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03.05.2015

Hommage

Patachou_coupe_la_cravatte_de_Brassens.jpgDans le texte précédent, je disais que Brassens ne trouverait aujourd’hui pas une thune pour l’aider à enregistrer ses chansonnettes à la noix et serait abondamment moqué par tout le sérail des bobos et des imbéciles heureux qui tiennent maintenant le haut du pavé, avec le succès que l’on sait et en tirant tout le monde par le bas.
De toutes façons, même s’il se trouvait encore un fou pour risquer un kopeck sur ses vers, une nana comme Vallaud Belkacem, aussitôt suivie par la cour piaillante et caquetante de toutes les pintades idéologues du féminisme, crierait au scandale, au vieux phallo dégueulasse, au couillu ringard, et finirait bien par le faire se terrer définitivement impasse Florimont !
Peut-être même, puisqu’il ne brosserait pas le vers dans le sens de ses poils, le traiterait-elle de pseudo-intellectuel… Ce que le Poète entendrait en pouffant car, beaucoup plus fin qu’elle, lui, saurait qu’il y a là une affligeante tautologie, un intellectuel étant toujours un pseudo, une fausse identité, une posture, et que c’est même ce qu’il a de plus commun avec une ou un ministre.
Mais je digresse, je digresse à l’envi…
La peste soit de tout ce beau linge !

Je disais donc tout ça, en substance et en filigrane, quand, coïncidence, le jour même, comme si le glas sonnait une dernière fois sur une époque définitivement révolue, s’éteignait une  vieille dame de 96 ans, celle-là même qui, la première,  avait donné sa chance au Poète moustachu en lui ouvrant les portes de son petit cabaret : Madame  Henriette Ragon, alias Patachou.
Je me suis laissé dire par quelques joyeux drilles ayant côtoyé l’une et l’autre - eux aussi maintenant disparus - que la première fois que Brassens se présenta à Patachou, sa guitare rustique à la main,  faisant le dos rond, il expliqua que, lui, ne voulait pas chanter, ne savait pas chanter, mais qu’il écrivait des chansons pour que quelqu’un les chantât.
Ce qu’il cherchait, c’était un interprète.

-  Voyons ça ! avait dit gaiement la dame

Le Poète s'était alors saisi d’une chaise, avait posé le pied dessus et, "grattant avec ferveur les cordes sous ses doigts," avait entonné Le Gorille et Le Mauvais sujet repenti.

Sitôt le dernier accord plaqué, Patachou s’était cependant écriée :

-  Mais enfin, Georges, qui voulez-vous qui chante ça ? ! A part vous, bien sûr…

 Rendez-vous avait donc été pris... et le reste fut.

 * Patachou interpréta tout de même deux titres un peu moins sarcastiques, disons mineurs, La Chasse aux papillons et Le Bricoleur.

11:30 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, écriture, chanson française |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Une belle artiste toujours coquette et grande découvreuse de talents...

Écrit par : Alezandro | 03.05.2015

Et pourtant... Dactylo, ouvrière d'usine, marchande de chaussures, rien qui ne l'y prédestinait, mais, je le répète, l'époque ne demandait pas de passeport de mondanités, que l'on montre patte blanche, ou que l'on fricotte avec les faiseurs de mode, pour reconnaître un talent.
Je ne dis pas et ne dirai jamais que tout était rose, on ne peut juger d'une époque que si on la vit. Je dis que le marasme actuel invite à une certaine nostalgie.
Un fantasme ? Oui, si on veut...

Bien à Vous

Écrit par : Bertrand | 03.05.2015

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