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03.01.2015

Paysage de traduction

littérature,écritureJusqu’alors, l’hiver polonais n’a  pas été cette année très méchant. Le mercure ne s’est en effet pas encore aventuré en-dessous du – 12, encore que quelques nuits seulement.
Ce qui est tout même assez frais, me direz-vous…
Cette clémence toute relative, forcément, s’accompagne de neige. Beaucoup d’enneigement. Les villages blancs sous le ciel noir et les arbres  sur ce fond obscur sculptés branche par branche, flocons après flocons.
Tout comme dans les premières pages de Kraszewski, dans la traduction duquel nous sommes lancés : La Folle s’ouvre le soir du réveillon de Noel et la neige tombe drue.
Ainsi, penché sur le premier jet de traduction de  D., cherchant la bonne expression, la bonne image en filigrane sous les mots, la tournure idoine qui ne trahira pas la source, m’arrive-t-il simplement de lever la tête et de regarder par la fenêtre. Le paysage se fait alors comme un auxiliaire gracieux. La traduction des paysages passe par le paysage de la traduction. Là, devant mes yeux, il y a pour une bonne part l'élément littéraire des premières pages de Szalona. Il y a des impressions et des mots qui voltigent dans l’air et qui saupoudrent les toits et les bois.
Je crois que c’est une chance. En tout cas, je l’apprécie comme  telle tant il me semble – mais il me semble seulement - que travaillant ce texte sous la canicule de juin, je ferais moins corps  avec lui.
Une chance et un hasard. Mais il est vrai que les deux sont souvent indissociables.
Me reste à espérer, pour plus tard, que le lecteur sentira, si nous avons correctement rendu la plume de Józef Kraszewski, cette complicité entre un livre des temps passés, un paysage éphémère et des traducteurs contemporains.

08:37 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Cet auteur aurait-il lui-même écrit ce qu'il a écrit s'il avait vécu sous d'autres latitudes ? Il me semble que les paysages et les climats déterminent toujours un peu ce que l'on est et ce que l'on pense.

Écrit par : Feuilly | 03.01.2015

Certes. Mais je parle de circonstances, de coincidences, car tous les romans polonais ou russes ne s'ouvrent pas sur une tempête de neige et il ne neige pas toute l'année ici. Presque, mais pas toute :))
Regarde "Crime et châtiment". Cadre Saint Pétersboug. Le roman ouvre et même reste longtemps sous la canicule poussiéreuse de juillet.
Ce qui n'a pas empêché un cinéaste, d'ailleurs- je ne sais plus lequel - d'ouvrir le drame sous la neige... Peut-être parce qu'il considérait, dans son imaginaire, que ce qui se passe à Saint Pétersbourg au 19ème ne peut se passer que sous la neige. Pour faire plus "russe", en quelque sorte.

Écrit par : Bertrand | 03.01.2015

La traduction est une aventure fabuleuse et c'est magnifique que vous travailliez à deux avec D.

Je ne suis jamais arrivée à lire "Au-dessous du volcan" et je m'en suis toujours voulu, eh bien je suis en train de m'y mettre, avec la traduction de Jean-Pierre Darras. Pour le moment j'avance dans l'histoire en comparant les deux traductions ; à moment donné je me cantonnerai à celle de Darras, puis lirai l'autre... Les questions de langue que pose la traduction me passionnent et c'est pourquoi les comparaisons me stimulent, puisque je n'ai pas le bonheur de pouvoir faire le lien avec la langue originelle. C'est paradoxal mais c'est comme ça. Heureux les peuples plurilingues.

Tolstoï a écrit "Une tourmente de neige" (et autres nouvelles)
http://beq.ebooksgratuits.com/vents/Tolstoi-contes.pdf

et je me demande s'il n'a pas été traduit sous la canicule :))) - je plaisante bien sûr.

Écrit par : Michèle | 05.01.2015

En tout cas ce sera un bonheur et un honneur de tenir entre ses mains La Folle de Joseph Ignace Kraszewski...
Merci aux éditions du Bug.

Écrit par : Michèle | 06.01.2015

Merci, Michèle... Traduire est vraiment une réécriture tout en conservant scrupuleusement l'écriture.
C'est évidemment la première fois que je suis confronté à cet exercice, passionnant, comme tu dis, mais, sans D. qui dégage l'essentiel, j'en serais bien incapable.
Beaucoup de travail, mais quel travail !
Et quel plaisir, cette perspective de l'offrir un jour à un public.
En attendant, on en sue tellement, qu'on se croirait en juillet !:)))

Écrit par : Bertrand | 07.01.2015

Les commentaires sont fermés.