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26.04.2015

La fleur de quoi ?!

cerf01.jpgDans le truculent et vaudevillesque poème A l’ombre des maris, Georges Brassens, toujours féru d’archaïsmes,  emploie une expression que pas grand monde, en 1972, n’avait encore à l’esprit.
Et je suis certain que nombreux sont ceux, à commencer par moi-même, qui ont chanté ces vers sans s’arrêter sur leur délicieuse ambigüité.
Je ne suis même pas sûr que le Poète lui-même ait intentionnellement écrit  le double sens.

 

Car pour combler les vœux, calmer la fièvre ardente,
Du pauvre solitaire et qui n‘est pas de bois,
Nulle n’est comparable à l’épouse inconstante.
Femmes de chef de gare, c’est vous la fleur des pois !

 La fleur des pois. Diantre ! Qu’est-ce à dire ?
L’expression remonte en fait au XVIIe siècle et son auteur – du moins le premier chez qui on la trouve, car les expressions le plus souvent vivent dans l’anonymat des rues et des faubourgs avant de s’immortaliser sous la plume d’un auteur, Cf. Rabelais et Villon – en fut sans doute Saint-Simon dans ses mémoires à propos d’une dame de la Cour de Louis XIV, Madame de Nangis.
L’expression n’avait alors rien de plaisant ni d’ironique. Bien au contraire, elle désignait quelqu’un de profondément distingué, l’élite, et son équivalent était le Dessus du panier, qu’on retrouve chez Madame de Sévigné.
Pois avait alors une valeur très positivement connotée, le mot désignant de nombreux légumes, comme le haricot ou la fève, très présents dans l’alimentation des XVIIe  et XVIIIe siècles.

Mais, à l'oreille, on découvre une toute autre connotation et Brassens aurait dès lors très bien pu écrire :

Femmes de chef de gare, c’est vous la fleur d’époi !

Vu le contexte, c’eût été une merveille car l’époi désigne le dernier cor des vieux cerfs et on sait que le cerf, plaisamment, avec ses cornes majestueuses, est l’allégorie parfaite du cocu.
Dans le Cocu, Brassens chante d’ailleurs ;

 J’ai du cerf sur la tète

Il serait évidemment précieux de savoir exactement comment Brassens avait orthographié son manuscrit.

 Quant à Vous, Messeigneurs, chantez à votre guise,
En ce qui me concerne, ayant enfin compris,
J’abandonne à son sort le petit pois honni
Pour désormais chanter la fleur d’époi jolie.

11:10 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Si je ne me trompe, le texte de Brassens dit "nulle n'est comparable". Avec "époi", j'avoue que j'ai appris quelque chose. Cordialement.

Écrit par : Alexipharmaque | 26.04.2015

Oui, oui.... Merci. Faute de frappe corrigée.
ça n'avait effectivement aucun sens..
Bien à Vous

Écrit par : Bertrand | 26.04.2015

Le pois, très important donc, à l'époque. Sans fleur, pas de pois. Les femmes infidèles permettent donc à la plante, partant, à ceux qui la mangent, d'exister. Tout comme les bordels sauvent le couple marital. N'en déplaise aux "soucieux socialistes" de Vian.
Mais, que viendrait donc faire la fleur sur les cornes des cocus? Si, si, je vous le demande.
Bisoudom

Écrit par : Le Saout | 27.04.2015

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Écrit par : Dorota | 28.04.2015

Je vois que ma Bonne amie a mis là un de ces Hiii dont j'ai d'ordinaire le secret...
Qu'est-ce à dire ? Aurait-elle aperçu sur ma tête chenue et qui n'en peut mais, comme une fleur qui ressemblerait à celle des pois ?

Écrit par : Bertrand | 28.04.2015

Les commentaires sont fermés.