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27.11.2008

Lire et écrire

30.JPGQuand on s’essaye à la littérature, quand on ne fait que ça, même, on a le droit d’être en proie à de sévères doutes.
Surtout quand on n’a publié que deux livres en tout et pour tout et qu’on a dans ses tiroirs fourre-tout des manuscrits restés lettres mortes, de solitaires fœtus qu’on relit de temps en temps, qu’on feuillette, qu’on corrige encore, tant il est vrai que ce qui a été écrit hier s’éclaire d’un autre jour relu demain, dans d’autres dispositions de l’esprit, avec d’autres priorités de vie, sous d’autres cieux, sous la dictée d’autres événements personnels.

Mais le doute n’est pas "est-ce que mes manuscrits sont victimes d’une injustice ou n’ont-ils finalement que la place qu’ils méritent ?"
Ça, c’est du doute existentiel, égocentrique, du doute de frustré, du doute de l’orgueil un peu mis à mal. Et je m’en fous comme de ma première chemise à bretelles bleues, qu’ils soient à leur place ou injustement bannis, mes écrits. Dans ce genre de procès où l’ego est en même temps juge et partie, je ne saurais évidemment départager ce qui est juste de ce qui ne l'est pas.
Le plaisir nécessaire à ma survie que je prends encore à écrire, le plaisir d’interpréter, de lire et de refaire le monde dans la représentation que j’en ai, tel qu’il se présente sous mes pas, de ce que je veux en faire aussi de révolte ou de mélancolie, se situe par-delà ces considérations, d’ordre social finalement.
Bien, me diras-tu, mais quand on écrit, comme en ce moment, là, sur ton blog, c’est pour être lu. J’en conviens. Toujours difficile de s’opposer convenablement à des poncifs sans dire des conneries du même genre. Mais dans mon cas personnel, forcé et contraint sans doute, j’ai abandonné cette priorité sans quoi il m’eût fallu également abandonner l’écriture. Me censurer dans ce que je porte en moi. Et ce, même si je reste lu de quelques amis, là-bas en France, ou bien ici sur des pages qu’on s’obstine à dire virtuelles.
Le doute, donc, est plus général et profond. Il réside dans la littérature en général, dans les formes nouvelles qu’elles a prises, avec  le souci honorable de coller au plus proche du monde, tel qu’il s'est transformé et semble vécu aujourd’hui.

