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07.09.2014

Fabliau en douze majeur

SUBTERFUGE

Jadis en un palais doré vivait un loup,
Par rouerie élu prince du peuple des Sans l’sou.
Cette engeance, on le sait sur la machine ronde,
A le bon sens ingrat et la bévue féconde.
Ce loup, donc, du diadème aussitôt chapeauté
La meute s’empressa de bien maquereauter
Pour flatter sans ambages les grands loups dominants.
On vit bien, quelquefois, le peuple descendant
Sur le pavé des rues et y grincer des dents,
Rien n’y fit pour autant.
Le Prince des Sans l’sou n’aimait plus que l’argent !

 Dans sa couche cossue cousue d’or et de soie
Pour s’ébattre en grand fauve et se griser d’émoi
Le roi prit une louve aux épaules puissantes,
La fit reine des loups et dame sous-jacente.
Mais, soit qu’il la couvrit comme on couvre putain,
En ne donnant de soi qu’une part de butin,
Soit qu’il connut soudain pénurie de gingembre
Ou qu’elle-même ne sut roidir le royal membre,
Reléguée aux lisières,
La louve fut bannie de l'auguste tanière.

 Et l’on vit tout à coup  surgir le jamais vu :
Les Sans l’sou tous pliés pour une affaire de cul,
Tandis que sous les ors de la forêt touffue
Les grands loups dominants entassaient des écus.

16:16 Publié dans Fables | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Quel joli fabliau qu’on nous donne à lire là
Le sieur de la Fontaine en serait très jaloux
S’il était parmi nous et point au cimetière.
Quant au loup très cossu qui oublia les loups
Et s’enrichit très vite en son palais doré
Nous le connaissons tous, à l’Elysée il vit.

Écrit par : Feuilly | 08.09.2014

Alors ça Bertrand chapeau bas ! Non que j'en sois surprise, mais pour un coup de maître c'est un coup de maître :)

Écrit par : Michèle | 08.09.2014

J'adore la dame sous-jacente et la pénurie de gingembre.

Écrit par : Michèle | 08.09.2014

Chers amis, tranchons le mot : je me suis bien amusé ! Disons que j'ai distrait mon énervement, voire mon dégoût, en le versifiant plaisamment.
Là où j'ai le plus auto-rigolé, je crois, c'est :
" [ ...]le peuple descendant
sur le pavé des rues....."

Mais le fabliau est, normalement, en octosyllabes. Bon, j'ai fait une entorse à la règle.

Et je vois ébahi
Que notre ami Feuilly
Déploie aussi talent
Pour dire plaisamment
Le pouvoir corrompu
Par le fric et le cul... Hiiiiii !

Écrit par : Bertrand | 08.09.2014

Les commentaires sont fermés.