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07.01.2018

Pomme

1200px-Jableczna-042.jpgJe connais par ici un village qui porte fièrement  le nom de Jabłoń, Le pommier. On le traverse en descendant sur Lublin et de lourdes forêts jalonnent la route de leurs ombres silencieuses.
A n’en pas douter, il y avait là des pommiers. Beaucoup de pommiers. Mais il est vrai que ce coin de la Podlachie est couvert de vergers aux branches et fruits retombants tel, en dépit des rudes frimas, le  jardin des Hespérides.
Un peu plus loin,  le monastère orthodoxe dont les toits dorés  brillent de tous leurs feux sous le soleil gelé, est blotti sur la berge de la rivière frontalière, à la sortie, de ce côté-ci sans issue, du village de Jabłeczna.
On ne dit d'ailleurs pas que l’on va au monastère, mais à Jabłeczna.
Le mot a de la racine de pommier. Mais d’où sort cette racine ?
Certes, dans les jardins où butinent des colonies de ruchers, s’alignent bien des pommiers que les bras printaniers des ermites taillent avec grand soin, en espalier. Le champ lexical du site est bien respecté mais nous ne saurons pas pour autant d’où vient cette senteur de pommes qui embaume les mots.
Toujours est-il que le pommier slave est parfaitement lisible et que nul ne conteste que c’est lui, à  Jabłoń comme à Jabłeczna, qui préside aux mémoires des lieux.

La lecture est plus ardue du côté de l’Atlantique et tout le monde n’est pas favorable à lui accorder l’insigne honneur de désigner des hameaux et des villages.  La pomme de discorde réside dans Availles, dérivé du gaulois aballo, la pomme précisément, auquel serait venu s’ajouter le suffixe –ia qui indiquerait  le territoire.
Les vents de l’ouest aux quatre horizons ont cependant dispersé le pollen. Availles a essaimé un peu partout dans les campagnes. Availles Limouzine, dans la vallée de la Vienne et dans ces tout premiers plissements du Massif Central que constitue le Limousin, Availles en Châtellerault plus au nord, Availles Thouarsais sur la plaine du même nom, Availles sur Chizé, à l’ombre de la forêt et enfin, plus loin en Ille et Vilaine,  Availles sur Seiche.
Tous ces beaux pays furent des pommeraies et le cidre gaulois devait y couler à flots. On devait y percer force barriques en braillant des chants en l’honneur des divinités et les automnes devaient y humer ces arômes sucrés, tellement caractéristiques de la pomme bien mûre, jaune ou rouge, et suspendue à sa branche.

11:04 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET