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09.06.2017

Ce qui n’amuse pas fait pleurer...

panneau-d-interdiction.jpg... et ce sont les gens avec lesquels je suis peu ou prou amené à communiquer oralement qui m’amusent le plus, depuis que ma voix est, disons, faible.
Allez, soyons bon joueur, « affaiblie ».
D’abord une dame, au demeurant fort charmante, jolie comme tout, et qui m’a assuré que cette voix en demi-teinte  m’allait vraiment très bien. Elle n'a pas  dit comme un gant, mais l'intention y était.
Est-ce qu’une voix va bien à quelqu’un ? Est faite pour quelqu’un de précis ? S’il ne chante pas, en plus  ?
Et est-ce que c’est mon caractère tellement effacé qui mérite que mon ramage soit aussi discret ?
Je me le suis demandé. J'en doute cependant beaucoup.
Mais c’était très gentil. Et dans ce monde qui depuis longtemps a perdu la nuance de ses sentiments,  ce qui est gentil est forcément agréable.

Il y a mon facteur aussi.
Homme adorable, s’il en est ! Singeant l’obséquiosité, je l’appelle Pan Listonosz, Monsieur le facteur.
Lui, il me fait carrément écho. Il murmure comme je murmure. Un vrai langage de sourds... De  conspirateurs, plutôt. C’est plus fort que lui. Si je lui susurre qu’il va pleuvoir, il s’applique à chuchoter que oui,  il va sans doute pleuvoir.
C’est rigolo.
Qu’est-ce qui se passe donc dans sa tête ? De la solidarité instinctive ?
Bon sang, que je me dis, s’il croise un pauvre homme qui boite dans la rue, se met-il à claudiquer sur-le-champ, tels les courtisans du Roi boiteux, immortalisés par Gustave Nadaud, via Georges Brassens ?
J’ai posé la question. On me dit que non, que ce n’est pas ça, que c’est un réflexe, comme s’il y avait dans le coin un quidam qui se reposait et qu’il faudrait prendre soin de ne pas le réveiller… Un réflexe de l‘imitation. Comme chez l’enfant qui s’imprègne du langage.
C’est curieux.
Il n’est pas le seul, Pan Listonosz… Ils sont même beaucoup comme ça, à faire montre de ce que eux aussi savent murmurer le monde aussi bien que moi.
Braves gens !
Mais la palme de la singularité revient à une dame. Au téléphone. En français, cette fois-ci, puisque je cherchais à joindre un copain des Deux-Sèvres, qu’il était parti en vadrouille et que je suis tombé sur sa belle-mère.
Avec ce chuintement dont elle ne se doutait pas qu'il lui venait d'à l'autre bout de l'Europe, elle a d'abord cru à une mauvaise blague, à un canular. Puis elle a compris et elle a dit, ah oui, c’est vous ! Excusez-moi, c’est que vous parlez bas.
Ben oui...Désolé.
Et alors elle m’a expliqué, à tue-tête, que son gendre et sa fille étaient absents, partis en villégiature.
Oui, elle s’est mise à parler très, très fort, tant que c'était moué qui avais désormais un peu de mal à suivre ses explications.
A n'en pas douter, elle avait dû subodorer que cet homme qui voulait marmonner avec son gendre était forcément, aussi, un sourd !
En tout cas il était hilare, le sourd… une fois « la communication » achevée.

15:03 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET