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05.04.2013

Bulletin météo

littérature,écritureDe mémoire de Polonais - du moins de mémoire de ceux que je connais- on n’avait jamais vu pareil hiver !
Non pas sur le plan des températures, celles-ci ne s’étant guère aventurées cette année au-dessous du - 15, à peine celles d'un congélateur d’occasion, mais au niveau de la durée de l’enneigement. Plus de quatre mois maintenant que les cieux déversent régulièrement leurs cargaisons blanches sur les paysages qui n’en peuvent mais. En ce début avril, ils deviennent même hystériques, ces cieux tantôt gris, tantôt opalins, et la tempête redouble d’une farouche obstination.
La forêt courbe l’échine et se brise sous la lourdeur des intempéries. Hier matin, il nous fallait à chaque instant dégager les branches vaincues et déchirées, gisant au milieu de la chaussée engloutie sous une neige boueuse, collante, lourde et humide. Le vent s’en mêle et les tornades horizontales font parfois que devant les yeux il n’y a plus ni paysages, ni champs, ni arbres, ni horizons, ni routes, ni villages, mais un brouillard agité et cinglant. On ne sait plus exactement, dans ces moments-là, si la neige qui vous fouette vient des champs, soulevée par les vents, ou tombe du ciel. Les deux sans doute. Une sorte de chaos sans repère.
Les oiseaux sont piégés, qui ont déjà rejoint leurs territoires de nidification sur la foi des étoiles et de la longueur du jour. Les cigognes sont désorientées, crèvent sans doute. Les grues sont frigorifiées. Les grives, les merles et les passereaux sont muets, absents.
Les hommes, eux, les spécialistes, s'interrogent et interprètent. C’est là le rôle dévolu aux spécialistes… Ces froids exceptionnels et durables nous viendraient du réchauffement climatique. Oui, dit comme ça, j’ai bien conscience que ça a les allures d’une galéjade. Mais il paraît cependant que la fonte de la calotte glaciaire du pôle nord fait que le surplus d’eau, froide, à peine dégelée, se répand dans les mers et les océans et, partant, les refroidit bigrement. Or, ces océans et ces mers, comme chacun le sait depuis son CM1 s’il a bien écouté l'instituteur au lieu de se gratter les narines ou de bayer aux corneilles, sont les radiateurs des continents et quand un radiateur se refroidit, ça tombe sous le sens, c'est la chambre entière qui grelotte. Voilà. La terre est une vieille dame qui, maltraitée par ses enfants indignes depuis des générations et des générations, se révolte et décide de ne plus tenir compte de leurs saisons.
Pour l’heure, donc, sous nos latitudes, c’est l’hiver, encore l’hiver et toujours l’hiver. Pour la première fois depuis huit ans que j’habite ce territoire, je
crois que j’en ai au-delà de l'imagination de tout ce blanc, immobile et immuable.
Je rêve du chant du loriot dans les frais bocages printaniers, et ce,
comme vous le constatez, sans sacrifier pour autant à une phrase convenue.  Je rêve aussi de vertes prairies, de piqûres de moustiques et de lourdeurs orageuses, moi qui déteste l’été, ses orages, ses moustiques et ses vacanciers en short ridicule.

PS : ce petit texte est le huit centième  de l'Exil des mots.

12:39 Publié dans Acompte d'auteur | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : littérature, écriture |  Facebook | Bertrand REDONNET

Commentaires

S'il ne tenait qu'à moi, je me mettrais en short pour vous égayer un peu, mon cher Bertrand. On garderait des Richelieu en lieu et place d'espadrilles et des chaussettes bordeaux car on a du style. Peut être bien qu'Otto se joindrait à moi, qui sait ?
Compliment pour votre huit centième...

Écrit par : Le Tenancier | 05.04.2013

Tenancier, on pourrait élargir (le port du short) à tous les lecteurs de l'Exil (et des Feuilles d'automne)... et pour les chaussettes, un camaïeu de bordeaux serait d'assez bon ton :)

Écrit par : Michèle | 06.04.2013

Ah, comme d'habitude, il faut que le Tenancier fasse preuve de jalousie à l'encontre de mes tenues vestimentaires. Comme je le vois bientôt, je vais lui offrir une chemise...

