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12.12.2015

A califourchon sur deux siècles - 6 -

7780533581_francois-hollande-a-versailles.jpgJe ne puis, hélas, faire l’économie de quelques exemples de cette pratique du faux, lequel par l’effet d’un miroir où se contemplent à loisir les peuples intellectuellement et culturellement soumis, devient le vrai, mais juste le temps nécessaire pour qu’il remplisse sa mission de désorganisation du sens critique.
Après, lui-même se renverse et redevient le faux, mais il est trop tard : la mémoire du vécu le retiendra désormais comme ayant été l’authentique. La vérité, tel un pétard mouillé, n’aura plus aucun impact sur le cours des choses et sur les consciences.
Là comme partout ailleurs cependant, l’exemple illustre mais ne prouve strictement rien. Bien au contraire, il présente ce danger d’être foncièrement limitatif et objet d’un choix arbitraire et, à ce titre, il dessert beaucoup plus qu’il ne sert une argumentation.
Il faudra donc garder à l’esprit que ces exemples pourraient être multipliés à l’envi, et ce, non seulement pour les grands évènements qui jalonnent les époques, mais aussi et peut-être surtout, dans la sphère de la vie quotidienne de chacun, faite d’images, de raccourcis tronqués et de représentations.

Le chaos que nous connaissons actuellement trouve son origine la plus contemporaine dans les bombardements occidentaux de l’Irak, en 1992 d’abord,  en 2003 ensuite.
L’homme moyen des pays de culture et de tradition chrétiennes, l’homme moyen des riches sociétés de l’Occident, a tremblé d’effroi quand, photos satellites et rapports circonstanciés des services de renseignements à l‘appui, on lui a présenté l’Irak comme détenteur de stocks d’armes de destruction massive et doté d’une armée redoutable, la troisième du monde. Comment ne pas le croire quand tous les affreux médias, de tous bords, et quand tous les dirigeants- ou presque (1) -clamaient d’une seule voix alarmiste qu’il fallait sauver le monde, détruire ce monstre irakien - comparé, comme tous ceux qu’on se propose d’éliminer, à Hitler - sinon c’était tout le Moyen-Orient qui subirait demain sa loi ?
Et le Moyen-Orient, voyez là, sur la carte, c’est là-bas que nous nous approvisionnons pour faire rouler vos voitures, chauffer vos maisons et faire voler vos avions…
Plus de dix ans après, ces mêmes dirigeants, au premier rang desquels Tony Blair, avouent que tout ça était faux, qu’en fait de troisième armée du monde, cette armée était relativement faible et qu’il n’y avait pas plus d’armes de destruction massive en Irak qu’il n’y a d’œufs en or dans le cul d’une poule. Mais peu importe à présent, l’objectif a été atteint, Saddam Hussein a été pendu haut et court sous les applaudissements d’un monde civilisé, résolument anti-peine de mort, et l’Irak a été détruit.
Personne ne pense plus que ce faux ait pu être réellement faux. Il fut vécu, donc il fut. Comme une image subliminale prise pour du réel. Au prix de milliers de morts.
Même scénario quelques années plus tard avec la Lybie et avec la Syrie. L’irréprochable Occident, les droits de l’homme cousus sur ses bannières flottantes, coupe tout ce qui dépasse, bombarde, tue, détruit, incendie et les peuples occidentaux applaudissent à la grandeur d’âme et à la force droit-de-l’hommiste qui partout fait régner le Bon et éradique le Mauvais.
On tue Kadhafi, on incendie son pays, on fait main basse sur ses puits de pétrole. La France et ses multinationales s’arrogent une part de marché de plus 30 pour cent.
Passons en Syrie : Assad est un tueur, un fou qui a massacré son peuple et usé contre lui des armes chimiques. Fabius le clame partout et, la gueule plus parfumée que jamais, annonce qu’il ne mérite pas de vivre, (sic) bref, qu’on lui réserve le sort de Saddam Hussein et de Kadhafi.
En l’occurrence, si les gens du réel inversé avaient eu encore un peu d’ordre dans leur façon de penser, ils se seraient quand même demandés comment un diplomate, le premier diplomate du pays des droits de l’homme, du droit tout court et de la présomption d’innocence, un diplomate dont la chafouinerie consiste essentiellement à partout sauver la paix, peut annoncer comme ça, avec autant d’émotion que s’il annonçait le prix du pigeon sur pieds, qu’il se propose de tuer un homme, aussi hideux puisse-t-il apparaître, sans aucune autre forme de procès, et simplement parce qu’il en a décidé ainsi.
Tant d’audace fait froid dans le dos et tant de silence devant cette audace pétrifie ! A ce stade, le mensonge est tellement acquis et tellement sûr de lui que toutes les extravagances lui sont permises : seule la vérité falsifiée a désormais droit de cité dans les appréciations des uns et des autres.
Hollande, chef de guerre incapable dans ses murs de procurer le moindre bien-être à ses concitoyens, saute sur l’occasion pour donner le change, fait donc chauffer ses avions, réunit ses généraux, compte ses bombes… Obama recule ses pions, Hollande recule les siens, renvoie ses généraux et se retrouve gros Jean comme devant. Pourquoi ? Parce que la falsification n’est pas assez bien préparée, que l’ONU s’en mêle, enquête, piétine, tousse, tergiverse, n’arrive pas à réunir les preuves et qu’il n’est donc plus si évident qu’on puisse faire gober à tous ces imbéciles qui peuplent le reste de la planète que ce soit Assad qui ait utilisé l’arme chimique. Ce serait plutôt « les rebelles », les mêmes que tout ce beau monde soutient et arme, dont Fabius dit qu’ils font du bon boulot, et parmi lesquels se trouvent ceux qui sont venus égorger et massacrer à Paris en Janvier et en novembre 2015.

