17.11.2008
Pierwsza Zima w Polsce
En septembre, l’air était presque bleu déjà. Les matins brumeux frissonnaient et les grands bohémiens du ciel des étés moribonds, en chemin inverse du mien, s’enfuyaient à tire-d’aile, quittant la place alors que j’y venais.
Les oiseaux, eux, ils connaissent la terre.
Ils savent lire le soleil et le sens dans lequel il faut tourner.
Octobre avait embrasé la forêt et novembre une à une éteint ses lumières.
Tout petits, des flocons égarés avaient batifolé de-ci, de-là, timidement, comme des éclaireurs et sans jamais toucher le sol. Ils avaient saupoudré les toits et ils étaient repartis très vite vers le ciel.
J’avais dit que c’était déjà l’hiver.
On m’avait étrangement souri.
Puis le vent s’était levé. Un vent sec qui sentait comme la désolation de steppes lointaines. La terre s’était durcie sous sa morsure et par milliers cette fois-ci, les flocons étaient revenus à l'assaut. Chaque jour. Le souffle rageur venu de l’est devant lui les poussait.
Ils avaient tout étouffé de blanc. Des routes où je m’étais perdu, des chemins sur lesquels j’avais marché jusqu'aux genoux, des champs, des forêts et les lacs que j’avais embrassés de mon regard inquiet.
Les rivières s’étaient arrêtées.
Décembre s’était endormi sous cette couette duveteuse, paisiblement, bien au chaud, vers moins dix degrés, parfois moins quatorze.
J’avais dit que c’était un grand hiver et que chez moi le journal de vingt heures aurait déjà sonné le tocsin.
Les médias océaniques sont toujours pris de logorrhées nerveuses quand il fait froid, surtout si c’est l’hiver. S’il fait trop chaud l’été, ils s’emballent aussi. Il n’y a guère qu’au printemps, quand il ne fait strictement rien du tout, qu’ils ne s’alarment pas du temps qu’il fait. Ils ont souvent raison chez moi. Ils savent que l’évidence climatique nourrit le chroniqueur.
On avait beaucoup ri. A moins dix, m’avait-t-on dit, goguenards, c’est encore l’automne. J’avais bien ri…
Jaune, je crois.
Janvier sans crier gare avait alors pétrifié le monde. Même les bruits avaient soudain cessé de remuer.
A moins vingt, je m’étais demandé comment j’allais faire pour respirer.
A moins vingt cinq, les poils de mon appendice nasal avaient gelé et j’avais pensé que c’était foutu, que c’était même plus la peine d’essayer de respirer.
A moins trente, je m’étais dicrètement inquiété, l’air de rien, s’il y avait un SAMU dans le coin, pas trop loin.
A moins trente deux, je m’étais dit merde, j’ai oublié de déserrer le frein à main, je m’étais allongé et je m’étais demandé si j’avais bien fait d’être agnostique toute ma vie.
On s’était esclaffé sans retenue aucune. D’accord, d'accord, il faisait froid, mais enfin, c’était l’hiver, non ?…
Je m’étais esclaffé aussi, enfin, un peu…Un tout petit peu…Je ne suis pas même certain que l’on m’ait entendu...
La température était brusquement remontée en février. De 24 degrés.
J’avais eu presque chaud. J’avais ressorti mes tee-shirts et j’avais eu envie d’une violette posée sur la barbe verte d’un talus solitaire.
Bon, me direz-vous, tu t’en es tiré, mais il faisait encore moins huit !
Et alors, c’était le printemps, non ?
« Elle n‘est pas belle, la Terre ? Les hommes ont tort qui prétendent la connaître, la terre. Vraiment, » que j’avais écrit à mon ami, un musicien, guitariste, resté sur les sables blancs de Charente-Maritime, à regarder en face de lui l’île de Ré, la Blanche.
14:54 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : littérature | Facebook | Bertrand REDONNET
Commentaires
Quelle expérience que ces hivers polonais, en effet. Le plus bas que j'ai connu c'est
-19 et cela me semblait la fin du monde.