Rien ne remplace la joie de lire. J’ai, comme vous sans doute, toujours un livre en lecture.
J’ai le temps aussi parce que j’ai décidé de ne plus faire que cinq choses essentielles dans ma vie : Aimer, Ecrire, Lire, Jouer de la guitare et Regarder le paysage et ses climats. Ça suppose bien-sûr de réduire ses aliénations de consommateur au strict minimum vital. Ça suppose aussi de ne pouvoir rentrer au pays et d'en respirer l’air autant de fois qu’on le souhaiterait. Mais le jeu, comme on dit, en vaut pour moi la chandelle.
Je viens de terminer "Le corbeau blanc", biały kruk, d’Andrzej Stasiuk, surprenant, puis j’ai dévoré avec délices "Atelier 62" de Martine Sonnet, livre remarquable, puis je suis passé à un livre de mon ami Denis que je n’avais pas lu puisque déjà parti au moment de sa parution, "Couteau suisse", un très beau texte, puis j’ai sauté à un roman inachevé de Stendhal, "Lamiel", étonnant,  puis  j’entamerai autre chose, je ne sais pas quoi, en fonction du hasard, de ce qui me tombera sous la main ici et qui sera jugé digne d’être lu ou, plus certainement, relu.
C’est donc là que je veux en venir après ces longs prolégomènes. Je suis profondément attaché, vraiment, aux gens encore debout ou depuis longtemps disparus, qui m’offrent ce plaisir de lire. Je n’ai jamais fini, par exemple, de relire Maupassant tant je le situe au pinacle de mes lectures.
J’ai un ami, un compagnon, pour tout vous dire c’est mon frère, qui est aussi un lecteur. Il travaille dur, lui. Il est chauffeur routier. Il part le lundi ou le dimanche soir de sa maison et ne rentre que le vendredi, voire le samedi matin. C’est un solitaire.
Sa passion, c’est l’ébénisterie. Sur ses maigres heures de loisir, il aime confectionner de petits meubles. Très beaux, en merisier, chêne, frêne ou hêtre. Il les entasse, comme moi mes manuscrits. Ou alors il les donne à un copain. Il a sur moi cet avantage fabuleux que lui, ce qui sort de poésie de sa tête, il peut l’offrir de façon tangible et faire durablement plaisir. Un vrai cadeau. Moi, je peux bien offrir un manuscrit, mais bon, je le vois mal trôner des années au salon, mon manuscrit de rin. Passons…
Il a lu Zola, Maupassant, Tolstoi, quelques Balzac, des Georges Sand, des Michelet, des…Que sais-je encore ? Pour vous dire, un peu quand même, que tous les chauffeurs routiers ne sont pas de gros abrutis, primaires phallos.
Il lit des histoires. Des histoires bien écrites. Des paysages. Des chemins en pluie et des drames humains. Il lit avec plaisir. Jamais de littérature de hall de gare. Le soir, dans son camion, aux heures interdites de circuler pour lui.
Un jour, il y a bien longtemps, il m’a offert un gros livre qu’il avait feuilleté dans une librairie, qu’il avait acheté, lu et beaucoup aimé. "Hautefaye, l’année terrible" de Georges Marbeck. Sans lui, je n’aurais jamais lu ce livre, pourtant très édifiant et que je vous recommande au passage.
Il me demande bien sûr, toujours, où j’en suis de mes livres. Opiniâtre, en plus, parce-que depuis vingt cinq ans qu’il me pose régulièrement la question, j’en suis à peu près toujours au même point…Il a lu mon Brassens, bien sûr, il a lu mon espèce de polar et il a téléchargé "Chez Bonclou", chez Publie.net.
Je n’ai pas pu finir, m’a t-il dit. C’est pas pour moi….J’ai feuilleté aussi ce qui se faisait sur Internet…C’est pas pour moi, m’a t-il répété…Et sa voix au téléphone était un peu timide.
Il n’est pas le premier, dans cette classe ouvrière dont on a célébré les obsèques peut-être un peu prématurément, à me faire ce genre de constatations…
Mais là, c’est mon frère, mon ami…

J’y ai beaucoup pensé…Le doute…
Qui a tué le beau roman littéraire ? L’écrivain ou le lecteur ? L'éditeur ? Et quel écrivain ? Et quel lecteur ? Et quel éditeur ?
Qui, du lecteur autodidacte passionné ou des créateurs dans leur interprétation moderne et poétique d’un monde où il n’y a plus grand monde à la hauteur pour comprendre vraiment, se fourvoie ?
Qui vraiment ?
Celui qui n’a pas suivi le cheminement et se décourage ou celui qui va trop loin, trop vite, laissant derrière lui un tas de lecteurs en proie à la solitude ?
Je n’en sais rien. Je n'en sais vraiment rien.
Ça me peine.
C’est tout.
Peut-être que c’est pas pour moi, non plus, tout ça…

Que le monde, l’amour et l’amitié, bref le bonheur d'exister un moment,  se situent par-delà.
Je n’en sais rien, vous dis-je.

11:47 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Le doute? Traversons-le avant qu'il ne nous traverse. C'est comme la Vistule, facile à franchir, et on ne craint pas le Bug!

Écrit par : denis montebello | 27.11.2008

L'ombre d'un doute plane...T'as d'jâ vu planer un doute, toi, comme disait Devos ?
C'est nous autres, oui, qui planons, vol à voile entre nimbus et cumulus, Icares désabusés de leurs ailes de nains, direction un grand trou dans la terre gelée...Et derrière ce trou, un autre trou, qui cacherait encore un trou.
Finalement, l'éternité c'est peut-être ça : du gruyère...
Et je suis sûr que Philip, l'ami Helvète, ne me contredira pas. L'éternité, c'est le gruyère !
Amitié toujours vive.

Écrit par : B.redonnet | 27.11.2008

Superbe note qui parle je pense à tous ceux qui écrivent… on cherche en vain des réponses… le problème de l’époque qui va très vite et demande donc des livres courts et accessibles de suite… du prêt à lire et du prêt à jeter… les maisons d’édition qui doivent faire du fric et ne se permettraient plus aujourd’hui d’éditer Ulysse… les comités de lecture (j’en connais) qui n’ont pourtant pas écrit aux-même de bons livres… les amis qui sont capables d’apprécier les classiques mais ne comprennent pas votre démarche… vous qui vous demandez si vous êtes vraiment objectif avec vous-mêmes… un livre que l’on envoie 3 fois pour rien et qui finit pourtant par passer la quatrième sans que vous n’ayez changé une ligne…

Écrit par : Andrea Maldeste | 27.11.2008

Oui...et le Gruyère comme l'Eternité n'est pas éternel ! Ce qui fait la qualité d'une Eternité c'est sa croûte ou ses couennes, c'est selon ! Bonne fondue les gars, avec un petit blanc du Dézaley ! Philip un fondu d'images...

