais volontiers un copain, voire un ami, tant sa gentillesse est sensible et son intelligence pétillante ! Au diable l’éditeur, donc, si tant est que l’affectif et l’édition soient termes inconciliables !
J’ai embrassé avec tendresse partagée ma proche famille. Les yeux intacts, nous avons beaucoup ri.

Je suis reparti….
Je suis sorti sous la lune et j’ai écouté le chant du rossignol. Quelque chose s’est à nouveau brisé en moi. Mais les cassures n’attendent que les printemps pour refleurir un jour.

Et puis, un coup d’œil sur Internet déserté depuis deux semaines. Un peu étonné qu’aucun blog ou sites « amis » ne fasse allusion à la parution de mon livre.
Là, j’ai souri.
Je n’étais plus à une mélancolie près.
Les « amis virtuels » ne sont en fait que les acteurs d'un partenariat. C'est dire qu'ils ne sont pas tenus à plus de fidélité que ceux qui m’ont fréquenté pendant trente ans.
Et puis, il est peut-être trop tôt. Ou trop tard, va t’en savoir. Ou alors ça vaut rien…Ce qui m’étonnerait beaucoup. Non pas que j’ai confiance en moi, mais aux choix du « Temps qu’il fait ».
J’ai lu de-ci, de là, quelques bavardages bloggisants..

Je me suis résolu à être heureux avec mes rossignols, mes automnes, mes neiges et ma forêt.
Là où je suis étranger.
On se sent mieux étranger à l’étranger qu’au coin de sa cheminée.
Résolu au bonheur, oui. Mais cette fois-ci non pas grâce aux hommes, mais bien en dépit d’eux.
C’est ce que j’appelle Exil, Acte II, Scène 1…

C'est une pièce sur l'Amour et l'essentiel se joue en coulisses.

17:43 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Bienvenue chez toi, Bertrand, bienvenue dans ton exil. Je me doutais bien que la France sarkozienne ne te réjouirait pas outre mesure comme je me doutais bien aussi que tu te retrouverais un peu étranger dans ce qui fut quand même ton chez toi pendant un demi-siècle et qui à ce titre le restera, que tu le veuilles ou non. Les amis, oui... Bon.

Quant aux amis virtuels, ils t'oublient moins que tu ne le crois, non pas qu'ils soient meilleurs que les autres, mais ils sont plus dans ta vie présente et toi dans la leur. Alors pas de panique. Non, je n'étais pas devant ma librairie habituelle, le 24 avril à 9 heures du matin pour acheter "Zozo". J'ai été à la Fnac, cependant, le lundi qui a suivi. Hélas, on déplaçait tous les rayons pour réduire encore, je suppose, la partie consacrée à la vraie littérature. Je suis même passé sous les banderoles rouges et traversé la zone interdite pour tenter de trouver ce précieux volume dans les caisses qui jonchaient le sol. Je n'ai rien trouvé. Mais ils n'avaient pas encore ouvert toutes les caisses, n'est-ce pas? Depuis, peu de temps pour flâner, la pression "managériale" au bureau, d'autres livres à lire, lus déjà par une personne qui compte aussi pour moi. Enfin, le plaisir de différer encore un peu ce qui est important. Le bonheur d'avoir encore ce livre-là à lire. Bref, tout est encore à venir. Mais cela viendra.

Par contre, ce qui m'inquiète, c'est que j'ai l'impression que la France restait comme un phare dans cet exil volontaire, comme une source de consolation lors des moments de désespoir. Et là j'ai peur que ce phare n'ait perdu de son éclat, soit qu'il brille maintenant moins fort, soit que ton navire s'éloigne irrémédiablement de la côte. L'océan est devant toi, mais c'est un océan intérieur, plus celui qui rugit aux tempêtes d'équinoxe devant La Rochelle. D'un côté, dans ta Pologne profonde, tu peux te dire que tu as fait le bon choix, qu'il n'y a plus de nostalgie à avoir, mais d'un autre côté tu te dis peut-être qu'il n'y a plus d'autre issue,puisqu'il n'y a plus rien derrière toi. Terrible. Nous y reviendrons. Et nous parlerons aussi de Zozo.

Écrit par : Feuilly | 11.05.2009

Bonjour Feuilly,

Tu dis là, dans ton dernier paragraphe une foule de choses vraies, que je ressens profondément et je te remercie pour ça...Nous en reparlerons, oui...Nous reparlerons de l'enfant qui a cassé son jouet et qui,volontaire, taille un bout de bois pour s'en faire une épée, un fusil, un bateau, que sais-je encore ...?
Bien sûr aussi que la France restera mon pays et sa langue l'outil que j'utiliserai pour écrire mon émotion puisque je le porte en moi.
Mais quelque chose s'est brisé entre elle et moi. Quand je dis "La France ", je la réduis aussi à ceux que j'ai aimés là-bas, ma famille proche mise à part, que j'ai retrouvée intacte d'affection....
Les points de non-retour, Feuilly, étaient aussi le prix à payer de ma fuite, de mon écœurement d'une foule de choses...
Le propre des horizons, n'est-il pas de s'éloigner d'autant plus qu'on marche à leur rencontre ?