A l'inverse, je me souviens d'une vague de chaleur un été de juillet à Séville où il faisait + 44 à 10 H du soir. Mais l'homme survit à tout. Enfin c'est ce que l'on croit car il y a toujours bien une fois où cela finit mal.
Écrit par : Feuilly | 15.11.2008
L'adaptation de l'homme à son milieu même le plus extrème m'a toujours interpellé , Les Inuits sur la glace , les Indiens du Titicaca sur leurs îles flottantes de magmas spongieux , l'Amazonie, le désert , et tant d'autres milieux inhospitaliers ..... Et partout cette vie qui éclate ...J'aimerai être libre et aller voir de mes yeux , toucher de mes sens ....
Écrit par : Débla | 16.11.2008
@ Feuilly, la mort a ça de généreux qu'elle ne frappe effectivement qu'une fois...
@ Débla, la Pologne, quoique les hivers y soient quelquefois brutaux, n'est pas une "zone de conditions extrêmes" comparable à celles que vous évoquez.
Écrit par : B.redonnet | 17.11.2008
B. ici P. J'ai grandi dans les frimas des hivers longs, neigeux et froids (moins trente) du Pays d'En Haut, entre les Ormonts et la Gruyère, aux Sciernes, sous les Vanils Noirs et Planachaux, où nous avions un chalet hors des sentiers battus, sans chauffage central avec un âtre dans lequel nous pouvions nous blottir pour nous réchauffer, en se brûlant les lèvres à boire nos chocolats au lait chaud, après nos lugées et nos bagarres de neige entre gosses. Je suis un familier du froid et j'ai aussi connu ces très grands froids des plaines polonaises qui nous arrivent tout droit de Sibérie et nous font nous lover tout au fond de nous mêmes et de nos proches...la caverne de Platon...et je trinque avec vous à la beauté de la Terre et à sa découverte permanente...Ici le brouillard traîne au fond des vaux et l'air attend la prochaine neige. Saluts tout blancs à vous et à vos proches. Philip.
Écrit par : Philip Seelen | 17.11.2008
P.ici B.J'ai grandi dans l'exact contraire...A quelque 100 Km de cette nappe chaude et en perpétuel mouvement de balancier, prétentieuse, qu'on nomme l'océan...
Je guettais les hivers. je les voulais tout blancs, je les voulais froids, je les voulais pétris de gel...Les vieux racontaient des histoires comme seuls en racontent les vieux, entre souvenirs et fantasmes (soyons vigilants, les vieux en question avaient certainement notre âge d'aujourd'hui !), des histoires de grand froid et de villages isolés. je lisais London et Curwood,les loups et Mukoki, et je guettais le ciel.
Rien. Il ya vait entre mes livres et mon ciel, un monde. Celui du réel. Le souffle de l'océan ne portait que des haleines en pluie et en brouillard. Le thermomètre, s'il venait à voisiner avec le zéro, c'était l'extême de sa performance.
En Pologne de l'est,j'ai trouvé ce qui planait sans doute encore dans ma tête de mes frustrations d'enfant...Un hasard ?
On dit qu'il fait bien les choses, celui-là. J'ai toujours été cependant persuadé, empiriquement parlant, du contraire.
Amitié.
Écrit par : B.redonnet | 18.11.2008
De l'Océan Liquide à l'Océan Terreux, de l'Ouest Vaporeux à l'Est Obsédant, mais vous gardez toujours un oeil sur les surfaces planes et les horizons qui grimpent tout au fond du tableau et ces ciels qui veulent bouffer toujours plus que leur part dévolue à l'image...