Écrit par : Philip Seelen | 27.11.2008

Merci Andrea. En fait, mon propos est un questionnement.Je ne puis rien affirmer.
Pour l'édition fourre-tout, mauvais livres et bons confondus dans une même rotation ultra-rapide, objectif premier, vendre de la daube, c'est indéniable.
Ce qui m'interroge, c'est que des des livres tels que la Chartreuse de Parme, Guerre et Paix, La Petite Roque, Boule de suif, et j'en passe évidemment, aient été et sont toujours accessibles à tous les échelons du corps social en tant que monuments du patrimoine.
Avec le roman déclaré mort et enterré, j'ai bien peur qu'une bonne partie de la littérature soit inaccessible au lecteur qui ne se nourrit pas forcément dans le sérail.
Il existe peut-être une aristocratie de l'écriture et, partant, de la lecture. Comme dans toute aristocratie, il y a foule de courtisans certainement, des professionnels de l'apparence, mais bon, tout ça, finalement, fait bon ménage...
Tu me diras, il en a toujours été ainsi de l'art (ou du cochon.) Mais la littérature doit être un art généreux. Elle doit offrir - du moins dans ce que j'en conçois - une nourriture raffinée à qui éprouve le plaisir de lire (tels que livres cités plus haut) et qui ne demande pas qu'on s'arrachât les cheveux au bout de chaque chapitre.
Mais je le répète : je ne suis pas certain de ce que je dis, même si c'est issu d'un directement vécu; vécu dont le texte ci-dessus n'est qu'une bribe.

A Philip, ce superbe vers de Brassens, le Grand Pan:
"Et le moindre mortel avait l'éternité..." C'est-y- pas beau ?
Cordialement à vous deux

Écrit par : B.redonnet | 27.11.2008

Je pense qu’un petit nombre de personnes (mais c’est ce petit nombre qui décide pour tous les autres) ne prennent plus suffisamment de risques (et ce n’est pas valable que dans l’édition mais aussi dans le cinéma par exemple.) J’entends par là qu’ils ont bien souvent et malheureusement une idée préconçue du lecteur… et donc une idée préconçue du livre qui va marcher… Il y a par exemple la place du nouveau-roman-édition-de-minuit… comme il y a la place des Marc-Levi et des Nothomb etc… parce qu’ils sont éprouvés et ont déjà leur « publi-lecteur. » Alors que moi je pense (mais je ne suis pas le seul heureusement) qu’il y a autant de livres qu’il y a de lecteurs… et que s’il existe un lecteur unique… celui-ci n’est pas aussi fermé à la nouveauté – et même à l’exigence – qu’ils ne le pensent…
Il faut ainsi se tourner vers des maisons d’édition plus modestes, mais qui n’ont malheureusement pas les capacités quantitatives des mastodontes (la situation est comparable à celle de la grande distribution)
Il y a toujours le moyen d’écrire un petit truc ciblé… dans l’air du temps… histoire de mettre un pied dans la place… et ensuite voir avec son interlocuteur pour éditer une chose plus personnelle…
La fin du roman… c’est comme la fin de l’histoire… on en entend beaucoup parler… mais l’histoire se poursuit et les romans continuent à se lire ;-)

Écrit par : Andrea Maldeste | 27.11.2008

S'il faut douter, doutons. Soyons vraiment désabusés. Désenchantés jusqu'à la moelle. Et donnons ainsi le meilleur de nous-mêmes, sans nous rendre compte que nous donnons, parce que le geste du désenchantement de l'un est aussi celui de l'enchantement de l'autre, et que tout passe, se transmet ainsi, dans un désordre d'intentions qu'aucun mouchard au fond ne sera à même d'expliquer. Merci de ce très beau billet.