Fabius annonce aujourd’hui qu’il pourra travailler avec le tueur qu’il se proposait de trucider hier. Juppé bouffe son chapeau et dit de même et que c'était une erreur de bombarder la Lybie quand il était ministre des Affaires étrangères. Les gens écoutent et opinent du chef, sans plus d’état d’âme…. Errare humanum est. Si demain la vérité doit être à nouveau renversée cul par-dessus tête et qu’on en revienne aux premiers mensonges, peu importe, ce qui est vrai c’est ce qui est présenté comme tel en vertu des nécessités du moment.
Et justement, nous atteignons le moment où tout cela commence à faire son chemin dans le désordre de la pensée qui risque de reprendre un peu ses esprits. Les massacres de Paris ont troublé, des voix s’élèvent ça et là, encore timides… Il faut vite asséner un dernier et lamentable mensonge qui resserrera le troupeau, le fera se sentir protégé et aimé afin qu’il ne pense pas à interroger plus scrupuleusement les causes réelles de ses malheurs.
Ce mensonge pétrifiant destiné à protéger tous les autres, ce mensonge qui aurait dû faire bondir d’indignation les gens et les dresser comme un seul homme contre le pouvoir socialiste et tous ses thuriféraires s’ils n’eussent été des ersatz d’humains, des succédanés de citoyens, des zombies et d’indécrottables crétins, voire des salauds, c’est : on nous a attaqués parce que nous aimons la vie, la joie, le football, la musique, la culture et le divertissement !
C’est ce qui s’appelle caresser l’imbécile dans le sens du poil.
Et c’est vrai que regardant les gens dans les grands cafés de Varsovie, heureux, détendus, souriants, main dans la main, ou sortir radieux de l’opéra, du cinéma ou du théâtre, ou encore entendant les supporters de football hurler leurs clameurs au Grand Stade, je les trouve tellement moroses et affligés tous ces Polonais que je comprends maintenant pourquoi personne ne songe à venir les massacrer !
Pour avoir osé proférer de telles fumisteries qui, peut-être le pense-t-il, vont le dédouaner de toute sa sinistre politique guerrière responsable du chaos, Hollande devrait à tout jamais être congédié et assigné à résidence dans le fin fond de la Corrèze.
Il n’en sera évidemment rien : La population préfère, et de très loin,  un odieux mensonge qui la flatte à une vérité qui la blesse.

(1) On doit sur ce point précis et majeur rendre honneur à Chirac, dernier Président du XXe siècle, d'avoir fait ce que jamais un président socialiste n'aurait fait : refuser de marcher dans la combine.

21:05 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, politique, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

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