Écrit par : Bertrand | 11.05.2009

Eh oui, ainsi est devenue la France ; ainsi sont devenus les Français...

Écrit par : Marc V. | 11.05.2009

L'AMITIE

Les thèses les plus solidement établie sur l'amitié répètent à l'envi - qu'il est impossible de vivre sans amis ; - qu'il convient de distinguer l'amitié fondée sur l'utilité de l'amitié fondée sur le plaisir de l'amitié vertueuse dans laquelle on aime l'ami comme tel et pour ce qu'il est ; - qu'il n'est pas possible d'avoir beaucoup d'amis ; - que l'amitié à distance tend à rendre oublieux. Tout cela nous est bien connu.

" Celui qui voit sent qu'il voit, celui qui écoute sent qu'il écoute, celui qui marche sent qu'il marche, et pour toutes les autres activités il y a quelque chose qui sent que nous sommes en train de les exercer, de sorte que si nous sentons nous nous sentons sentir, et que si nous pensons, nous nous sentons penser, et cela c'est la même chose que se sentir exister : exister signifie en effet sentir et penser.

Sentir que nous vivons est doux en soi, puisque la vie est par nature un bien et qu'il est doux de sentir qu'un tel bien nous appartient.

Vivre est désirable, surtout pour les gens de bien, puisque pour eux exister est un bien et une chose douce. En con-sentant, en "sentant avec", ils éprouvent la douceur du bien en soi, et ce que l'homme de bien éprouve par rapport à soi, il l'éprouve aussi par rapport à son ami : l'ami est en effet un autre soi-même. Et comme pour chacun, le fait même d'exister est désirable, il en va de même (ou presque) pour l'ami.

L'existence ets désirable parce qu'on sent qu'elle est une bonne chose et cette sensation est une chose douce par elle-même. Mais alors pour l'ami aussi il faudra con-sentir qu'il existe et c'est cequi arrive quand on vit ensemble et qu'on partage des actions et des pensées.

C'est en ce sens que les hommes vivent ensemble et non pas, comme pour le bétail, qu'ils partagent le même pâturage. L'amitié est en effet une communauté. et, comme il en est pour soi-même, il en va aussi pour l'ami; et tout comme, par rapport à soi, la sensation d'exister est désirable, ainsi il en ira pour l'ami."
Extraits d'Aristote: "Ethique à Nicomaque", passage 1170 a 28-1171 b 35.

Aristote nous dit dans ce texte philosophique sur l'amitié d'une densité extraordinaire qu'il y a une sensation de l'être pur. Cette sensation d'exister est par elle-même douce. Il y a une équivalence entre être et vivre, entre se sentir exister et se sentir vivre.

Nietzsche a défendu et développé cette thèse selon laquelle: - "être": nous n'en avons pas d'autre expérience qu'en vivant". "Etre pour les vivants c'est vivre."

Mais il y a encore une autre sensation, spécifiquement humaine, qui insiste au coeur de la sensation d'exister. Elle a la forme d'un con-sentir l'existence de l'ami. "L'amitié est l'instance de ce con-sentir l'existence de l'ami dans le sentiment de sa propre existence".

L'ami serait donc un autre soi. le fameux -alter ego- dont le sens a été détourné au sens de bras droit ou adjoint de confiance. Mais l'ami n'est pas simplement un autre-moi, il est une altérité contenue dans ce qu'on pourrait dire "la mêmeté", un devenir autre du même.

Au point où je perçois mon existence comme douce, ma sensation est traversée par un con-sentir qui la disloque et la déporte vers l'autre, vers l'ami, vers l'autre même. L'amitié est ainsi un dédoublement, une désubjectivatioon au coeur même de la sensation la plus intime de soi.

Pour Aristote l'amitié appartient à ce qu'il appelle "la philosophie première", parce que ce qui est en question dans l'amitié concerne l'expérience même, la "sensation" même de l'être.

On comprend alors pourquoi le terme "ami" ne peut être qu'existentiel et non un terme catégoriel, rangeant l'ami dans une catégorie humaine. Mais cet existentiel est traversé par une intensité qui le charge de quelque chose qui est comme une puissance. Cette intensité est ce "semblable", ce "avec" qui partage, dissémine et rend partageable, mieux, toujours déjà partagée, la sensation même, la douceur même d'exister.