Écrit par : solko | 27.11.2008

@ Andrea : La fin du roman...Oui, comme tu dis...Mais depuis Nietzsche et Dieu, les surréalistes et l'art, les situationnistes et le vieux monde, nous avons appris à nous méfier des annonceurs pressés d'obsèques...Merci de ton passage, Andrea.
@Solko : j'aime beaucoup ce "désordre d'intentions". C'est certainement là le noeud gordien qui fait qu'il est vain de vouloir établir des valeurs normatives, ici comme partout ailleurs. Merci de votre lecture.
Cordialement à vous deux.

Écrit par : B.redonnet | 28.11.2008

Nul ne peut aujourd'hui trépasser sans voir Naples
A l'assaut des chefs-d'oeuvre ils veulent tous courir !
Mes ambitions à moi sont bien plus raisonnables:
Voir votre académie, madame, et mourir
Voir votre académie, madame, et mourir

Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant,
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant.
Au temps où les faux culs sont la majorité,
Gloire à celui qui dit toute la vérité !

Extrait de la Vénus Callipyge.

Cher Bertrand, tout en osant vous écrire sous l'égide de Brassens, je me suis dit qu' il y a aussi ici, dans votre complainte, les ingrédients pour le texte d’une chanson d’aujourd’hui.

Un artiste, un ami,un frère, le travail , l’écriture, la lecture, la conduite, la route, la solitude, le poids lourd, l’usure, les certitudes, le doute ou plutôt les doutes, les rythmes du travail, de l’écriture, de la lecture, aligner les mots patiemment les uns après les autres, aligner les kilomètres, deux vies, le roman, la mort du beau roman, l’éditeur, le pouvoir des mots , le pouvoir sur les mots, l’ouvrier et sa conscience, la mort de l’Ouvrier romantique, acteur à plein temps dans la société, l’éclatement actuel de nos univers, la peine, la résignation, l’amour, l’amitié, le besoin profond d’écrire, de lire…

Votre complainte m’a d’abord surpris par la résignation qui y transparaît…mais vous ne tranchez pas, vous la clôturez par le doute et l’interrogation : « je n’en sais rien vous dis-je ».

J’y vois des dimensions très différentes dans ce tableau qui vous est à la fois si personnel et pourtant qui nous appartient à nous tous, nous les artistes, les écrivains et ceux qui les lisent, qui les décryptent, les lecteurs et les « regardeurs-écouteurs » des arts visuelles.

Il y a en toile de fond les grandes questions, la disparition de la société littéraire, la littérature en péril, cette littérature comme outil essentiel pour nous aider à résoudre nos problèmes de vie, cette littérature comme voie d’accès, qui ne pourrait être remplacée par aucune autre, à la connaissance et à notre part de vérité indispensable pour survivre.

Et si cette activité à laquelle nous nous référons tous à travers le mot « littérature » ne s’avérait pas être intemporelle mais pouvait naître et disparaître…et si cette aventure de l’écriture des grands livres romanesques , d’un certain statut politique et social, d’une certaine prétention à l’exemplarité, d’une certaine mission formatrice, d’une certaine vertu salvatrice, qui n’existait pas dans nos sociétés avant le milieu du 17ème siècle pouvait bien ne plus opérer en 2008 ?

En effet comment vivre une vie d’être parlant et créant au sein de l’assourdissant brouhaha des médias….comment restituer l’œuvre littéraire, picturale, plastique, au sein des dispositifs de consommation de masse qui, au court de tous le XXéme siècle, ont déterminé pour une bonne part cette littérature que nous recherchons…
Mais nous pouvons trouver, très cher Bertrand, une source précieuse de résistance critique à la communication de masse instituée et au mouvement de marchandisation généralisée, dans les propriétés formelles de nos œuvres, dans les propriétés magiques des matériaux de la langue poétique, de l’iconographie critique, de l’art pictural et plastique vivant….

Loin de moi l’idée de vouloir vous emmerdez avec des analyses de sociologues déconstructivistes, mais comment prenons-nous à bras le corps toutes ces nouvelles donnes qui nous en imposent ? Comment devons-nous vivre nos besoins de poésies, de littératures, de peintures, d’images saintes ou pas saintes aujourd’hui. Nous avons tous les artistes un profond problème existentiel dans notre confrontation avec les producteurs, les financiers, et pour finir avec les consommateurs de nos œuvres…

Moi, par exemple, je relève le défi de produire du sens avec des images, dans un monde où le flux ininterrompu d’images nous submergent tous. Je suis fou ! Je le sais et je persiste à vouloir explorer, avec finesse, sensibilité et passion les rapports complexes qu’entretiennent les mondes du texte écrit et de l’image, plus particulièrement le monde de la littérature de fiction contemporaine et l’image numérique et photographique. J’aime être celui qui stoppe le flux monstrueux des images, même une mili-seconde. C’est tout mon art et j’y tiens….Je continue à lancer des petits cris avec mes images…et j’essaye, j’ose tenter même d’en vivre au milieu de tout un monde interlope d’agences, d’agents, de galeries, de salons, d’éditeurs et de collectionneurs.

