UA-53771746-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30.06.2014

7 et 950

littérature,écritureLe 3 juillet, jeudi donc, l’Exil des mots soufflera ses sept bougies.
Sept ans que j’ouvre régulièrement cette lucarne et la nourrit de mes différents textes, celui-ci étant exactement le neuf cent cinquantième.
Avec le recul cela me semble énorme et même un peu fou.
En ces sept années, j’ai publié six livres. Ce n’est pas mal, me direz-vous, mais une broutille quand même, si, en volume et peut-être même en audience, on les compare à ces près de mille textes qui jalonnent ce blog.
Et il y a dans cette activité gourmande quelque chose qui m’échappe : le but. Autant dire l’essentiel.
N’est-ce pas là un des paramètres sournois qui définit l’aliénation à ?
Dans la houle de quels flots  m’évertué-je ainsi à jeter ma bouteille? A quel ou quels besoins répond une telle assiduité ? Quelle volonté préside à une telle pérennité ? Je serais bien en peine de vous le dire, n’ayant jamais été ni assidu ni constant dans mes activités, si ce n’est, justement, dans leur renonciation successive. Jusqu’au paradoxe de la ténacité du velléitaire.
Il faut croire alors – à défaut de comprendre – que toute cette constance relève de l’équivoque expression d’un appétit non satisfait. Peut-être celui de se faire entendre. Quel homme, même celui qui n’a rien d’essentiel à dire – et nous sommes nombreux dans ce cas-là - ne rêve-t-il pas de se faire malgré tout entendre ? D’ailleurs, quand nous prêtons une oreille au brouhaha du monde, qu’entendons-nous qui serait digne d’être écouté et qui nous transcenderait un peu, qui nous élèverait l’esprit jusqu’au jamais-vu-encore, qui ouvrirait d’autres perspectives que les jours cheminant pas à pas derrière les nuits, et inversement jusqu'au froid terminus ?
Les hommes et les femmes qui ont la parole n’ont strictement rien à nous dire.
Alors, le blog… Un balbutiement miniature du balbutiement général ?  Un besoin de balbutier aussi. De barboter dans la mare déjà surpeuplée ? Comme pour ne pas être en reste, comme pour dire, le doigt levé : moi aussi, Monsieur, j’ai balbutié ma  vision des choses.
La vision des choses…Tout écrivain est un homme qui lutte contre l’idée de la mort ; un homme qui a choisi, quelque part, de tenter sa maigre, son infinitésimale chance de frapper à la porte de l’éternité. Un homme qui refuse de façon névrotique l’absolu silence des chrysanthèmes.
C’est comme ça qu’on se découvre mégalomane… Mais la mégalomanie c’est, comme l’utopie, un antidote à la résignation.
Mais je ne dis pas pour autant que je suis un écrivain, miladiou ! Je dis que je voudrais, que j’ai toujours voulu, en être un. Car un écrivain, un artiste en général, porte en lui le drame essentiel de toute existence en ce que son sort dépend essentiellement des autres. Ce sont les autres qui le font ce qu’il veut être.
Il n’y a pas grand-chose de plus pitoyable au monde que l’artiste autoproclamé. Ou frauduleusement proclamé par le spectacle social, ce qui revient strictement au même.
L’Exil des mots est peut-être alors tout simplement – je dis bien tout simplement - l’aveu d’une impuissance de son auteur à être réellement un écrivain.
Par l’inflation, la présence et la constance.
Car ce n’est pas avec un blog – du moins en douté-je fort – qu’on frappe aux portes de l’éternité.

Mais vous vous demandez sans doute ce que j’ai voulu dire. Je comprends. Je me le demande moi-même. Tout cela est décousu, mal maitrisé. A reprendre un jour.
Ce serait  plutôt cela un blog : un atelier.

Image : Philip Seelen

18:32 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

Non, non, tout cela est très clair, au contraire. Le blogue, c'est un peu l'activité d'écrivain à la portée de tous (même pour ceux qui n'entendent rien à la littérature) avec en prime un public assidu. Que rêver de plus ? Mais est-ce une activité condamnable ? Non, puisqu'elle pousse à écrire certains qui sans cela n'auraient jamais écrit. Quant aux vrais écrivains, ils cherchent sans doute par la tenue d'un blogue à se rassurer sur la présence de leur public.

Écrit par : Feuilly | 02.07.2014

Les commentaires sont fermés.