Revenons à la démonstration d'Aristote:

"Mais alors pour l'ami aussi il faudra consentir qu'il existe et c'est ce qui arrive quand on vit ensemble et qu'on partage des actions et des pensées. C'est en ce sens que l'on dit que les hommes vivent ensemble et non pas comme pour le bétail, qu'ils partagent le même pâturage (...)

Pour le philosophe, il est essentiel que la communauté humaine soit ici définie, à la différence de celle des animaux, par une participation au fait même de vivre ensemble, qui n'est pas définie par la participation à une substance commune, mais par un partage purement existentiel, et pour ainsi dire sans objet : L'amitié comme consentement au pur fait d'exister.

Les amis ne partagent pas quelque chose (une naissance, une loi, un lieu, un goût) : ils sont toujours déjà partagés par l'expérience de l'amitié. l'amitié est le partage qui précède tout autre partage, parce que ce qu'elle départage est le fait même d'exister, la vie même. Et pour Aristote c'est cette partition sans objet, ce con-sentement original qui devrait constituer la politique même.

Je remercie Giorgio Agamben, un de mes philosophes vivants et préférés pour le coup de pouce décisif à l'écriture de ce petit texte sur l'amitié qui nous est si chère et si rare.

Construisons Bertrand, construisons... Fidèlement. Philip Seelen

Écrit par : Philip Seelen | 11.05.2009

Je vous dirai la même chose que Feuilly : il faut du temps maintenant. J'ai fait plusieurs librairies du 4ème arrondissement de Lyon, prenant l'air étonné de ne pas voir votre livre sur les rayons. Je l'ai commandé dans une. Le tout dans mon bric-à-brac (corrections de copies des mes élèves, début de surveillance d'examen, tris de dossiers, autres...) Je ne suis pas encore passé dans les centres de distribution d'objets culutrels indéterminés du centre (Fnac, Virgin...) Vous tiendrai au courant.
Sur la France... Le pays change, c'est sûr, les autres pays aussi, nous aussi. J'ai l'impression que la grande fêlure entre s'est produite, pour ma part, dans les années 80. Le pays d'aujourd'hui est l'appendice extrème des mutations en cours ces années là, me semble-t-il souvent. Glauque, vous avez raison. Quand je prends le bus pour aller le matin de chez moi au lycée, il me semble vivre ce que vous décrivez dans votre autocar, en racourci, voyez. Il y a une affaire de temps aussi, de temps personnel dans toutes nos appréciations. De toute façon, ce pays où nous avons tous, plus ou moins à la même époque, eu vingt ans, est mort, parce que les gens qui le "tenaient" le sont aussi, ou sont plus ou moins cloitrés derrière des fenêtres. Dans la rue, d'autres. Des vivants remplacent des morts. La France de Sarkozy, comme vous dites, est emplie désormais de gens nés dans les années 80, qui ont têté à deux mamelles, celle de la crise et celle du social-libéralisme. Leur Ile au Trésor à eux, c'était Spielberg, voyez : un autre monde. Ceux que Gilles Chatelet appela un jour, avant de mourir, des Cyber bécassine et des turbo gédeons. Bon. Je suis inutilement long pour vous dire des banalités, que souvent, alors que je dépasse de peu la cinquantaine, je me sens moi aussi en exil parmi des trentenaires et quadras complètement étrangers.
Bon, retour parmi les arbres, ceux là ne sont ni français ni polonais.

Écrit par : solko | 11.05.2009

Bertrand, à la librairie (une bonne librairie de l'Agglo de Tarbes) où j'ai acheté "Zozo, chômeur éperdu", début Mai, l'une des libraires (Christine) s'est illuminée en me voyant le livre dans les mains. "Ah Zozo ! C'est une merveille" m'a-t-elle dit. Elle me lira peut-être ici. J'avais aussi dans les mains "Le lièvre de Patagonie" de Claude Lanzman, "Au bon roman" de Laurence Cossé, et "Le cure-dent", un premier roman de Jean-Yves Lacroix (où un personnage mène, à partir de la bibliothèque de l'Ecole Normale Supérieure, une enquête sur la personnalité et l'oeuvre d'Omar Khayyâm). C'est "Zozo" que Christine a vu.
Je parlerai de "Zozo". Plus tard. D'abord parce que avant de parler d'un livre que j'aime, il me faut le relire, vivre avec. Et puis parce que je suis en plein Mai du Livre qui va se dérouler du 14 au 29 mai à Tarbes et sans la préparation duquel (accélération depuis mars de ce qui est en chantier depuis un an) je serais venue t'écouter à La Rochelle.
Je ne dirai rien de la France, les contributions avant la mienne l'ont fait mieux que moi. La seule chose : les amis du Net sont là.

Écrit par : michèle pambrun | 12.05.2009

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