Mais pour revenir à ce qui vous préoccupe avec tant d’affect, votre capacité à écrire et à être édité, à écrire pour ceux qui vont vous lire, à être lu par ceux qui vont vous éditer, je crois pour ma part qu’il n’y a pas qu’’une seule réponse, mais une kyrielle de réponses, et sous toutes les formes, dans tous les arts, même et surtout dans l’écriture et l’interprétation d’une chanson…Avec chaleur et passion. Philip

Écrit par : Philip Seelen | 28.11.2008

Le problème, c'est que l'éditeur vous refuse 99 fois sur 100, ce qui vous confirme dans votre médiocrité intrinsèque. Le drame, lui, commence seulement quand il accepte votre texte car vous ne savez toujours pas s'il est vraiment bon ou seulement "vendable".

Écrit par : Feuilly | 28.11.2008

Ah non Feuilly, vous confondez les statistiques, ne s'agirait-il pas plutôt de :

Quatre-vingt-quinze fois sur cent, la femme s'emmerde en baisant.
Qu'elle le taise ou le confesse c'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses.
Les pauvres bougres convaincus du contraire sont des cocus
A l'heure de l'œuvre de chair elle est souvent triste, peuchère !
S'il n'entend le cœur qui bat, le corps non plus ne bronche pas.

Écrit par : Philip Seelen | 29.11.2008

?????????????????????????????????????????????????????????????????????

Écrit par : Débla à Philip Seleen | 29.11.2008

ah là je vois que le Parkinson progresse !

Écrit par : Philip Seelen | 29.11.2008

POUR MEMOIRE :

"....Et je m’en fous comme de ma première chemise à bretelles bleues, qu’ils soient à leur place ou injustement bannis, mes écrits. Dans ce genre de procès où l’ego est en même temps juge et partie, je ne saurais évidemment départager ce qui est juste de ce qui ne l'est pas.
Le plaisir nécessaire à ma survie que je prends encore à écrire, le plaisir d’interpréter, de lire et de refaire le monde dans la représentation que j’en ai, tel qu’il se présente sous mes pas, de ce que je veux en faire aussi de révolte ou de mélancolie, se situe par-delà ces considérations, d’ordre social finalement."

Afin qu'il y ait le moins d'ambiguité possible et parce que c'est profondément vrai. Fut une époque où j'aurais bien voulu entrer dans cette danse, faire de petits pas menus, convenus, poils au cul, dans ce bal des littéraires, être reconnu. Trop de déceptions,de fourberie, de tout...Aujourd'hui je réaffirme avec force m'en battre l'oeil. Je m'en fous. Je continue de proposer des manuscrits, certes, mais sans rien en attendre qui soit essentiel. Il y a aussi plein de choses que je n'ai jamais proposées parce que ca n'est plus pour ça exclusivement que j'écris, parce que c'est cher par la poste, parce que, aussi, je n' ai plus ni le courage ni le goût de cet enthousiasme puèril,infantilisant, humiliant, de l'attente d'un courrier de la part de connards qui n'entendent rien à leur propre champ d'exercice, à mon sens..
Quand je prends ma guitare, par exemple, à peu près tous les soirs, je n'ai pas besoin de public. Quand je la prends, la mets dans ma voiture et m'en vais jouer ici ou là-bas, c'est parce que le pain est cher et que mes poches sont trouées. Point.Ca a le mérite d'être d'une clarté déconcertante.


Cher Philip, je répondai par ailleurs à votre long commentaire. Il en vaut vraiment la peine. Peut-être même par un billet genre "commentaires d'un commentaire". Pour faire comme Jules César quoiqu'il n'y ait ici aucun "bellum gallicum."
Amitiés

Écrit par : B.redonnet | 01.12.2008

Il est 3h15 du matin ici et je viens de vous lire. Je ne dors pas victime d'une rage de dent qui me fait souffrir depuis la fin de l'après-midi. Alors puisque les Dafalgans successifs n'ont pas l'effet attendu je suis devant cet écran. Question "De Bello Gallico" vous ne me prenez pas au dépourvu depuis les marches de l'Empire de Shengen d'où vous nous écrivez. J'y ai passé de longues heures de ma jeunesse à potasser mes versions. Si jamais je dois encore avoir un vieux pont et mon Gaffiot au fond de mes réserves.