Pour le reste, je trouve cela assez délicieux, de se dire qu'il fait plus froid parce qu'il fait plus chaud. Mais c'est vrai que comme vous, cher Bertrand, j'aimerais bien que, en ce moment, il fasse plus chaud parce qu'il fait plus chaud, ça nous ferait pas de mal aussi, un peu de soleil...

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 07.04.2013

Bonnes idées tout ça. Mais je ne vois nulle trace des boules de pétanque. Je trouve que la proposition de Michèle est assez séduisante, j'y rajouterais volontiers la casquette Ricard...
Vous rigolez, vous rigolez, mais il y avait encore - 7 ce matin : ce réchauffement climatique oxymore n'arrête pas de nous faire claquer des dents.
Si vous vers Paris, vous vers Tarbes, vous vers Toulouse, vous avez un brin de printemps, c'est-à-dire que si chez vous la boule bleue entre dans une période de glaciation, soyez assez gentils de m'envoyer des cartes postales, nom de dieu d'bon dieu d'bon dieu d'bon dieu!

Écrit par : Bertrand | 08.04.2013

Printemps ? Ca ressemble à quoi, ce truc ?

Là, c'est pluie, vent, froid (bon, on reste en positif, mais 4-5°, ça fait quand même peu...).

Quant aux boules de pétanque, dans la neige, ça peut rendre le jeu intéressant, n'est-ce pas ?
Sous la pluie, dans la gadoue, c'est moins amusant, en revanche...

Bon, allez, encore un petit 15 000 ce matin pour boucler l'affaire...

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 08.04.2013

Bon courage, cher Otto ! Au moins, sur vos signes penché, vous n'aurez pas à regretter de ne pouvoir batifoler sous le grand soleil d'azur !

Écrit par : Bertrand | 08.04.2013

La proposition de Michèle est adoptée par le comité révolutionnaire du blog du Tenancier.
En attendant ces jours meilleurs (nous sommes un peu léninistes quand il fait froid) nous avons opté aujourd'hui pour la cravate (avec un joli motif de petites têtes de mort) pour fêter la fin de la carne britannique dont le seul mérite est d'avoir beaucoup fait pour le punk.

Écrit par : Le Tenancier | 08.04.2013

Ouais, eh ben y'a intérêt que le Letort il ait lu mes deux textes. Sinon, à quoi ça sert que je me manie le train ? Ahahahahhaha ! C'est beau, hein ?
Pour le reste, Le conseil révolutionnaire de L'Exil des maux, en réunion plénière, a également entériné la proposition de Michèle, à l'unanimité, soit :
Voix pour : 1
Voix contre : 0
Abstention : 0

Écrit par : Bertrand | 09.04.2013

Bigre ! Vous votez ? Quelle drôle d'idée...

Cela étant, le Tenancier a raison, réjouissons-nous, enfin débarrassés. J'espère que ça n'a pas été trop court, qu'elle a eu le temps de souffrir. La souffrance des autres ne l'a jamais beaucoup dérangée...

Ca me semble le bon moment d'écouter les Sex Pistols...

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 09.04.2013

Oui la mère Thatch', personne ne va la regretter, et malheureusement les saloperies ne sont pas parties avec elle. La relève est assurée. Ces gens-là ne laissent rien au hasard.

Me rappelle les grévistes de la faim irlandais, Boby Sands et les autres. N'oublierai jamais cette horreur. Elle les a laissé crever les uns après les autres...

Écrit par : Michèle | 09.04.2013

Certains Anglais se seraient exprimés : c'est un jour merveilleux ! Une ordure de moins sur terre, certes, ça ne change pourtant pas grand chose.

Écrit par : Bertrand | 09.04.2013

Et en plus, même pas recyclable...

Otto Naumme

Écrit par : Otto Naumme | 09.04.2013

Il ne faut pas rêver, elle n'aura pas eu la fin de Staline...

Écrit par : Le Tenancier | 09.04.2013

Elle n'a pas eu, non plus, le même impact historique (ouf )! . Mais le parallèle est bon, car, comme vous le savez, Staline signifie "homme d'acier".

Écrit par : Bertrand | 09.04.2013

Les commentaires sont fermés.