Moi, ici, j'ai grandi le nez planté dans les Alpes et le cul coincé par le Jura, ma mère était des Pays-Bas, elle est venue au Pays d'En-Haut pour sa vie et moi j'ai toujours recherché la terre et le ciel à perte de vue et en bataille pour se partager l'image comme ils font en Hollande, au Brésil ou en Bretagne...J'ai voulu échapper sans cesse à l'emprise de mon pays chiffonné, j'y ai parfois réussi, plus souvent dans les rêves, mais j'y suis sans cesse rappelé même si j'essaie sans cesse de le laisser derrière moi...sans doute je ferai ces mouvements jusqu'à en mourir, ils apaisent mes angoisses...aujourd'hui pluie en plaine, neige en altitude, je vais traverser la moitié de la France pour rejoindre mon Paname. Bonne journée polonaise à vous tous gens de frontiere et de leurs alentours....Philip
Écrit par : Philip Seelen | 18.11.2008
Les seules choses qui ne gèlent pas, quoi que dise Rabelais, ce sont les mots. La preuve. On peut, quand il fait très froid, "faucher les canets au dail": on ne nous coupera pas la parole.
Écrit par : denis montebello | 18.11.2008
Cher B. ici P. le Borderline...vous êtes l'avant-garde des gardiens des marches de notre Europe de carvanal si loin de nous...heureusement le téléphone arabe fonctionne toujours et si jamais on a le télégraphe...gardez nous de toute influence ouralienne...de l'Atlantique à l'Oural le rêve de notre grand Charles est en passe d'être réalisé par le Gaz et Auchan...bien compris le passage de la serpette, cela vous regarde, laissez-moi juste m'y faire...amitié borderline. Philip
Écrit par : Philip Seelen | 18.11.2008
Derrière le Bug, finit l'Europe. Ca se résume au fait que Carrefour n'a pas encore investi en Bielorussie...
La serpette, oui... Parce qu'avec le bel espace schengen, un huissier peut même vous enlever votre slip à 2500 km de distance. Moi, j'trouve ça beau, les libertés liberticides !
Amitié.
Écrit par : B.redonnet | 19.11.2008
Brrrr...
Catherine
Écrit par : Catherine | 19.11.2008
Elever et soigner un petit Blog en se logeant sur les rives du Bug... pari pas si facile ! à faire fuir un ingénieur en numérisation ! Excusez-moi B. mais j'avais envie de la faire celle-ci ! Salut et ironie. P.
Écrit par : Philip Seelen | 19.11.2008
Que je sois damné pour la énième fois si je comprends quelque chose à ce petit commentaire...
Ingénieur en numérisation ? Oh, je sens qu'il me manque un neurone, là....
Écrit par : B.redonnet | 19.11.2008
@ catherine : On peut dire ça comme ça
Écrit par : B.redonnet | 19.11.2008
Mode d'emploi du commentaire eleven rédigé par Philip Seelen. A lire ttentivement avant l'emploi.
Bug : Définition : Un bug est une erreur de programmation dans un logiciel. Cela peut avoir beaucoup de conséquences durant le jeu tels que des anomalies graphiques, des plantages sévères ou simplement des soucis de gameplay.
Bug : Définition : Fleuve qui kool à l'est de l'espace shengen entre la Pologne et l'Ukraine.
Freeze : Définition : Mot anglais signifiant "Gelé" ou "Bloqué". Signifie que le logiciel s'est arrêté sur une image et se bloque suite à une malfonction dans le programme.
"Ingénieur en numérisation" pour informaticien...
C'est pas un commentaire à comprendre, c'est une petite blague plate sans prétention qui m'a fait du bien au grand et au petit muscle zygomatique, quelque part là entre les pommettes et les commissures des lèvres, où se situe en général la source du dégel chez les êtres humains.
Père P. espère que père B. est rassuré sur les bonnes intentions de la filière des Alpes suisses aux ramifications parisiennes. Tout de bon et à plus.
Écrit par : Philip Seelen | 22.11.2008
J'en suis tout à fait assuré et je vous piquerai, pour mon polska dzisiaj, cette syllepse du Bug qui sépare la Biélorussie de la Pologne. Voilà pourquoi l'Europe ne va pas plus loin :
Y'a un bug..
Merci Philip
Écrit par : B.redonnet | 25.11.2008
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