Je viens de lire aussi votre dernier "Polska B dzisiaj" qui va me permettre enfin, comme je vous l'ai déjà promis, de vous écrire sur la relation particulière que j'entretiens avec la Pologne depuis bientôt 40 ans déjà. Votre dernier texte s'y prête bien puisque vous parcourez là, entre autre, en quelques lignes le désert culturel qui sépare de ce pays pourtant passionnant par son histoire et son parcours récent, certains européens de l'ouest. Nous n'allons pas nous étendre longuement sur cette ignorance des réalités européennes qui anime une partie non négligeable de nos contemporains. Mais juste trois anecdotes.

D'abord le sénateur Mélenchon qui ferraillant contre la Constitution européenne avait déclaré à peu près ceci, je cite de mémoire: la France ne va tout de même pas se plier à des décisions prises en commun avec les Estoniens. On en a rien à foutre des Estoniens. Vous en connaissez-vous des Estoniens ?

Jacques Chirac n'est pas en reste lui qui a exprimé le mieux ces sentiments méprisants pour cette partie de l'Europe dans sa déclaration scandaleuse, tenue à Varsovie sur les Polonais qui "avaient perdu une occasion de se taire" suite à l'appui déclaré du gouvernement polonais pour l'intervention US en Irak.

Enfin il y a quelques année j'assistais à Paris, à l'ambassade polonaise, à une conférence sur l'Egypte ancienne comme première civilisation de l'image, du célèbre professeur d'égyptologie de l'Université de Varsovie Karol Mysliwiecz, qui parlait un français impeccable, comme toute cette génération de Polonais de l'immigration de la guerre. Il fut annoncé par une égyptologue française de sa génération, qui avait souvent travaillé avec le professeur, et qui l'évoqua à peu près en ces termes : Je vous présente mon collègue et ami Karol de l'université de Varsovie que je nommerai par son seul prénom, car malgré mes efforts j'ai toujours été dans l'impossibilité de le présenter par son patronyme polonais qui est si difficile à prononcer correctement pour un francophone....imaginez le silence gêné de toute l'assemblée !
Voilà je n'irai pas plus loin cette nuit dans l'exploration du mépris culturel pour "l'Autre slave" qui anime une partie non négligeable de nos dites élites. Je vais essayer d'aller me reposer un peu, je crois que ces quelques lignes ont calmé légèrement mes douleurs...à plus l'Ami. Philip

Écrit par : Philip Seelen | 02.12.2008

"J'ai quitté la vie sans rancune,
J'aurai plus jamais mal aux dents !"

Je ne vous indique pas l'auteur....Et puis, nous n'en sommes pas là..
Oui, toutes ces anecdotes dont vous me faites part sont éloquentes. Celle qui m'a le plus "impressionné", si je puis dire, c'est la présentation de l'égyptologue. Si elle n'arrivait pas à dire Mysliwiecz, je ne vois pas comment elle pouvait prétendre à la lecture des hiéroglyphes, cette...hummmm
Une anecdote humiliante qu'un copain d'ici, francophone, m'a racontée et il en était encore, quelque 25 ans après, bouleversé.Jeune étudiant en philologie romane, il se trouvait en France en 1983. Il était hébergé chez l'habitant, en l'occurrence une habitante fort sympathique, mais...Un jour, elle lui demande si il veut bien aller à la boucherie acheter de la viande et qu'elle l'accompagnerait. Ce qui fut fait et pendant qu'il achetait sa viande devant un étalage des plus opulents, la dame le prenait en photo sous toutes les coutures, enfermant dans son appareil le scoop d'un Polonais en train d'acheter de la viande !
Véridique, philip...

Vous, artiste de l'image, je sais que vous serez sensible à cette anecdote.
Bon, ceci dit (Brahim), prenez soin de ces dents. Un bon dentiste ou alors, mieux, un petit verre de gnôle avec un grain de poivre...
Amitié
Bertrand

Écrit par : B.redonnet | 02.12.2008

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